L'Apocalypse - 5 émissions RCF

Le texte écrit, support de la préparation des émissions

Il y a toujours une part d'improvisation à la radio, en outre, les titres des émissions sont choisis par RCF. Je n'ai pas sous la main le texte des émissions, mais le texte de mes préparations... Le voici. 

1er émission. La Venue glorieuse du Christ n’est pas la Fin du monde.
1.    Contresens du langage courant sur le mot Apocalypse.
2.    Le langage des Pères de l’Église : 7e jour et 8e jour.
3.    Le Notre Père doit s’accomplir
4.    Importance d’un tel enseignement.
5.    Exposition peinte par les handicapés
Chant

2e émission – Se manifestera la « Bête », mais regarder au-delà.
1.    La bête dans la perspective d’ensemble du processus de la Fin Vue d’ensemble
2.    Quelques repères bibliques
3.    Comment rassembler les hommes
Chant.

3e émission – Ce n’est pas à nous de juger le monde, mais au Christ.
1.    Commençons par une parabole de l’évangile
2.    L’enjeu de la parabole de l’ivraie
3.    Les puissances des cieux dans l’Apocalypse
4.    La patience
Chant

4e émission – Sortir de Babylone, garder la Parole et les commandements.
1.    Vue générale de l’Apocalypse
2.    Babylone
3.    ‘Sortez de son sein, / Mon peuple !
Chant

5e émission – Les apparitions des saints accompagnant celle du Christ.
1.    Saint Paul
2.    Ne craignons pas la mort
3.    La première résurrection
4.    Dans l’Apocalypse : les saints du Ciel revêtus de « byssus blanc »
5.    Rôle des apparitions des saints
(Difficulté des occidentaux)
Chant.
 

1er émission. La Venue glorieuse du Christ n’est pas la Fin du monde.
1.     Contresens du langage courant sur le mot Apocalypse. 
Quand on regarde des films sur l'Apocalypse, ou simplement les affiches de films sur l’Apocalypse, on pourrait croire que le monde serait voué à la « destruction », à tel point que quand on dit « Apocalypse » on pense à « destruction » 
FB. C’est un raccourci. Le raccourci remonte à la fin de l’œuvre de saint AUGUSTIN, vers l’an 410… Depuis des siècles par conséquent. Mais il est temps de ne plus faire ce raccourci. L'étymologie du mot Apocalypse veut dire révélation, dévoilement. Le livre de l’Apocalypse n’annonce pas une destruction finale, mais une révélation finale.
Le Nouveau Testament parle clairement d’un événement positif, une restauration, une vivification : le retour de Jésus dans « la gloire » anéantira l’Antichrist (2Th 2, 8) ; Jésus reviendra pour une « régénération » (Mt 19, 28) et une « restauration » (Ac 3, 21), accomplissant le règne de Dieu « sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 10), avant de « remettre » le royaume au Père (1Co 15, 22-28). « Jésus reviendra pour la vivification de ceux qui l'attendent » (He 9, 28). 

2.    Le langage des Pères de l’Église : 7e jour et 8e jour.
Nous lisons par exemple chez saint Irénée, qui fut évêque de Lyon de 177 à 202 et fut récemment proclamé docteur de l’Eglise : « Le Seigneur viendra du haut du ciel, sur les nuées, dans la gloire de son Père (Mt 16,27 ; Mc 13,26), et il enverra dans l’étang de feu l’Antéchrist avec ses fidèles (Ap 19,20) ; il inaugurera en même temps pour les justes les temps du royaume, c’est-à-dire le repos, le septième jour qui fut sanctifié (Gn 2,2-3) » (Contre les hérésies, Livre V, 30, 4). 
Saint Irénée explique aussi que la Parousie (le temps inauguré par la Venue glorieuse du Christ) est « le prélude de l’incorruptibilité, royaume par lequel ceux qui en auront été jugés dignes s’accoutumeront peu à peu à saisir Dieu » (Contre les hérésies, V, 32, 1). Les Pères de l’Église parlaient souvent du 7e et du 8e jour : le 7e jour, qui est « comme mille ans », accomplira la création sur cette terre, et ensuite viendra le 8e jour, l’éternité.
Malheureusement, en Occident, la première édition, imprimée par Erasme (1467-1536), du Traité contre les hérésies est tronquée de toute la fin du texte : elle se terminait sur l’idée de jugement (V, 31, 2) or la véritable conclusion, celle qui fut oubliée, donne la raison d’être du royaume des justes (V, 36, 3).
Nous lisons encore aussi, chez le jeune saint Augustin, un peu avant l’an 400 : « C’est sur cette terre effectivement que l’Église apparaîtra d’abord environnée d’une gloire immense, revêtue de dignité et de justice. Point de déception alors, point de mensonge, point de loup caché sous une peau de brebis. […] Dans ce moment donc il n’y aura plus de méchants, ils seront séparés d’avec les bons ; et, semblable à un monceau de froment qu’on voit sur l’aire encore, mais parfaitement nettoyé, la multitude des saints sera placée ensuite dans les célestes greniers de l’immortalité » (Saint AUGUSTIN, Sermon 259.) 

