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Les icônes et la crise iconoclaste
Les icônes et la crise iconoclaste
Table des matières
Les icônes et la crise iconoclaste. 1
Introduction, le sens des icônes, leur actualité. 1
A) Le fond historique de la controverse iconoclaste. 1
2. Confrontation avec l’Islam.. 2
B) Fondements théologiques de l’iconoclasme. 2
C) Les événements historiques. 3
D) La théologie des icônes des derniers pères orientaux. 4
Saint Germain de Constantinople († 733) et le culte des icônes. 4
Saint André de Crète et le culte des icônes († 740 environ) 5
Saint Jean Damascène et le culte des icônes († vers 750) 6
Théodore le Studite et la seconde période iconoclaste. († 826) 7
Théologie de l’icône de saint Théodore de Studite († 826) 7
La dévotion mariale selon saint Théodore le Studite († 826) 8
Introduction, le sens des icônes, leur actualité
Le VIII° siècle est une période de difficultés et de douloureuses controverses autour de la doctrine et du culte des images sacrées. La doctrine et la dévotion mariales furent aussi impliquées dans cette controverse qui, pendant plus d’un siècle (830 édit iconoclaste), causa des persécutions terribles et des destructions dans l’Église byzantine.
L’amour des chrétiens orientaux pour leurs icônes et les souffrances qu’ils ont dû soutenir pour défendre la validité et la légitimité de cette forme de dévotion pourront nous aider à comprendre le sens des images sacrées comme médiation privilégiée entre Dieu et nous.
Les icônes religieuses sont en effet peintes selon des règles et des traditions précises pour tâcher de représenter les prototypes des réalités surnaturelles que nous sommes appelés à partager. L’icône devient donc une sorte de réalité sacramentelle, instrument d’un pouvoir miraculeux, et une sorte de parole de Dieu qui révèle à travers les formes et les couleurs les vérités de notre foi.
L’icône est faite pour susciter en nous le sens d’une présence divine et pour solliciter en nous une communion avec Dieu.
Les orientaux sont peu intéressés à l’esthétique pour elle-même, les icônes sont un traité de théologie. C’est pourquoi la fin de persécutions iconoclaste (843) est une victoire de l’orthodoxie.
Ce serait une attitude superficielle de considérer la controverse iconoclaste comme un problème d’un autre temps. Au contraire, les erreurs combattues avec leurs beaucoup de souffrances personnelles sont encore présentes dans notre temps et dans une mesure alarmante. Que de fois le christianisme est présenté aujourd’hui comme un simple code éthique individuel ou comme une religion pure, qui n’a pas besoin de s’appuyer sur les réalités matérielles. Que de fois entend-on opposer la matière à ce qui est spirituel, comme s’il s’agissait de deux réalités inconciliables.
L’un des résultats logiques de cette mentalité qui réduit le christianisme à une religion désincarnée est le phénomène récent de la démythisation qui arrache le noyau central de la foi évangélique, c’est-à-dire de la résurrection du Christ et de la résurrection future de ceux qui croient en lui.
Défendre la vénération des icônes sacrées signifie sauvegarder la prédication de l’Église selon laquelle le Jésus de l’histoire, c’est-à-dire l’homme qui a vécu vraiment au milieu de nous, et le Christ de la foi est une seule et même réalité.
Diviser le Christ en deux signifie transformer la personne en une idée.
Le culte des images sacrées de la Mère de Dieu et des saints conduit à vivre selon une foi authentique en Jésus Christ, Verbe Incarné et Sauveur.
A) Le fond historique de la controverse iconoclaste
Les historiens croient devoir associer la doctrine iconoclaste avec les polémiques christologiques qui ont divisé la chrétienté orientale pendant les V, VI et VIIe siècles.
1. Influences culturelles
Il y avait déjà probablement un problème de mentalité et de culture religieuse. Les chrétiens de langue grecque ont hérité de leur passé païen un certain goût pour l’art figuratif. Quand l’Église primitive condamna ce phénomène comme idolâtre, l’art tridimensionnel, c’est-à-dire la sculpture qui était très prisée notoirement en Grèce, a pratiquement disparu, pour réapparaître dans la nouvelle version chrétienne de la forme bidimensionnelle des icônes.
Ceci explique que dans l’Église ancienne certains pères eurent une attitude négative envers les icônes et leur vénération : Eusèbe de Césarée ; Epiphane de Salamine… Epiphane déplore l’existence la diffusion d’un culte populaire des icônes.
