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N° 4, Marie, le baptême de Jésus, la vie de disciple
Le thème de ce dossier est en fait le premier mystère lumineux du Rosaire, que la dernière lettre apostolique de Jean Paul II nous invite à méditer, à contempler et à vivre avec Marie.
Voici notre plan :
4.1. Quel lien entre Marie et le baptême de Jésus ?. 1
4.2. Marie et le baptême de Jésus dans la liturgie et chez les saints. 2
4.3. Marie disciple, dans l’Ecriture. 3
4.4. « Augmente en nous la foi » (Lc 17,5-10) : une piste pour la spiritualité mariale ?. 13
4.5. Vatican II : Marie en pèlerinage de foi 14
4.6. Marie disciple, dans la liturgie. 15
4.1. Quel lien entre Marie et le baptême de Jésus ?
Le baptême de Jésus par Jean le Baptiste au Jourdain a certainement eu lieu, il n’est inventé ni par les disciples juifs, car il est différent de ce que faisaient les juifs, ni plus tardivement par les chrétiens, car il les dérange et complique leur catéchèse[1].
Marie n’est pas physiquement présente au Jourdain à ce moment, mais si nous comprenons les significations de ce baptême, nous percevons comment Marie y communie par toute sa vie, et donc, comment elle y est spirituellement présente.
Le Jourdain a un rôle symbolique en tant que frontière avant l’entrée dans la terre de Canaan (Jos 6). Se plonger dans le Jourdain, c’est refaire symboliquement tout le parcours spirituel d’Israël, ce peuple qui se sent aimé de son Dieu, choisi, appelé à se mettre en route, à marcher au désert en y recevant la manne pour chaque jour.
Marie a personnellement fait ce parcours spirituel : nous avons comparé l’Annonciation et l’Alliance au Sinaï, Marie se sait choisie de Dieu qui fait Alliance avec elle. Nous avons comparé Marie et l’arche d’Alliance. Marie s’est mise en route, en confiance. Elle se sait aimée de Dieu qui s’est penché sur elle (Lc 1, 48).
Le fait qu’au baptême du Christ l’Esprit Saint soit représenté par la colombe (Mt 3,16 ; Mc 1, 10 ; Lc 3, 22 ; Jn 1, 32) doit aussi être interprété sur l’arrière fond biblique. La colombe est une image pour parler d’Israël dont le Seigneur est l’époux[2], une image qui désigne donc le peuple, un peuple à construire ou à sauver, à rassembler dans une nouvelle Alliance. La colombe est aussi un animal de sacrifice[3] annonçant l’offrande du Christ.
En harmonie avec la symbolique de la colombe, l’Annonciation est une Alliance, l’Incarnation est une noce de l’humanité avec Dieu. Marie et Joseph ont aussi été capables d’un acte d’offrande, d’un sacrifice personnel dépassant ce que la loi prescrit, la Présentation de Jésus au temple pourrait avoir été une offrande pour tout le peuple Juif (« pour leur purification » Lc 2, 22).
Le père de Jean Baptiste, Zacharie, est prêtre au temple de Jérusalem. Le fait que Jean le Baptiste vive au désert et baptise au Jourdain indique qu’il appartient aux mouvances juives qui attendent un temple non fait de main d’homme. Son comportement est un acte de contestation, une prise de distance par rapport au temple de Jérusalem.
On sait par ailleurs[4] que les mouvements juifs qui attendent un temple non fait de main d’homme attendent aussi un rédempteur personnel qui sauvera le peuple de ses péchés et qui sera confirmé par des miracles ou des voix célestes. Le récit de l’Annonciation (Lc 1, 26-38) inscrit Marie dans ce cadre, donc dans une certaine affinité avec Jean le Baptiste.
Jean Baptiste déclare « Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants d’Abraham » (Mt 3,9 et Lc 3,8). Les pierres signifient les païens. La phrase signifie que les païens peuvent entrer dans l’Alliance ; par leur conversion et par la grâce de Dieu, ils en deviennent dignes. AU Jourdain, la mission qui commence pour Jésus sera non pas la fin d’un Exode, mais un nouvel Exode, vers le monde entier.
D’un point de vue marial, cet accueil des païens dans l’Alliance est présent dans le récit de Matthieu lorsque Marie accueille les mages venus adorer l’enfant Jésus (Mt 2,11) et dans le récit de Luc qui souligne la résidence de Marie « à Nazareth », « une ville de Galilée » (Lc 1,26 : dans la Galilée des nations, la Galilée des païens), ou encore quand saint Luc fait remonter la généalogie de Jésus à Adam (Lc 3, 38), le rendant ainsi solidaire de tout homme.
« Le Baptême au Jourdain est avant tout un mystère de lumière. En ce lieu, alors que le Christ descend dans les eaux du fleuve comme l’innocent qui se fait “péché” pour nous (cf. 2 Co 5, 21), les cieux s’ouvrent, la voix du Père le proclame son Fils bien-aimé (cf. Mt 3, 17 par), tandis que l’Esprit descend sur Lui pour l’investir de la mission qui l’attend. »[5]
Fille d’Israël, Marie est en pleine harmonie avec le mystère du baptême de Jésus au Jourdain. Elle sera aussi en communion avec la mission de Jésus, jusqu’à la mort de Jésus jugé pécheur ou imposteur, et jusqu’à la résurrection de Jésus où le Père confirme la vraie nature de son Fils.
4.2. Marie et le baptême de Jésus dans la liturgie et chez les saints
Notre baptême chrétien n’est pas le baptême de Jean le Baptiste, mais un baptême dans la mort et la résurrection de Jésus. Cependant, le premier préfigure le second :
« [Jésus reçut le baptême de Jean Baptiste] Pour commencer sa vie publique et pour anticiper le Baptême de sa mort, il accepte ainsi, bien que sans péché, d’être compté parmi les pécheurs, lui, "l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29). Le Père le déclare "son Fils bien-aimé" (Mt 3,17), et l’Esprit descend sur lui. Le baptême de Jésus est la préfiguration de notre Baptême. »[6]
La Tradition apostolique, document liturgique romain de l’an 215 environ offre un indice intéressant pour notre enquête. La nuit de Pâques, lors de la seconde immersion du catéchumène, il lui est demandé : « Crois-tu en Christ Jésus, Fils de Dieu, né par l’Esprit Saint de Marie la Vierge ? » [7]
Le motif est évident : la vraie maternité de Marie vis-à-vis du Fils de Dieu et sa fécondité virginale sont la base historique et la garantie du salut : Dieu a vraiment assumé notre humanité.
Le rite liturgique contient en germe le parallélisme entre la naissance du Christ et la naissance du chrétien. Il est admirable que le sacrement du baptême soit la place ancienne et naturelle pour la mémoire de la Vierge Marie.[8]
Cette mémoire de la Vierge Marie lors du baptême a fait mûrir au fil des siècles l’idée d’un « renouvellement des promesses de notre baptême » par « une consécration à Dieu par les mains de Marie » (VD 120) :
« La mystique mariale intervient dans la démarche baptismale lors de la communication de la vie divine, en particulier parce que la vie divine est communiquée dans le mystère de l’incarnation, mystère fondateur (VD 248).