3.    Le Notre Père doit s’accomplir
Dans la prière du Notre Père, nous demandons « que ton règne vienne », et le  catéchisme de l’Église catholique que dans cette demande, « il s'agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ »  (CEC 2818).
Le Règne de Dieu commence dans nos cœurs, il s’approche de nous chaque fois que nous nous convertissons, mais l’Apocalypse nous avertit, à travers l’image de la bête, de ce que le Catéchisme de l’Église Catholique appelle « l’imposture religieuse suprême » qui « est celle de l’Antichrist, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2Th 2, 4-12 ; 1Th 5, 2-3 ; 2Jn 7 ; 1Jn 2, 18 ; 2, 22) » (CEC 675). Et le Catéchisme continue en disant : « Cette imposture anti-christique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique » (CEC 676). Autrement dit, à l’échelle de la planète, l’accomplissement de la prière de la Notre Père ne se réalisera qu’après la Venue glorieuse du Christ et le jugement qui lui est concomitant. 
Après le Jugement de l’Antichrist, ne resteront sur terre comme adultes que ceux qui se seront réjouis de la « manifestation du Christ ». L’inventivité et la ténacité humaines seront bien utiles pour résoudre les immenses problèmes de survie et de réorganisation qui se poseront, et l’aide de ceux du Ciel ‒ les Anges et les Saints ‒ y contribuera (cf. 1Th 3, 13). 
Beaucoup n’auront pas immédiatement une profonde relation à Dieu ‒ ils auront tout à découvrir ‒ ; pour autant, leur relation à Lui, même empreinte de préoccupations intéressées, exclura toute influence du Mal, car ils n’en voudront plus. Tel est le sens de l’image du « Diable, Satan » qui est « enchaîné » et « jeté dans l’abîme », des verrous étant tirés derrière lui et des sceaux étant posés (Ap 20, 2-3). 
Le « Royaume des justes » dont parle saint Irénée n’est pas un Règne où le Christ assumerait des responsabilités politiques (suprêmes), il s’agit de l’organisation politique que les hommes auront à mettre eux-mêmes en place, sous sa Lumière, et que Jésus ultimement « remettra au Père » (1Co 15, 24).
Par la vision du Christ glorieux, les gens pourront sentir la paternité de Dieu, comme a dit Jésus : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9).
Tout l’enjeu du temps de la Parousie (1000 ans !), c’est de faire réussir le dessein du Créateur, notre Père, et d’entrer communautairement dans un acte continu d’union à la divine volonté. En effet, le Créateur désire donner sa volonté en tant que vie continue dans la créature qui veut ce que Dieu crée. 
À la fin, la « Jérusalem céleste » viendra à la rencontre de la « Jérusalem terrestre » pour l’emmener dans la gloire (Ap 21). Comme l’explique la réédition de votre livre « L’Apocalypse revisitée, un filet d’oralité », aux éditions Parole et Silence. La première édition ayant eu lieu en 2022.

4.    Importance d’un tel enseignement. 
Si nous confondons la Venue glorieuse avec la Fin du monde, nous allons logiquement vouloir que le règne de Dieu à l’échelle du monde s’accomplisse grâce à nous, et non pas grâce au retour du Christ. Et, en toute logique, nous allons vouloir éliminer nous-mêmes les ennemis de Dieu, ou les adversaires de notre vision personnelle du monde idéal. Cette tentation est aussi présente chez les laïcistes dans leur rêveries transhumanistes, elle est aussi présente dans la kabbale juive et dans le djihad islamique. L’espérance chrétienne dans la venue glorieuse du Christ, qui n’est pas la Fin du monde, est donc porteuse de paix. Et le monde en a grandement besoin.  

5.    Exposition peinte par les handicapés
La venue glorieuse du Christ, accompagné des anges et des saints du ciel, n’est pas immédiatement la Fin du monde : elle a été très bien représenté dans l’exposition de peintures par des handicapés qui fut organisée dans la région de Lille. Au-dessus de la représentation de la Jérusalem ont été suspendues les images des saints qui apparaîtront avec le Christ, mais ce n’est pas encore la Fin du monde ni l’éternité.

Chant
La venue de Jésus / fit aboutir le temps
La venue de Jésus / l’accomplissement des temps.
Et nous sommes désormais / dans le dernier des temps.
La Venue glorieuse / de Jésus le Messie
N’est pas la Fin du monde / n’est pas l’ultime instant.
Mais c’est le prochain temps / qui ouvre un avenir.

Notre Père des Cieux, / nous ne pècherons plus
Mais que vienne sur terre / ton règne de sainteté
Que vienne sur toute la terre / ton règne qui est aux Cieux
Et que de notre terre / tu nous emportes aux Cieux.

2e émission – Se manifestera la « Bête », mais regarder au-delà.
A l’occasion de la réédition de votre livre « L’Apocalypse revisitée, un filet d’oralité », aux éditions Parole et Silence. La première édition ayant eu lieu en 2022.

