Prier les psaumes pour le retour du Christ

Quelques exemples

Psaume (Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14, 18)

1 Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi ; je bénirai ton nom toujours et à jamais !

2 Chaque jour je te bénirai, je louerai ton nom toujours et à jamais.

8 Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour.

9 La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

10 Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce et que tes fidèles te bénissent !

11 Ils diront la gloire de ton règne, ils parleront de tes exploits.

13 Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit, fidèle en tout ce qu’il fait.

14 Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés.

18 Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

20 Le Seigneur garde tous ceux qui l’aiment, tous les impies, il les détruira.

21 Que ma bouche dise la louange du Seigneur, que toute chair bénisse son saint nom, toujours et à jamais !

« La lettre enseigne les faits, l’allégorie ce que tu crois, le sens moral ce que tu fais, l’anagogie ce vers quoi tu tends » (CEC 118).

« La lettre enseigne les faits » (CEC 118). Le sens historique se lit par exemple dans la vie de David, quand il adressa à Dieu un cantique pour le bénir de l’avoir délivré de tous ses ennemis et de la main de Saül (2Samuel 22).

« L’allégorie enseigne ce que tu crois » (CEC 118). L’allégorie, c’est ce qui annonce le Christ. « Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi ; je bénirai ton nom toujours et à jamais ! » c’est ce qu’a fait la foule, peu avant la Passion de Jésus, en portant des rameaux (Jn 12, 12-13).

« Le sens moral enseigne ce que tu fais » (CEC 118). Le sens moral pourrait être résumé en ces termes : aujourd’hui, je suis invité à me laisser aimer, à me faire pardonner, à être consolé. « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ». (Notons que ce portrait divin rappelle, mot pour mot, la présentation que Dieu avait faite de lui-même au Sinaï (Exode 34, 6, 8-9).

« L’anagogie enseigne ce vers quoi tu tends » (CEC 118). L’anagogie peut être développée à partir du verset : « Ils diront la gloire de ton règne » (v. 11). En effet, la gloire du règne du Christ sera manifestée lors de la Parousie. Le Christ aura son royaume sur la terre comme au Ciel, et il offrira ce royaume au Père, alors ce sera la Fin et la vie éternelle. Rappelons par exemple qu’en 1Co 15, 22-27, nous lisons :

« 22 En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront 23 mais chacun à son rang : en prémices, le Christ. Ensuite ceux qui appartiennent au Christ lors de sa venue. [La résurrection des justes nettement mise en lien avec la Résurrection du Christ, car les saints apparaîtront avec le Christ lors de sa venue glorieuse cf. 1Th 3, 13.] 24 Ensuite viendra le terme quand il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité, toute puissance. [Ce « Ensuite » (araméen « hāydēn », repris par le grec « Eita ») au début du verset 24 indique une consistance propre au temps inauguré par le verset 23 : c’est le « temps » de la venue du Christ, ce que saint IRÉNÉE appelle le royaume des justes (étape du processus de la fin), et qui conduit au Père (étape ultime et ineffable)]. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. 25 C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. 26 Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, 27 car il a tout mis sous ses pieds » (1Co 15, 22-27).

Psaume (Ps 84 (85), 9ab-10, 11-12, 13-14)

J’écoute : Que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles. Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.

« Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. »

Ce psaume contient une promesse, notre terre donnera son fruit.

Cette promesse a un sens au temps d’Élie : il va pleuvoir et il y aura une bonne récolte.

Cette promesse a un sens au temps de Jésus : la terre, en la personne de la Vierge Marie, va porter son fruit béni, Jésus : « notre terre donnera son fruit. »

Cette promesse a un sens eschatologique : la terre doit accomplir le dessein du créateur, quand l’humanité ayant accueilli son Sauveur, accomplira la volonté de Dieu sur la terre comme au Ciel. Cela aussi se réalisera un jour : « notre terre donnera son fruit. »

Psaume (Ps 96 (97), 1-2, 4-5, 6.9)

Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! Joie pour les îles sans nombre ! Ténèbre et nuée l’entourent, justice et droit sont l’appui de son trône. Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s’affola ; les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur, devant le Maître de toute la terre. Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire. Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre, tu domines de haut tous les dieux.

À un premier niveau, ce psaume 96 (97) correspond à la foi d’Isaïe pour qui Dieu est le Roi des rois. Nous savions depuis les temps anciens, avec Samuel, que le peuple n’a pas d’autre roi que le Seigneur Dieu (1Sam 8). Mais ce qui est nouveau avec Isaïe, c’est que le Dieu d’Israël est perçu comme le Roi de toute la terre, lisons le récit de la vocation d’Isaïe : « L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui […]. Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles : "Saint, saint, saint est YHWH Sabaot, sa gloire emplit toute la terre" » (Isaïe 6, 1-3). 

Cependant, après l’épreuve de l’exil à Babylone, où Dieu semblait se taire, on attend que le silence soit rompu et que Dieu de nouveau, dans sa fidélité, parle. Or Dieu a répondu à l’attente d’Israël par l’incarnation de Jésus, le Messie, le Fils de Dieu. Sa venue a été humble, mais elle a été entourée de signes tels que les anges de Noël, la lumière de la Transfiguration, le tremblement de terre au moment de sa mort, et un autre tremblement de terre au moment de sa Résurrection, sa gloire a ensuite été annoncée à tous les peuples par les apôtres. Ce qui donne un second sens au psaume : « Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s’affola ; les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur, devant le Maître de toute la terre. Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire ». Le Christ est Seigneur et il est roi pour tous ceux qui accueillent son salut. Il apporte la justice et la vie.

Mais une partie des habitants du monde ont rejeté sa lumière, sa justice, et sa gloire.

