Rappel du plan :
- - la vision du 6 juin 1830 et les apparitions de la nuit du 18 au 19 juillet 1830
- - les apparitions du 27 novembre et la médaille miraculeuse et la prière
- - la vie cachée de Catherine Labouré et la diffusion de la médaille
- - le lien de la Rue du Bac avec Lourdes et avec Amsterdam
- - la visite de saint Jean-Paul II à la rue du Bac.
Le 27 novembre 1830, la Sainte Vierge apparaît de nouveau à Catherine dans la chapelle. Cette fois, c’est à 17 h 30, pendant l’oraison des novices, sous le tableau de saint Joseph (à l’emplacement actuel de la Vierge au globe). En choisissant cet emplacement pour apparaître, Marie suggère que son cœur, uni au cœur de Jésus présent dans le tabernacle, est tout autant uni au cœur très chaste de son époux, Joseph. Il est compréhensible que Marie nous invite à aimer saint Joseph quand les temps sont « très mauvais ». Souvenons-nous de l’évangile, quand Hérode voulut massacrer Jésus avec les enfants de Bethléem, c’est à la garde de Joseph, prudent et sage, que Dieu s’est confié. Et Joseph « se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte » (Mt 2, 14).
Certes, il ne s’agit pas ici d’une apparition de Joseph, mais c’est un discret jalon qui souligne son importance. En pleine cohérence avec les apparitions de saint Joseph en France (Cotignac, 1660), en Pologne (Kalisz, 1670), en Irlande (Knock, 1879), au Portugal (Fatima 1917), au Brésil (Itapiranga, depuis 1994)...
Observons encore ce que voit Catherine.
D’abord elle voit comme deux tableaux vivants qui passent, en fondu enchaîné, et dans lesquels la Sainte Vierge se tient debout sur le demi-globe terrestre, ses pieds écrasant le serpent.
- Dans le 1° tableau, la Vierge porte dans ses mains un petit globe doré surmonté d’une croix qu’elle élève vers le ciel. Catherine entend:
« Cette boule représente le monde entier, la France et chaque personne en particulier.»
- Dans le 2° tableau, il sort de ses mains ouvertes, dont les doigts portent des anneaux de pierreries, des rayons d’un éclat ravissant. Catherine entend au même instant une voix qui dit :
« Ces rayons sont le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent ».
Puis un ovale se forme autour de l’apparition et Catherine voit s’inscrire en demi-cercle cette invocation en lettres d’or:
« O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ».
Alors une voix se fait entendre:
« Faites, faites frapper une médaille sur ce modèle. Les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces ».
- Enfin le tableau se retourne et Catherine voit le revers de la médaille : en haut une croix surmonte l’initiale de Marie, en bas deux cœurs, l’un couronné d’épines, l’autre transpercé d’un glaive.
Elle est debout sur un globe, les pieds posés sur un serpent (symbole de Satan) et portant dans sa main un autre globe surmonté d’une croix, symbole du monde sauvé par le Christ. Cette vision correspond à la promesse biblique de la Genèse, après le péché originel, quand Dieu dit au Tentateur : « Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre sa descendance et la tienne. Elle t’écrasera la tête, tandis que tu la mordras au talon » (Gn 3, 14-15). Promesse qui, comme les pères de l’Eglise l’ont toujours enseigné, est accomplie en Jésus et Marie.
Or, nous l’avons peut-être oublié, dans la France de 1830, Satan est partout applaudi... Par exemple, John Milton (1608-1674) magnifie la rébellion de l’ange déchu. Matthew Gregory Lewis (1775-1818) en fait le pilier d’une puissante dramaturgie. Lord Byron (1788-1824) dépeint Satan comme le défenseur de la justice et de la liberté ! Applaudi à l’opéra, célébré par les poètes, réhabilité dans les romans, loué dans les illustrés, Satan est au sommet de sa popularité ! Avec cela, le spiritisme se développe (Allan Kardec, etc.). Et, nous le savons bien, notre époque prolonge et amplifie ce que le XIX° avait semé : salons de la voyance, intellectuels admirant Judas, groupes musicaux anti-christiques, festivals de l’enfer, etc.
Dans ce contexte qui va du XIX° siècle à nos jours, la vision du 27 novembre 1830 à la rue du Bac, prend donc un relief impressionnant !
