Fête du 25 mars - liturgie d'hier et d'aujourd'hui

Dans l'Evangile

Extrait de : Françoise BREYNAERT, L’évangile selon saint Luc, un collier d’oralité en pendentif en lien avec le calendrier synagogal. Imprimatur (Paris). Préface Mgr Mirkis (Irak). Parole et Silence, 2024. (472 pages).

Lc 1, 26-38 : Annonce à Marie

« 26         Or, le sixième mois, 
l’ange Gabriel fut député de Dieu, vers la Galilée / vers un chef-lieu du nom de Nazareth,
27 auprès d’une vierge / fiancée à un homme du nom de Joseph de la maison de David, 
et le nom de la vierge était / Marie.

28 L’ange entra chez elle, / et lui dit : 
‘Paix [salut] à toi, remplie de grâce, / notre Seigneur est avec toi, bénie d’entre les femmes’.
29 Or elle, lorsqu’elle le vit, / fut prise d’effroi à sa parole ; 
et elle raisonnait / sur ce que signifiait cette salutation. 

30         L’ange lui dit : 
‘Ne crains pas, Marie ; / tu as trouvé grâce en effet auprès de Dieu.
31 Voici en effet, tu seras enceinte, / et tu enfanteras un fils ; 
et tu appelleras son nom : / Jésus.
32 Celui-ci sera grand, / et c’est Fils du Très Haut qu’il sera appelé, 
et il lui donnera, le Seigneur Dieu / le trône de David, son père.
33 Il règnera sur la maison de Jacob / pour toujours
et son règne / n’aura pas de fin’.

34         Marie dit à l’ange : 
‘Comment / adviendra ceci :
car l’homme (le fiancé) / n’est pas connu de moi’.

35 L’ange répondit, / et lui dit : 
‘L’Esprit Saint viendra, / et la Puissance du Très Haut t’envahira, 
c’est pourquoi celui qui sera enfanté en toi / sera saint, 
et c’est Fils de Dieu / qu’il sera appelé.
36 Et voici, Élisabeth, ta parente, / elle aussi est enceinte d’un fils dans sa vieillesse, 
et elle en est dans son sixième mois, / elle qui est appelée la stérile.
37 Parce qu’à Dieu / rien n’est difficile’.

38         Marie dit : 
‘Me voici / la servante du SEIGNEUR  ; 
qu’il me soit fait / selon ta parole !’
Et l’ange partit de chez elle ».

Suggestion de gestes pour la récitation orale
v. 28 : L’ange s’incline en croisant les bras sur sa poitrine.
v. 29 : Marie « prise d’effroi » : ses mains cachent son visage.
v. 30 : « Ne crains pas » : imposer les mains en descendant.
v. 33 : « Il règnera » : geste de tenir un sceptre ; « pour toujours » : un bras s’étend vers le lointain.
v. 35 : Suggérer (bras et regard) la descente du « Fils de Dieu » qui s’incarne. 
v. 38 : « Me voici » : suggérer l’élan généreux de Marie qui s’offre à la volonté divine. 

L’Incarnation

La présence de l’ange Gabriel suggère l’accomplissement de la prophétie des 70 semaines (Dn 9), et donc la venue du Messie. 
« Tu appelleras son nom : Jésus » (Lc 1, 31). Ce nom dérive du verbe hébreu « Yâša’ », sauver. Le nom de Jésus « yešūᶜ » ressemble à la forme courte de Josué, et non pas à sa forme longue « yehôšûᶜa » qui se traduirait « Dieu est son aide ». En Jésus, c’est bien sûr Dieu qui sauve : qui peut sauver-vivifier, sinon l’auteur de la vie ? 
« Celui-ci sera grand, / et c’est Fils du Très Haut qu’il sera appelé, 
et il lui donnera, le Seigneur Dieu / le trône de David, son père » (Lc 1, 32).
« Celui-ci sera grand » (Lc 1, 32), non plus grand en présence du Seigneur comme Jean (Lc 1, 15) mais grand de façon absolue, comme les psaumes l’affirment de Dieu . D’ailleurs, l’ange Gabriel rappelle la prophétie de Nathan à David : « J’établirai à jamais son trône royal. Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2S 7, 13-14), mais il inverse les propositions de manière significative : « Fils du Très-Haut » passe en premier !
Si le trône de David est « donné » à Jésus, c’est au titre de Fils du Très-Haut plus qu’en fonction d’une lignée davidique . 