C’est ainsi que ce psaume attend encore un accomplissement futur en écho avec la vision du prophète Daniel : « Je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. » (Dn 7, 13-14). Une vision qui s’accomplira lors du retour du Christ.

Psaume Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 12-13, 17)

« Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice.

Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes !

Qu’il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours.

Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.

Que son nom dure toujours ; sous le soleil, que subsiste son nom !

En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ; que tous les pays le disent bienheureux ! »

La figure du roi David était souvent décevante, tout comme celle de tant de rois au cours des siècles. Le psaume annonce la figure lumineuse et glorieuse du Messie, dans le sillage de l’espérance prophétique exprimée par Isaïe dans la première lecture : « Il jugera les faibles avec justice, il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays » (Is 11, 4).

Dans ce psaume, il est fait trois fois mention de la justice. Ces paroles acquièrent leur vérité dans l’action du roi parfait, attendu et espéré, le Messie. La justice et la paix sont les signes de l’entrée du Messie dans notre histoire. L’élément décisif pour reconnaître la figure du roi messianique est surtout la justice et son amour pour les pauvres (cf. vv. 12-14).

Dans la figure de ce roi-Messie, la tradition chrétienne a perçu le portrait de Jésus-Christ. Et Jésus fut acclamé roi le dimanche des rameaux par une foule joyeuse qui fut témoin de son amour pour les pauvres.

« Qu’il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’au bout de la terre ! » C’est ici qu’entre en scène une dimension universaliste, qui va de la Mer Rouge ou de la Mer Morte jusqu’à la Méditerranée, de l’Euphrate, le grand "fleuve" oriental, jusqu’aux frontières extrêmes de la terre (cf. v. 8). Il s’agit d’un regard qui s’étend sur toute la carte du monde alors connu.

En Jésus, Israël s’ouvre à l’universel ; alors que l’Ancien Testament décrit les frontières de la terre promise à Abraham, saint Paul écrit : « Abraham hérite du monde » (Rm 4, 13) [1]. C’est vrai au temps de saint Paul (qui est juif), et ce sera encore vrai dans les derniers temps.

On le comprend bien, pour qu’il domine sur la terre entière, il faut que les ennemis de Dieu aient été jugés, c’est ce qui a été entrevu par le prophète Isaïe dans la première lecture : « Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. […] il fera mourir le méchant » (Is 11, 4).

Tout ceci n’est pas un discours facile. Nous parlons d’un Jugement, et pas seulement un jugement entre le bien et le mal qui sont au fond de mon cœur mais d’un jugement entre les hommes. Ce n’est pas un jugement que moi je vais faire, ou que ma nation va faire, c’est un jugement qu’un autre fera. Dans le Nouveau Testament, il est question d’un Antichrist et de se positionner pour ou contre l’Antichrist. Même un non-chrétien peut se positionner contre l’Antichrist, (quoiqu’il soit généralement dans un système postchrétien antichristique), en disant « non ça c’est pervers je n’en veux pas, je veux pas ça ».

Cette révélation est importante pour notre société. Trop souvent on veut accomplir tout seul l’idée d’un monde où il n’y aurait plus de mal ! Et donc on va vouloir éliminer les méchants les mécréants, ceux qui ne pensent pas comme nous, les mauvais et ça va donner des goulags, des Jihads, des dictatures, des épurations ! Ces mécanismes sont les conséquences d’une contrefaçon du christianisme, une idée chrétienne tronquée, amputée.

Le jugement ne peut être fait que par le seul qui n’ait jamais versé le sang et qui soit parfaitement juste, Jésus, le Messie. Alors prions avec confiance ce psaume : Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Dieu donnera au roi, Jésus, ses pouvoirs, lui qui est le Fils de Roi, le fils de Dieu qui est Roi de l’univers, et souverain maître de l’histoire.

Et encore :

D’autres psaumes ou versets de psaumes s’accompliront lors de la Venue glorieuse du Christ. 

A la description de la corruption de Babel la grande (Ap 17) correspond le psaume 141, qui est une prière contre l’entraînement au mal : « que l’huile de l’impie jamais n’orne ma tête, car je me compromettrais encore dans leurs méfaits » (Ps 141, 4-5). Le psaume suivant demande : « Fais sortir de prison mon âme » (Ps 142, 8). Lui fait écho l’appel fait au croyant de sortir de Babel la grande : « Sortez, ô mon peuple ! » (Ap 18, 4). Par exemple, la supplique « En ton amour, anéantis mes ennemis ! » (Ps 143, 12) s’accomplit quand un ange puissant mime avec une meule jetée dans la mer la perte de Babel la grande (Ap 18, 21-24). Le psaume 147 invite Jérusalem à fêter son Dieu, et cette joie s’épanouira dans la Jérusalem nouvelle (Ap 20, 11 – 21, 8).

 

[1] En Gn 12, 7, la promesse se limite à ce qu’Abraham peut voir autour de lui, à partir de Sichem. En Gn 17, 8, la terre promise à Abraham se limite « à toute la terre de Canaan », c’est-à-dire l’ancienne Palestine, mais en Gn 15, 18, il s’agit d’un territoire étonnant : « depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate » (Gn 15,18) : tout le monde connu par Abraham ! Lorsque saint Paul évoque « la promesse faite à Abraham ou à sa descendance de recevoir le monde en héritage » (Rm 4, 13), ce n’est donc pas tant une déformation de l’Ecriture qu’un choix théologique. Et dans ce cas, l’idée de terre promise n’a plus aucune implication politique puisqu’elle concerne toute la terre.

Date de dernière mise à jour : 06/09/2023