Récit des apparitions
"Je la regarde, et elle me regarde"
Un message
La croix dans le ciel
Un message oecuménique
Pontmain dans le monde
Au Canada,
Aux États-Unis,
Au Vietnam,
A Tahiti,
Au Cameroun,
En Pologne,
C’est arrivé le 17 janvier 1871. L’invasion allemande déferle vers la Loire. Le village de Pontmain, cinquante kilomètres au nord de Laval, est menacé.
Peu avant dix-huit heures, Jeannette Détais, l’« ensevelisseuse » (c’est son métier d’indigente), apporte aux Barbedette des nouvelles des soldats. Eugène en profite pour faire la pause et observer « les signes dans le temps » : le ciel est limpide, étoilé, et la neige couvre les toits. Va-t-il revoir l’aurore boréale du 11 janvier ? Non, mais tout autre chose qui l’intrigue et l’attire : du côté de la Grande Ourse, au-dessus du toit de la maison Guidecoq, voici une silhouette humaine : robe bleue parsemée d’étoiles d’or (analogue à celles du plafond de l’église) ; un sourire dans le ciel ; les mains de cette femme sont un geste d’accueil. Eugène est saisi et déconcerté : « Je la regarde, et elle me regarde », dira-t-il. Elle semble heureuse de le voir. Elle le pénètre, mais sans extase.
Arrivent Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé : deux filles de l’école. Elles voient et battent des mains, joyeuses, comme les garçons : « Oh ! la belle Dame ! »
On avertit le curé : l’abbé Guérin (soixante-neuf ans). Il arrive inquiet, avec sa gouvernante munie d’une lanterne. La prière s’est déjà improvisée.
Deux tout-petits regardent aussi avec un sourire ravi : Eugène Friteau (deux ans), infirme, enveloppé dans le châle de sa maman, et Augustine Boiteau, encore plus petite, qui gazouille avec enthousiasme : « Le Zésus ! le Zésus ! »
Les voyants signalent alors : « V’là d’què qui s’fait » (quelque chose se fait).
Un cadre s’est formé autour de l’apparition, une sorte de mandorle, ornée de quatre bougies à l’intérieur. Une petite croix rouge est apparue à l’endroit du cœur. Il y a maintenant plus de cinquante personnes : « V’là qu’elle tombe en humilité » (c’est-à-dire en tristesse), dit Eugène.
Une banderole apparaît dans le ciel, horizontalement.
«Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps, Mon Fils se laisse toucher.»
L’apparition confirme la phrase d’un sourire.
La phrase consolante s’achève par un point conclusif : « gros comme un soleil », disent les enfants.
Le message est terminé, mais voici un nouveau signe : les enfants le décrivent : « Un grand crucifix apparaît dans le ciel. Notre-Dame le tient devant elle, à deux mains, légèrement incliné. Une croix d’environ 40 centimètres », ont-ils évalué. En haut, un écriteau est fixé : « JESUS-CHRIST » ; rouge, couleur du sang versé durant la Passion et aujourd’hui dans la guerre qui déferle. La foule chante le Parce Domine : Epargne, Seigneur ! C’est le moment le plus poignant. La tristesse devient plus profonde sur le visage de l’apparition.
Une étoile monte dans le ciel. Elle vient allumer successivement les quatre bougies de la mandorle. Notre-Dame salue cette lumière d’un nouveau sourire.
Il est environ vingt heures trente : « Faisons tous ensemble la prière du soir », demande le curé. Pendant l’examen de conscience, avant l’acte de contrition, une dernière phase commence. Les enfants la décrivent au fur et à mesure : Un grand voile blanc apparaît aux pieds de la Vierge. Il monte lentement devant elle et la cache progressivement, de bas en haut.
Chacun rentre chez soi, dans le recueillement et l’espérance. L’angoisse de la guerre s’est évanouie. Les Allemands ne viendront pas jusqu’à Pontmain. Tous les soldats du village reviendront successivement sains et saufs. La joie est profonde et discrète.
Des participants orthodoxes à la célébration du 17janvier 1971, en écoutant le récit de l’Apparition, ont déclaré : «c’est une icône». […] Marie s’entoure d’un ovale de gloire et, lorsque la prière monte de la terre vers elle, la simple prière du chapelet, elle grandit, elle devient prodigieusement belle […] les étoiles s’écartent, elles se précipitent sur sa robe qui en devient toute ensoleillée. C’est vraiment une grande image somptueuse, transparente à la gloire céleste. N’est-ce pas comme la présence de Marie au milieu de nous qui nous encourage de son regard ?