La mystique mariale intervient dans la démarche baptismale lors du passage par la mort au péché pour renaître à la vie de la grâce […] Marie, qui fut debout au pied de la croix, accompagne aujourd’hui le fidèle.
La mystique mariale intervient dans la vie baptismale aussi parce que la Mère du Christ est présente dans notre incorporation au Corps mystique du Christ.
[…] Montfort a l’ampleur dont notre temps a besoin. En associant le baptême à la consécration à Jésus par Marie, il propose la symbolique du sein maternel, ou la symbolique voisine de Marie comme moule vivant, mais il propose aussi la symbolique de l’arbre de vie qui, comme le symbole de l’eau dans l’Ecriture, rappelle les grandes étapes de la naissance du peuple de Dieu ainsi que le mystère de l’incarnation et le mystère pascal. » [9]
Dans le rituel actuel du baptême, il est possible de marquer le lien entre notre appartenance à Jésus et notre appartenance à Marie : à la fin de la cérémonie, la liturgie propose le Magnificat d’action de grâces et la consécration à Notre-Dame (Rite romain, Rituel du baptême, n°80).
4.3. Marie disciple, dans l’Ecriture
Après le baptême au Jourdain (Mt 3 ; Mc 1 ; Lc 3) et un séjour au désert, Jésus appelle ses premiers disciples (Mt 4 ; Mc 1 ; Lc 5)…
Le pape Paul VI disait de Marie qu’elle était : « la première et plus parfaite disciple du Christ »[10]. Si nous voulons être de « nouveaux disciples », ces pages seront donc très précieuses.
Les épreuves morales de Marie
Marie est aimée. Marie est libre. Pleine de grâce, dialogue avec l’ange de l’Annonciation et compose son Magnificat. Elle prend l’initiative de la Présentation de Jésus au temple qui dépasse largement ce que la loi demande. A Cana, ses attitudes sont audacieuses : « ils n’ont plus de vin », « faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,1-4).
Marie est aussi constamment à l’écoute du Père, c’est pourquoi la liberté de Marie a un sens. Cette écoute du Père conduit Marie à se dépasser.
Par exemple, après l’Annonciation Marie va chez sa parente Elisabeth (Lc 1, 39) pour obéir au signe donné par l’ange, c’est l’occasion d’un dépassement. Jésus grandit. Sans doute Marie sait-elle que l’enfant est aux affaires de son Père, mais l’épreuve d’avoir cherché Jésus durant trois jour élève son regard (Lc 2, 50). Marie, humble, discrète, respectueuse, est du côté du vrai Dieu, parce qu’elle est toute relative à Dieu, transparence de Dieu, elle ouvre à autre chose qu’elle-même.
En ce sens, on peut dire que Marie est une antidote à une éthique trop autonome ou à une idolâtrie de la raison humaine. Marie est sauvée par son Fils et elle le sait. « Le tout Puissant fit pour moi des merveilles… sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 50). Avec Marie, la raison éthique s’appuie sur la Rédemption.
Marie connaît l’épreuve morale. Ces épreuves ne signifient pas que Marie soit aimable aux yeux de Dieu. Au contraire.
Quand à douze ans Jésus reste au temple à leur insu, Marie et Joseph ont pu se demander si leur éducation était vraiment bonne. Après l’échec, qui ne finit pas par se demander si le bien était vraiment le bien ? Leur conscience a dû surmonter cette épreuve.
L’épreuve morale peut aussi prendre la forme d’une perte de cohérence. Marie a dû ressentir ce genre d’épreuve car les attentes du messie étaient tellement difficiles à unifier… Glorieux Fils de David ? Serviteur souffrant ? Fils de l’homme ? Nouveau Moїse ? Dans cette situation, le psalmiste demande avec insistance : Seigneur, « Unifie mon cœur ! » (Ps 86,11). La cohérence existe, à condition d’aller plus en profondeur… Marie a grandi dans sa foi, dans la cohérence de sa foi.
Dans l’épreuve, il arrive que l’on ne sait plus quoi dire. Du point de vue de la morale, il peut y avoir un silence sur le bien, on ne peut plus l’expliquer. Durant son ministère, Jésus a parlé de sa Passion, il a expliqué en quoi c’était un bien, par exemple Jn 10, il a expliqué : le Bon Berger qui donne sa vie pour que nous ayons la vie en surabondance. Mais à certaines heures de sa Passion, « Jésus ne disait rien »… Pourtant il est innocent, il est la vérité, il est le Bien. Il ne peut plus expliquer davantage. De même, à l’heure de la Passion Marie ne dit rien. Le Bien n’est plus explicable !
A l’heure de l’échec de son œuvre, Jésus ne peut plus parler mais il est fidèle et demeure témoin. Et s’en remet à celui qui juge le bien et le mal. De même Marie.
Marie éclaire notre condition de disciple, c’est assumer sa liberté, écouter le Père, rechercher le sens, accepter l’épreuve comme l’or qui passe au creuset.
Pour connaître encore davantage la personnalité de Marie, nous allons approfondir quelques versets.
Lc 2, 35 : « Une épée te transpercera », quelle épée ?
Jésus sera « la lumière pour éclairer les nations, la gloire d’Israël son peuple » (Lc 2,32). Son père et sa mère s’émerveillent. Mais la lumière pour les nations passe d’abord par Israël où elle sera acceptée ou refusée :
« Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère: "Vois! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction, - et toi-même, une épée te transpercera l’âme ! -- afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs." » (Lc 2,34-35)
Quel est le sens de cette épée qui doit traverser l’âme de Marie ?[11]
Dans l’Ancien Testament, le serviteur souffrant dit : le Seigneur « a fait de ma bouche une épée tranchante » (Is 49,2).
Plus tard, quand la communauté hébraïque est menacée de destruction par l’hellénisme, elle résiste en demeurant fidèle à la Parole de Dieu qui est sa véritable arme, sa véritable épée : Judas Maccabées a la vision de Jérémie, le prophète, l’homme de la parole qui lui donne une « épée d’or » en disant « "Prends ce glaive saint, il est un don de Dieu, avec lui tu briseras les ennemis." » (2Macc 15,15-16).
Dans la tradition juive, le Targum paraphrase « chacun porte son épée à son côté » (Ct 3,8) en disant : « les prêtres, les lévites et toutes les tribus d’Israël ont au poing les préceptes de la loi qui sont comme une épée… et ils portent le signe de la circoncision… »[12]. De nombreux midrashim expliquent que les consonnes du mot épée sont les mêmes consonnes du mot Horeb (le mont Sinaï) où fut donné la Torah. [13] Le midrash explique encore de multiples façons pourquoi cette épée a deux tranchants, par exemple parce que la Torah est écrite et orale…
Dans le Nouveau Testament, chez saint Luc, au seuil de la passion, Jésus invite à vendre son manteau et à prendre chacun un glaive (Lc 22,36), mais Jésus ne veut pas l’épée au sens matériel (Lc 22,50) : il faut comprendre que Jésus invite à prendre l’épée de la Parole de Dieu pour avoir le discernement spirituel et ne pas tomber en tentation.
