« Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors, vous saurez que Je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai – oracle du Seigneur. – Parole du Seigneur ».
Ézéchiel est prêtre, originaire de Jérusalem, il passe son enfance aux abords du Temple. Il part en exil à Babylone en l’an 597 avant J-C, avec la première vague de déportés. Ensuite, il soutient la foi des exilés ébranlés par les événements et par les fastes de Babylone. Les prisonniers de guerre sont bien traités, ils s’installent, mais leur identité religieuse est menacée.
Après la chute de Samarie, le roi Josias et le Deutéronomiste avaient parlé en termes de donnant-donnant... On continuait de raisonner en termes de donnant-donnant : nous sommes devenus bons, nous n'avons que des défaites : c'est donc que Dieu n'existe plus. C'est donc que le vrai Dieu est le Dieu de Babylone, Marduk, celui qui a gagné la guerre. Et ainsi, pendant l’exil, beaucoup ont abandonné la foi dans le Dieu de l’Alliance, YHWH.
Au temps de la chute de Jérusalem, toujours dans la règle du donnant-donnant, Ézéchiel comprend autre chose : on était beaucoup plus pécheur qu'on ne l'imaginait... Et Dieu était beaucoup plus grand que ne l'avaient imaginé les prophètes d'autrefois. Ce sont des raisonnements qu'on n'aime pas faire. C'est exiger l'humilité, et l'humilité ne s'acquiert que dans la prière... Et cette humilité devant la transcendance de Dieu est un véritable chemin de foi, source de fidélité pour de nombreux croyants.
A titre d’illustration, saint Louis Grignon de Montfort a le sentiment aigu de son propre néant, non plus dans le vertige d'Ézéchiel, mais tout illuminé de l’amour de Jésus et Marie : « Si nous ne mourons pas à nous-mêmes, […] Dieu aura en abomination les plus grands sacrifices et les meilleures actions que nous puissions faire ; […] nous n'aurons pas une étincelle du pur amour, qui n'est communiqué qu'aux âmes mortes à elles-mêmes dont la vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu » (Traité de la vraie dévotion § 81)
Au début, accablé, Ézéchiel se tait. Dieu fait tout pour le faire sortir de son mutisme. Dieu le comble de vision, Ézéchiel se tait, il se prosterne (Ez. 1,28). Ézéchiel ne tient debout que parce que Dieu le veut bien : « l’Esprit entra en moi et me fit tenir debout » (2, 2). Dieu le charge de dire quatre mots « ainsi parle le Seigneur » (2,4), il se tait. Dieu lui fait manger le rouleau (2,8-9), bien qu’il semble doux, Ézéchiel se tait. Dieu le transporte auprès des déportés, il reste hébété pendant 7 jours (3,15). Dieu enfin le met devant sa responsabilité : « Je t’établis guetteur » (3,17). Il se tait encore ! Et Dieu accepte le silence d’Ézéchiel, il fait de ce silence sa parole (3,26).
Plus tard, Ézéchiel parlera enfin, « et lorsque je te parlerai, je t’ouvrirai la bouche » (Ez 3, 27). De façon très explicite ce n’est pas le prophète qui parle, mais c’est Dieu à travers lui.
La foi mûrit dans le silence. Dieu est bien au-delà des mots.
L’idole est muette elle nous sert de miroir, nous lui faisons dire ce que nous voulons, au bon moment. Quand Dieu parle au contraire, il pose un désir en face du mien. Son silence est à contre temps.: « Le jour j’appelle, point de réponse ; la nuit, pour moi, point de silence ! » (Psaume 22)
Quand Dieu fait silence pour refaire des forces de son prophète : Élie persécuté cherchait à retrouver la Présence dans la parole, et il la trouve dans le silence. Le silence de Dieu n’est donc pas une absence de réponse, mais à travers le silence Dieu se fait comprendre. Élie va se fier à ce silence et reprendre confiance...
Le silence de l’attente divine : il laisse le temps, la possibilité de répondre : ce temps est constitutif de la parole de Dieu.
Il y a aussi un silence quand Dieu marque sa transcendance : on a vu Dieu trop petit ! La transcendance de Dieu ne peut être décrite : « il est comme...,il avait la ressemblance... il paraissait... » (Ez. 1). Ézéchiel se tait devant une telle grandeur.
La foi d’Israël est une disposition confiante en la fidélité de Dieu qui fera vivre.
