Rue du Bac / médaille miraculeuse. Paris

200 vierge rue du bac

 

Au 140 rue du Bac à Paris, la chapelle privée, appartenant aux sœurs de la charité fondées par saint Vincent de Paul, est devenue un haut lieu de pèlerinage. Bien que les apparitions à sainte Catherine Labouré n’aient jamais été « reconnues », la liturgie de l’Eglise en fait officiellement mention le 27 novembre, et la chapelle est reconnue en tant que lieu de culte. Marie y révèle son cœur plein d’amour et de bénédictions, son cœur douloureux et uni à celui au cœur de Jésus..

Reconnaissance :

  • La chapelle est reconnue en tant que lieu de culte.
  • Dans ses actes liturgiques, l’Eglise catholique fête un nombre très restreint d’apparitions de la Vierge. Or, dans le sanctoral, sous la rubrique « mémoire de Marie », le 27 novembre célèbre la Médaille miraculeuse de la rue du Bac : bien que les apparitions à sainte Catherine Labouré n’aient jamais été « reconnues », la liturgie de l’Eglise fait officiellement mention des faits.   

Catherine Labouré est née dans une famille de fermiers. Au décès de sa mère, elle est placée chez une tante, avec l’une de ses sœurs. Puis les deux enfants reviennent. La grande sœur, Marie-Louise, part chez les sœurs de la Charité, encouragée par Catherine, qui, du haut de ses douze ans, lui assure qu’elle la remplacera bien pour tenir la ferme. A 18 ans, Catherine désire aussi entrer dans la vie religieuse, mais son père s’y oppose. Son grand frère perd sa jeune épouse, Catherine doit aller l’aider à Paris, et son père espère bien qu’elle y sera demandée en mariage. Mais Catherine tient bon. A 24 ans, enfin, elle peut entrer chez les sœurs de la charité, le 21 avril 1830…

Voici notre plan : 

  1. - la vision du 6 juin 1830 et les apparitions de la nuit du 18 au 19 juillet 1830
  2. - les apparitions du 27 novembre et la médaille miraculeuse et la prière 
  3. - la vie cachée de Catherine Labouré et la diffusion de la médaille
  4. - le lien de la Rue du Bac avec Lourdes et avec Amsterdam
  5. - la visite de saint Jean-Paul II à la rue du Bac.

 

 

La vision du 6 juin 1830

Catherine Labouré eut une vision pendant la Messe du 6 juin 1830, au cours d’une retraite au noviciat : « Notre-Seigneur m’apparut comme un roi, avec la croix sur la poitrine, dans le Très Saint Sacrement [...] ; il m’a semblé que la croix coulait [de sa poitrine] sur les pieds de Notre- Seigneur et [...] que Notre-Seigneur était dépouillé de tous ses ornements. Tout a coulé à terre. C’est là que j’ai eu les pensées les plus noires et les plus sombres. »

Or, ce jour-là, 6 juin 1830, la liturgie de la Messe proclame l’évangile suivant : « Quant aux onze disciples, ils se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait donné rendez-vous. Et quand ils le virent, ils se prosternèrent; d'aucuns cependant doutèrent. S'avançant, Jésus leur dit ces paroles: "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde." » (Mt 28, 16-20).

Pour comprendre la vision de Catherine Labouré, on peut se souvenir que le Christ, au XIX° siècle, est particulièrement méprisé. Par exemple, le philosophe Hegel a publié en 1807 un livre, « La Phénoménologie de l’esprit », qui estompe la différence entre le créé et l’incréé, il nie la Révélation divine, il interprète la kénose du Christ dans sa Passion comme une kénose divine qui se dépouille de sa divinité: ce n’est plus du christianisme. Avec de telles philosophies, la révélation, et donc aussi la mission, sont vidées de leur sens.

Ainsi faut-il comprendre que cette vision est une supplique du Christ pour que l’on étende son règne par les missions, l’annonce de l’Evangile et le baptême.