1.    La bête dans la perspective d’ensemble du processus de la Fin Vue d’ensemble
Pourquoi cela arrive-t-il ? La présence d’une contrefaçon de la Bonne Nouvelle rend impossible à certains hommes de se prononcer pour ou contre Jésus dont ils n’ont pas reçu l’annonce. Il faut donc que se manifeste mondialement le mystère d’iniquité devant lequel les hommes doivent se positionner, pour ou contre, et puissent ainsi être jugés. Jésus, quand il viendra, ne prendra personne en traître, chacun aura pu se positionner vis-à-vis du Christ, ou vis-à-vis de l’Antichrist. 
La manifestation glorieuse du Christ que nous attendons dans le monde est un événement objectif qui anéantira l’Antichrist (2Th 2, 3-12). L’Apocalypse donne plus de détails en parlant de la Bête et du faux prophète. Elle évoque le salut de ceux qui refusent « la marque de la bête », sans préciser qu’ils soient tous chrétiens, c’est pourquoi une entente avec les non-chrétiens dans la lutte contre l’Antichrist est, dans une certaine mesure, tout à fait possible. C’est le premier point à souligner : l’Apocalypse mentionne en effet « ceux qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu, et tous ceux qui refusèrent d’adorer la Bête et son image, de se faire marquer sur le front ou sur la main ; ils reprirent vie et régnèrent avec le Christ mille années » (Ap 20, 4). Ceux qui se seront opposés à l’Antichrist auront donc le privilège de se manifester avec les saints auprès de ceux qui seront encore sur la terre pendant la Parousie (1Th 3, 13).
Le second point à souligner, c’est la naïveté qui fait croire qu’il n’y a ni Antichrist, ni bête, ni marque de la bête. L’Église ne peut pas se comporter « comme si » la société était inspirée de valeurs chrétiennes, autrement dit, comme si les chefs recherchaient le bien commun avec un sens du devoir, de la parole donnée, etc. La promesse du royaume aux persécutés sous-entend une confrontation : « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 10). Certes, l’Occident a connu une certaine « chrétienté », mais, depuis la Renaissance, la société n’est plus inspirée de valeurs chrétiennes. Au début du XVIe siècle, dans son livre « Le Prince », Nicolas Machiavel, homme politique et écrivain florentin, montre comment devenir prince et le rester, et conseille dans certains cas des actions contraires aux bonnes mœurs, donnant lieu à l’épithète machiavélique... De nos jours, la naïveté dans le rapport des chrétiens au monde peut avoir de fâcheuses conséquences. 

2.    Quelques repères bibliques
-    En Ap 11, 7 : lorsque les deux témoins auront accompli leur témoignage, la bête « leur fera la guerre, et elle les vaincra, et elle les tuera ». 
-    En Ap 13, 1-10 : La London Bible Society donne : « Et toute la Terre fut dans l’admiration [etdamrat] devant la [bête] vivante » (Ap 13, 3). Le manuscrit publié par Gwynn a ici « Toute la Terre fut administrée, emmenée derrière la bête » (Ap 13, 3) ! 
Inspirée par Satan, et montant de la mer, la bête s’est remise d’une blessure mortelle, ce qui est une parodie de la résurrection du Christ. 
En tous cas, ce qui est mis en évidence, c’est sa puissance militaire : « Qui est semblable à cette bête, / et qui est capable de faire la guerre avec elle ? » (Ap 13, 4). Le « Qui est semblable à » est blasphématoire : c’est au vrai Dieu que les fidèles adressent des louanges telles que « Qui est comme toi… » (Dt 3, 24 ; Ps 86, 8 etc.).
De plus, les différentes têtes, (crânes, et cornes avec leurs diadèmes) de la bête suggèrent une organisation qui se partage le travail blasphématoire, quitte à se contredire.
J’explique dans mon livre « L’Apocalypse revisitée, un filet d’oralité », que le début du chapitre 13 de l’Apocalypse fait partie du « noyau », c’est même la 4e partie du noyau qui correspond au 4e fil, que j’ai appelé celui des « prises de position », parce qu’il oppose d’une part les compagnons de l’Agneau qui portent le Nom de l’Agneau et le Nom de son Père (Ap 14, 1) et d’autre part ceux qui « se prosternent » devant la bête et qui portent la marque de la bête, ou son chiffre 666 (Ap 13, 12-17), et dont on annonce le châtiment. 
-    En Ap 13, 18 : la bête (de la mer) possède un Nom ou un chiffre : 666 qui parodie l’or dû à Salomon et a donc un pouvoir financier. Elle reçoit un culte grâce à une autre bête qui représente un pouvoir médiatique (cf. Ap 13, 11-17).
-    En 13, 11-17, il s’agit d’une deuxième bête ou organisation. La « bête de la terre » ressemble à un agneau, c’est-à-dire à Jésus, l’Agneau, mais elle parle comme un dragon. Cette bête qui ressemble à un agneau, mais qui parle comme un dragon, est un pouvoir médiatique et une parodie christianisme. Tout en se présentant au nom de Jésus, ou comme de grands chrétiens, cette bête, c’est-à-dire cette organisation parle comme un dragon dont il a été dit qu’il s’acharne contre ceux qui « gardent les commandements de Dieu et le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). Par exemple, elle présente le péché comme une valeur et cherche à détruire le témoignage de Jésus (la réalité historique des miracles, la résurrection du Christ et sa divinité…), ou alors, tout en se présentant correctement du point de vue chrétien, elle s’acharne contre des personnes particulières pour leur nuire. Par ses manœuvres, elle fait en sorte que tous se fassent marquer du nom de la bête ou du chiffre de son nom. 
-    Après l’ange qui annonce la bonne espérance et celui qui annonce la chute de Babel, un troisième ange avertit de ne pas recevoir la marque de la bête (Ap 14, 9).