« Je viens chercher moi-même mon troupeau pour en prendre soin » (34,11).
« Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau. » (36,26)
Dans la lecture de ce dimanche : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël… Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » (Ez 37, 12-14). Cela signifie la renaissance du peuple des croyants : le peuple exilé ressuscite dans la foi. Il ne s’agit pas encore d’un texte sur la résurrection des morts. Le courant sacerdotal dont fait partie Ézéchiel (cf. les Saducéens) ne se prononce pas sur la résurrection des morts.
Et pour conclure, un extrait du 20 avril 1938 (t. 36) du Livre du Ciel de Luisa Piccarreta, servante de Dieu :
« Quiconque vit dans ma Volonté renaît à la lumière et peut dire : ‘Ma nuit est terminée’. Cette créature ressuscite dans l’amour de son Créateur de sorte que le froid et la neige n’existent plus pour elle. Elle ressent le sourire du printemps céleste.
Elle ressuscite à la sainteté qui chasse les faiblesses, les misères et les passions. Elle ressuscite à tout ce qui est céleste.
Si elle regarde la terre, le ciel ou le soleil, elle les voit pour trouver les oeuvres de son Créateur et pour avoir l’occasion de lui dire sa gloire et sa longue histoire d’amour.
Celle qui vit dans mon Vouloir peut dire comme l’Ange aux pieuses femmes lorsqu’elles sont venues au sépulcre : ‘Il est ressuscité. Il n’est plus ici’.
La créature qui vit dans mon Vouloir peut dire la même chose : ‘Ma volonté n’est plus avec moi. Elle est ressuscitée dans le Fiat’. »
« Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière ! Si tu retiens les fautes, Seigneur, Seigneur, qui subsistera ? Mais près de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne. J’espère le Seigneur de toute mon âme ; je l’espère, et j’attends sa parole. Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat. C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes ».
Ce psaume très célèbre est appelé le « De profundis ».
Le psaume s’adresse à Dieu en disant : « près de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne ». La crainte est une attitude de respect et d’amour. Il est significatif que ce qui fait naitre la crainte n’est pas le châtiment mais le pardon. Plus que la colère de Dieu, c’est sa générosité, sa magnanimité qui provoque en nous une sainte crainte.
« J’espère le Seigneur de toute mon âme ; je l’espère, et j’attends sa parole » : c’est l’expression de la certitude que Dieu prononcera une parole de libération qui effacera le péché.
La finale du psaume est branchée sur la foi historique du peuple de l’Alliance. « Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat. C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes ». C’est un rappel de l’histoire où Dieu fit tant de miracles pour son peuple, en particulier au moment de la sortie d’Égypte.
Écoutons maintenant comment saint Augustin méditait ce psaume :
« Du fond de l'abîme le Prophète a crié vers le Seigneur. Cet abîme est celui du péché, et l'homme qui a pu y tomber ne saurait s'en relever par lui-même. Crier c'est déjà en sortir ; compter sur soi-même, ou s'abandonner au mal par désespoir, c'est dédaigner le secours divin, et Jésus-Christ est venu nous soulever afin de nous faire crier. C'est donc le pécheur qui crie, et il crie par espérance, et cette espérance lui vient de Jésus-Christ. […]
Mais crier du fond de l'abîme, c'est sortir de l'abîme, et ce cri même empêche qu'on soit longtemps dans ces profondeurs. [….]