Contrairement aux populations grecques, les chrétiens qui habitaient les régions les plus orientales du l’empire byzantin, en particulier les Syriens et les Arméniens, à cause de leur passé culturel, étaient probablement moins enclins à l’usage et au culte des icônes.
En outre les chrétiens de langue non-grecque, dans les terres orientales de l’empire, au VIII siècle avaient en grande partie embrassé le monophysisme qui fournissait directement ou indirectement une base théologique à la doctrine iconoclaste, dans la mesure où il effaçait plus ou moins la nature humaine de la personne du Verbe Incarné.
2. Confrontation avec l’Islam
Après la conquête arabe de la Palestine de la Syrie et de l’Egypte, l’empire byzantin se trouva dans une confrontation militaire et idéologique continue avec la religion de Mahomet. L’islam revendiquait d’être la plus récente et donc la plus haute et la plus pure révélation du Dieu d’Abraham, et il lançait des accusations de polythéisme et d’idolâtrie contre la doctrine chrétienne de la Trinité et contre l’usage des icônes.
Pour autant que nous réussissions à comprendre la situation historique de ce temps, les empereurs byzantins du VIII siècle, nés dans l’Est de l’empire, voulaient frapper le culte des icônes car ils le considéraient comme un culte idolâtre, selon une mentalité apparentée à celle qui existait chez les islamistes. Leur intention était certainement de purifier la foi de la chrétienté, afin de la rendre plus capable d’affronter le défi de l’Islam. S’il y avait donc une influence de l’Islam sur le mouvement iconoclaste, cette influence doit être comprise non pas tant comme une imitation de l’islam, mais comme une incitation à la rivalité et à la compétition.
3. Influence hellénique
Les anciens apologistes chrétiens interprétaient les interdits de l’Ancien Testament dans un sens très strict, exactement comme les habitants de la Judée.
Le Christ historique est nécessairement visible et donc on peut en faire une image matérielle, l’iconographie chrétienne commença à fleurir très tôt, dès le 3e siècle.
Par contre, les tendances iconoclastes survécurent dans les cercles origénistes influencés par le spiritualisme platonique qui niait à la matière une existence permanente créée par Dieu et qui considérait comme vraie réalité uniquement le spirituel : après sa glorification, le Christ pouvait être contemplé seulement "avec l’esprit." (En ignorant le Jésus historique, que les apôtres avaient vu et touché aussi bien avant qu’après sa résurrection)
Les conseillers théologiques de l'empereur Léon, le premier empereur iconoclaste devait être un des partisans de l’origénisme avec des vues identiques probablement à celles d’Eusèbe de Césarée.
B) Fondements théologiques de l’iconoclasme
Finalement nous savons très peu de chose des fondements théologiques de l’iconoclasme. Après la victoire de l’orthodoxie, leurs documents ont été détruits.
Il semble que les principales sources patristiques de la théologie iconoclaste fussent Eusèbe de Césarée et Epiphane de Salamine.
Tel devait être leur pensée : soit on exige que l’icône représente seulement l’humanité de Christ et dans ce cas on tombe dans le nestorianisme qui sépare l’humanité de la divinité ; soit on veut que l’icône représente aussi bien l’humanité que la divinité et alors la divinité serait circonscrite et limitée par ce qui est humain et ce serait absurde ; ou finalement l’humanité et la divinité se confondent l’un dans l’autre et alors on tomberait dans le monophysisme. Naturellement des argumentations de ce genre sont plutôt ridicules et ignorent l’enseignement le plus élémentaire du concile de Chalcédoine selon lequel dans le Christ chaque nature conserve sa propre manière d’être.
Un autre aspect de la doctrine des iconoclastes était la manière de comprendre l’image. Ils considéraient l’image identique ou consubstantielle avec le prototype. En conséquence, il apparaissait impossible d’admettre qu’une image matérielle pût réaliser cette identité. L’icône restait toujours une réalité inadéquate à l’identification avec le surnaturel.
Mais ces renseignements sur les iconoclastes nous viennent des iconodules et nous avons donc de bonnes raisons pour soupçonner que ceux-ci aient cherché à banaliser voir à ridiculiser l’enseignement de leurs adversaires.