3.    Comment rassembler les hommes
« Celui qui n’est pas avec moi / est contre moi.
Celui qui ne rassemble pas avec moi, / pour ce qui est de disperser, il disperse ! » (Mt 12,30).
Ce conseil correspond au climat dramatique annonçant la Passion de Jésus, mais il se lit aussi dans l’histoire de l’Église, car très rapidement sont apparus « les antichrists », ces gens qui « sont sortis de chez nous », mais qui prêchent « un évangile différent » : ils ne sont pas avec Jésus et ils dispersent car l’hérésie, par définition, divise. Et cela se vérifiera jusqu’au rêve d’une Église universelle, hérétique, qui se révélera être une contre-Église. Les petits anti-christs sont déjà à l’œuvre (1-2 Jn) et préfigurent celui qui se manifestera au terme du temps actuel (2Th 2, 3-5.8). 
Venons-en à l’histoire de la Fin. Le Fils de l’homme vient sur les nuées et il « rassemble ses élus » (Mt 24, 31). Ceux qui voudront « rassembler sans lui », le feront « contre lui » (Mt 12,30). C’est, dans l’Apocalypse, l’image de Babylone assise sur la bête : elle rassemble les marchands et les rois de la terre, mais il faudra en sortir, car elle rassemble sans le Christ, et elle sera détruite (Ap 18, 1-2)…
Chant. 
(Sur 1Co 15, 25-28 et St Irénée AH, V, 36, 2)
« Le Christ soumettra / la bête et l’Antichrist,
Il les refoulera / dans l’enfer éternel,
car il faut que sur terre / le Christ règne en roi,
car il faut que sur terre / Dieu règne comme au Ciel,
et qu’au Père soit offerte / l’humanité créée
ayant réalisé / son dessein créateur. »

3e émission – Ce n’est pas à nous de juger le monde, mais au Christ.

Pour l’homme qui aime Dieu, le « Jour du Jugement » soulève une espérance immense : Dieu recevra enfin ce qui Lui est dû, et la volonté de Dieu se fera sur la terre – une volonté de vie. Mais de quel jugement parle-t-on ? Nous ne parlons pas ici du jugement individuel qui a lieu pour chacun de nous à l’heure de la mort, nous parlons d’un jugement collectif, le jugement du monde, après lequel les ennemis de Dieu ne pourront plus vivre sur la terre. 
Jésus a parlé du « jour du jugement », le mot « jour » est important, c’est un événement très particulier, par exemple, en parlant des villes qui n’écoutent pas les apôtres, Jésus dit : 
« Amen, / je vous [le] dis : 
Pour la terre de Sodome, / et de Gomorrhe, 
on sera plus doux, au jour du jugement, / que pour ce chef-lieu ! » (Mt 10, 15)

L’enseignement chrétien est important, et il a souvent été déformé, contrefait, parodié.
Dans le monde préchrétien, il y avait des héros, mais celui qui se serait proclamé Sauveur imposant son remède aurait été traité de fou. Il n’est question nulle part d’un salut de l’humanité, ni d’un mal universel (dont on doive être sauvé) ni d’une innocence absolue (justifiant la chasse des réfractaires). 
Aujourd’hui, cette obsession de salut par des figures diverses de héros est omniprésente, jusque dans les dessins animés pour enfants. Comment en est-on arrivé là ?
Entretemps, il s’est passé quelque chose. Ce quelque chose, sur lequel en Europe on fait de plus en plus l’impasse, c’est le personnage historique de Jésus et son extraordinaire rayonnement. Il est la source de l’image du sauveur innocent, juste Juge identifié aux victimes et appelé à régner ; les nouveaux sauveurs du monde s’attribuent secrètement ce qui lui revient ‒ et ils le font le plus sérieusement du monde.
On trouve des contrefaçons de l’espérance chrétienne très diverses, laïques ou par exemple musulmanes. Ces contrefaçons rendent les gens très manipulables, il suffit de désigner « l’ennemi » ou « l’antichrist » à abattre (soi-même) pour faire advenir le règne d’une certaine divinité ou d’un certain humanisme. Ces « messianismes » produisent des millions de morts, c’est pourquoi ils ont été dénoncés par l’Église (CEC 676).

1.    Commençons par une parabole de l’évangile 
Il est bon de rappeler la parabole que donna Jésus « parce qu’il était près de Jérusalem, et qu’on pensait que le Royaume de Dieu allait apparaître à l’instant même » (Lc 19, 11). La parabole est limpide : un « homme de haute naissance » part et revient après avoir « reçu la dignité royale » (Lc 19, 15) ; alors, au serviteur fidèle, il donne « autorité sur dix villes » (Lc 19, 17, cf. Ap 2, 26), on ne peut pas mieux parler du royaume des justes. Et il ajoute : « quant à mes ennemis, ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les en ma présence » (Lc 19, 27), on ne peut pas mieux parler du jugement accompagnant la Parousie. Par ailleurs, la parabole de l’ivraie (Mt 13) précise que ce ne sont pas les hommes mais les anges qui exécutent la sentence de mort contre les impies, tout comme en Ap 19, 11-17 où ce sont les « puissances des cieux ».