Il voit que la vie humaine est un long aboiement du péché, que toutes les, consciences sont condamnées par leurs propres pensées, et qu'il n'est pas un coeur assez chaste pour présumer de sa justice. […] Un sang innocent a été répandu pour laver les péchés des coupables ; et une telle rançon a racheté tous les captifs de la puissance de l'ennemi qui s'en était rendu maître. Il y a donc en vous [Seigneur] propitiation. [Dans l’Ancien Testament, on aspergeait le couvercle de l’Arche d’Alliance, le propitiatoire, du sang du sacrifice, en rémission des péchés]. Si vous n'étiez enclin à pardonner, si vous ne vouliez être qu'un juge sans miséricorde, examiner, rechercher toutes les iniquités, qui pourrait subsister ? qui pourrait se tenir en votre présence, et vous dire : Je suis innocent? Qui pourrait soutenir l'éclat de votre jugement ? Il ne nous reste donc pour unique espérance « que la propitiation qui est en vous ». […]
Le pécheur en effet s'était oublié, il ne se voyait point, et la loi lui fut donnée afin qu'il se vît. La loi donc a rendu l'homme coupable, mais le législateur l'a délivré : ce législateur est le souverain Maître. La loi donc a été donnée pour effrayer, pour tenir le pécheur dans des liens ; elle ne délivre donc pas des péchés, mais elle montre le péché. Peut-être que l‘interlocuteur, placé sous la loi, a reconnu dans l'abîme tous les crimes qu'il a commis contre la loi, et alors il s'est écrié : « Si vous examinez les iniquités, qui donc pourra subsister, ô mon Dieu ? […]
[« Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore »]. L’aurore. Comme donc c'est à la vigile du matin que le Christ a commencé à ressusciter; c'est alors que notre âme a commencé à espérer. C'est à la résurrection du Sauveur qu'a commencé ton espérance, qu'elle ne finisse qu'à ta sortie de ce monde. Si tu n'espères en effet jusqu'à la nuit, ton espérance passée est perdue. Il est en effet des hommes qui commencent à espérer, mais qui ne persévèrent pas jusqu'à la nuit. […]
Mais tu pourrais avoir cette pensée : Si le chef est ressuscité parce qu'il n'était point chargé d'iniquités, et parce qu'il n'avait en lui aucun péché, nous autres que pourrons-nous devenir ? Pouvons-nous espérer une résurrection semblable à celle de Notre Seigneur, accablés de péchés comme nous le sommes ? Pour l'écarter, vois ce qui suit : « Car dans le Seigneur est la miséricorde et une abondante rédemption. Et il rachètera Israël de toutes ses iniquités ». Si donc Israël se trouvait accablé, voici la divine miséricorde. Celui qui était sans péché a marché le premier, afin d'effacer les péchés de ceux qui le suivraient » (St Augustin, sur les Psaumes 130)
Dans l’évangile de ce dimanche, à Beth-Anie, près de Jérusalem, Jésus promet : « Je suis la résurrection et la Vie ! Qui croit en Moi, même s’il meurt, vivra ! » (Jn 11, 25). C’est une parole de révélation que l’imagination humaine n’aurait pas pu inventer ; elle contredit l’évidence qui s’offre à nos sens et qu’Heidegger a résumée en disant que l’homme est « un être pour la mort ». Cette révélation nous appelle à orienter toutes nos intentions et toute notre attention vers le Christ pour y trouver la Vie. Et là réside la purification de la racine amère qui nous pousse au péché, car la crainte de la mort conduit à l’esclavage du péché (Hé 2, 15).
La résurrection de Lazare, dont la chair était déjà en putréfaction, devient alors un signe pour la résurrection spirituelle des pécheurs, même ceux dont l’âme est devenue putréfiée et malodorante. Leur résurrection advient quand ils accueillent l’Esprit Saint, l’Esprit dont Jésus est Oint, puisqu’il est justement « le Messie » (Jn 11, 27).
2e lecture (Rm 8, 8-11)
« Frères, ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. – Parole du Seigneur ».
Suivons le catéchisme de l’Église catholique à partir du n° 990.
La résurrection des morts a été révélée progressivement par Dieu à son Peuple. L'espérance en la résurrection corporelle des morts s'est imposée comme une conséquence intrinsèque de la foi en un Dieu créateur de l'homme tout entier, âme et corps.
Le créateur du ciel et de la terre est aussi Celui qui maintient fidèlement son Alliance avec Abraham et sa descendance.
C'est dans cette double perspective que commencera à s'exprimer la foi en la résurrection. Dans leurs épreuves, les martyrs Macchabées confessent : « Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois » (2M 7,9). « Mieux vaut mourir de la main des hommes en tenant de Dieu l'espoir d'être ressuscité par lui » (2M 7,14).
Les Pharisiens (cf. Ac 23,6) et bien des contemporains du Seigneur (cf. Jn 11,24) espéraient la résurrection. Jésus l'enseigne fermement.
Aux Sadducéens qui la nient il répond : « Vous ne connaissez ni les Écritures ni la puissance de Dieu, vous êtes dans l'erreur » (Mc 12,24). La foi en la résurrection repose sur la foi en Dieu qui "n'est pas un Dieu des morts, mais des vivants" (Mc 12,27).