Dans la Bible, l’idée que Dieu visite son peuple est très présente, c’est le cœur de l’espérance juive, même si le comment ne ressort clairement d’aucune prophétie. Lors de l’Annonciation, Marie dit : « Comment adviendra ceci ? » (Lc 1, 34), et…
« L’ange répondit, / et lui dit : 
‘L’Esprit Saint viendra, / et la Puissance du Très Haut t’envahira, 
c’est pourquoi celui qui sera enfanté en toi / sera saint, 
et c’est Fils de Dieu / qu’il sera appelé’ » (Lc 1, 35).

L’Esprit Saint, rūḥā d-qūḏšā, qui peut aussi être traduit « l’Esprit du lieu saint », peut prendre un genre soit masculin, soit féminin ; en Lc 1, 28 (comme en Lc 3, 22), on peut déduire qu’il est au féminin du fait que le verbe auquel il est accordé est au féminin, ce qui empêche toute assimilation au géniteur divin de la mythologie. 
L’ange Gabriel dit que l’Esprit Saint « viendra [tīṯe] » et si ce verbe avait un complément, il signifierait « apporte, donne ». 
L’ange dit ensuite littéralement : « la puissance du Très-Haut t’envahira [racine ng] », mais, avec un complément , ce même verbe signifie « faire descendre » quelque chose ou quelqu’un. Or il y a implicitement un complément : celui que Marie va enfanter. 
L’enfant « sera saint [qaddīša] », l’adjectif a la même racine que « qūdšā le sanctuaire, la sainteté divine », Dieu est le pur, aucune tâche de mal n’est en lui ; Dieu est qaddīšā (Lv 19, 2), et dans le Notre Père, c’est cette racine que l’on retrouve dans « que ton nom sanctifié » (Lc 11, 2) ; Jésus est saint parce qu’il est conçu par l’action de « l’Esprit Saint rūḥā d-qūḏšā ». Et il sera appelé « Fils de Dieu » non pas au sens commun où Israël et son roi étaient déjà appelés « fils de Dieu », mais dans un sens fort et très particulier parce qu’il est conçu par la descente de la puissance du Très Haut (Dieu). 
Si l’on considère que ce Fils est déjà en suspens au début de la phrase comme complément implicite, alors le verbe « tīṯe » signifie que l’Esprit Saint « donnera » ce Fils saint, et le verbe « agen » signifie que le Très Haut « fera descendre » le Fils de Dieu que Marie va enfanter. 
Dieu descend et investit Marie de sa présence. Les titres de Jésus « saint » et « Fils de Dieu » sont à entendre au sens fort du terme.
Le texte grec a pris soin de souligner le mouvement de descente en répétant le préfixe «ἐπι » : Πνεῦμα Ἅγιον ἐπελεύσεται ἐπὶ σὲ καὶ δύναμις ὑψίστου ἐπισκιάσει σοι, littéralement l’Esprit Saint surviendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira.