2.    L’enjeu de la parabole de l’ivraie
Dans l’Ancien Testament, la moisson peut signifier une purification associée au rassemblement des justes, par exemple : « À toi aussi, Juda, est destinée une moisson, quand je rétablirai mon peuple » (Os 6, 11).
Il n’appartient pas aux chrétiens de juger les hommes. Jésus, dans la parabole du bon grain et de l’ivraie est clair (Mt 13) : l’ivraie sera arrachée par les anges au moment de la Venue en gloire de Notre Seigneur ! « Au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs : ‘Ramassez d’abord l’ivraie et liez-la en bottes que l’on fera brûler ; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier’ » (Mt 13, 30). « Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d'iniquité, 42 et les jetteront dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 13, 41-42).

3.    Les puissances des cieux dans l’Apocalypse
A l’occasion de la réédition de votre livre « L’Apocalypse revisitée, un filet d’oralité », aux éditions Parole et Silence. La première édition ayant eu lieu en 2022. 
En Ap 19, 14-15, les « puissances des Cieux » accompagnant la venue glorieuse du Christ sont les anges, c’est un lieu commun : comme dans la parabole de l’ivraie (Mt 13, 41-42), ce sont les anges qui opèrent ce jugement. Cependant, il convient donc d’associer aux anges des hommes qui sont dans les Cieux à cause de l’image du byssus pur qui a déjà été utilisée pour les hommes « invités au festin des noces de l’Agneau » (Ap 19, 9).
Le mot « épée [ḥarbā] » a deux significations. 
- Sens militaire : le cavalier du 2e sceau a une grande épée [ḥarbā] et les hommes s’entretuent (Ap 6, 4) ; de même est-il dit que « celui qui tue par l’épée [ḥarbā], qu’il soit tué par l’épée [ḥarbā]! » (Ap 13, 10), et la bête émerveille le monde parce que, frappée par l’épée [ḥarbā], elle a repris vie (Ap 13, 14).
- Sens allégorique, lié à la bouche et donc à la Parole : Jésus tient « l’épée [ḥarbā] à deux tranchants [pūmā] » littéralement à deux bords, deux bouches (Ap 2, 12), c’est « l’épée [ḥarbā] de ma bouche [pūmā] » dit Jésus (Ap 2, 16) : c’est-à-dire la Parole de Dieu comme lorsque le serviteur souffrant dit que le Seigneur « a fait de ma bouche une épée tranchante » (Is 49, 2). Dans le même sens, en araméen, les cavales blanches ont une épée dans « leur bouche [pūmhōn] » (Ap 19, 15). 
L’image du byssus pur désigne « les [actions] droites des saints » (Ap 19,8). Autrement dit, Jésus viendra avec les justes qui sont décédés et qui sont avec lui au Paradis. À la 4e Église Jésus disait : « Je connais tes œuvres et ton amour [brûlant] et ta foi, et ton service, et ta persévérance ; et tes dernières œuvres sont plus nombreuses que les premières » (Ap 2, 19). Ces œuvres bonnes « courent » jusqu’au jour où la milice céleste accompagnant la Venue glorieuse du Christ livrera une guerre d’Amour, non sanguinaire, en apportant des cadeaux, des grâces, des remèdes, de quoi stupéfier les hommes et les attacher au Seigneur.

4.    La patience
En Apocalypse 17, est-ce qu'on voit des chrétiens faire une croisade pour détruire Babylone la cité marchande où il y a même de la marchandise humaine et plein de perversion ? Pas du tout ! Qui est-ce qui détruit Babylone ? La bête et le faux prophète qui ont suscité Babylone vont la prendre en dégoût et la détruire ! 
Chant
Le royaume des Cieux / se dit en paraboles
Le semeur a semé / du bon grain dans son champ
Mais dans la nuit survint / un ennemi furtif
Qui sema dans le champ / l’ivraie empoisonnée.
Les serviteurs du maitre / voulurent l’arracher
Mais le maitre leur dit : / N’arrachez pas l’ivraie
Attendez la moisson, / les anges la brûleront. 

Il ne nous revient pas / de séparer les hommes.
Il ne nous revient pas / d’exterminer les hommes.
Qui donc est sans péché, / pour juger d’autres hommes ?
Le seul juge des hommes, / c’est Dieu leur Créateur.
Le jour du jugement, / c’est quand Jésus viendra,
En attendant ce jour, / accomplissons sa Loi.
Le seul juge des hommes, / c’est Jésus le Messie
En attendant son Jour, / vivons sa Loi d’amour.
Il nettoiera la terre / il nettoiera son aire
Les bales jetées au feu / l’Antichrist en enfer
Jésus le Fils de l’homme / nous enverra ses anges
Et ils enlèveront / tous ceux qui font tomber
Et ils enlèveront / l’ivraie qui s’est mêlée
Et que nul d’entre nous / n’a le droit d’arracher. 

Alors sur notre terre / les justes comme le blé
pourront s’accoutumer / aux goûts d’éternité.
Car c’est bien pour la terre / que Jésus reviendra :
pour que soit accompli / le dessein créateur.