Sans penser à ces gens qui applaudissent aussi directement Satan, il faut savoir qu’au XIX° siècle, dans la mouvance de la révolution française avec ses cultes de la raison ou de la nature, Georges Sand, Victor Hugo, Emile Zola voient poindre l’avènement d’une foi nouvelle ; Auguste Comte ira jusqu’à instaurer « la religion de l’humanité », mais tout cela sans le Christ rédempteur, sans Jésus né de Marie, sans sa croix, sans son Eucharistie.
La réfutation de l’existence de Dieu trouve ses lettres de noblesses avec Engels, Hegel, Feuerbach, Schopenhauer, Karl Marx (1818-1883), et Nietzche (1844-1900) qui a entrevu les ombres terrifiantes du nihilisme : Nietzche promet la venue d’un âge tragique avec une longue suite de démolitions, de destructions et de ruines.
L’Eglise réagit, mais elle est jugée dépassée... Le siècle suivant se chargera pourtant de démontrer le bien-fondé de la plupart de ces dénonciations. Le nationalisme, le scientisme et le communisme amèneront chacun leur cortège de folie et de drames.
Dans ce contexte aussi, la vision du 27 novembre 1830 à la rue du Bac, prend un relief impressionnant !
O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous : une prière pour aujourd’hui
La Vierge Marie est immaculée, elle a toujours été victorieuse sur Satan, elle est engagée elle-même dans le combat spirituel contre le mal et nous aide dans ce combat. Lorsqu’on se trouve confronté au mal, aux scandales, à la corruption, à la guerre, à l’ésotérisme, nous avons besoin de la très sainte Vierge : parce qu’elle est conçue sans péché, elle peut affronter pour nous le mystère d’iniquité, elle nous ouvre les bras, elle nous prend en elle, elle prie pour nous, avec nous, en nous ; sans elle nous ne pouvons pas affronter le mal car il nous choque et nous blesse, alors elle le fait pour nous : « O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ».
En particulier, la prière « O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous » a une résonnance toute particulière en ces années où se développent diverses méthodes de procréation. Psychologues et psychiatres sont parfois témoins de situations complexes. Quand il y a eu un certain bricolage procréatif, la personne ainsi conçue peut ressentir au fil du temps une sorte de maltraitance originelle, à la conception même. Pour en guérir, il faudrait d’abord l’exprimer. Or c’est très difficile, d’une part parce que c’est originel, et d’autre part parce que le fait d’exprimer ce genre de souffrance pourrait sembler récuser l’amour sincère que ses parents lui portent. Invoquons Notre Dame de préserver et de guérir notre société : « O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ».
La médaille miraculeuse : médaille des derniers temps.
Notre Dame de la rue du Bac est la Femme qui écrase le serpent selon le livre de la Genèse (Gn 3, 15), c’est donc aussi la Femme de l’Apocalypse. Le pape Pie X l’a expliqué d’une manière simple, toujours actuelle.
« Un grand signe - c’est en ces termes que l’apôtre saint Jean décrit une vision divine - un grand signe est apparu dans le ciel : une femme, revêtue du soleil, ayant sous ses pieds la lune, et, autour de sa tête, une couronne de douze étoiles (Ap 12, 1). /…/ Et l’Apôtre de poursuivre : Ayant un fruit en son sein, l’enfantement lui arrachait de grands cris et lui causait de cruelles douleurs (Ap 12, 2). Saint Jean vit donc la très sainte Mère de Dieu au sein de l’éternelle béatitude et toutefois en travail d’un mystérieux enfantement. Quel enfantement ? Le nôtre assurément, à nous qui, retenus encore dans cet exil, avons besoin d’être engendrés au parfait amour de Dieu et à l’éternelle félicité. Quant aux douleurs de l’enfantement, elles marquent l’ardeur et l’amour avec lesquels Marie veille sur nous du haut du ciel, et travaille, par d’infatigables prières, à porter à sa plénitude le nombre des élus. [...] Avec quelle rage, avec quelle frénésie n’attaque-t-on pas aujourd’hui Jésus-Christ et la religion qu’il a fondée ! [...] Mais la Vierge ne laissera pas, de son côté, de nous soutenir dans nos épreuves, si dures soient-elles, et de poursuivre la lutte qu’elle a engagée dès sa conception, en sorte que quotidiennement nous pourrons répéter cette parole : Aujourd’hui a été brisée par elle la tête de l’antique serpent. » (Pie X, Ad diem illum laetissimum, 1904)
Catherine remarque que Marie porte à chaque main quinze anneaux (trois à chaque doigt) resplendissants et ornés de pierreries magnifiques, dont certaines présentent peu ou pas d’éclat :
« C’est le symbole des grâces que je répands sur ceux qui me le demandent, et les pierreries d’où il ne sort pas de rayons, ce sont les grâces que l’on oublie de me demander », lui-dit-elle.
