1er janvier. Sainte Marie Mère de Dieu

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1ère lecture Nb 6, 22-27

Psaume Ps 66 (67), 2-3, 5, 6.8

Deuxième lecture Ga 4, 4-7

Évangile (Lc 2, 16-21)

1ère lecture Nb 6, 22-27

Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : « Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël : “Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !” Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. » Parole du Seigneur. (Nb 6, 22-27)

Cette bénédiction de paix est donnée au chapitre 6 du livre des Nombres dans le cadre de la marche des Hébreux entre le Sinaï et Canaan. Le chapitre précédent parle de diverses purifications. Pour que le Seigneur puisse faire briller son visage, il faut démasquer la tromperie dont Satan se sert. Il faut prier pour que la vérité triomphe dans tous les cœurs. Le peuple qui reçoit cette bénédiction est un peuple qui a quitté la terre d’idolâtrie, et qui est en train de vivre une purification au désert.

Moïse parle à Aaron et à ses fils, c’est-à-dire au grand prêtre et aux prêtres, et il leur enseigne la bénédiction sacerdotale. Le prêtre transmet une bénédiction qui est la bénédiction même de Dieu. « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! » C’est le prêtre qui transmet cette bénédiction parce que c’est son rôle de transmettre la parole de Dieu gardée dans le sanctuaire, la bénédiction de Dieu qui vient du Saint des Saints.

« Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! » Depuis l’Incarnation du Fils de Dieu, nous avons vu le visage de Dieu en Jésus, son visage qui s’éclairait magnifiquement lorsqu’il voyait les gens avoir foi en lui, le prier avec confiance, partager sa pensée divine pour aimer leur prochain… alors son regard était un soleil d’azur. Et lorsqu’on a une fois vu le visage du Seigneur briller, toute la vie en est illuminée. Comme Véronique, on en garde l’empreinte. Comme les bergers de Noël, on s’en va témoigner tout autour de nous. Comme Zachée, on est capable d’une vie nouvelle.

« Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » Dieu est le Dieu de la paix, Dieu est la paix même. C’est dans les mythologies grecques, latines ou Babyloniennes que les dieux font la guerre, mais ces divinités là sont des inventions humaines, des projections de l’imagination. Dieu notre Créateur est la paix même. Une paix qui est une plénitude de bien.

« Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. »

La paix qui est en Dieu, la paix qui est Dieu, cette paix est communiquée aux fils.

Nous avons la chance de connaître Jésus et de pouvoir le prier : « Enfant divin de Bethléem, c’est toi qui nous sauves en nous libérant du péché. Tu es le véritable et unique Sauveur, que l’humanité cherche souvent à tâtons. Dieu de la paix, don de paix pour toute l’humanité, viens vivre dans le cœur de tout homme et de toute famille ! Sois notre paix et notre joie ! Amen ! » (Jean Paul II, Message de Noël «Urbi et Orbi» 1994)

L’évangile de ce jour nous dit qu’après la visite des bergers de Noël, Marie « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur », parmi ces événements, il y avait :

« Les nombreuses puissances des Cieux,
qui glorifiaient Dieu / en disant :
14 ‘Gloire à Dieu / dans les Hauteurs ;
et paix / sur la terre ;
et bonne espérance / aux hommes !’ » (Lc 2, 13-14 de l’araméen)

Et Marie a reçu cette paix, et elle l’a gardée.

Il ne suffit pas d’entendre la parole de Dieu, il faut, par un acte de volonté, la retenir, la garder. La vie n’est pas tous les jours très drôle, mais nous pouvons, par un acte de volonté, garder en nous la paix. En prenant de la hauteur, en regardant Dieu, en pensant que Dieu qui nous a créé veut notre bien et il a préparé pour nous le bonheur éternel du Paradis.