4e émission – Sortir de Babylone, garder la Parole et les commandements.
1.    Vue générale de l’Apocalypse
A l’occasion de la réédition de votre livre « L’Apocalypse revisitée, un filet d’oralité », aux éditions Parole et Silence. La première édition ayant eu lieu en 2022. Dans ce filet d’oralité, le premier fil, introduit par une liturgie céleste, est constitué par les lettres aux sept Églises. Le second fil, introduit lui aussi par une grande liturgie céleste est rythmé par l’ouverture des sept sceaux d’un livre, et le troisième fil par le son de sept trompettes. Il y a beaucoup de fléaux qui ont le même sens que les plaies d’Égypte : jadis, il s’agissait de pouvoir sortir d’Égypte pour rendre un culte au Dieu vivant. A l’avenir, il s’agira de sortir symboliquement de « Babylone », une nouvelle tour de Babel en quelque sorte. 
Puis, quelque chose n’est plus numéroté. Il y a un « noyau » qui constitue un tournant. Ensuite, c’est une fausse liturgie, un culte inversé, celui de la bête qui introduit un fil de prises de positions pour ou contre la bête, juste avant les sept calices qui annoncent le jugement du monde. Le dernier fil nous parle de la Venue glorieuse du Christ par laquelle Babylone est jugée, tandis que les justes sont vivifiés. Se réalisera alors le projet du créateur, l’accomplissement de la volonté de Dieu sur la terre comme au ciel, et les saints du ciel viendront chercher l’humanité pour l’emmener dans l’éternité. 

2.    Babylone
Babylone, Babel la grande, c’est la grande ville pervertie du livre de l’Apocalypse, symbole d’un système économique assis sur « la bête », c’est-à-dire une organisation mafieuse et blasphématrice. Dans une traduction littérale depuis l’araméen : 
«   Et j’entendis une autre voix, depuis les Cieux, / qui dit :
 ‘Sortez de son sein, / Mon peuple ! 
Afin que vous ne participiez à ses péchés / que vous ne preniez ses coups ! 
Parce que les péchés la suivent jusqu’aux Cieux, / et Dieu s’est souvenu de ses impiétés !’ » (Ap 18, 4-5 FG).
« Babylone » rappelle bien sûr la « tour de Babel » parce que les hommes veulent se faire eux-mêmes un nom (Gn 11, 4) : ils veulent (re)définir eux-mêmes ce qui est humain, au lieu de se recevoir de Dieu.
Babylone est un système marchand qui ressemble à une « prostituée » à cause de sa corruption (Ap 17), elle est fondée sur la « bête » aux sept têtes et dix cornes, et elle jouit du sang des martyrs.
Il n’appartient pas aux hommes de la terre d’opérer le jugement de la Bête, de « Babylone », ou de tous ceux porteront la marque de la Bête. Ce jugement ne peut être fait que par le seul innocent qui n’a versé le sang de personne, mais qui a versé son propre sang : Jésus.
L’Apocalypse décrit la venue glorieuse du Christ comme un cavalier sur les nuées (c’est une apparition, ce n’est pas un retour sur la terre). Il a son épée dans sa bouche : ce n’est pas un militaire, il juge par sa parole de vérité. Il est accompagné par les saints du Ciel revêtus de « byssus blanc » leurs bonnes actions (Ap 19, 14, cf. Ap 19, 9). La gloire des bonnes actions faites « en Dieu » va confondre les habitants de la terre. Les uns tomberont en enfer (« l’étang de feu »), d’autres seront convaincus et vivifiés. 
La venue glorieuse du Christ, accompagné des anges et des saints du ciel, n’est pas immédiatement la Fin du monde : c’est l’aboutissement des temps. Le monde va accomplir son but. L’humanité va atteindre la grandeur pour laquelle elle a été créée. La prière de l’Église, « Viens Seigneur Jésus ! » correspond à la prière du Notre Père : « que ton règne sur la terre, comme au ciel ».