Peut-on confondre ce mouvement « descendant » avec la croyance païenne en un homme divinisé dans un mouvement « ascendant » ? Pourtant, beaucoup d’universitaires font une telle confusion en affirmant que des communautés auraient inventé la foi en la divinité du Christ – avec un mouvement ascendant typiquement païen –, et comme cela nécessitait du temps, l’évangile dit de « Luc » daterait entre 80 et 85, et aurait été composé dans la langue de ces communautés issues du paganisme : en grec  . L’idée d’une telle influence de « païens christianisés » laisse songeur : les apôtres et les premiers papes étaient juifs, le socle hébréo-araméen biblique et cultuel assurait l’unité, en particulier l’unité liturgique (les Indiens de Saint Thomas célèbrent aujourd’hui encore en araméen). 
Quand Philon, juif d’Alexandrie, vint à Rome et y vit l’empereur s’exhiber déguisé en Jupiter, il fut outré. Il écrit dans la Legatio ad Caïum : « Dieu se changerait plutôt en homme que l’homme en Dieu »  . Sa réaction est typiquement biblique, où Dieu est « descendu » délivrer son peuple (Ex 3, 8). Et si Philon va jusqu’à envisager qu’un Dieu « se change en homme », c’est certainement parce qu’il avait déjà rencontré des chrétiens, et ce n’est pas la lettre aux Éphésiens de saint Paul qui a inventé de telles idées puisque Philon est mort en 45, donc bien avant. Son expression « se changer en homme » correspond en effet à la manière de parler des premiers milieux juifs chrétiens ‒ on la trouve dans certains apocryphes . 
La foi biblique est à l’opposé des croyances païennes. Oui, c’est Dieu qui descend, et lui seul peut « vivifier ». En face, les croyances païennes ne sont que des ballons de baudruche parce qu’un homme qui, comme Caïus Caligula, se « diviniserait » ne peut être qu’un faux messie qui s’éteint dans la poussière de son palais, ou un modèle qui ne donne pas la vie.
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Dieu « se complait » en Jésus (Mc 1, 11 ; Mt 3, 17 ; Lc 3, 22). La complaisance du Père dans son Fils est une union des volontés . Il était convenable que le Père se complaise aussi en celle qui serait sa mère, bien que d’une manière différente puisque le Père et le Fils sont Un. Marie est pleine de « grâce-bonté [ṭaybūṯā – racine tb] » (Lc 1, 28) ; on devient bon en posant des actes bons, c’est-à-dire entièrement inspirés par la volonté divine. Le Fils de Dieu peut descendre en elle en toute sécurité.
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En latin, la vulgate clémentine donne « virtus Altissimi obumbrabit tibi : la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre » (Lc 1, 35). De là, l’exégèse passa de l’ombre à la nuée, et, puisque la nuée est signe de la présence divine qui s’établit sur la Tente de la rencontre (Ex 40, 34-35 ; Nb 9, 18.22), on passera de la nuée au sanctuaire, la tente de la rencontre. On dira que Dieu plante sa tente, son enceinte, en Marie, ou que Marie est le sanctuaire de Dieu. Cependant, en araméen, il n’y a ni le mot nuée [ᶜnānā] ni le verbe ombrager [ṭl] comme par exemple à la Transfiguration (Lc 9, 34). Cependant, il y a dans la Bible une certaine équivalence entre l’Esprit Saint et la nuée : la nuée guide Israël en marche dans le désert (Nm 10, 36) ou « L’esprit du Seigneur les guidait au repos » (Is 63, 14). Dans la Genèse, l’esprit planait sur les eaux » (Gn 1, 2) mais en Jb 38, 9 où il s’agit de « la nuée ». Ainsi, Marie sur qui descend l’Esprit est comparable à la Tente de la rencontre, dont il est dit que lorsque la nuée la couvrit, la gloire du Seigneur, sa Shekhina, remplissait le lieu (Ex 40, 34-35). 

Marie à l’Annonciation

Saint Luc décrit Marie comme une personne qui se tait, puis questionne, puis répond librement. Dieu respecte son intelligence et la liberté de son cœur. Cette dimension s’inscrit dans le droit-fil de toute l’histoire biblique.
Au Sinaï, à la voix de Dieu, transmise par Moïse, le peuple répond avec responsabilité (Ex 19,8), mais il est bouleversé, il demande même de ne pas entendre directement Dieu (Ex 20, 19). Dans les commentaires rabbiniques, le dialogue est instauré non seulement entre Dieu et Israël, mais aussi entre Dieu et les autres peuples, et seul Israël accepte !  
À Nazareth, la voix de Dieu est transmise par l’ange qui est « député [racine šlḥ] de Dieu », c’est-à-dire qui représente celui qui l’a envoyé, et Marie est bouleversée.

Au Sinaï (Ex 19,7-8) :
« Moïse alla et convoqua les anciens du peuple et leur exposa tout ce que le Seigneur lui avait ordonné, 
et le peuple entier, d’un commun accord, répondit : "Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons." 
Moïse rapporta au Seigneur les paroles du peuple. » 
    
À Nazareth (Lc 1, 38) :
« Marie dit : 
‘Me voici / la servante du Seigneur ; 
qu’il me soit fait / selon ta parole !’
Et l’ange partit de chez elle ».