St Bernard dit : « Dès l’origine le Seigneur disait : "Pour moi, j’ai des pensées de paix et non d’affliction" (Jr 29,11). Mais Seigneur, ta pensée elle reste en toi et ce que tu penses, nous ne le connaissons pas ; car enfin : "Qui a connu la pensée du Seigneur, qui a été son conseiller ?" (Is 40,13). Aussi cette pensée de paix est-elle descendue faire son œuvre de paix : le Verbe s’est fait chair et habite désormais parmi nous. Il habite à coup sûr dans nos cœurs par la foi, il habite en notre mémoire, il habite en notre pensée et descend même jusqu’à notre imagination. » (St Bernard, Sermon de l’aqueduc, 10)

En ce jour, nous fêtons sainte Marie, Mère de Dieu. Le Credo du concile de Chalcédoine, en 451 dit : « Celui qui avant les siècles est engendré par le Père selon la divinité, dans les derniers jours, le même, pour nous et pour notre salut, est engendré par Marie Vierge Mère de Dieu selon l’humanité ».

Les orientaux disent que Marie est la « Theotokos », ce qui apporte une nuance un peu différente : la Theotokos c’est celle qui porte Dieu, donc, oui, elle est la maman qui enfante Jésus, le Fils de Dieu, mais en disant Theotokos, celle qui porte Dieu, on souligne aussi qu’elle apporte Dieu, avec la nuance d’une médiation maternelle : elle nous apporte Dieu, pour que Dieu habite en nous comme en son sanctuaire.

La paix est un précieux don de Dieu. Recherchez-la, priez et vous la recevrez. Réservons un temps de la journée pour prier dans la paix et l’humilité, pour rencontrer le Dieu Créateur. Ste Thérèse d’Avila écrivait dans Le château intérieur, troisièmes Demeures : « Croyez que Dieu, même s’il ne leur accorde point ses délices, donnera à celles qui sont vraiment humbles une paix et une acceptation qui les rendront plus heureuses que certains de ceux qu’il régale. »

Marie, la Theotokos, nous invite à la paix, pour que vous la viviez dans vos cœurs et autour de vous, pour que tous connaissent cette paix qui vient, non pas de vous, mais de Dieu. Sainte Elisabeth de la Trinité priait en disant : « O mon Dieu Trinité que j’adore […] pacifiez mon âme, faites en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. » (Sainte Elisabeth de la Trinité, notes du 21.11.1904)

Psaume Ps 66 (67), 2-3, 5, 6.8

« Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s’illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie, car tu gouvernes le monde avec justice ; tu gouvernes les peuples avec droiture, sur la terre, tu conduis les nations.

Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore ! »

Ce psaume chante la providence divine, Dieu est roi et gouvernes le monde comme l’avait compris Isaïe dans sa vision au Temple, le jour de sa vocation (Is 6). Dieu est le souverain maître de l’histoire. Il agit dans l’histoire par son Esprit, son souffle saint, RuaH ha kaddosh. Saint Jean-Paul II expliquait :

« L’Esprit de Dieu est divin sous tous les aspects. Il ne s’agit pas d’une réalité que l’homme peut conquérir par ses propres forces, mais d’un don qui vient d’en-haut : on ne peut que l’invoquer et l’accueillir. Infiniment différent par rapport à l’homme, l’Esprit est communiqué avec une gratuité totale à ceux qui sont appelés à collaborer avec lui dans l’histoire du salut. Et lorsque cette énergie divine rencontre un accueil humble et disponible, l’homme est arraché à son égoïsme et libéré de ses peurs, et dans le monde fleurissent l’amour et la vérité, la liberté et la paix.

Un autre trait de l’Esprit de Dieu est la puissance dynamique qu’il révèle en intervenant dans l’histoire. […] La conception biblique du "ruaH" indique une énergie suprêmement active, puissante, irrésistible : l’Esprit du Seigneur, — comme nous le lisons dans Isaïe — est comme un torrent débordant (Is 30, 28). C’est pourquoi lorsque le Père intervient à travers son Esprit, le chaos se transforme en cosmos, la vie éclate dans le monde et l’histoire se remet en route. » (Jean Paul II, Audience du 13 mai 1998)

Quand Dieu a créé le monde, il a un plan, un projet de nous rendre heureux et saints, participants de sa vie divine. C’est aussi le plan de sainte Marie, Mère de Dieu, la Theotokos. Dans ce plan, chacun est important – chaque cœur qui s’est converti et qui est devenu instrument de paix dans le monde. Les groupes de prière sont forts et à travers eux l’Esprit Saint agit dans le monde.