Dans l’épître aux Hébreux, l’auteur compare la parole de Jésus à celle de Moїse lors de la sortie d’Egypte puis il dit : « Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. » (He 4,12).
Parmi les armes du combat spirituel, il y a « le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. » (Ep 6,17). Dans l’Apocalypse, le Christ apparaît comme un cavalier avec une épée, sa parole (Ap 1,16 ; 2,16 ;19,15.21)
Ainsi l’épée est d’abord la parole de Dieu. Tout bon disciple qui écoute la parole porte cette épée et a l’âme traversée par cette épée.
Luc 2,35 signifie donc que Marie est traversée par la parole de Dieu dans toute sa vie. L’épée signifie la parole de Dieu, le dessein de Dieu, qui englobe toute la mission de Marie : y compris sa douleur, mais pas uniquement sa douleur. C’est la Parole qui produit la louange, l’exultation, l’intelligence, la sérénité, la foi, la douleur…
La tradition chrétienne reprend ce symbolisme très large.[14]
Un tableau de Giovanni di Paolo, « la Vierge au manteau »[15] représente Marie. Elle est debout et sur sa tunique est dessinée une grande épée portant les évangélistes. Si les évangélistes sont dessinés sur cette épée, c’est parce que l’épée est la Parole de Dieu.
Syméon annonce aussi que Jésus sera un signe de contradiction (Lc 2,34-35), le texte signifie donc que Marie lui sera associée, elle partagera le refus qu’on lui opposera, elle souffrira, son âme sera transpercée.
La tradition chrétienne a finalement surtout accentué cet aspect : le sens de l’épée se concentre alors sur la douleur de Marie lors de la Passion.[16]
Lc 2, 41-52 : Jésus se révèle mais on ne le comprend pas si vite…
La littérature raconte l’enfance de beaucoup de personnage fameux (Bouddha, César Auguste, Alexandre) comme un présage de leur grandeur future. Mais ce qui distingue le récit de Luc de tous ces autres textes est sa véracité et son caractère humble. Le récit de Jésus perdu et retrouvé au temple (Lc 2, 41-52) correspond à un événement réel.
L’âge de 12-13 ans[17] est celui de la "Bar Mitzwa", le passage à la majorité religieuse où le garçon devient fils de la loi, il connaît la Bible et la Mishna et accepte ses commandements. Jésus commence à parler avec les docteurs de la loi comme à ses interlocuteurs naturels, en manifestant sa sagesse et en donnant son point de vue sur les choses de Dieu, sans annoncer une vérité qui aurait pu rompre ou lacérer le climat d’écoute réciproque qui s’était créé.
Le croyant dans la caravane avec eux, ses parents ne s’aperçoivent pas tout de suite de son absence, ils le cherchent et ne le retrouvent qu’au bout de trois jours :
« Ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. » (Lc 2, 46-47)
Jésus se révèle comme Sagesse, et tous sont stupéfaits. Jésus soulève ensuite le voile sur son identité de Fils de Dieu (Lc 2, 49). Son identité divine explique pourquoi il a une sagesse plus grande que celle de Salomon (Lc 11,31).
Comme la révélation sur le mont Sinaï, le récit commence par une montée (Lc 2, 42) et s’achève par une descente (Lc 2, 51). Au temple, situé sur la montagne sainte du Seigneur, Jésus révèle sa Sagesse en dialoguant avec les docteurs de la loi, et il affirme sa filiation divine.[18]
Dans le récit, qui a fait le parcours de montée et de descente ? Marie et Joseph. Ils sont les premiers destinataires de cette révélation. Ils sont les premiers disciples. Mais ils ne comprennent pas (Lc 2, 50).
Lc 2,19,51 : Marie, modèle de méditation
L’évangile est sobre : quelques mots tout au plus sur la méditation de Marie. Mais derrière chaque mot, il y a tout un univers… La science biblique nous ouvre cet univers.[19]
- Marie conservait toutes ces choses dans son cœur (Lc 2,19.51).
C’est en réalité un exercice de Sagesse dans la ligne des pratiques spirituelles du peuple d’Israël :
« Gardes-toi bien d’oublier les choses que tu as vues ; qu’elles ne sortent pas de ton cœur, durant tout le temps de ta vie… Gardez-vous d’oublier l’Alliance que le Seigneur votre Dieu a établie avec vous. » (Dt 4,9.23).
A travers toutes les choses que tu as vues, le Seigneur de l’Alliance révèle sa Sagesse, c’est-à-dire son projet, son dessein de salut concernant la création tout entière. Les modes de présence du Dieu de l’Alliance - qui parle et agit "en beaucoup d’étapes et de nombreuses manières" (He 1, 1) sont présentées dans les livres sacrés : la Loi de Moïse, les Prophètes, les Psaumes. Donc celui qui médite ces livres, qui conserve dans son cœur les enseignements qu’ils renferment, devient sage (cf. Si 50,27-29). Les mots « sage » ou « sagesse » ont la même origine que le mot « saveur », il s’agit de goûter qui est Dieu…
La méditation de Marie se concentre sur "toute" l’histoire du Fils (Lc 2,19.51).. Marie répétait ainsi l’itinéraire de sagesse qui avait déjà caractérisé la physionomie spirituelle d’Israël. Elle réfléchit et assimile. Elle accueille l’œuvre de Jésus, lui qui est « puissance de Dieu et Sagesse de Dieu » (1 Co 1,24). Cette puissance de Dieu est une puissance d’amour, pour sauver.
Marie devient « sage » : elle goûte qui est Dieu, combien Dieu l’aime et aime son peuple, elle est capable à son tour, avec le goût de Dieu, d’aimer Dieu et le prochain.
- Marie se souvenait de « toutes ces choses » (Lc 2, 19 et 2, 51).
Marie sait que rien ne doit être omis de tout ce que le Seigneur a fait "depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre" (Dt 32,7), jusqu’au jour présent. Le mémorial concerne donc "tous" les événements qui constituent l’alliance de Dieu avec son peuple: de la création à Abraham, d’Abraham au Sinaï, du Sinaï à l’exil à Babylone. Telles sont les "grandes choses" accomplies par le Seigneur pour la rédemption de son peuple.
Conserver "tout" ce qui concerne Jésus est un engagement permanent de la foi chrétienne. Le cycle liturgique de l’Eglise et le Rosaire éduquent a cette dimension catholique, c’est-à-dire complète et universelle du mystère du Christ.
Nous devrions toujours maintenir intègre la profession de foi dans sa totalité : le Christ est fils de Dieu et fils de l’homme ; il nous demande d’aimer nos proches et de tout quitter pour le suivre ; Jésus est crucifié et ressuscité ; nous sommes responsables et sans lui nous ne pouvons rien…
C’est ainsi nous comprenons mystérieusement qui nous sommes, d’où nous venons et où nous sommes conduits.