Une telle supplique résonne fortement dans ce siècle qui va connaître un grand élan missionnaire. Au séminaire des Missions étrangères de la rue du Bac, qui réouvre ses portes en 1815, le redémarrage des départs en mission se fait lentement mais va grandir. A Lyon, après avoir formé le groupe des « Réparatrices du cœur de Jésus méconnu et méprisé » (en 1817), Pauline Jaricot va devenir la meilleure zélatrice de la Propagation de la foi en encourageant les petits donateurs et la prière du Rosaire pour les missionnaires. De nouvelles congrégations totalement ou partiellement consacrées aux missions voient le jour tels que les Oblats de Marie-Immaculée (1816), les Spiritains de la congrégation du Saint-Esprit (1848) et les Pères Blancs.

Certes, en ce XIX° siècle, le Christ est méprisé par un certain nombre, mais son appel est entendu.

Cette vision concerne le Christ : ce qui attriste Notre-Seigneur dans l’apparition de la Rue du Bac, c’est la déchristianisation, la perte de sa royauté sur les âmes. Mais à cette occasion, sainte Catherine Labouré devine déjà que le roi de France sera dépouillé, ce qui sera rendu explicite dans a nuit du 18 au 19 juillet. Attention ici à ne pas glisser dans l’augustinisme politique : il faut maintenir clairement que le roi de France n’est pas le Christ, et son règne n’est qu’une ombre du règne de Dieu qui doit advenir au moment de la Parousie.

La nuit du 18 au 19 juillet 1830

A peine trois mois après son arrivée dans la communauté, Catherine Labouré se laisse guider à 11heure et demie du soir par un mystérieux enfant vers la chapelle. La Sainte Vierge l’y attend...
« Là, il s’est passé un moment, le plus doux de ma vie. Il me serait impossible de dire ce que j’éprouvais ».
Cette première apparition de Marie, dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830, dure jusqu’à deux heures du matin. Le cœur plein d’amour de la Vierge Marie s’y révèle. Le cœur immaculé de Marie, cœur compatissant et puissant, cœur étroitement uni au cœur eucharistique de Jésus... La Sainte Vierge désigne de la main l’autel où repose le tabernacle et dit:

« Les temps sont très mauvais, des malheurs vont fondre sur la France : le trône sera renversé, le monde entier sera renversé par des malheurs de toutes sortes.

Mais venez au pied de cet autel, là les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur.

Elles seront répandues sur les grands et les petits... »

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"Les temps sont très mauvais" : à cette époque, l’essor de la science produit une industrialisation mais les conditions de travail des ouvriers sont très éprouvantes pour un salaire de misère, les obligeant à mener de nombreuses luttes pour obtenir une législation meilleure. A la Salette, le 19 septembre 1846, Marie demandera le respect du dimanche, un point particulièrement sensible pour la condition ouvrière de ce temps-là. A la rue du Bac, en 1830, dans cette « nuit » du prolétariat, Marie s’adresse à une jeune femme qui désire se consacrer au soulagement de la misère des pauvres.

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Le message de Marie comporte une prédiction qui s’est réalisée rapidement : « le trône sera renversé ».
Personne ne soupçonne encore à cette date si ce n’est la bourgeoisie voltairienne, que  le roi Charles X sera chassé de son trône par la coalition des financiers, des ennemis de l’Eglise et la trahison de son entourage.
Voici comment les choses se sont déroulées : 

Le 5 juillet 1830 a lieu la prise d’Alger qui redonne du lustre au règne de Charles X. A l’époque et depuis un millénaire, Alger et les grandes villes d’Afrique du Nord étaient des marchés d’esclaves principalement dominés par les arabes, mettant en danger les européens autant que les africains. La prise d’Alger avait pour but de sécuriser la méditerranée contre les rapts.
Puis, les seules journées du 27, 28, 29 juillet 1830, appelées les trois glorieuses, suffisent pour que le Parlement destitue le roi Charles X et lui substitue le duc d’Orléans (Louis-Philippe).