Mais il y a plus : Jésus lie la foi en la résurrection à sa propre personne : « Je suis la Résurrection et la vie » (Jn 11,25). C'est Jésus lui-même qui ressuscitera au dernier jour ceux qui auront cru en lui (cf. Jn 5,24-25 6,40) et qui auront mangé son corps et bu son sang (cf. Jn 6,54). Il en donne dès maintenant un signe et un gage en rendant la vie à certains morts (cf. Mc 5,21-42 ; Lc 7,11-17 ; Jn 11), annonçant par là sa propre Résurrection qui sera cependant d'un autre ordre. (CEC 994)
Etre témoin du Christ, c'est être "témoin de sa Résurrection" (Ac 1,22 cf. Ac 4,33), « avoir mangé et bu avec lui après sa Résurrection d'entre les morts » (Ac 10,41). L'espérance chrétienne en la résurrection est toute marquée par les rencontres avec le Christ ressuscité. Nous ressusciterons comme Lui, avec Lui, par Lui » (CEC 995).
Il est très communément accepté qu'après la mort la vie de la personne humaine continue d'une façon spirituelle. Mais comment croire que ce corps si manifestement mortel puisse ressusciter à la vie éternelle?
Qu'est-ce que "ressusciter" ? Dans la mort, séparation de l'âme et du corps, le corps de l'homme tombe dans la corruption, alors que son âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d'être réunie à son corps glorifié. Dieu dans sa toute-puissance rendra définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes, par la vertu de la Résurrection de Jésus.
Qui ressuscitera ? Tous les hommes qui sont morts : « ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal, pour la damnation » (Jn 5,29 cf. Da 12,2).
Comment ? Le Christ est ressuscité avec son propre corps : « Regardez mes mains et mes pieds : c'est bien moi » (Lc 24,39); mais Il n'est pas revenu à une vie terrestre. De même, en Lui, « tous ressusciteront avec leur propre corps, qu'ils ont maintenant » (Cc. Latran IV: DS 801), mais ce corps sera « Transfiguré en corps de gloire » (Ph 3,21), en « corps spirituel » (1Co 15,44).
« Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? Insensé ! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie, s'il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps à venir, mais un grain tout nu... On sème de la corruption, il ressuscite de l'incorruption ; ... les morts ressusciteront incorruptibles ... Il faut en effet que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, que cet être mortel revête l'immortalité (1Co 15,35-37 15,42 15,52-53) ».
Dans l’évangile de ce dimanche, Lazare est « couché ». Le mot employé par Jésus peut vouloir dire mort ou simplement endormi. Aussi les disciples ne comprennent-ils pas tout de suite et Jésus doit préciser qu’il est « mort » (Jn 11, 14). Alors que Lazare est au tombeau depuis quatre jours, Jésus rencontre sa sœur Marthe et lui dit : « Ton frère se relèvera » (Jn 11, 23). Peu après, Jésus voit pleurer Marie, l’autre sœur de Lazare, « il se fortifia en son esprit et s’émut en son âme » (Jn 11, 33), puis il va au tombeau et ressuscite le mort qui était pourtant déjà en putréfaction depuis quatre jours : « Lazare, viens dehors !», ce qui révèle au passage qu’il y a encore une conscience dans la mort, en effet, Lazare, en son âme, entend la voix de Jésus, et il sort.
Jésus a augmenté la longévité de Lazare, mais il n’en a pas fait un absolu. Lazare ne sera pas immortel.
Évangile (Jn 11, 1-45)
« 1 Or, il y en avait un qui était malade : / Lazare, du village de Beth-Anie,
le frère de Marie, / et de Marthe.
2 Or, cette Marie était celle qui oignit de parfum les pieds de Jésus, / et les essuya de sa chevelure,
c’était le frère de celle-ci, / Lazare, qui était malade.
3 Et elles envoyèrent dire, ses deux sœurs, / auprès de Jésus :
‘Seigneur ! / Voici : celui que tu aimes affectueusement est malade’.
4 Jésus, cependant, / dit :
‘Cette maladie-ci / n’est pas pour la mort,
mais pour la gloire de Dieu, / afin que soit glorifié le Fils de Dieu grâce à elle !’
5 Or, lui, Jésus / il aimait ardemment,
Marthe et Marie, / et Lazare.
6 Et ayant entendu / qu’il était malade,
il resta à l’endroit où il était / deux jours.
7 Et après quoi, / il dit à ses disciples :
‘Venez ! / Allons, de nouveau, en Judée !’