Mc 3, 31-35 : Face aux menaces
Dans l’Evangile de saint Marc, les adversaires, après une série d’oppositions, prennent très vite la résolution d’éliminer Jésus (Mc 3,6). Le refus des habitants de Nazareth constitue une autre étape du drame de Jésus (Mc 6,1-6). Puis la fin tragique de Jean Baptiste semble annoncer celle de Jésus (Mc 6,14-29). Les scribes et les pharisiens ne cessent de s’opposer à Jésus (Mc 7,1-23 ; 8,11.21). Les disciples continuent de ne pas le comprendre (Mc 8,21)… A partir de Mc 8,26, nous avons trois annonces de la Passion. Trois chapitres, 11-13 sont réservés aux événements et aux discours à Jérusalem, puis ce sont les événements de Pâques qui occupent encore trois chapitres, sur un total de seize (Mc 14-16), c’est dire leur importance.
L’identité de Jésus est un secret normalement incompris ou sujet d’équivoque, il se révélera dans sa vérité seulement à la fin de la Passion, quand le centurion proclamera solennellement: « vraiment cet homme était le Fils de Dieu. » (Mc 15,39).
Jusqu’à ce moment Jésus est incompris de la part de tous, y compris de part des disciples qui manquent de foi (Mc 4,10), et de capacité de compréhension[20]. Ils sont particulièrement réfractaires aux annonces de la Passion.
Venons-en au passage qui parle de la mère de Jésus.
« Sa mère et ses frères viennent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: "Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent." Il leur répond: "Qui est ma mère ? Et mes frères ?" Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: "Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère." » (Mc 3, 31-35)
L’épisode va bien au-delà de la situation familiale. Il souligne les exigences du Royaume de Dieu inauguré par le Christ. Il contraint à un choix : faire partie de ceux qui sont autour de lui, ou rester dehors.
Mc 3, 31-35 est souvent interprété comme un texte polémique vis-à-vis de la famille de Jésus, et cela, à cause du lien que l’on fait avec le texte qui précède immédiatement : Mc 3,22-30 où les scribes accusent Jésus d’être possédé. Jésus leur répond en concluant que leur calomnie vient d’un aveuglement, d’un péché contre l’Esprit Saint. Mais « La mère et les frères » de Mc 3, 31-35 se distingue et s’oppose au groupe de Mc 3,22-30 :
« La mère et les frères » (Mc 3,31-35) viennent de Galilée. La Galilée est le lieu de la grande activité de Jésus et de ses résultats apostoliques exceptionnels. Mais à tous ceux qu’il guérit ou qu’il aborde à différents niveaux, il impose le "secret messianique" : il essaye de les faire taire sur son identité parce que leurs perspectives sont trop humaines, parce que la destinée douloureuse du Fils de l’homme les scandalise…
Au contraire, les « scribes » sont « descendus de Jérusalem » (Mc 3, 22), Jérusalem qui est sans cesse hostile à Jésus ; ils font partie des autorités qui condamneront Jésus. Non seulement ils n’ont pas compris, mais plusieurs fois ils ont jugé et condamné Jésus, avant tout dans leur for intérieur (cf. Mc 2, 6-7) en faisant un choix contre lui, en assumant une attitude de fermeture et de refus, qui est un véritable péché vis-à-vis de l’Esprit Saint. « Ils disaient : "Il est possédé de Béelzéboul", et encore: "C’est par le prince des démons qu’il expulse les démons." » (Mc 3, 22) et « Ils disaient: "Il est possédé d’un esprit impur." » (Mc 3,30). Leurs accusations sont extrêmement graves, capables de mettre Jésus à mort.
La polémique de Jésus contre ces gens là ne concerne pas les familiers de Jésus venus de Galilée.
« Les siens… qui veulent s’emparer de Jésus » semblent motivés par le fait que Jésus mène une vie qui les déroute : tant de foules, et plus le temps de manger ! (Mc 3, 20) Mais peut-être qu’une autre motivation se cache derrière les mots « ils disaient… » (Mc 3, 21) qui pourraient renvoyer aux paroles des scribes en Mc 3,22 et Mc 3,30. Si les scribes accusent de la sorte Jésus, les siens peuvent vouloir, sinon l’arrêter pour le protéger, du moins l’avertir (Mc 3,21). Il en est de même pour la mère de Jésus et ses frères (Mc 3, 31).
Jésus, qui à Gethsémani a prié le Père d’éloigner de lui la coupe, peut comprendre leur angoisse, mais il les corrige et les éduque. Il est capable de faire taire leur affolement comme peu après il a su dire à la mer déchaînée « Silence ! tais-toi ! » (Mc 4, 39).
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Reprenons ce même passage, regardons-le de plus près.
« Sa mère et ses frères viennent[21] et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: "Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent." Il leur répond: "Qui est ma mère? Et mes frères?" Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: "Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère." » (Mc 3, 31-35)
- Le climat est positif. Lorsqu’il est dans une polémique, Jésus, avec une liberté souveraine, dévoile les pensées secrètes de ses adversaires, il en défie les habitudes et les traditions (Mc 2, 5-10.15-17; 3.1-6), et il ne craint pas de les condamner (Mc 7,1-9 ; Mc 12,38-40) ; regardons par exemple sa réaction contre ses concitoyens à Nazareth (Mc 6,4). Ici, au contraire, Jésus se limite à indiquer que ceux qui sont assis autour de lui sont les membres de sa nouvelle famille ; sans rien ajouter à propos des intentions de sa mère et des membres de sa famille. [22]
- La mère et les frères de Jésus se trouvent « dehors » (Mc 3,31.32). Ils sont à l’extérieur de la foule autour de Jésus, physiquement et surtout spirituellement : ils sont en dehors de la famille spirituelle qui se réunit autour de Jésus. Mais les positions ne sont pas définitives: ceux qui sont dehors sont appelés à faire partie du groupe qui est dedans. Cependant ils en sont difficilement conscients et pour le moment ils se limitent à chercher Jésus de l’extérieur.
- La demande de Mc 3, 33 « qui est ma mère, qui sont mes frères ?» marque une crise. Il s’agit d’un langage difficile à comprendre et à accueillir de la part de la mère et des frères. Ce n’est pas par les liens du clan familial que naît la compréhension du mystère de Jésus, et ce ne sont pas ces liens qui garantissent l’appartenance à la communauté des disciples. Membres de la parenté, la mère et les frères sont appelés à se faire disciples.
- En Mc 3, 34 le regard privilégie ceux qui s’asseyent autour de Jésus en l’écoutant. C’est dans cette écoute assidue de la parole que l’on fait partie de la nouvelle parenté de Jésus.
- Mc 3, 35 précise finalement l’identité de ceux qui appartiennent à la nouvelle parenté de Jésus: il s’agit non seulement de ceux qui sont présents, mais de tous ceux qui, en écoutant la parole de Jésus, font la volonté de Dieu.
- « Celui-là m’est un frère et une sœur et une mère ». Notons que le disciple ne peut jamais être appelé ni père de Jésus ni son fils, étant donné que tout vient de Dieu le Père.
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Dans un contexte où Jésus est déjà en danger de mort (Mc 3, 6), Marie vient, avec les frères de Jésus. Jésus souligne la priorité de la volonté du Père sur les considérations humaines, il veut rester fidèle à sa mission (Mc 3, 31-35)[23].