L’histoire de l’Algérie sera elle aussi affectée par ce changement de dynastie. Plus d’un siècle après, Mgr Bressolles écrit : «  C’est un fait éclatant que, depuis cent ans, l’Administration française a presque toujours réservé sa bienveillance et accordé son appui à l’islam. J’énumère : elle a imposé des chefs musulmans à des groupements animistes ; elle leur a donné des instituteurs musulmans, des infirmiers musulmans, des fonctionnaires musulmans, tout un encadrement auquel s’ajoute, en son temps, l’encadrement militaire qui place généralement les recrues animistes sous l’autorité de gradés musulmans. Elle a introduit des marabouts dans ces mêmes populations. Elle a fait rendre la justice selon le Coran entre deux parties païennes. Elle a construit des mosquées, des écoles coraniques /…/ elle a financé et patronné le pèlerinage à La Mecque.» (​Mgr Bressolles, conférence donnée à Paris le 19 mars 1958, cité dans le journal La Pensée Catholique n° 55, p. 51)

La suite du message comporte cette annonce : « le monde entier sera renversé par des malheurs de toutes sortes ». En 1930, « le monde entier » n’est pas encore « renversé par des malheurs de toutes sortes ». On peut cependant penser aux deux guerres mondiales du XX° siècle, au goulag, etc. Il faut aussi savoir que les prédictions chrétiennes ne sont jamais un destin écrit d’avance, ce sont des avertissements pour nous inviter à la prière et à la conversion (comme dans la Bible, Ninive avertie par Jonas, ne fut finalement pas détruite).

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Message sombre donné au cœur de la nuit. Message qui nous parle du cœur douloureux de Marie. Sa souffrance, bientôt représentée par un cœur transpercé, n’est pas seulement celle de jadis, quand Marie a entendu la prophétie de Siméon (Lc 2, 35) où quand elle a vu mourir son fils en croix (Jn 19). Son cœur souffre pour nous qui sommes là aujourd’hui. Son cœur souffre parce que les temps où nous vivons « sont très mauvais ». Marie souffre comme une mère souffre pour ses enfants pris dans la tourmente. Et Marie désigne l’autel, l’autel où le sacrifice rédempteur de Jésus est rendu présent à chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie. Marie n’est pas Dieu, elle n’est pas le Sauveur, mais elle le désigne. Jésus souffre avec nous et pour nous : sa souffrance divino-humaine est une reconstruction du bien, une victoire de l’amour sur le mal.

Marie nous conduit à Jésus, elle nous conduit à l’autel, à l’Eucharistie. L’Eucharistie se dit en araméen Qourbana, un mot qui signifie rencontre. Nous présentons nos souffrances, et Jésus les touche, il les sanctifie. Nous présentons nos intentions de prière, et Dieu, par le Christ vrai Dieu et vrai homme, les reçoit. Le 6 juin, c’est dans l’hostie que sainte Catherine avait vu le Christ, l’hostie était devenue comme transparente. La Messe est le sacrifice du Christ rédempteur, c’est un contact avec Jésus vivant.

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Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830, le message de la Vierge Marie à Catherine Labouré contenait aussi ces mots concernant la communauté dans laquelle Catherine est entrée :

« Mon enfant, j’aime à répandre les grâces sur la Communauté en particulier. Je l’aime beaucoup, heureusement. [Et pourtant] j’ai de la peine. Il y a de grands abus sur la régularité. Les règles ne sont pas observées. Il y a un grand relâchement dans les deux Communautés. Dites-le à celui qui est chargé de vous, quoiqu’il ne soit pas supérieur. Il sera chargé d’une manière particulière de la Communauté. Il doit faire tout son possible pour remettre la Règle en vigueur. Dites-lui de ma part, qu’il veille sur les mauvaises lectures, les pertes de temps, et les visites.

Lorsque la Règle sera remise en vigueur, il y aura une Communauté qui viendra se réunir à la vôtre. Ce n’est pas l’habitude. Mais je l’aime... Dites qu’on la reçoive. Dieu les bénira, et elles y jouiront d’une grande paix. La communauté jouira d’une grande paix. Elle deviendra grande. »

De fait, à l’époque, dans la communauté, les repères vacillaient. Le choix des tissus ou des souliers, ou encore les cornettes démesurées, indiquaient que l’on s’écartait du souci des pauvres. Cependant, il n’a pas dû être facile pour Catherine Labouré, alors novice, d’évoquer ce relâchement en transmettant un tel message. Elle le fit pourtant.