C) Les événements historiques
La controverse fut ouverte par Léon III l’Isaurique en 730 quand il publia l’édit qui ordonnait l’enlèvement et la destruction des icônes sacrées et exigea que tous les évêques approuvent les mesures impériales.
Mais le patriarche Germain de Constantinople s’y opposa.
Et le pape Grégoire II tenta d’abord de dissuader l’empereur de sa politique religieuse et quand il reçut à Rome la nouvelle de l’édit de 730, il réunit à Rome avec 93 évêques un synode qui condamna l’édit impérial.
Une forte opposition envers Constantinople émergea des pays de la Méditerranée orientale qui ne pouvaient pas être touchés par les décrets impériaux, étant occupés par les musulmans. Ainsi les chrétiens de l’Egypte, de la Palestine et de la Syrie qui restèrent fidèles à la doctrine de Chalcédoine et qui au 5e siècle se séparèrent de Constantinople au sujet de la christologie, n’acceptèrent pas de condamner le culte des icônes sacrées ; au contraire ils continuaient à le pratiquer, et vraiment parmi eux est sortit l’un des plus grands théologiens de l’orient chrétien, Jean Damascène qui fut, entre autre, un grand défenseur du culte des images sacrées.
Le fils de Léon III, Constantin V (741 – 775) continua la politique religieuse de son père et réunit un concile à Hiera en 754 pour la faire légitimer sur le plan dogmatique et moral. Et en effet les pères du concile condamnèrent le culte et la dévotion des images mais ils se refusèrent d’approuver les autres résolutions qui s’opposaient au culte de la bienheureuse Vierge, des saints et des reliques et les affirmations contraires à la christologie orthodoxe.
Quoique le concile de Hieria se fût auto-qualifié comme concile oecuménique, en réalité les autres sièges patriarcaux de Rome, Alexandrie, Antioche et Jérusalem ne se présentèrent pas. Les trois patriarches orientaux réunirent un contre-synode à Jérusalem en 767, pendant qu’un autre était tenu à Rome sous la papauté de Etienne II en 769.
Ce fut un temps de martyre pour beaucoup de chrétiens qui décidèrent de défendre leur foi. Entre ces défenseurs les moines se distinguèrent pour leur courage et leur constance pour défendre le culte des icônes sacrées ; la persécution prit le caractère peu à peu d’une véritable lutte contre le monachisme, bien qu’il y ait aussi des monastères qui adoptèrent les mesures iconoclastes.
Pendant le bref règne de Léon IV, 775 - 780, fils de Constantin, la politique devint plus douce.
Mais le culte des icônes ne put être instauré de nouveau que sous le gouvernement de la veuve de Léon IV, la régente Irène. Il fut ainsi possible de réunir un concile en 787, à Nicée (pour motif de sécurité). Ce concile oecuménique, Nicée II est d’extrême importance pour l’Église orientale. Jean Paul II en commémora le 12° centenaire dans la Redemptoris Mater.
A Nicée II participèrent aussi des représentants de Rome et des patriarcats orientaux ; les décisions du pseudo-concilie de Hiéria (754) furent condamnées et on proclama la valeur et légitimité des images sacrées et de leur vénération. On proclama clairement la distinction entre culte de latrie, dû à Dieu seul et culte "relatif" rendu aux images sacrées, comme aussi aux reliques, surtout à celles de la croix, et aux autres objets sacrés. Fut aussi confirmée la validité des prières adressée à la Mère de Dieu aux martyrs et aux saints mais furent supprimées les innovations en cette matière.
Les décennies suivantes, l’empire byzantin fut secoué par des émeutes intérieures et des combats externes. Les empereurs revinrent à la politique de Léon III et de Constantin V. Comme l’avait été Grégoire de Constantinople, le patriarche de Constantinople Nicéphore fut remplacé par un ecclésiastique plus complaisant. Cependant il faut préciser qu’en pratique l’empereur et le patriarche n’étaient apte à exercer leur pouvoir répressif et persécuteurs que dans la capitale.
Après la mort de l’empereur Théophile (842), c’est une autre femme qui rétablit l’orthodoxie: il s’agit de l’impératrice Théodora. Le culte des images sacrées fut alors proclamé publiquement. En souvenir de cet événement, tous les ans, le premier dimanche de Carême, l’Église orientale célèbre une grande fête du Triomphe de l’orthodoxie pour souligner l’importance historique et religieuse de cet événement.