La réponse de Jésus s’adresse à tout le groupe mais ceci ne signifie pas que le vécu spirituel soit le même pour Marie et pour tout le groupe.
Marie est présentée par Marc comme la mère de Jésus. On peut imaginer que son amour maternel l’ait poussé à intervenir dans la mission de son Fils pour protéger sa vie humaine, et que c’est elle qui a eu l’initiative de cette démarche, alors les paroles de Jésus s’adressent à Marie pour l’inviter à progresser dans la foi et à accepter le risque qu’il prend dans sa mission.
Il se peut aussi que son amour maternel ait nourri en Marie une grande confiance en son fils et en sa mission, et qu’elle continue d’offrir son Fils à la volonté du Père comme l’a fait lors de la Présentation de l’enfant Jésus au temple (Lc 2, 22). On imagine mal qu’elle ait eu l’initiative d’intervenir, et l’on en déduit donc qu’elle est présente dans le groupe des familiers parce que les familiers l’y ont forcé. Les paroles de Jésus s’adressent surtout aux autres membres du groupe venu de Nazareth tandis qu’elles confirment et fortifient Marie dans son attitude de foi et d’offrande.
Aucune de ces interprétations n’est clairement suggérée par l’Evangile de saint Marc, aucune n’est clairement écartée non plus. Saint Marc nous montre une situation objective, il ne nous donne pas un accès direct à la conscience de la Vierge Marie, ni à ses sentiments, ni à son intention.
Le fait est que Marie a accepté d’être dans le groupe familial alors que la profondeur de son regard maternel est unique. Elle a aussi accepté d’être vue à l’extérieur du groupe des disciples, alors qu’ayant conçue par la foi, elle en est éminemment proche. Marie accepte une sorte d’exil intérieur (que le peuple juif a vécu d’une autre façon en bien des circonstances). Nous ne pouvons pas être davantage précis.
Mc 3, 20-21 : Les familiers
« Il vient à la maison et de nouveau la foule se rassemble, au point qu’ils ne pouvaient pas même manger de pain. Et les siens, l’ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : "Il a perdu le sens." » (Mc 3, 20-21)
Peut-on penser que la mère de Jésus se situe dans le groupe « les siens » de Mc 3, 20-21 ? Que peut-on apprendre de la comparaison entre Mc 3, 20-21 et Mc 3, 31-35 ?
Pour répondre, il faut observer tous les indices, les verbes, les sujets, les lieux.
1)Le sujet de Mc 3,21 - "les siens" n’est pas repris en Mc 3, 31 où l’on trouve "la mère et les frères".
2)Les siens essayent de « s’emparer » (grec : kratesai) de Jésus. La mère et les frères « l’appellent » (grec : kalountes). Il y a une nette différence entre le verbe « s’emparer » de Mc 3, 21, qui indique toujours une certaine épreuve de force, et le verbe « appeler » de Mc 3, 31.
3)Mc 3, 20-21 parle d’une maison où Jésus entre mais Mc 3, 31-35 on ne parle pas de maison.
4)Si « les siens » et « la mère et les frères » étaient un même groupe de personnes, nous aurions : « Les siens… partirent (Mc 3, 21)… La mère et les frères arrivèrent (Mc 3, 31) ». Or nous avons « Les siens… partirent (Mc 3, 21)… La mère et les frères viennent (Mc 3, 31) ». La tendance à le traduire par « arriver » est due au fait qu’on le met en rapport, même involontairement, avec Mc 3,21. Au contraire, le verbe « venir » en Mc 3, 21[24] témoigne de l’indépendance originelle de Mc 3, 31-35, de la nouveauté de l’épisode et des personnages.
Contre ces quatre arguments, il n’est pas sérieux de dire que la mère de Jésus (Mc 3,31) soit parmi ceux qui viennent pour « s’emparer » de Jésus en Mc 3,21.
Par contre, entre les deux passages, il y a une certaine continuité : il s’agit du clan ou du milieu familial ; les deux groupes vont vers Jésus ; les premiers sont à l’extérieur de la maison où est Jésus, les seconds sont à l’extérieur de ceux qui se sont assis autour de lui.
Mc 3, 20-21 est plus bref et sans aucune réponse de la part de Jésus. Mais les points communs mentionnés invitent à lire Mc 3, 20-21 à la lumière de Mc 3, 31-35 qui est un épisode plus articulé et plus explicite. Alors Mc 3, 20-21 acquiert plus de sens et une signification indubitablement plus positive.
Il n’est pas avantageux d’être de la race et de la lignée familiale de Jésus, mais il y n’a pas non plus d’exclusion des familiers par la communauté qui se forme autour du Maître. Il y a plutôt une invitation implicite à y entrer, en faisant la volonté de Dieu.[25]
Mt 12,46-50 : Les disciples : une famille
« Comme il parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. A celui qui l’en informait Jésus répondit : "Qui est ma mère et qui sont mes frères ?" Et tendant sa main vers ses disciples, il dit : "Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère." » (Mt 12,46-50)[26]
Mt 12, 46-50 achève à une ample section qui commence en Mt 11,2 et qui raconte la polémique avec les représentants du judaïsme: un désaccord qui atteint la rupture.
Mt 12, 46-50 est aussi relié avec ce qui suit, le discours en paraboles, qui marque la distance entre Jésus et les foules qui ne comprennent pas.
Située entre les deux sections, Mt 12, 46-50 pourrait donner l’exemple d’une troisième forme de détachement, celui de Jésus à l’égard de sa famille[27]. Si Jésus se détache de sa famille, ce n’est pas parce qu’il en est incompris et rejeté (de cela il n’y a aucun signe en Matthieu), mais parce que Jésus appartient totalement au Royaume et à sa mission. Personne, même pas sa mère, ne peut prétendre quoi que soit à son égard.
Refusé par les autorités et abandonné par la foule, Jésus montre la présence de sa vraie communauté : celle des disciples.
Curieusement le passage commence en disant que "Jésus parlait encore aux foules", mais les foules disparaissent et Jésus montre seulement les disciples. En fait, les disciples sont le modèle, mais les destinataires ultimes sont les foules, comme cela est confirmé par le "quiconque" de la fin.
« Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » Pour saint Matthieu - comme aussi pour saint Marc - la mention simultanée de la mère, des frères et des sœurs veut suggérer l’image d’une vraie famille.[28]
La figure du Père émerge : il s’agit d’être de la famille de Jésus, mais pour cela, l’élément décisif c’est de faire non pas sa volonté, mais celle du Père.
La riche théologie mariale de Matthieu est concentrée dans les deux chapitres de l’enfance. Et saint Matthieu y offre une lumière que saint Marc n’a pas pu nous donner : Marie a parfaitement accompli la volonté de Dieu le Père, en accompagnant le Fils dans son chemin (Mt 1-2).