L’Apparition, en raison de son caractère christocentrique est accessible à nos frères protestants. Elle a gagné un groupe de théâtre chrétien à direction protestante au point qu’il a mis en scène l’Apparition sous le titre : «La Visiteuse inattendue» et qu’il a lancé pour la quatrième année un colloque œcuménique sur la place de Marie dans le culte, dans la vie chrétienne, dans l’Ecriture. En effet, à Pontmain, en un temps de guerre, est apparu dans le ciel ce message :
«Mais priez mes enfants» : c’est l’écho des pressantes invitations du Christ à prier sans cesse, comme priaient ces innombrables boiteux, aveugles ou paralytiques de l’Evangile. Jésus nous invite à prier avec insistance, en esprit de foi, et dans l’humilité, recherchant la volonté du Père, et non la nôtre. «Dieu vous exaucera en peu de temps» en est le prolongement. Marie rappelle que toute prière s’adresse à Dieu, et à Dieu seul, de qui vient tout don. Elle exprime aussi que la prière est efficace. «Mon Fils se laisse toucher», rappelle à tout homme la médiation de Jésus le Christ, le Fils de Dieu, qui s’est fait homme, et qui est «en toutes choses semblable à ses frères» (Lettre aux Hébreux).
Dans le diocèse de Prince-Albert, Notre Dame de Pontmain, patronne de la mission indienne de Muskeg Lake.
Si vous allez en direction du Grand Nord, à 220 kilomètres de Montréal, dans les Laurentides, vous éprouverez peut-être une certaine émotion en découvrant un petit village au bord d’un lac, Notre-Dame de Pontmain, dont la petite église rappelle celle de Pontmain en France, avec sa voûte arrondie peinte en bleue. Ce petit village existe depuis 1884 et la construction de la chapelle remonte à 1904.
La basilique nationale construite à Washington en l’honneur de l’Immaculée Conception en 1920 a été achevée en 1994 par une chapelle en l’honneur de Notre Dame d’Espérance de Pontmain.
Notre Dame de Pontmain vous attend et vous accueille sur la façade de la cathédrale de Long Xuyen : une statue de 8 mètres de hauteur domine et ne manquera pas de susciter votre admiration. Cette architecture répond au désir spirituel de l’évêque du lieu, Mgr Mguyen Thac Ngu, qui projeta la construction d’un sanctuaire dédié à Notre Dame de la Paix.
A Noël 1995, la Vierge de Pontmain visita aussi les familles religieuses et les malades des hôpitaux au Vietnam. C’est à l’initiative du Père Alphonse, aumônier des lépreux de Phuoc-Tan, qu’une statue de Notre Dame de Pontmain arriva le 27 décembre 1995 de Pontmain à Saïgon, dans la chambre d’hôpital du Père Alphonse. Elle visita le Carmel, puis la léproserie de Phuoc-Tan. Honorée d’un endroit à l’autre, elle fut reçue avec un grand empressement et suscita tout un courant de prière. Ainsi, le message confié par Marie à la petite paroisse de Pontmain le 17 janvier 1871 continue de se répandre dans les cœurs de nos frères vietnamiens.
Depuis 1998, une très belle statue de Notre-Dame de Pontmain offerte par le Frère Duval, O.M.I., à l’église Notre Dame de Grâces, à Puurai dans l’île de Tahiti et Wallis à 22.000 kilomètres de Pontmain, fait la joie de nos frères tahitiens qui honorent Marie par leurs danses et leurs prières.
Pontmain est en relation avec le Cameroun grâce au Père Rivain, ancien recteur du sanctuaire de Pontmain, qui fut pendant des années à Douala où il exerça son ministère. Le 17 juin 2000, au cours d’une messe solennelle au village de Bamendjinda, fut érigé un poste de mission catholique sous le vocable Notre Dame de la Prière. La statue de Notre Dame de Pontmain fut intronisée le jour même. C’est au cours de cette messe que fut installé le premier catéchiste du poste, Jean-Bosco Talek.
A Makow-Podhalanski, dans l’église du sanctuaire de Notre Dame des Familles. Vous pourrez découvrir Notre Dame de Pontmain arrivée ici à la suite du jumelage célébré le 31 août 1986.
Etc…
Pour aller plus loin :
http://www.sanctuaire-pontmain.com/
René LAURENTIN, « Pontmain », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
Jean RIVAIN, Le culte marial à Pontmain du début du concile Vatican II à nos jours 1960-1992 dans P.A.M.I. (ed), De cultu mariano Saeculo XX, vol V, 1999, pp.97-125, extraits choisis par F.Breynaert