Peut-être parmi vous, certains sont malades, sachez aussi que « les forces du mal seront désarmées par le sacrifice des faibles et des malades, unis au mystère pascal du Christ Rédempteur. » (Jean Paul II, homélie du 11 février 1994, §5)

Sainte Marie, Mère de Dieu, que nous fêtons aujourd’hui prie avec nous pour la paix, la paix dans vos cœurs, la paix dans vos familles, la paix dans vos désirs et la paix dans le monde entier. Rappelons la première lecture : « Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » Sainte Marie est la mère de Jésus qui est le Roi de la Paix. Que le Roi de la Paix vous bénisse aujourd’hui et vous donne la paix !

En ces temps difficiles, il faut prier pour pacifier son âme. Sans la paix vous ne pouvez faire l’expérience de la naissance de Jésus enfant, ni dans cette octave de Noël, ni dans votre vie quotidienne. C’est pourquoi, priez le Seigneur de la paix pour qu’Il vous protège de son manteau, et qu’Il vous aide à saisir la grandeur et l’importance de la paix dans vos cœurs. Ainsi, vous pourrez répandre la paix de vos cœurs dans le monde entier. Partout Notre Dame nous fait comprendre qu’elle est avec nous et qu’elle intercède pour nous devant Dieu. Elle nous invite à nous réconcilier les uns avec les autres, et à faire peu à peu régner la paix sur la terre.

Ce temps est un temps de grandes grâces, mais aussi un temps de grandes épreuves pour tous ceux qui veulent suivre le chemin de la paix, qui est aussi vérité, et pardon.

Ce jour de la solennité de sainte Marie mère de Dieu, est un jour favorable pour lui parler avec des mots tout simples qui sortent du cœur. Exprimons-lui nos soucis, nos demandes, nos douleurs, et aussi notre amour. Marie est la mère de Dieu, la Theotokos, littéralement celle qui porte Dieu, elle porte dans les bras le Petit Jésus, Roi de la Paix. Elle désire nous apporter la paix.

Le psaume dit : « Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s’illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. »

L’évangélisation du monde par la première génération a été fulgurante. Et le jugement de ceux qui n’acceptent pas son règne aurait pu venir très rapidement. Mais Jésus a annoncé la venue de faux messies (Lc 21, 8) et saint Cyrille de Jérusalem (Fragment 318) dit qu’ils viendront « en s’appliquant à eux-mêmes son visage [prosôpon] », c’est-à-dire en opérant une contrefaçon du christianisme, ils porteront le masque [prosôpon] du Christ. On les appelle aussi des antichrists, sortis de la communauté chrétienne (1Jn 2, 18-19). Ces ex-chrétiens sont porteurs de déformations de l’évangile (par les gnoses et par les messianismes) de sorte que le jugement ne peut plus se faire uniquement pour ou contre Jésus, parce qu’une grande partie des hommes n’auront pas à accès à une vraie connaissance de Jésus. Logiquement, un unique Antichrist (2Th 2) devra un jour se manifester mondialement, pour que le jugement du monde puisse aussi se faire pour ou contre l’Antichrist.

En attendant, quels que soient les conflits que le monde traverse, le chrétien doit penser à que les guerres auront une fin, et que viendra un temps de paix, quand Jésus reviendra dans la gloire : il anéantira l’Antichrist et ses suppôts, tous les semeurs de troubles qui font tomber les autres, et quand il instaurera son règne, un règne de Paix.

Ne soyez ni anxieux, ni inquiets. Dieu vous aidera et vous montrera la voie. L’évangile en général nous enseigne à aimer tous les hommes les bons comme les méchants, à les aimer de l’amour même de Dieu. Seulement ainsi l’amour pourra conquérir le monde. Comme dit le psaume « Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore ! »

Deuxième lecture Ga 4, 4-7

Le chapitre 4 de la lettre aux Galates commence ainsi :