Lc 8, 19-21 : Le fruit de l’écoute de la Parole : la familiarité avec Jésus
« Arrive près de lui sa mère, avec ses frères, mais ils ne pouvaient l’approcher à cause de la foule. On l’en informa: "Ta mère et tes frères se tiennent dehors et veulent te voir." Mais il leur répondit: "Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique." » (Lc 8,19-21) [29]
Par le premier verbe au singulier, saint Luc met en valeur la mère de Jésus. Ensuite, par le verbe s’approcher (et non pas « appeler comme en Mc 3, 31-35) saint Luc évoque une attitude très discrète. Il a aussi omis tout ce qui pourrait sembler une attitude dure, antithétique, provocante de la part de Jésus. Il veut éviter que l’on puisse faire une interprétation qui oppose Marie aux disciples.
Mais, comme pour Matthieu et Marc, le message important ne concerne pas Marie. La thèse de fond demeure ailleurs : c’est être en communion avec Jésus, être uni à Lui et être inséré dans sa communauté, par l’écoute et la pratique de la Parole de Dieu.
La parole de Jésus adressée aux parents et à la foule reprend le discours en paraboles : « Et ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole avec un cœur noble et généreux, la retiennent et portent du fruit par leur constance » (Lc 8, 15). Saint Luc[30] a placé l’épisode des parents comme conclusion du discours en paraboles (8, 4-18). Ceci souligne le thème de l’écoute et de la pratique de la Parole. « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. » (Lc 8, 21) : le fruit premier de la Parole est la familiarité avec Jésus.
Que la Mère soit par ailleurs le modèle de l’écoute et de l’accueil de la Parole, saint Luc l’a déjà dit (1,38 ; 2,19.51) et tout lecteur, arrivé à ce point du récit évangélique, doit le savoir. L’Evangile doit être toujours lu comme un tout.
La véritable béatitude est pour saint Luc celle de l’écoute et de la pratique de la Parole (Lc 11,27-28), et pour le même motif Marie a déjà été dite bienheureuse (1,45). Selon le récit de la Visitation, Marie est vénérée à cause de sa foi : « bienheureuse celle qui a cru ! » (1,45). La maternité et la foi sont intimement liées : on ne peut pas les séparer. La foi est au service de la maternité et la maternité divine ne s’explique pas sans elle. Marie est en même temps la première croyante et celle qui ne comprend pas toujours (1,33; 1,50). Aucune contradiction. Saint Luc sait bien que la foi ne ferme pas le chemin, mais l’ouvre.
4.4. « Augmente en nous la foi » (Lc 17,5-10) : une piste pour la spiritualité mariale ?
La nuit tombe et le froid : Jésus as-tu dit vrai ?
Tu es Celui qui Est, qui suis-je pour questionner ?
Servir est mon secret, alors ma vie renaît,
Le regard de la foi, les pensées inspirées.[31]
Le rapport entre l’attitude de serviteur et l’accroissement de la foi est affirmé dans l’Evangile de Luc. Le Christ répond en effet à la demande des apôtres « Augmente en nous la foi » (Lc 17,5) par un enseignement, sous forme de parabole, qui n’est donc pas une doctrine sociale (elle serait curieusement très injuste), et que voici :
« Les apôtres dirent au Seigneur : "Augmente en nous la foi." Le Seigneur dit : "Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier que voilà : Déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi ! Qui d’entre vous, s’il a un serviteur qui laboure ou garde les bêtes, lui dira à son retour des champs : Vite, viens te mettre à table ? Ne lui dira-t-il pas au contraire : Prépare-moi de quoi dîner, ceins-toi pour me servir, jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; après quoi, tu mangeras et boiras à ton tour ? Sait-il gré à ce serviteur d’avoir fait ce qui lui a été prescrit ? Ainsi de vous ; lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles; nous avons fait ce que nous devions faire." » (Luc 17,5-10)
Le Christ enseigne à être un serviteur qui ne recherche pas sa récompense, son salaire, à être un esclave qui ne s’appartient pas, dont la pensée se concentre sur l’action présente et sur la personne qui le lui a demandé. La traduction hésite au verset 10 : serviteur quelconque ou inutile, quelconque dans le sens où l’action aurait pu être confiée à un autre, ou partagée entre plusieurs, inutile, non pas parce que l’action n’aurait pas de valeur (ce qui serait une hérésie, une manière de dire que Dieu n’a créé qu’un néant en créant l’homme) mais parce qu’il n’appartient pas à l’homme de mesurer cette valeur.
Le serviteur donne son travail et se donne lui-même. Ce don resserre le lien d’Alliance, et ce lien, c’est la foi. En leur montrant l’exemple d’un serviteur, le Christ ne méprise pas ses disciples, mais il les conduit à la foi grâce à laquelle tout leur est soumis (Lc 17, 5-6). Il y a finalement identité entre serviteur et croyant. Le serviteur désigne l’homme fidèle à Dieu (Sg 10,16). Moïse est appelé le serviteur du Seigneur[32] ; de même aussi David (Ps 18,1; 36,1) et Daniel (Dn 6.21). Marie est à la fois la servante (Lc 1,38) et celle qui est bienheureuse parce qu’elle a cru (Lc 1,45). Marie se met au service d’Elisabeth, au service des noces de Cana, puis elle rejoint le Serviteur souffrant, on la voit ensuite au Cénacle, avec les disciples qui eux aussi vont devenir conforme au Serviteur.
Finalement, au jugement dernier, on nous demandera si on a rendu service, nourri, vêtu, réconforté (Mt 25).
La foi sauve (Ga 3,6) et la foi ne va pas sans œuvres (Jc 2, 14). Et la foi augmente dans le cœur de celui qui se fait le serviteur de Dieu (Lc 17,5).
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Puisque la foi augmente dans le cœur de celui qui se fait le serviteur de Dieu (Lc 17,5), les spiritualités de service sont d’éminents chemins de foi. Pour servir Dieu, nous pouvons nous donner à Marie car, en Marie, nous trouvons Dieu seul (SM 70)[33]. Servir et avoir la foi au point que saint Louis-Marie de Montfort rivalise avec les plus grands mystiques tels que saint Jean de la Croix.[34]
« La Sainte Vierge vous donnera part à sa foi, qui a été plus grande sur la terre que la foi de tous les patriarches, les prophètes, les apôtres et tous les saints. […] Plus donc vous gagnerez la bienveillance de cette auguste Princesse et Vierge fidèle, plus vous aurez de pure foi dans toute votre conduite:
une foi pure, qui fera que vous ne vous soucierez guère du sensible et de l’extraordinaire;
une foi vive et animée par la charité, qui fera que vous ne ferez vos actions que par le motif du pur amour;
une foi ferme et inébranlable comme un rocher, qui fera que vous demeurerez ferme et constant au milieu des orages et des tourmentes;
une foi agissante et perçante, qui, comme un mystérieux passe-partout, vous donnera entrée dans les mystères de Jésus-Christ, dans les fins dernières de l’homme et dans le cœur de Dieu même;
une foi courageuse, qui vous fera entreprendre et venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes, sans hésiter;
enfin, une foi qui sera votre flambeau enflammé, votre vie divine, votre trésor caché de la divine Sagesse, et votre arme toute-puissante dont vous vous servirez pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour embraser ceux qui sont tièdes et qui ont besoin de l’or embrasé de la charité, pour donner vie à ceux qui sont morts par le péché, pour toucher et renverser, par vos paroles douces et puissantes, les cœurs de marbre et les cèdres du Liban, et enfin pour résister au diable et à tous les ennemis du salut. » (VD 214)
La foi nous donne un regard perçant, au-delà du visible et de l’immédiat. La vie en Dieu donne à l’homme une dignité plus grande que celle que lui donne son carnet d’adresse, son salaire et son audimat. Il y a autre chose.