3.    ‘Sortez de son sein, / Mon peuple ! 
L’Apocalypse a commencé par parler des sept Églises. Elles ne réalisent pas encore la promesse annoncée dans le shūrāyā de former une royauté sacerdotale (Ap 1, 6). Un tournant s’opère quand « Babel la grande » tombe : seulement alors apparaît l’expression « Mon peuple » pour parler des chrétiens : « Sortez de son sein, Mon peuple ! » (Ap 18, 4). L’Église n’était pas véritablement « peuple de Dieu » auparavant. Cette expression très politique suppose une souveraineté qui s’exerce, et une autorité qui dirige. Le danger, c’est de concevoir « l’Église » comme une organisation hiérarchique dirigeant le « peuple de Dieu », et cela aux dépens de l’évangélisation et de la préparation spirituelle de ce qui doit venir encore. Il faut d’abord la Venue glorieuse du Christ, et le jugement que Dieu réalisera (une certaine épuration du monde si l’on veut, mais qui n’est pas faite par les hommes), avant que se réalise « un Règne et des prêtres et des rois » (Ap 5, 10 ; cf. Ap 1, 6 ; 20, 6). « Bienheureux ceux qui font Ses commandements : leur autorité sera sur le bois de la Vie ! Et, par la Porte, ils entreront dans la Cité ! » (Ap 22, 14 FG). 
« Dieu demeurera avec eux, / et, eux, ils seront le Peuple qui est le Sien !
Et, Lui, Il sera Dieu avec eux, / et Il sera pour eux Dieu ! » (Ap 21, 3-4 FG)
Ainsi que le suggère la désignation du Christ comme « Roi des rois » (Ap 19, 16), il y aura encore des nations et des « rois ». Car le projet de Dieu n’est pas une dictature mondiale mais une communion dans la présence évidente de Jésus. De nos jours nous voyons une mondialisation centralisatrice et mafieuse qui fait fi de la « subsidiarité », c’est-à-dire qui accapare les libertés, les droits et les moyens matériels qui les permettent. Ce sera alors le contraire dans le temps de la Venue glorieuse du Christ, et mieux encore. 
Notre vocabulaire est trop indigent pour évoquer la merveilleuse réalité que l’humanité connaîtra alors et qui relève de l’Esprit Saint. Le don de l’Esprit Saint, représenté par les eaux vives (Jn 7, 38-39), est gratuit. Tout le monde en bénéficiera, par le fait d’être tourné vers le Roi des rois et vers le Père.
« Et il me montra le fleuve d’eaux vives, / aussi pur que lumineux, comme la glace ; 
et il sortait du Trône de Dieu, / et de l’Agneau » (Ap 22, 1 FG).
 Cette Jérusalem de l’Apocalypse adviendra après le jugement eschatologique qui anéantira la bête et le faux prophète, que l’on appelle aussi l’Antichrist, c’est pourquoi il n’y aura plus rien d’impur.
« Et il n’existera, là-bas, / aucun impur, 
ni faiseur de souillure / et d’imposture, 
mais, seulement, / [les choses] qui sont inscrites, 
dans Son Écrit, / à l’Agneau » (Ap 21, 27 FG).

Chant
Amis n’ayez pas crainte / des fléaux de tous genres
Car comme les plaies d’Egypte / ils vous feront quitter
la terre d’idolâtrie / pays des oppressions.
Refusez l’Antichrist / qui vous promet du pain
il entraine vos âmes / très loin du Dieu vivant
il détourne vos âmes / des saints commandements.
Amis n’oubliez pas : / Babylone tombera
Mais vous, ô mes amis / sortez et fuyez-là
Evitez ses orgies / Evitez ses trafics
Fuyez ses tromperies / Fuyez son indécence
Dites non à l’argent sale ! / Dites non aux lois iniques.
Ceux qui l’avaient bâtie / la bête, le faux prophète,
La prenant en dégoût / eux-mêmes la détruiront. 
Ce sera une ruine / tous se lamenteront.
Mais vous ô mes amis / attendez la promesse :
Jésus le Roi des rois / à tous apparaîtra
son armée est céleste / les saints anges du Ciel.
Jésus le Roi des rois / veut régner sur la terre
Soyons ceux qui l’accueillent / et prient Maranatha
Soyons l’épouse pure / du Verbe divin qui vient. 
Ne devançons pas l’heure / N’imposons pas le règne
Qui ne peut advenir / que de la Parousie.

5e émission – Les apparitions des saints accompagnant celle du Christ. 

1.    Saint Paul
Saint Paul dit explicitement que la Venue glorieuse du Christ sera accompagnée par ceux qui sont morts dans le Seigneur et vivants avec Lui : « Qu’il fortifie vos cœurs pour que vous soyez dans une sainteté irréprochable devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur avec ses saints » (1Th 3, 13). Les saints (et les anges) se manifesteront, selon les affinités qu’ils peuvent avoir avec telles ou telles personnes de la terre pour les aider à s’ouvrir au Christ venant dans la gloire et à vivre en conséquence, malgré leur mauvaise préparation.

2.    Ne craignons pas la mort
A l’occasion de la réédition de votre livre « L’Apocalypse revisitée, un filet d’oralité », aux éditions Parole et Silence. La première édition ayant eu lieu en 2022.
« Que [celui] qui a des oreilles / entende ce dont l’Esprit parle aux Églises ! 
Car celui qui [est] vainqueur / ne sera pas lésé par la seconde mort ! » (Ap 2, 11)
Le Christ est mort et ressuscité, et il nous ressuscitera aussi. De plus, le Christ reviendra, et le règne de Dieu s’accomplira, à travers ce que l'on appelle le jugement eschatologique. 
Au moment de la Parousie, les saints vont apparaître, ils aideront d’autant plus les gens qui sont sur la terre à accueillir Dieu et la venue glorieuse du Christ. 