Cette perle relate un véritable dialogue d’Alliance entre l’ange et Marie.
À l’Annonciation, avant de donner son Oui, Marie est saluée comme « remplie de grâce [malyaṯ ṭaybūṯā] » (Lc 1, 28) : malyat est le participe passé passif du verbe remplir ; et ṭaybūṯā est la grâce-bonté, or, « il n’y a pas de bon [ṭāḇā], sinon un seul : Dieu ! » (Lc 18, 19) : Marie est pleine d’une bonté qu’elle a reçue comme une grâce de la part de Dieu, c’est pourquoi peu après l’ange précise : « tu as trouvé bonté-grâce [ṭaybūṯā] auprès de Dieu » (Lc 1, 30). En grec, nous avons « κεχαριτωμενη », un parfait passif qui exprime aussi une action accomplie : Marie est déjà comblée de grâce. 
Nous avons traduit « remplie » plutôt que « comblée » afin d’entendre l’écho avec Lc 1, 41. 67 dans le collier compteur et avec Lc 5, 12 dans le premier fil d’oralité du « pendentif » de Luc.
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« Paix [salut] à toi, remplie de grâce, notre Seigneur est avec toi, bénie d’entre les femmes ! » (Lc 1, 28) mérite encore quelques remarques.
« Notre Seigneur est avec toi » rappelle la parole de l’ange à Gédéon pour le rendre fort dans son combat (Jg 6, 12). Marie devra être forte dans sa mission auprès de Jésus.
« Bénie entre les femmes » (Lc 1, 28) fait aussi partie des paroles de l’ange dans le texte araméen de la Pshitta, (et dans la vulgate clémentine ainsi que dans la version liturgique grecque), mais l’expression est absente dans le texte grec universitaire de Nestlé Aland et donc de la Bible de Jérusalem.
Marie raisonnait sur ce que signifiait cette salutation. Et l’ange invite Marie à concentrer son attention sur le mystère divin qui va s’accomplir, et qui inclut une maternité (Lc 1, 35-37), ce que nous expliquerons ci-dessous. Marie s’interroge au sujet de l’homme (Joseph) ; c’est pourquoi la tradition de l’Église, même sur la base d’une autre traduction de Lc 1, 34, peut considérer en toute cohérence un vœu de virginité de Marie (et Joseph), vœu humain auquel Dieu aurait répondu à sa façon.
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L’ange donne un signe à Marie. La stérilité d’Élisabeth semblait une réalité têtue , mais pas pour Dieu à qui rien n’est « dur » (Lc 1, 37). C’est donc une parole rassurante que l’ange adresse à Marie, sa vocation peut lui sembler très « difficile », mais pas pour Dieu. 
Marie peut donc aller de l’avant avec le Seigneur et dire en toute confiance « me voici ! » (Lc 1, 38). Ce n’est pas une définition abstraite (« Je suis la servante ») ; en disant « me voici » (araméen « hā ᵓennā », latin « Ecce », grec « ιδου »), Marie se place dans le dynamisme de l’histoire. L’aventure va commencer !
L’ange a salué Marie pleine de grâce (« grâce-bonté [ṭaybūṯā – racine tb] » (Lc 1, 28), Marie est belle parce qu’elle aime. Après sa réponse positive, Marie devient la mère de Jésus, le « Fils du Très Haut » (Lc 1, 30), ce qui nous invite à comprendre que sa bonté [ṭaybūṯā] devient sublime, les noces de l’Alliance prophéties par Osée ou Isaïe (Is 54, 5 ; 61, 10, 62, 5 etc.) s’accomplissent d’une manière inouïe, désormais Marie voit les créatures avec un esprit d’Épouse du Très Haut et de Mère du Rédempteur. 

Le signe de confirmation donné par l’ange, Élisabeth longtemps stérile est au sixième mois de grossesse, appelle Marie à aller, au minimum, le constater. C’est l’objet de la perle suivante.
 

De plus, l’évangile de Luc est un « pendentif », avec un collier compteur introduisant des fils d’oralité, formant chacun un ensemble cohérent en lien avec la perle qui l’introduit. Ce collier compteur comporte huit perles allant de l’Annonciation aux tentations du Christ au désert (Lc 1, 26 à 4, 15). Ainsi, l’Annonciation à Marie introduit un fil d’oralité où l’on trouve le Oui de Pierre, le Oui de Lévi, et le Oui des Douze. 
L’évangile de Luc est aussi un lectionnaire liturgique en lien avec le calendrier synagogal. L'Annonciation fait écho au livre du Lévitique, on y retrouve par exemple la notion de sainteté.

Cf. F . Breynaert, L’évangile selon saint Luc, un collier d’oralité en pendentif en lien avec le calendrier synagogal. Imprimatur. Préface Mgr Mirkis (Irak). Parole et Silence, 2024. (472 pages).

Les textes liturgiques guident la foi, non sans un profond émerveillement. De manière sobre mais sûre, ces textes orientent vers la joie et la beauté de tout ce qui vient de Dieu.