Nous sommes à la veille du premier dimanche de l’Avent, autrement dit, au seuil de l’année liturgique par laquelle le chrétien s’unit au Christ dans tous ses mystères : Noël, les mystère joyeux. La semaine sainte, les mystère douloureux. Pâque, Pentecôte et l’Assomption, les mystères glorieux.
L’apparition ne demande pas explicitement le Rosaire comme elle le fera par exemple à Fatima. Certains se contenteront de porter la médaille et de dire l’invocation. Mais le nombre des anneaux, trois sur chaque doigt, évoque sans aucun doute les quinze mystères du rosaire.
Marie obtient de Dieu, pour nous, toutes ces grâces que symbolisent les rayons de lumière qui irradient de ses mains ouvertes, à la seule condition que nous osions les demander, avec la confiance, la hardiesse, la simplicité d’un enfant. Et c’est ainsi que Marie nous mène vers son divin Fils.
Le revers de la médaille doit aussi être expliqué en lien avec la vision de la Vierge au globe qui a précédé la vision de la médaille.
Sur le revers de la médaille, on voit que l’orfèvre a fait un M et une grande croix. Mais dans la vision de sainte Catherine, la lettre M est surmontée d’une petite croix. La ligne transversale à la base de la croix y indique la terre, et correspond à la vision préliminaire où Marie tient dans sa main « le globe surmonté d’une petite croix ». Ce globe doré surmonté d’une petite croix signifie l’humanité rachetée et glorifiée, la couleur doré dit la gloire, et la petite croix rappelle le sacrifice rédempteur. De même, la barre et la croix signifient le monde sauvé par le Christ rédempteur.
Le « M » est l’initiale de Marie, la croix est la Croix du Christ. Les deux signes enlacés montrent le rapport indissoluble qui lie le Christ à sa très sainte Mère.
Toujours sur le revers de la médaille, en bas, nous voyons deux cœurs, l’un entouré d’une couronne d’épines, l’autre transpercé d’un glaive.
Le cœur couronné d’épines est le Cœur de Jésus.
Le cœur percé d’un glaive est le Cœur de Marie, sa Mère.
Les deux cœurs sur la même ligne - celui de Marie (transpercé) et celui de Jésus (couronné d’épines) - expriment le degré extraordinaire de l’unité de la mère avec son Fils, unis « par un lien étroit et indissoluble » (Vatican II, Lumen gentium 53).
La présence des douze étoiles sur le revers de la médaille n’a été demandé ni par Catherine Labouré ni par son père spirituel, le père Aladel. C’est un ajout de l’orfèvre. La femme de l’Apocalypse est couronnée de douze étoiles (Ap 12).
La médaille nous inspire une prière…
… Une prière pour notre pays puisque ce globe, c’est le monde, et c’est la France
« Oui, Notre Dame,
nous croyons que par vos Deux Cœurs aimants, dans leur Flamme Aimante, toute arrogance et tout orgueil humains, toute impiété et toute dureté de cœur seront effacés, le mensonge de Satan démasqué, et l’Antichrist jugé.
Ô Sacré Cœur de Jésus et Cœur Immaculé de Marie, enflammez notre cœur et demeurez en nous afin que les pauvres soient servis, que la vie soit protégée dès sa conception, et que s’accomplisse cette parole de Jésus :
« Ces choses-là, / je vous en ai parlé
afin que ma joie / soit en vous
et que devienne parfaite / votre joie.
Celui-ci est mon commandement :/ Brûlez d’amour les uns pour les autres,
De la même façon que, moi, / j’ai brûlé d’amour pour vous.
D’amour brûlant / il n’y en a pas de plus grand que celui-ci :
Qu’un homme dépose son âme / en échange de ses amis. » (Jn 15, 11-13 FG)
« Mon-Père juste, / le monde ne t’a pas connu.
Moi, cependant, / je t’ai connu !
Et eux, ils ont connu / que, Toi, tu m’as envoyé !
26. Et je leur ai fait connaître ton Nom, /et je le leur fais connaître, Moi !
Afin que cet amour brûlant dont tu m’as aimé ardemment, soit en eux,
Et [que], Moi, / Je Sois en eux ! » (Jn 17, 20-26 FG)