C’est en 1850, que se réalisera la prédiction. En fait, il n’y aura non pas une mais deux Communautés qui entreront dans la famille de saint Vincent : celle des Soeurs de la Charité, fondée par Élisabeth-Ann Seton, puis celle des Sœurs de Charité d’Autriche, fondée par Léopoldine de Brandis.

Ceci nous montre combien la vie religieuse est chère au cœur de Marie : elle « l’aime ». Elle en parle dans la nuit du 18 au 19 juillet, comme pour suggérer que ces communautés doivent briller comme dans des étoiles dans la nuit du monde.

Synthèse Françoise Breynaert


Rappel de notre plan : 

  1. - la vision du 6 juin 1830 et les apparitions de la nuit du 18 au 19 juillet 1830
  2. - les apparitions du 27 novembre et la médaille miraculeuse et la prière 
  3. - la vie cachée de Catherine Labouré et la diffusion de la médaille
  4. - le lien de la Rue du Bac avec Lourdes et avec Amsterdam
  5. - la visite de saint Jean-Paul II à la rue du Bac.

Le 27 novembre 1830

Rappel du plan : 

  1. - la vision du 6 juin 1830 et les apparitions de la nuit du 18 au 19 juillet 1830
  2. - les apparitions du 27 novembre et la médaille miraculeuse et la prière 
  3. - la vie cachée de Catherine Labouré et la diffusion de la médaille
  4. - le lien de la Rue du Bac avec Lourdes et avec Amsterdam
  5. - la visite de saint Jean-Paul II à la rue du Bac.

Le 27 novembre 1830, la Sainte Vierge apparaît de nouveau à Catherine dans la chapelle. Cette fois, c’est à 17 h 30, pendant l’oraison des novices, sous le tableau de saint Joseph (à l’emplacement actuel de la Vierge au globe). En choisissant cet emplacement pour apparaître, Marie suggère que son cœur, uni au cœur de Jésus présent dans le tabernacle, est tout autant uni au cœur très chaste de son époux, Joseph. Il est compréhensible que Marie nous invite à aimer saint Joseph quand les temps sont « très mauvais ». Souvenons-nous de l’évangile, quand Hérode voulut massacrer Jésus avec les enfants de Bethléem, c’est à la garde de Joseph, prudent et sage, que Dieu s’est confié. Et Joseph « se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte » (Mt 2, 14).

Certes, il ne s’agit pas ici d’une apparition de Joseph, mais c’est un discret jalon qui souligne son importance. En pleine cohérence avec les apparitions de saint Joseph en France (Cotignac, 1660), en Pologne (Kalisz, 1670), en Irlande (Knock, 1879), au Portugal (Fatima 1917), au Brésil (Itapiranga, depuis 1994)...

Observons encore ce que voit Catherine.

Vierge au globe rue du bac

D’abord elle voit comme deux tableaux vivants qui passent, en fondu enchaîné, et dans lesquels la Sainte Vierge se tient debout sur le demi-globe terrestre, ses pieds écrasant le serpent.

  • Dans le 1° tableau, la Vierge porte dans ses mains un petit globe doré surmonté d’une croix qu’elle élève vers le ciel. Catherine entend:

« Cette boule représente le monde entier, la France et chaque personne en particulier.»

  • Dans le 2° tableau, il sort de ses mains ouvertes, dont les doigts portent des anneaux de pierreries, des rayons d’un éclat ravissant. Catherine entend au même instant une voix qui dit :

« Ces rayons sont le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent ».

Puis un ovale se forme autour de l’apparition et Catherine voit s’inscrire en demi-cercle cette invocation en lettres d’or:

« O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ».

Alors une voix se fait entendre:

« Faites, faites frapper une médaille sur ce modèle. Les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces ».