Rite copte


L’Annonciation est célébrée le 29 barmahât, environ le 7 avril.
L'évènement est tellement important que les Coptes le fêtent aussi chaque 29 des mois égyptiens. L’événement célébré est le fait que Dieu se soit fait homme, sans cesser d'être Dieu, unissant ainsi notre humanité à la vie divine :
« Au moment où Marie donna son consentement pour la conception divine, le Fils unique, la personne de Dieu le Verbe, une des trois personnes éternelles, descendit et d’une manière ineffable pour l’intelligence humaine, habita dans les entrailles de la Vierge : et ainsi, dans le temps il prit d’elle tout ce qui appartient à l’homme en union parfaite [avec la divinité], sans la possibilité d’une future séparation. Ce jour est donc le début de toutes les fêtes. »

Cf. Sinassario 29 barmahât, ed. Forget, in CSCO 67,50-52 texte en arabe ; 90, 51-52s en latin. Gabriele GIAMBERARDINI, Il culto mariano in Egitto, Jerusalem 1974, vol 3, p.46-47
 

Rite romain


Dans le Chronicon Paschale (avant 550), document civil romain, on lit : « Aujourd’hui 25 mars selon le calendrie. r romain, et selon la tradition des saints docteurs, l’Église de Dieu, catholique et apostolique, célèbre l’Annonciation de Notre Dame, la glorieuse mère de Dieu et toujours Vierge. »
Nous lisons, dans le Sacramentaire Grégorien (vers 660) :

GrH 143, Après la communion :
« Répands ô Père ta grâce en nos âmes ;
toi qui à l’annonce de l’ange, nous as révélé l'Incarnation de ton fils,
guide-nous par sa passion et par sa croix à la gloire de la résurrection.
ar Jésus le Christ notre Seigneur. »

C'est maintenant la prière finale de l'angélus, avant, c’était la prière de post communion.
Il n’y a pas de prière plus synthétique : l'Incarnation, la passion, la Résurrection. À remarquer : "Répands ô Père ta grâce en nos âmes, est bien en lien avec la communion qui remplit nos âmes ; "la grâce" se transforme en "gloire."

Nous lisons, dans le sacramentaire Gélasien, GeV 847-853, substantiellement contemporain du sacramentaire Grégorien : 

       Collecte:

« Exauce-nous, Seigneur, Père saint, Dieu tout puissant et éternel, qui par l'ombre de la grâce divine sur le sein très saint de la bienheureuse Marie, as daigné éclairer le monde entier ; suppliants, nous implorons ta majesté pour que, ce que nous ne sommes pas capables d'obtenir avec nos mérites, nous méritions de l’obtenir avec son aide. »

       Sur les offrandes :

« O Seigneur, nous t’en prions, regarde favorablement les offrandes que nous te présentons en l’honneur de la bienheureuse et glorieuse toujours Vierge Marie, Mère de Dieu, à l'occasion de sa solennité annuelle. Ton Saint Esprit, co-éternel avec toi, a rempli son sein de la splendeur de sa grâce et de sa vérité, qu’il nous purifie avec bienveillance. »

Cf. Ignazio CALABUIG, Il culto di Maria in occidente, In Pontificio Istituto Liturgico sant’Anselmo. Scientia Liturgica, sotto la direzione di A.J. CHUPUNGCO, vol V, Piemme 1998. p.304-305
 

Rite byzantin


Le concile in Trullo, en 692 est un concile convoqué par l’empereur Justinien II à Constantinople ; il témoigne que la fête de l’Annonciation était très importante à Constantinople puisque l’on fait pour elle une exception : « En tous jours du carême saint, sauf samedi et dimanche et le jour saint de l’Annonciation, on célèbre les pré-sanctifiés ».

Voici le Tropaire et une strophe des Vêpres composés par saint André de Crête († 740) :

Tropaire : « Aujourd’hui a commencé notre salut et la manifestation du mystère éternel : le Fils de Dieu devient le Fils de la Vierge, et Gabriel annonce la grâce. Avec lui nous crions donc à la Mère de Dieu : Réjouis-toi, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.»