Il y a une autre fécondité. Se faire serviteur de Marie pour mieux servir Dieu est merveilleusement fécond. Et cela se joue dans un climat d’admiration : « je vous salue, ma joie, ma gloire ! » et de « miséricorde » (SM 68).
4.5. Vatican II : Marie en pèlerinage de foi
L’une des nouveautés du concile Vatican II est d’avoir présenté Marie dans l’histoire du salut et d’avoir insisté sur son attitude de croyante. LG 55 à 58 suivent les épisodes du récit des Evangiles où « la bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi » (LG 58), et où elle devient modèle de notre foi (LG 65). Le concile met en valeur la foi de Marie, son écoute docile de la parole de Jésus, son obéissance :
« Au cours de la prédication de Jésus, elle accueillit les paroles par lesquelles le Fils, mettant le Royaume au-delà des considérations et des liens de la chair et du sang, proclamait bienheureux ceux qui écoutent et observent la parole de Dieu (cf. Mc 3,35 par. et Lc 11,27-28 ), comme elle le faisait fidèlement elle-même (cf. Lc 2,19 ; Lc 2,51). Ainsi la bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son Fils…» (LG 58).
Dans sa lettre encyclique, Jean Paul II s’est situé dans la ligne du concile :
« Dans les présentes réflexions, je veux évoquer surtout le pèlerinage de la foi dans lequel la bienheureuse Vierge avança, gardant fidèlement l’union avec le Christ. Ainsi ce double lien qui unit la Mère de Dieu avec le Christ et avec l’Eglise prend une signification historique. Il ne s’agit pas ici seulement de l’histoire de la Vierge Mère, de l’itinéraire personnel de sa foi et de la meilleure part qu’elle a dans le mystère du salut, mais aussi de l’histoire de tout le Peuple de Dieu, de tous ceux qui participent au même pèlerinage de la foi. » (RM 5)
4.6. Marie disciple, dans la liturgie
Nous allons prendre des exemples dans la liturgie catholique romaine, protestante et orthodoxe, il y a une assez grande unité des différentes liturgies sur ce thème.
Dans l’Eglise catholique romaine, il existe une messe votive « Marie disciple du Seigneur ».
Voici cette préface :
« Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire,
de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu,
à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant,
par le Christ, notre Seigneur.
Il est juste de proclamer bienheureuse sa mère,
la Vierge Marie, parce qu’elle l’a porté dans son sein ;
Encore plus bienheureuse est-elle
d’avoir été disciple du Verbe incarné,
d’avoir cherché en tout ta volonté
et de l’avoir faite fidèlement.
C’est pourquoi, avec la foule innombrable des anges,
nous proclamons ta gloire en chantant d’une seule voix : Saint !… »[35]
Cette préface reprend la phrase de saint Augustin commentant Marc 3, 33 :
« Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été mère du Christ ; il a été plus avantageux pour elle d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été sa mère. » (Saint Augustin)[36]
Mais saint Augustin enseigne simplement. La liturgie exulte, jubile, rend grâce au Seigneur : le fait que Marie ait été disciple est une grâce merveilleuse, une encourageante lumière pour chacun de nous.
La messe votive « Marie rempart de notre foi »[37] est ici opportune.
L’Antienne d’ouverture rappelle l’accent du concile sur le pèlerinage de foi (LG 58), et la tradition a parfois comparé le Rosaire à la nuée qui a guidé la marche de l’Exode[38] :
« Tu es pour nous, Vierge Marie, comme la colonne de lumière qui jour et nuit marchait devant le peuple du désert, pour lui montrer le chemin » (Cf. Sg 18, 3 et Ex 13, 21-22)
Nous entendons la première lecture qui est l’exemple d’une foi audacieuse et entreprenante « Bénie sois-tu […] entre toutes les femmes de la terre et béni soit le Seigneur […] lui qui t’a conduite […] tu as risqué ta propre vie […] tu est intervenue pour empêcher notre ruine. » (Jdt 13, 14. 17-20).
Puis vient le joyeux encouragement que nous apporte l’attitude de Marie :
« Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent » (Lc 11, 27-28) (Acclamation de l’Evangile)
La prière sur les offrandes demande à Dieu « une foi sans défaillance, une charité inventive ».
Nous demandons aussi le secours de Marie :
« Assure-nous le secours de la Vierge Marie, pour qu’en suivant ici bas la règle de la foi, nous parvenions à contempler ta gloire dans le ciel » (Prière après la communion)
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Chez certains protestants, le quatrième dimanche de l’Avent, on prie ainsi :
«Seigneur Dieu, nous te bénissons d’avoir choisi Marie, ton humble servante, afin que ton Fils éternel naisse parmi nous et devienne notre frère. En lui nous adorons ton amour et le miracle de notre rédemption. Fais-nous cette grâce qu’à l’exemple de Marie, nous le recevions nous aussi avec humilité, dans l’obéissance de la foi, et que le Saint-Esprit fasse de nos cœurs sa demeure, à la gloire de ton nom. » [39].
Marie nous est présentée en même temps comme une humble servante et une croyante en qui le Saint-Esprit a fait sa demeure. Et son attitude nous est donnée en exemple. En outre, cette prière possède une structure trinitaire et met l’accent à la fois sur la divinité et l’humanité de Jésus («fils éternel» et «notre frère»).
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L’Église orthodoxe, le grand jour de la fête de l’Annonciation comme en toutes les grandes fêtes mariales, propose comme lectures, en les unissant l’un à l’autre, Luc 10, 38-42 et Luc 11, 27-28.
Ce choix est très important : comme Marie de Béthanie qui, assise aux pieds du Seigneur écoutait sa Parole, Marie de Nazareth a accueilli avec foi la Parole de Dieu que lui apportait l’ange. La Parole a pris chair en Marie, en prenant d’elle son humanité, grâce à l’accueil que Marie lui offrait par sa foi.[40]
Exercice spirituel
Reprendre dans les pré-requis le récit personnel des circonstances où vous vous êtes dit : je ne marche plus, je ne crois plus ou tout autre épreuve. Puis noter dans les apports ci-dessus ce qui stimule votre foi et aide votre foi à franchir les épreuves.
Exercice d’assimilation
1) Noter 10 points de découvertes. Ne dépassez pas 10-30 lignes en tout, c’est cela que vous m’envoyez.
2) Après avoir noté cela, vous pouvez comparer ces 10 points à ce que vous aviez noté dans les pré-requis (pour vous-même).
[1] Jean est-il supérieur à Jésus ? Le baptême de Jean est-il déjà un pardon des péchés alors que le véritable pardon des péchés est dans la mort et la résurrection du Christ ?