  • Enfin le tableau se retourne et Catherine voit le revers de la médaille : en haut une croix surmonte l’initiale de Marie, en bas deux cœurs, l’un couronné d’épines, l’autre transpercé d’un glaive.

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L’Accomplissement de la promesse de la Genèse.

Elle est debout sur un globe, les pieds posés sur un serpent (symbole de Satan) et portant dans sa main un autre globe surmonté d’une croix, symbole du monde sauvé par le Christ. Cette vision correspond à la promesse biblique de la Genèse, après le péché originel, quand Dieu dit au Tentateur : « Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre sa descendance et la tienne. Elle t’écrasera la tête, tandis que tu la mordras au talon » (Gn 3, 14-15). Promesse qui, comme les pères de l’Eglise l’ont toujours enseigné, est accomplie en Jésus et Marie.

Or, nous l’avons peut-être oublié, dans la France de 1830, Satan est partout applaudi... Par exemple, John Milton (1608-1674) magnifie la rébellion de l’ange déchu. Matthew Gregory Lewis (1775-1818) en fait le pilier d’une puissante dramaturgie. Lord Byron (1788-1824) dépeint Satan comme le défenseur de la justice et de la liberté ! Applaudi à l’opéra, célébré par les poètes, réhabilité dans les romans, loué dans les illustrés, Satan est au sommet de sa popularité ! Avec cela, le spiritisme se développe (Allan Kardec, etc.). Et, nous le savons bien, notre époque prolonge et amplifie ce que le XIX° avait semé : salons de la voyance, intellectuels admirant Judas, groupes musicaux anti-christiques, festivals de l’enfer, etc.

Dans ce contexte qui va du XIX° siècle à nos jours, la vision du 27 novembre 1830 à la rue du Bac, prend donc un relief impressionnant !

Sans penser à ces gens qui applaudissent aussi directement Satan, il faut savoir qu’au XIX° siècle, dans la mouvance de la révolution française avec ses cultes de la raison ou de la nature, Georges Sand, Victor Hugo, Emile Zola voient poindre l’avènement d’une foi nouvelle ; Auguste Comte ira jusqu’à instaurer « la religion de l’humanité », mais tout cela sans le Christ rédempteur, sans Jésus né de Marie, sans sa croix, sans son Eucharistie.

La réfutation de l’existence de Dieu trouve ses lettres de noblesses avec Engels, Hegel, Feuerbach, Schopenhauer, Karl Marx (1818-1883), et Nietzche (1844-1900) qui a entrevu les ombres terrifiantes du nihilisme : Nietzche promet la venue d’un âge tragique avec une longue suite de démolitions, de destructions et de ruines.

L’Eglise réagit, mais elle est jugée dépassée... Le siècle suivant se chargera pourtant de démontrer le bien-fondé de la plupart de ces dénonciations. Le nationalisme, le scientisme et le communisme amèneront chacun leur cortège de folie et de drames.

Dans ce contexte aussi, la vision du 27 novembre 1830 à la rue du Bac, prend un relief impressionnant !

O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous : une prière pour aujourd’hui

La Vierge Marie est immaculée, elle a toujours été victorieuse sur Satan, elle est engagée elle-même dans le combat spirituel contre le mal et nous aide dans ce combat. Lorsqu’on se trouve confronté au mal, aux scandales, à la corruption, à la guerre, à l’ésotérisme, nous avons besoin de la très sainte Vierge : parce qu’elle est conçue sans péché, elle peut affronter pour nous le mystère d’iniquité, elle nous ouvre les bras, elle nous prend en elle, elle prie pour nous, avec nous, en nous ; sans elle nous ne pouvons pas affronter le mal car il nous choque et nous blesse, alors elle le fait pour nous : « O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ».

En particulier, la prière « O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous » a une résonnance toute particulière en ces années où se développent diverses méthodes de procréation. Psychologues et psychiatres sont parfois témoins de situations complexes. Quand il y a eu un certain bricolage procréatif, la personne ainsi conçue peut ressentir au fil du temps une sorte de maltraitance originelle, à la conception même. Pour en guérir, il faudrait d’abord l’exprimer. Or c’est très difficile, d’une part parce que c’est originel, et d’autre part parce que le fait d’exprimer ce genre de souffrance pourrait sembler récuser l’amour sincère que ses parents lui portent. Invoquons Notre Dame de préserver et de guérir notre société : « O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ».