« 1 Or je dis: aussi longtemps qu’il est un enfant, l’héritier, quoique propriétaire de tous les biens, ne diffère en rien d’un esclave. 2 Il est sous le régime des tuteurs et des intendants jusqu’à la date fixée par son père. 3 Nous aussi, durant notre enfance, nous étions asservis aux éléments du monde. » [Et c’est ici que commence la lecture de ce dimanche :] « 4 Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, 5 afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. 6 Et la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! 7 Aussi n’es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu. » (Ga 4,1-7)

Nous sommes donc passés d’une condition d’enfant ou d’esclave (Ga 1,1-3) à une condition de fils héritier (Ga 4,6-7) ; nous sommes dans une condition nouvelle et tout cela est l’œuvre de Dieu, c’est Dieu qui envoie son Fils (Ga 4,4) et qui envoie l’Esprit de son Fils (Ga 4,6).

Ce texte fait partie de ces passages du Nouveau Testament rédigés selon un schéma d’envoi : on y parle de Dieu (le Père) qui "envoie" (Gal 4,4, Rm 8, 3-4, 1 Jn 4,9), ou qui "donne" (Jn 3, 16) son propre Fils au monde. Le Fils "envoyé" par Dieu est préexistant comme "Fils" du Père. Avec l’Incarnation, le divin-préexistant passe à une autre forme d’existence, selon la chair. Jésus de Nazareth n’est pas seulement un homme particulièrement aimé par Dieu, ou un fils préféré. Il est Dieu au sens véritable. Le Fils est objet de révélation divine, et c’est Jésus-Christ. (J’ouvre une parenthèse, ce point est très mal compris par les musulmans, et le petit livre Le Messie va revenir, soeur Françoise parle aux musulmans explique cela d’une manière très adaptée pour eux). Dès le début de sa lettre aux Galates, Paul a affirmé avec force la divinité de Jésus-Christ : « Paul, apôtre non de la part des hommes ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père…» (Ga 1,1 ; cf. 1, 10 et 1,12).

La venue de Jésus advient à la « plénitude des temps » (Ga 4, 4). Le temps, après avoir mûri dans les étapes préparatoires, atteint enfin le moment favorable où peut avoir lieu l’envoi du Fils de la part du Père. Désormais, le temps est comme "rempli et habité" de la Présence du Christ, qui lui confère tout son sens.

Pour les Pères de l’Église, il y a 5 âges avant le Christ ; avec la naissance de Jésus, c’est le 6e âge, et le temps de sa venue glorieuse sera le 7e âge, le grand shabbat de l’histoire, pour reprendre le titre du livre de Gabrielle Lévy, (Le 3e Temple et l’ultime shabbat). Saint Pierre Damien commente : « De même en vérité que le fruit des vignes est attendu durant toute l’année, mais n’est vendangé seulement qu’en automne, de même notre Rédempteur - signifié d’avance par la Loi, annoncé par les prophètes, attendu avec un désir ardent par tous les saints, depuis Adam jusqu’à l’accomplissement du cinquième âge - est advenu seulement au temps de Marie… Ainsi est-il dit par l’apôtre : "Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sous la Loi…" (Gal 4,4) » (Saint Pierre Damien, In Nativitate Sanctae Mariae serma secundus, 13 (CCLM 57, p.284)

De plus, dans la lettre aux Galates, le mystère pascal, en tant que mort et résurrection du Christ est au centre du message : saint Paul rappelle "le Christ crucifié" (Ga 3,1; cf 2,19), "le scandale de la croix" (5,11), "la croix du Christ" (6,12), "la croix de notre Seigneur Jésus Christ" (6,14), par la croix, le Christ s’est livré pour nos péchés (1,4), saint Paul dit : le « Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi » (2,20). Mais « Dieu le Père – confesse Paul en ouverture de la lettre aux Galates - l’a ressuscité d’entre les morts » (1,1). L’Esprit du Fils, l’Esprit Saint, est donc le fruit du mystère pascal.

L’effet de la venue de Jésus parmi nous est que nous devenons aussi fils de Dieu, en vertu de l’Esprit Saint, qui est l’Esprit de Jésus. Devenus "fils dans le Fils", nous pouvons invoquer Dieu avec le nom ineffable de "Père". « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père"! » (Gal 4,6). L’Esprit Saint ou la vie de relation intime qui unit le Fils au Père, appartient vraiment au Fils lui-même ; c’est « l’Esprit de son Fils » (Gal 4,6).