D) La théologie des icônes des derniers pères orientaux
Le synode en Trullo (691)
Le canon 82 du synode de Trullo, 691 semble indiquer que déjà à cette époque existaient des discussions sur le culte des icônes. Le texte du document se réfère à l’image de Christ, qui implique, selon les Pères du concile, une confession de foi dans le caractère historique du mystère de l’incarnation.
Saint Germain de Constantinople († 733) et le culte des icônes
Saint Germain avait utilisé, l’argument christologique : le culte des icônes exprime la foi dans le caractère historique de l’incarnation.
Les icônes de Marie peuvent exercer une influence spirituelle profonde sur ceux qui les contemplent : "Qui, en contemplant tes icônes ne se sent pas immédiatement rempli de joie? "[1]
La richesse des couleurs symbolise la richesse de ses dons : "Les colorations matérielles de tes icônes, o Mère de Dieu, font resplendir la distribution que tu nous fais de tes biens." [2]
Aujourd’hui en Occident nous avons le culte d’adoration pour Dieu et le culte de vénération pour les saints et les icônes. Mais en ce temps là ils avaient le mot "Latria" pour le culte rendu à Dieu; et le mot "proskynesis" qui avait différents sens. S.Germain explique que le culte vise à la personne même et il ne s’arrête pas à l’image peinte et il ne doit pas se confondre avec le culte dû seulement à Dieu[3].
S. Germain rappelle le cas d’une icône miraculeuse de la Mère de Dieu vénéré à Sozopolis, en Pisidie, qui suintait un onguent. Ce phénomène miraculeux resta célèbre dans la tradition de l’Église byzantine[4].
Saint André de Crète et le culte des icônes († 740 environ)
Le fait est que toutes les icônes tentent de respecter un modèle commun, et les légendes font remonter ce modèle à une icône non faite de mains d’homme. Andrée de Crète raconte ces légendes.
"Le premier exemple est l’icône de notre Seigneur Jésus Christ, envoyée au roi Agbar. Cette image représente sur toile de chanvre les traits de Sa forme corporelle et elle n’était pas différente des images peintes en couleurs. [5]
Un second exemple est l’image, non peinte de main d’homme, acheirographon c’est-à-dire acheiropoiète, de celui qui a été engendré sans semence. Cette icône se trouve à Lidda (Palestine), une ville appelée aussi Diospolis. L’icône est peinte de façon très claire sur une surface, et montre la Mère de Dieu, sur trois coudes de hauteur. Elle est vénérée depuis le temps des apôtres dans la partie occidentale du temple édifiés par eux. (…) On raconte aussi que ce temple fut édifié quand la Mère de Dieu était encore en vie. En montant au mont Sion, où elle habitait, les apôtres lui dirent: "Où tu étais, Notre Dame, quand nous avons édifié une église en ton honneur à Lidda"?. Marie leur répondit: "J’étais aussi avec vous et j’y suis encore ". Quand ils revinrent à Lidda et entrèrent dans le temple, ils trouvèrent son image complètement peinte, comme elle l’avait dit. Ceci est une ancienne tradition locale attestée depuis le début ; et aujourd’hui le phénomène existe encore.
Troisième exemple : tous témoignent que saint Luc, apôtre et évangéliste peignit de ses propres mains le Christ incarné et sa Mère immaculée et que ces icônes sont conservées à Rome avec un grand honneur." [6]
Il est probable que cette légende soit née quelque temps après la conversion du roi Abgar IX (179-214), et qu’elle ait été acceptée comme authentique en Orient, mais non en Occident. Nous devons reconnaître de toute façon qu’elle a aussi eu des défenseurs modernes parmi les spécialistes aussi bien catholiques que protestants.[7]
Saint Jean Damascène et le culte des icônes († vers 750)
Après que Germain de Constantinople fut contraint de quitter le siège patriarcal, la défense des images sacrées fut assumée par Jean Damascène. Ce moine humble qui vivait dans le monastère palestinien de S. Saba, ensuite sous domination arabe, pouvait écrire avec une relative tranquillité ses trois célèbres discours en défense des icônes et qui sont de véritables traités.