3.    La première résurrection 
En Ap 20, 4, il y a un premier mot dont la racine [ḤY’] signifie simplement la vie, le salut : « ḥayye ». Ceux qui n’ont pas pris la marque de la bête vont être sauvés : ils vont « vivre », sous-entendu sur la terre : 
« Ces âmes qui furent décapitées à cause du témoignage de Jésus, et à cause de la Parole de Dieu,
et [celles] de ceux qui ne se prosternèrent pas vers la bête, ni vers son image, 
et qui ne prirent pas la marque entre leurs yeux, ou sur leurs mains,
vécurent [racine ḤY’] et régnèrent avec le Messie mille ans » (Ap 20, 4 FG modifiée). 
Au verset 5, il y a un second mot dont la racine [QM] signifie se lever : « Et celui-ci est le premier Relèvement [qyāmtā] » (Ap 20, 5). la résurrection est un relèvement : « qyāmtā », c’est spécifiquement la résurrection des morts, donc la vie des saints au Ciel. Comme quand il est dit que les autorités juives sont contrariées de voir les apôtres annoncer en Jésus la résurrection « qyāmtā » des morts (Ac 4,2) ou quand Jésus dit aux sadducéens qu’à la résurrection « qyāmtā » on ne prend ni femme ni mari (Mt 22, 30-31)
Pour le verset suivant, la London Bible Society utilise un manuscrit qui a le mot « mnātā : la part », d’où la traduction : « Bienheureux et saint, qui a part [mnātā] au premier Relèvement [qyāmtā] » (Ap 20, 6 FG). Mais, pour être plus précis, il est bon de revenir au manuscrit de Crawford qui a le mot « mītā : mort » : « Bienheureux et saint, le défunt [mītā] au premier Relèvement » (Ap 20, 6). 
La première résurrection est une manifestation des saints du Ciel pendant la durée du millenium. Vont-ils se réincarner sur la terre ? Ce serait une absurdité et une régression, puisqu’ils sont déjà dans la gloire du Ciel. Ils vont simplement apparaître avec le Christ dans la gloire. Vu du côté des saints qui apparaissent, elle ne se distingue pas d’une seconde résurrection, c’est déjà la vie éternelle. Mais vu du côté de l’histoire terrestre, c’est une première résurrection. Cette interprétation est cohérente avec saint Paul qui ne parle pas de première ou seconde résurrection, mais qui utilise l’adverbe « ensuite ». Il parle de la venue glorieuse du Christ (1Co 15, 23), c’est le temps où les saints du ciel apparaissent avec le Christ dans la gloire, ou « première » résurrection ; « ensuite viendra le terme quand il remettra la royauté à Dieu le Père » (1Co 15, 24), c’est la « seconde » résurrection.

4.    Dans l’Apocalypse : les saints du Ciel revêtus de « byssus blanc »
L’Apocalypse décrit la venue glorieuse du Christ comme un cavalier sur les nuées (c’est une apparition, ce n’est pas un retour sur la terre). Il est accompagné par les saints du Ciel revêtus de « byssus blanc » (Ap 19, 14, cf. Ap 19, 9). L’image du byssus pur désigne « les [actions] droites des saints » (Ap 19,8). Autrement dit, Jésus viendra avec les justes qui sont décédés et qui sont avec lui au Paradis. À la 4e Église Jésus disait : « Je connais tes œuvres et ton amour [brûlant] et ta foi, et ton service, et ta persévérance ; et tes dernières œuvres sont plus nombreuses que les premières » (Ap 2, 19). Ces œuvres bonnes « courent » jusqu’au jour où la milice céleste accompagnant la Venue glorieuse du Christ livrera une guerre d’Amour, non sanguinaire, en apportant des cadeaux, des grâces, des remèdes, de quoi stupéfier les hommes et les attacher au Seigneur.

5.    Rôle des apparitions des saints
L’Apocalypse dit même qu’ils sont « prêtres [kāhne] de Dieu et du Messie » (Ap 20, 6), c’est-à-dire qu’ils ont un rôle analogue aux prêtres [kāhne] du Temple de Jérusalem, lesquels transmettaient la révélation reçue de Dieu. En effet, sur la terre, les habitants sont des gens concrets, et malgré les bonnes volontés, il y a des difficultés culturelles ou psychologiques pour accueillir la venue glorieuse du Christ. Nous faisons déjà l’expérience que la connaissance de la vie de tel ou tel saint nous aide à comprendre les réalités divines. Au moment de la Parousie, les saints vont apparaître, ils aideront d’autant plus les gens qui sont sur la terre à accueillir Dieu et la venue glorieuse du Christ. Et cette aide se fera selon les affinités psychologiques, culturelles, familiales. « Ils sont prêtres de Dieu et du Messie » traduit une vérité très concrète, très humaine. 
Imaginez l’apparition du bon larron à un criminel entrain de purger sa peine en prison, ou l’apparition à un musulman d’un saint converti de l’islam ; ou encore l’apparition d’un de vos aïeux…
(Difficulté des occidentaux)
Ne parvenant pas à « penser » la place spirituelle des saints du ciel (c’est-à-dire leur rôle) dans le royaume des justes, saint AUGUSTIN , dans la seconde partie de son épiscopat, les imagine venir matériellement sur la planète – ce qui ferait pas mal de monde – et il en conclut que cela est ridicule et qu’il s’agit seulement d’une façon de parler de la fin du monde. On dit pour cela qu’à la fin de sa vie, saint Augustin est moraliste, il n’attend plus la venue de quelqu’un, il attend la fin du monde et le jugement. Mais les Églises d’Orient qui, elles, n’ont jamais oublié l’ancienne perspective enseignée par les apôtres (et ne lisent pas saint Augustin). 

Chant. 
« Notre Père des Cieux, / nous ne pècherons plus
Mais que vienne sur terre / ton règne de sainteté
Que vienne sur toute la terre / ton règne qui est aux Cieux
Et que de notre terre / tu nous emportes aux Cieux ». 

 

Date de dernière mise à jour : 05/01/2025