Une traduction littérale de l’araméen donne :

« 4. Or quand arriva la plénitude du temps šūlāmēh dzaḇnā, / Dieu envoya son fils :

et il fut d’une femme [wahwā men ᵓattṯā], / et il fut sous la Loi [wahwā tḥēṯ nāmūsā].

5. afin que ceux qui sont sous la Loi, / il les rachète,

et que nous recevions / le trésor des fils [sīmaṯ bnayyā].

6. Et parce que vous êtes fils, / Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos cœurs,

celui qui crie / ‘Abba, notre père’.

7. Désormais vous n’êtes plus esclaves (serviteurs) / mais fils,

et si vous êtes fils, vous êtes aussi héritiers de Dieu / par [la main de] Jésus le Messie »

La "liberté" dont le Christ a gratifié le chrétien n’est pas un prétexte pour vivre selon la chair, c’est-à-dire en s’abandonnant aux instincts aveugles de l’égoïsme - « Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair ; mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres » (Ga 5,13). Il s’agit du passage d’une Loi à une autre c’est-à-dire de la Loi de Moïse (Ga 4,5) à la « Loi de Christ » (Ga 6, 2) : quand quelqu’un est du Christ, il est clair que le Christ devient pour lui le principe d’une nouvelle vie. « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20). Ainsi transformé par cette rencontre avec le Christ et avec son Esprit, le croyant devient une « créature nouvelle » (Ga 6,15).

Jésus confie à une mystique : « Ma fille, la vie dans ma Volonté est ce qui se rapproche le plus de la vie des bienheureux dans le Ciel. […] Qu’on ne se contente pas uniquement de faire ma Volonté, mais qu’on la possède ! Ne suis-je pas libre de donner ce que je veux, quand je le veux et à qui je veux ? Le maître n’est-il pas comme un seigneur qui peut dire à un serviteur : vis dans ma maison, mange, prends, commande comme un autre moi-même ? Personne ne peut empêcher ce serviteur de posséder les biens de son maître. Le maître considère ce serviteur comme un fils, lui donnant le droit de posséder [cf. Ga 4, 6 !]. Si un homme riche peut le faire, je peux faire encore bien plus » (Luisa Piccarreta, Le livre du Ciel, Tome 17, 18 septembre 1924)

Évangile (Lc 2, 16-21)

« En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception. – Acclamons la Parole de Dieu. » (Lc 2, 16-21)

Les bergers préfigurent les apôtres et les bergers de l’Église, et je voudrais commencer par mettre brièvement cet évangile en lien avec la première multiplication des pains quand, au retour de leur première mission, les Douze sont d’abord amenés par Jésus à faire une « retraite » « à un lieu désert de Beth Saïda » (Lc 9, 10). Or voici que la foule arrive et Jésus va opérer le miracle pour nourrir 5000 hommes. Les gestes de Jésus sont remarquables : il « prit », « regarda dans les cieux », « bénit » et « rompit » et « donna à ses disciples pour qu’ils les déposent [dans les mains des gens des] foules » (Lc 9, 16). En araméen, les disciples doivent littéralement « déposer [sīm] » le pain. Ce verbe est un rappel de la perle de la Nativité qui répéta deux fois que Jésus fut « déposé [sīm] » dans une « mangeoire » (2, 12. 16). Jésus, né à Bethléem, littéralement « la maison du pain », est lui-même le pain pour nourrir les foules ; on parlera aussi du « dépôt » de la foi.

Le 1er janvier est la première fête mariale de la liturgie romaine. 8 jours après la Nativité du Seigneur, l’Église a célébré la circoncision de l’enfant et la grandeur de la maternité de la Vierge Marie.