Saint Jean Damascène fonde sa défense sur le mystère de l’incarnation. Les iconoclastes semblaient peu attentif au Jésus historique, que les apôtres avaient vu et touché aussi bien avant qu’après sa résurrection. Et ils soutenaient que dans le Christ la divinité aurait assumé une humanité dépourvue pratiquement de toutes les caractéristiques humaines. Leur christologie était profondément atteinte de monophysisme. Saint Jean Damascène renverse complètement la perspective :
« Je me représente Dieu, l’invisible, non pas comme invisible, mais en tant qu’il nous est devenu visible par la participation à la chair et au sang. »[8]
De l’Écriture il reprend l’indispensable distinction entre le culte absolu à Dieu seul (latria) et culte relatif (proskynesis) rendu aux images du Christ, de sa Mère et de tous les saints comme membres fidèles du corps de Christ :
« Je me prosterne (proskyneo) devant l’image du Christ, Verbe Incarné, de notre Dame, Theotokos et Mère du Fils de Dieu, et de tous les saints qui sont amis de Dieu. » [9]
Selon Jean Damascène, le culte est un signe de soumission et humilité.
1. Le culte absolu ou latrie (adoration) pour Dieu seul peut assumer différents aspects:
- Glorification ou reconnaissance de la gloire
- Remerciement à Dieu, pour tous les biens créés pour nous;
- Demande de ce qui nous est nécessaire;
- Repentir et confession de nos péchés, qui peut advenir de trois façons :
- l’un peut se repentir parce que le Seigneur aime, c’est l’attitude d’un fils. - un autre se repentir parce qu’il a perdu les bénédictions et les dons que Dieu accorde à celui qui lui est fidèle, c’est l’attitude du mercenaire. - Un autre peut se repentir parce qu’il a peur des punitions, c’est la disposition de l’esclave.
2. Le culte relatif ou proskynesis il est rendu aux choses créées, en conséquence du lien qu’elles ont avec Dieu :
- La Theotokos ; puis les autres saints.
- Aux choses créées au moyen desquelles le Seigneur a accompli l’œuvre de notre salut: par exemple le mont Sinaï, Nazareth, Bethléem, le Golgotha, les reliques de la passion...
- Les objets dédiés à Dieu: le livre des Écritures, le calice et les autres vases sacrés…
- Les réalités connexes : le tabernacle, la verge d’Aaron, la manne, la croix sainte, les icônes, images des traits physiques du Fils de Dieu, de la Theotokos et des saints. La vénération que nous nous devons les uns pour les autres, dés lors que nous sommes tous faits à l’image de Dieu et nous sommes son héritage.
- La vénération aux autorités humaines.
- L’honneur rendu aux patrons de la part de leurs serviteurs et aux bienfaiteurs.
Théodore le Studite et la seconde période iconoclaste. († 826)
Vie de Théodore le Studite
Grand ascète et ardent défenseur du culte des icônes, Théodore est connu aussi comme chantre de la sainteté de la Mère du Seigneur, il a enrichi la liturgie byzantine avec ses hymnes.
Il naquit à Constantinople vers 759 d’une famille de hauts dirigeants impériaux, qui préféra cependant aux avantages matériels la fidélité aux idéaux chrétiens et en particulier à la défense des icônes. Quand il atteignit l’âge de 22 ans, Théodore entra dans le monastère de Saccudio, ancienne propriété de sa famille. Il se consacra sans retards à la vie ascetique. A 35 ans il devint higoumène au célèbre monastère Studion et il exerça cette fonction jusqu’à la mort en 826. Il y donna un accroissement extraordinaire à la vie monastique et en fit le principal centre monastique de la capitale. Il laissa une empreinte considérable dans les Règles monastiques au point que beaucoup le considèrent comme leur fondateur. Il fut un des plus grand réformateurs du monachisme oriental.
Pendant la seconde phase de la persécution iconoclaste, Théodore paya ses convictions orthodoxes par la prison et l’exil, où il fut contraint de se rendre trois fois et où il fut enterré. Après le retour de l’orthodoxie, son corps fut rapporté triomphalement à Constantinople en 844. L’Église byzantine le vénère comme un saint.
Bibliographie.
Ses oeuvres sont éditées en PG 99; mais l’homélie sur la Nativité de Marie se trouve en PG 96, parmi les oeuvres de Jean Damascène.