La médaille miraculeuse : médaille des derniers temps.

Notre Dame de la rue du Bac est la Femme qui écrase le serpent selon le livre de la Genèse (Gn 3, 15), c’est donc aussi la Femme de l’Apocalypse. Le pape Pie X l’a expliqué d’une manière simple, toujours actuelle.

« Un grand signe - c’est en ces termes que l’apôtre saint Jean décrit une vision divine - un grand signe est apparu dans le ciel : une femme, revêtue du soleil, ayant sous ses pieds la lune, et, autour de sa tête, une couronne de douze étoiles (Ap 12, 1). /…/ Et l’Apôtre de poursuivre : Ayant un fruit en son sein, l’enfantement lui arrachait de grands cris et lui causait de cruelles douleurs (Ap 12, 2). Saint Jean vit donc la très sainte Mère de Dieu au sein de l’éternelle béatitude et toutefois en travail d’un mystérieux enfantement. Quel enfantement ? Le nôtre assurément, à nous qui, retenus encore dans cet exil, avons besoin d’être engendrés au parfait amour de Dieu et à l’éternelle félicité. Quant aux douleurs de l’enfantement, elles marquent l’ardeur et l’amour avec lesquels Marie veille sur nous du haut du ciel, et travaille, par d’infatigables prières, à porter à sa plénitude le nombre des élus. [...] Avec quelle rage, avec quelle frénésie n’attaque-t-on pas aujourd’hui Jésus-Christ et la religion qu’il a fondée ! [...] Mais la Vierge ne laissera pas, de son côté, de nous soutenir dans nos épreuves, si dures soient-elles, et de poursuivre la lutte qu’elle a engagée dès sa conception, en sorte que quotidiennement nous pourrons répéter cette parole : Aujourd’hui a été brisée par elle la tête de l’antique serpent. » (Pie X, Ad diem illum laetissimum, 1904)

Les 15 anneaux, les mystères du Christ

200 vierge rue du bac

Catherine remarque que Marie porte à chaque main quinze anneaux (trois à chaque doigt) resplendissants et ornés de pierreries magnifiques, dont certaines présentent peu ou pas d’éclat :

« C’est le symbole des grâces que je répands sur ceux qui me le demandent, et les pierreries d’où il ne sort pas de rayons, ce sont les grâces que l’on oublie de me demander », lui-dit-elle.

Nous sommes à la veille du premier dimanche de l’Avent, autrement dit, au seuil de l’année liturgique par laquelle le chrétien s’unit au Christ dans tous ses mystères : Noël, les mystère joyeux. La semaine sainte, les mystère douloureux. Pâque, Pentecôte et l’Assomption, les mystères glorieux.

L’apparition ne demande pas explicitement le Rosaire comme elle le fera par exemple à Fatima. Certains se contenteront de porter la médaille et de dire l’invocation. Mais le nombre des anneaux, trois sur chaque doigt, évoque sans aucun doute les quinze mystères du rosaire.

Marie obtient de Dieu, pour nous, toutes ces grâces que symbolisent les rayons de lumière qui irradient de ses mains ouvertes, à la seule condition que nous osions les demander, avec la confiance, la hardiesse, la simplicité d’un enfant. Et c’est ainsi que Marie nous mène vers son divin Fils.

Le revers de la médaille

Le revers de la médaille doit aussi être expliqué en lien avec la vision de la Vierge au globe qui a précédé la vision de la médaille.

Sur le revers de la médaille, on voit que l’orfèvre a fait un M et une grande croix. Mais dans la vision de sainte Catherine, la lettre M est surmontée d’une petite croix. La ligne transversale à la base de la croix y indique la terre, et correspond à la vision préliminaire où Marie tient dans sa main « le globe surmonté d’une petite croix ». Ce globe doré surmonté d’une petite croix signifie l’humanité rachetée et glorifiée, la couleur doré dit la gloire, et la petite croix rappelle le sacrifice rédempteur. De même, la barre et la croix signifient le monde sauvé par le Christ rédempteur.