[2] Os 7,11 ; 11,11 ; Ps 55,7 ; Ct 1,15 ; Ct 2,14 ; Ct 5,2
[3] Lv 12,8
[4] J. Bernard, Torah et culte chez les Rabbins, confessions divergentes, dans Mélanges de science Religieuse, Lille, Janvier-mars 1997 pp. 38-71
[5] Jean Paul II, Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, octobre 2002, § 21
[6] Compendium du catéchisme de l’Eglise catholique, 2005, §105
[7] La Tradition Apostolique § 21, par B.BOTTE, Sources chrétiennes 11 bis, Le Cerf, Paris 1968, p. 84
[8] Cf. Ignazio Calabuig, Il culto di Maria in occidente, In Pontificio Istituto Liturgico sant’Anselmo, Scientia Liturgica, sotto la direzione di A.J. Chupungco, vol V, Piemme 1998. p. 270-271
[9] Cf. F. Breynaert, L’arbre de vie, symbole central de la théologie de Saint Louis-Marie de Montfort, Editions Parole et silence, Paris 2006, p. 306, cf. aussi p. 279-295.
[10] Paul VI, Exhortation pastorale Marialis cultus n° 35
[11] Cf. A.Serra, La profezia di Simeone (Lc 2,34-35) nella tradizione greco-latina dei secoli II-XIV Contenuti e proposte, in Marianum 60 (1998) cf pp. 309-311 ; 377-381 ; A. Serra, La Spada : simbolo della Parola di Dio, nell’Antico Testamento biblico-giudaico e nel Nuovo Testamento, in Marianum 63 (2001), pp. 17-89 ; A.Valentini, Il secondo annuncio a Maria, in Marianum 50 (1988), pp.290-322 ; G. Rosse, Approcci esegetici al testo della presentazione, in Theotokos 6 (1998), pp 17-30
[12] U. Neri, Il cantico dei cantici. Antica interpretazione ebraica. Città Nuova Editrice, Roma 1976, p. 120.
[13] Cf. Par exemple, Exode Rabba 2,4 sur Exode 3,1
[14] Pour saint Ambroise, l’épée symbolise toute la parole de Jésus, tout le dessein de Dieu, et le Fiat de Marie dure toute sa vie. De même, Rupert de Deutz et Adam Scot s’appuient sur He 4,12. Origène s’appuie sur He 4,12 et le rapproche du scandale de la Passion.
[15] Giovani di Paolo, Madonna del Manto (1431), Siena. San Clemente ai Servi.
[16] Augustin, Bède le vénérable, les médiévaux en général et chez de nombreux orientaux tels que Cyrille d’Alexandrie, Jean Damascène, Nicolas Cabasilas…
[17] Talmud de Babylone, Niddah 45 b
[18] Cf. A. Serra, articolo Bibbia, in Nuovo Dizionario di Mariologia, a cura di Stefano de Fiores e Salvatore Meo, ed. Paoline, Milano 1985, quarta stampa 1996, p.241 ; R. Laurentin, Structure et théologie de Lc 1-2, Paris 1956
[19] Nous allons suivre A. Serra, Memoria e contemplazione (Lc 2,19.51b), dans “Theotokos” VIII (2000), p. 821-859. N.B. Cette revue est une revue interdisciplinaire de mariologie, dirigée par Alberto Valentini, éditée par l’Association centro Mariano Monfortano, via Romagna, 44 – 00187 Roma.
[20] Mc 4.13; 6.49-52; 7,18; 8.17-21; 9,32
[21] Le verbe grec est le verbe venir, ce n’est pas le verbe arriver.
[22] cf. A.Valentini, Chi è mia madre, chi sono i miei fratelli ? (Mc 3,31-35) in Marianum n°148/2 (1995) ROMA 1995, pp. 645-684
[23] cf. K.Stock, Maria, la madre del Signore, nel Nuovo Testamento, ed. ADP, Roma 1997
[24] C’est le verbe « venir » et il est au présent. En grec, « ‘erketai » ne signifie pas « arriver » mais « venir ».
[25] cf. A.Valentini, Chi è mia madre, chi sono i miei fratelli ? op. cit.
[26] Notre commentaire va suivre Bruno Maggioni, Lettura sincronica di Mc 3,20-21.31-35 e par, in Theotokos II (1994/2) p.11-26
[27] Ainsi pense P. Bonnard, L’Evangile selon saint Matthieu, Neuchâtel 1963, p. 186
[28] Santi Grasso, Gesù e i suoi fratelli. Contributo allo studio della cristologia e dell’antropologia nel Vangelo di Matteo, Bologna 1994, p. 31
[29] Traduction du grec par F.Breynaert
[30] Cf. Bruno Maggioni, Lettura sincronica di Mc 3,20-21.31-35 e par, in Theotokos II (1994/2) p.11-26, pp. 22-26,
[31] Si mon poème vous parle, racontez-vous comment le fait d’avoir rempli son service, sa charge, son ministère, a finalement fait grandir notre foi et vous a fait traverser l’épreuve.
[32] Cf. Dt 34,5; Js 1,1.13.15; 2R 18,12; l Chr 6,34; 2Cr 1,3; 24,9 ; Ne 10,30; Dan 9,11; Ap 15,3.
[33] Montfort ne le demande jamais de vivre quelque chose de ce genre avec quelqu’un d’autre, ce serait aliénant.
Montfort parle du don de soi à Marie pour glorifier Dieu (SM 68).
Nous retrouvons ici, la vision humaniste de saint Ignace de Loyola pour qui l’obéissance est orientée vers la gloire de Dieu. Il est clair qu’il ne s’agit pas de briser la personne pour lui faire vivre un maximum d’obéissance car le but est la gloire de Dieu.
Le don est vécu dans une attention à l’Autre, dans une rencontre. C’est pourquoi seules les personnes qui le méritent « par leurs oraisons » (SM 1) peuvent entrer dans le « secret » (SM 1.70) car l’oraison les a rendues capables de vivre pour « la gloire » de Dieu.
[34] Cf. F. Breynaert, L’arbre de vie…, Parole et Silence, Paris 2006, p. 188-190 et 219-221
[35] Congrégation pour le culte divin, Messes en l’honneur de la Vierge Marie, Desclée Mame 1988, p. 92
[36] Saint Augustin, Sermon 25,7 - Liturgie des Heures, 21 novembre
[37] Congrégation pour le culte divin, Messes en l’honneur de la Vierge Marie, Desclée Mame 1988, p.237ss
[38] Saint Louis-Marie de Montfort, Méthode pour dire le Rosaire 33.
[39] Oraison A du 4ème dimanche de l’Avent, Communauté de travail des commissions romandes de liturgie, Liturgie des temps de fête à l’usage des Eglises réformées de la Suisse romande, 1979, p. 27).
[40] Cf. E. Behr-Sigel, « Irenikon » nn. 4 (1985) – 1 (1986) dans A. Vicini (ed), Ave Gioia di tutto il creato, la madre di Dio e il popolo russo ieri e oggi, Piero Gribaudi editore, Torino 1988, p. 33
Date de dernière mise à jour : 24/06/2016