Découvrons la Collecte du Sacramentaire Grégorien, au VII° siècle : – Le mot Collecte signifie que l’on avait auparavant une longue liste d’intentions de prières, comprenant aussi les besoins particuliers de l’assemblée, et qu’on les rassemble maintenant par ces mots : « O Dieu qui par la bienheureuse Marie, virginité féconde, as offert au genre humain les trésors du salut éternel, Accorde-nous, nous t’en prions, de sentir qu’intervient en notre faveur, celle qui nous permit d’accueillir l’auteur de la vie. » (Gr H 82)

Nous demandons, non pas telle ou telle grâce, mais de ressentir, d’expérimenter l’intercession de Marie. Le texte ne dit pas « la Vierge féconde », mais « la virginité féconde», l’abstraction indique la sublimation ; Marie indique le sens de la virginité ; le paradoxe entre la virginité et la fécondité est volontairement souligné.

Cette collecte du VII° siècle ne nous a pas dépaysés, et c’est normal, car c’est aussi la collecte actuelle pour le 1° janvier :

« Dieu tout-puissant, par la maternité virginale de la bienheureuse Marie, tu as offert au genre humain les trésors du salut éternel ; Accorde-nous de sentir qu’intervient en notre faveur, celle qui nous permit d’accueillir l’auteur de la vie, Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur. » (Missel Paul VI ; 1e janvier)

Les prières liturgiques nous invitent à avoir confiance en l’intercession de Marie, et l’Evangile du jour (Lc 2, 16-21) dit : "Les bergers... trouvèrent Marie et Joseph, ainsi que le nouveau-né...". Ceci nous montre en quelque sorte le chemin à suivre pour aller vers Jésus : ce chemin, c’est Marie ! Non pas Marie seule, mais Marie avec Joseph, son époux virginal.

Dans l’Église byzantine, c’est le 26 décembre que l’on célèbre la Synaxe de la très sainte Mère de Dieu

Premières vêpres : O Christ, que pouvons-nous t’offrir en présent pour être apparu sur terre en notre humanité ? Chacune de tes créatures, en effet, exprime son action de grâces en t’apportant : Les anges leur chant – Le Ciel, une étoile – Les mages, leurs cadeaux – Les bergers, l’émerveillement, – La terre, une grotte, – Les près, une crèche, – Et nous-mêmes, une Mère vierge. – Dieu d’avant les siècles, aie pitié de nous. »

Liturgie du jour, Kondakion :

« Celui que le Père engendre avant l’aurore sans mère dans le ciel
Sans père s’incarne de toi sur la terre en ce jour ;
Un astre en donne aux mages la bonne nouvelle,
Tandis que les Anges en compagnie des bergers
Chantent ton pur enfantement,
Vierge comblée de grâce par Dieu. »

Liturgie du jour, Ikos : « La vigne mystique ayant produit sans labours le Raisin de la vie, comme sur des branches, en ses bras le portait, lui disant : Tu es mon fruit, tu es ma vie, tu es mon Dieu, par toi j’ai su que je demeure ce que j’étais ; voyant en effet que le sceau de ma virginité n’est pas brisé, je proclame que tu es le Verbe immuable devenu chair. Je n’ai pas connu les semailles et je sais que tu m’affranchis de la corruption, car je suis pure après ta sortie de mon sein : comme tu l’as trouvé, tu l’as laissé. Aussi l’entière création partage mon allégresse et me crie : Réjouis-toi, ô Vierge comblée de grâce par Dieu. »

Voici aussi, un extrait de la liturgie éthiopienne, extrait tiré de l’Anaphore de Marie Vierge, Fille de Dieu, composée par abba Ciriaque, évêque de Bahnasa. » Praeconium II. Il compare la divinité non pas à un feu terrestre, mais à un feu ineffable.

« O Vierge, quand le feu dévorant habita dans ton sein - son visage était feu, son vêtement était feu, sa splendeur était feu - alors comment ne te consume-t-il pas ?
Les sept voiles de feu où ont-ils été enfoncés, liés, étendus : dans ton sein, à ta droite ou à ta gauche, étant donné que tu es petite de corps ?
Le trône chérubique, flamboyant et entouré par des flammes incandescentes, où fut-il préparé dans ton sein, étant donné que tu étais une épouse petite ?
O toi, tout ensemble mère et servante !
O Matrice à la fois étroite et immense !
Conception sans mariage, par la seule parole !
Lait associé à la virginité ! »

Date de dernière mise à jour : 27/07/2023