Le « M » est l’initiale de Marie, la croix est la Croix du Christ. Les deux signes enlacés montrent le rapport indissoluble qui lie le Christ à sa très sainte Mère.

Toujours sur le revers de la médaille, en bas, nous voyons deux cœurs, l’un entouré d’une couronne d’épines, l’autre transpercé d’un glaive.

Le cœur couronné d’épines est le Cœur de Jésus.

Le cœur percé d’un glaive est le Cœur de Marie, sa Mère.

Les deux cœurs sur la même ligne - celui de Marie (transpercé) et celui de Jésus (couronné d’épines) - expriment le degré extraordinaire de l’unité de la mère avec son Fils, unis « par un lien étroit et indissoluble » (Vatican II, Lumen gentium 53).

La présence des douze étoiles sur le revers de la médaille n’a été demandé ni par Catherine Labouré ni par son père spirituel, le père Aladel. C’est un ajout de l’orfèvre. La femme de l’Apocalypse est couronnée de douze étoiles (Ap 12). 

La médaille nous inspire une prière…  

… Une prière pour notre pays puisque ce globe, c’est le monde, et c’est la France

« Oui, Notre Dame,

nous croyons que par vos Deux Cœurs aimants, dans leur Flamme Aimante, toute arrogance et tout orgueil humains, toute impiété et toute dureté de cœur seront effacés, le mensonge de Satan démasqué, et l’Antichrist jugé.

Ô Sacré Cœur de Jésus et Cœur Immaculé de Marie, enflammez notre cœur et demeurez en nous afin que les pauvres soient servis, que la vie soit protégée dès sa conception, et que s’accomplisse cette parole de Jésus :

« Ces choses-là, / je vous en ai parlé
afin que ma joie / soit en vous
et que devienne parfaite / votre joie.
Celui-ci est mon commandement :/ Brûlez d’amour les uns pour les autres,
De la même façon que, moi,  / j’ai brûlé d’amour pour vous.
D’amour brûlant / il n’y en a pas de plus grand que celui-ci :
Qu’un homme dépose son âme / en échange de ses amis. » (Jn 15, 11-13 FG)

« Mon-Père juste, / le monde ne t’a pas connu.
Moi, cependant,  / je t’ai connu !
Et eux, ils ont connu / que, Toi, tu m’as envoyé !
26. Et je leur ai fait connaître ton Nom, /et je le leur fais connaître, Moi !
Afin que cet amour brûlant dont tu m’as aimé ardemment, soit en eux,
Et [que], Moi, / Je Sois en eux ! » (Jn 17, 20-26 FG)

Les apparitions de la Rue du Bac, médaille miraculeuse

La dernière apparition, la vie cachée de Catherine, la diffusion de la médaille...

Au mois de décembre 1830, pendant l’oraison, Catherine entend de nouveau un froufrou, cette fois derrière l’autel. Le même tableau de la médaille se présente auprès du tabernacle, un peu en arrière.

« Ces rayons sont le symbole des grâces que la Sainte Vierge obtient aux personnes qui lui demandent...Vous ne me verrez plus ».

C’est la fin des apparitions. Catherine fait part à son confesseur, le Père Aladel, des requêtes de la Sainte Vierge. Il l’accueille fort mal, lui interdit d’y penser. Cela se comprend étant donné que la mentalité du XIX° siècle est très opposée au surnaturel qu’elle qualifie d’obscurantisme. Cependant, pour Catherine, le choc est rude.

Le 30 janvier 1831, Catherine prend l’habit. Le lendemain, elle part à l’hospice d’Enghien, à Reuilly (à l’Est de Paris), dans un quartier de misère où elle sera chargée du jardin et des bêtes, et où elle servira les vieillards et les pauvres, pendant 46 ans, incognito et sans histoire.