Strophe : « Aujourd’hui c’est heureuse l’annonce de la joie, triomphe des Vierges ; les choses d’ici bas sont en harmonie avec celles d’en haut ; Adam est renouvelé, Ève est libérée de la tristesse passée, et la tente de notre nature, par la divinisation de la substance assumée, est consacrée temple de Dieu. O mystère ! Incompréhensible est le mode de cet abaissement (kénose), ineffable la manière de cette conception. Un ange est employé pour le prodige, un sein virginal accueille le Fils, l’Esprit Saint est envoyé d’en haut ; le Père des cieux se félicite et l’union advient dans une volonté commune. Sauvé en Lui et par Lui, nous unissons nos voix à celle de Gabriel et nous proclamons à la Vierge : "Réjouis-toi, ô pleine de grâce, par toi vient à nous le salut, le Christ notre Dieu, qui en ayant assumé notre nature l’a élevée à la hauteur de la sienne. Prie-le de sauver nos âmes !" »

Cf. Corrado MAGGIONI, Benedetto il frutto del tuo grembo, Due millenni di pietà mariana, Portalupi Editore s.r.l. 2000, p. 79-85, traduction F.Breynaert
 

Rite wisigoth (Espagne antique)


En Espagne la fête de Marie était l’octave avant Noël, le 18 décembre, « Notre Dame de l’ô » parce que les antiennes commençaient avec « ô ! ». Au septième siècle, on refusait une fête le 25 mars en plein carême et proche de Pâques. Les fêtes mariales devaient être proches de Noël (concile de Tolède, 656)

L’« Ilatio » correspond en un certain sens à la préface de la liturgie hispanique qui est une liturgie qui se reconstruit complètement pour chaque fête.
L’Ilatio du deuxième dimanche d’Avent a une grande richesse théologique, spirituelle et poétique. Il met en évidence la syntonie admirable entre l’ange qui promet, la Vierge qui croit, l’Esprit qui agit. La contemplation de Marie comme celle qui croit (cf. Lc 1, 45) fait percevoir l’importance de son rôle dans le salut : elle est la mère du Fils de Dieu Sauveur et l’image de l’Église. La maternité divine de la Vierge, fruit de sa foi et de la grâce de l’Esprit, devient le modèle de la maternité de la Vierge Église.

« Il est juste et digne, convenable et salutaire de proclamer avec émerveillement la venue de notre Seigneur Jésus Christ qui est né parmi les hommes et pour les hommes,
un messager céleste parlait,
sur la terre une Vierge saluée écoutait,
l’Esprit Saint dans le sein vint et créait ;
Ce que l’ange promet, Marie le croit, l’Esprit vrai Dieu coopère,
La certitude suivait l’annonce de l’ange,
La vérité accomplissait la promesse,
Et la vertu, à l’ombre du Très haut,
Apprit à être une virginité féconde.

Voici que tu concevras et que tu enfanteras un fils, annonçait l’ange.
Et comment cela se fera-t-il ? répondit Marie.
Mais elle répondit en le croyant et non pas en doutant,
Remplie de l’Esprit Saint parce que l’ange l’assura.

Vierge avant de concevoir, toujours Vierge après l’enfantement,
Elle a conçue son Dieu dans son esprit avant de le concevoir en son sein.
Elle, la première, a reçue le sauveur du monde,
Et pour cela elle est la vraie Mère du fils de Dieu.
C’est lui qu’adorent les anges, les trônes, les dominations et les puissances, en disant : » 

Le missel actuel s’en est inspiré : « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce ; toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ notre Seigneur. C’est lui qui pour sauver les hommes devait naître parmi les hommes ; c’est lui que l’ange annonce à la Vierge Immaculée et qu’à l’ombre de l’Esprit Saint elle accueille par la foi ; Lui qu’elle porte avec tendresse dans sa chair. (…) » (Préface du 25 mars, missel romain, Paul VI)
 

Rite arménien


Le 7 avril pour les orthodoxes, le 25 mars pour les catholiques.
Le synode de Sis de 1345 a montré que sur la maternité divine de Marie, sur sa plénitude de grâce, mais aussi sur sa coopération à l’œuvre du salut se fonde sa médiation des grâces : « En ayant porté dans ses bras celui devant qui tremblent de crainte les esprits célestes, elle est celle qui intercède perpétuellement pour le monde, pour toutes les nations qui la célèbrent, la dispensatrice des grâces aux assoiffés, qui joint parmi eux le droit et la grâce. » Elle est « notre réconciliation », « la médiatrice entre la vie divine et humaine ».

G. GHARIB e altri, I Testi mariani del I millenario, vol IV, Roma, 1991.

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Date de dernière mise à jour : 29/03/2025