M. Jugie, La doctrine mariale de saint Théodore Studite, in EO 25 (1926),421-427; H. M. Guindon, De la proskynèse chez Saint Théodore le Studite à l’exemplarité mariale de Vatican II, in De Cultu mariano saeculis VI-.XI, vol. 111, Roma 1972, 349-382;
J. Esquerda Bifet, Culto y devociòn mariana en San Teodoro Studita, in De Cultu mariano saeculis VI-.XI, vol. 111, Roma 1972, 383-394.
Théologie de l’icône de saint Théodore de Studite († 826)
Les iconoclastes insistaient sur le fait qu’il était impossible de représenter la réalité surnaturelle ; l’humanité glorifiée du Christ ne pouvait donc pas être peinte sur une icône d’une manière adéquate, ayant été transfigurée par la gloire, divinisée et donc insaisissable.
Théodore prend la défense des icônes parce qu’il se rend parfaitement compte que leur refus est un refus du mystère de l’incarnation. Nier que le Christ puisse être peint signifie nier qu’il ait un aspect corporel.
Donc aux iconoclastes qui observaient qu’il serait déshonorant pour le Christ d’être représenté avec des procédés matériels, et qu’il vaut mieux le contempler en esprit, Théodore répète:
« Ce qui à toi te semble inconvenant et méprisable, à Dieu a semblé convenable et noble. Splendeur du mystère !.. Si la seule contemplation de l’esprit avait été suffisante, il se serait contenté de venir parmi nous de cette manière. À quel profit alors cette apparence et cette dissimulation, s’il ne voulait pas revêtir réellement notre corps ? » [10]
Si le Christ a pris notre chair, il est non seulement possible mais vraiment juste le représenter :
« Et Dieu parut dans la chair pour être peint selon la chair, sans aucun doute il aime être contemplé dans la matière, lui qui a été vu dans la matière… O prodige ! Il se rend présent d’une certain façon présent lorsqu’il est peint. » [11]
Cette présence constitue le fondement du culte rendu à l’icône. Celle-ci est de quelque manière personnalisée. Les images du Christ ou de Marie ce sont le Christ et Marie, mais il y a évidemment la différence entre l’image et la personne en combien tel. Au Christ on doit le culte de latrie parce qu’il est Dieu ; à ses icônes et à celles de la Vierge on doit le culte relatif aux choses saintes. [12]
Marie est sainte
Saint Théodore le Studite a une idée élevée de la sainteté de la Mère du Seigneur qu’il ne décrit pas seulement comme une absence de péché. Certains spécialistes pensent que Théodore inclut l’absence du péché originel. [13]
La dévotion mariale selon saint Théodore le Studite († 826)
Au ciel, la Vierge continue à jouer un rôle de médiation et d’intercession auprès du trône de Dieu au service des croyants, en étant revêtue d’une dignité et d’un pouvoir royal; elle intervient aussi dans leur vie, en mettant en fuite le démon et en les protégeant du mal.
La dévotion mariale prêchée par Théodore comporte aussi une espèce de crainte révérencielle envers la Mère du Seigneur inspirée par sa grandeur, par sa dignité et son exaltation céleste.
Théodore est aussi le premier à nous renseigner sur la pratique du jeûne de quarante jours en préparation à la fête de l’Assomption, le 15 Août.
[1] In Dedicationem, PG 98,381 B
[2] Epist. Ad Joannem de Sinada, PG 98, l60.
[3] Epist. Ad Joannem de Sinada, PG 98, l60.
[4] Epist. Ad Thomam de Claudiopoli, PG 98,185.
[5] De sacrarum imaginum venerazione, PG 97,1301-1304.
[6] De sacrarum imaginum veneratione, PG97, 1301-1304.
[7] A.LIPSIUS, Die edessenische Abgarsage kritisch untersucht, Braunschweig 1880 ;
L. J. TIXERONT, Les origines de l’église d’Edesse et la légende d’Abgar, Paris 1888;
E. von DOBSCHUTZ, Der Briefwechsel zwischen Abgar und Jesus, in Zeitschrift fur wissenschaftliche Theologie 43 (1900) pp. 422-486.
[8] De sacris imaginibus 1,4, PG 94, 1236 C
[9] De sacris imaginibus 1,21, PG 94,1252 D
[10] Antirrheticus I, PG99, 336-337.
[11] Antirrheticus III, PG99,414
[12] PG99,1471
[13] Cf M. Jugie, L’Immaculée Conception dans l’Ecriture et la tradition orIentale, PAMI, Roma 1952,130-132.