Cependant, quand éclate à Paris, en février 1832, une terrible épidémie de choléra, qui va faire plus de 20.000 morts, les sœurs commencent à distribuer les premières médailles. Les guérisons se multiplient, comme les protections et les conversions. C’est un raz-de-marée. Le peuple de Paris appelle la médaille « miraculeuse ».

Du vivant de sainte Catherine Labouré, la médaille atteint un milliard d’exemplaire !

Liens de la Rue du Bac avec d’autres apparitions

En 1858, quand Catherine entendit parler des apparitions de Lourdes, elle dit aussitôt : « C’est la même ! » On observe facilement en effet la ressemblance entre l’invocation donnée à la rue du Bac - « ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous » -, et la révélation de Lourdes - « Je suis l’immaculée conception ». Dans la pensée de Catherine Labouré, la Vierge avait dû apparaître si loin parce que la chapelle communautaire des sœurs, qui était déjà trop petite pour les nombreuses sœurs et les 500 novices, n’était pas encore ouverte au public (contrairement à la demande de Marie.) En réalité, comme nous allons le voir bientôt, le message de Lourdes comporte beaucoup d’éléments nouveaux.

Il y a aussi un lien visible d'Amsterdam avec la rue du Bac : Le 25 mars 1945, en la fête de l’Annonciation, la Vierge Marie apparaît à une femme toute simple, Ida Peerdeman (+1996), qui habite à Amsterdam avec ses sœurs. C’est la première de 56 apparitions qui vont se succéder par intermittence, entre 1945 et 1959. L’évêque diocésain a reconnu le caractère surnaturel des messages de la Dame de tous les Peuples le 31 mai 2002[1]. La Dame de tous les peuples est debout sur un globe et elle a les bras ouvert avec des "rayons de grâces", de plus, Amsterdam avait eu jadis un grand miracle eucharistique et la dernière vision est une splendide vision eucharistique et trinitaire.(Cf. « Venez au pied de l'autel... » à la rue du Bac). 

 

[1] http://www.devrouwevanallevolkeren.nl/devrouwe/french/introduction.htm

La venue du pape Jean-Paul II et sa prière de consécration

Le 31 mai 1980, le pape Jean-Paul II est venu dans la chapelle de la « Médaille Miraculeuse ». Il y renouvela son « Totus tuus » (sa consécration à Dieu par Marie) et il fit cette prière que nous pouvons reprendre aujourd’hui :

« Nous te consacrons nos forces et notre disponibilité pour servir le dessein du salut opéré par ton Fils. Nous te prions pour que, grâce à l’Esprit Saint, la foi s’approfondisse et s’affermisse dans tout le peuple chrétien, pour que la communion l’emporte sur tous les germes de division, pour que l’espérance soit ravivée chez ceux qui se découragent.

Nous te prions spécialement pour ce peuple de France, pour l’Eglise qui est en France, pour ses Pasteurs, pour les âmes consacrées, pour les pères et mères de familles, pour les enfants et les jeunes, pour les hommes et les femmes du troisième âge.

Nous te prions pour ceux qui souffrent d’une détresse particulière, physique ou morale, qui connaissent la tentation d’infidélité, qui sont ébranlés par le doute dans un climat d’incroyance, pour ceux aussi qui subissent la persécution à cause de leur foi.

Nous te confions l’apostolat des laïcs, le ministère des prêtres, le témoignage des religieuses. Nous te prions pour que l’appel de la vocation sacerdotale et religieuse soit largement entendu et suivi, pour la gloire de Dieu et la vitalité de l’Eglise en ce pays, et celle des pays qui attendent toujours une entraide missionnaire. 

Nous te recommandons particulièrement la multitude des Filles de la Charité, dont la Maison Mère est établie en ce lieu et qui, dans l’esprit de leur fondateur saint Vincent de Paul et de sainte Louise de Marillac sont si promptes à servir l’Eglise et les pauvres dans tous les milieux et dans tous les pays. Nous te prions pour celles qui habitent cette Maison et qui accueillent, au cœur de cette capitale fiévreuse, tous les pèlerins qui savent le prix du silence et de la prière.»

 

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Date de dernière mise à jour : 18/12/2023