8 Ses disciples lui disaient : / ‘Rabbi !
Dernièrement les Juifs cherchaient à te lapider, / et, de nouveau, tu vas là-bas ?’
9 Jésus leur dit :
‘N’y a-t-il pas douze heures / dans une journée ?
Et, si quelqu’un marche de jour / il ne trébuche pas,
parce qu’il voit la lumière / de ce monde-ci.
10 Si quelqu’un en revanche, marche de nuit, / il trébuche,
parce que la lampe / n’est pas en lui.
11 Ces choses-ci / Jésus les dit,
et, après quoi, / il leur dit :
‘Lazare, notre ami, / s’est couché ;
mais je vais / le réveiller !’
12 Ses disciples lui disaient : / ‘Seigneur !
S’il se repose, / il se remettra !’
13 Or, lui, Jésus, / il dit cela au sujet de sa mort ;
et ils pensaient, eux, / que c’était du repos du sommeil qu’il l’avait dit.
14 Alors, Jésus leur dit, / explicitement :
‘Lazare / est mort !
15 Et je me réjouis / de n’avoir pas été là !
A cause de vous, / afin que vous croyiez !
Néanmoins, / marchez vers là-bas !’
16 Thomas, qui est dit le jumeau, / dit à ses compagnons disciples :
‘Allons nous aussi / mourir avec lui.’
17 Et Jésus vint à Beth-Anie,
et trouva qu’il avait été quatre jours / dans la chambre sépulcrale.
18 Or Beth-Anie était située / à côté de Jérusalem,
lui étant distante environ / de quinze stades.
19 Et beaucoup de Juifs / étaient venus auprès de Marthe et de Marie,
afin de leur remplir le cœur / au sujet de leur frère.
20 Mais Marthe, lorsqu’elle entendit que Jésus était venu, / sortit à sa rencontre.
Or Marie / était assise dans la maison.
21 Et Marthe dit à Jésus : / ‘Mon Seigneur !
Si tu avais été ici, / mon frère ne serait pas mort !
22 Mais, même maintenant, / je [le] sais :
autant demandes-tu à Dieu, / [autant] il te donne !’
23 Jésus lui dit : / ‘Ton frère se relèvera [1] !’
24 Marthe lui dit : / ‘Je sais qu’il se relèvera à la résurrection[2], au jour dernier !’
25 Jésus lui dit :
‘Je suis / la résurrection[3] et la Vie !
Qui croit en Moi, même s’il meurt, / vivra !
26 Et quiconque est vivant et croit en Moi, / jamais ne mourra !
Crois-tu / ceci ?’
27 Elle lui dit : / ‘Oui, Mon Seigneur !
Moi, je crois que tu es le Messie, / le Fils de Dieu, qui vient pour le monde !’
28 Et, ayant dit / ces choses-là,
elle alla appeler Marie sa sœur secrètement, / en lui disant :
‘Notre Rabbi est venu, / et il t’appelle !’
29 Et Marie / lorsqu’elle entendit
se leva / et venait auprès de lui.
30 Or, lui, Jésus, / il n’était pas encore parvenu au village ;
mais il était à cet endroit même / où Marthe alla au-devant de lui.
31 Or, eux, aussi, / les Juifs
qui se trouvaient avec elle à la maison, / [et] qui la consolaient,
[et] qui virent Marie se lever en hâte [et] sortir, s’en allèrent à sa suite :
ils pensaient, en effet, / qu’elle allait au sépulcre pour pleurer.
32 Or, elle, / Marie,
lorsqu’elle fut venue où se trouvait Jésus / et qu’elle l’eût vu,
elle tomba à ses pieds, / et lui dit :
‘Si tu avais été ici, mon Seigneur, / mon frère ne serait pas mort !’
33 Or Jésus, quand il la vit qui pleurait / ainsi que les Juifs qui étaient venus avec elle qui pleuraient,
se fortifia en son esprit / et s’émut en son âme.
34 Et il lui dit : / ‘Où l’avez-vous déposé ?’
Et ils lui disaient : / ‘Notre Seigneur !
Viens ! / Vois !’
35 Et il lui venait des larmes, / à Jésus.
36 Et les Juifs disaient : / ‘Voyez comme il l’aimait !’
37 Certains d’entre eux, cependant, / dirent :
‘N’était-il pas capable, celui-là, / qui a ouvert les yeux de cet aveugle,
de faire, aussi, / que celui-là ne meure pas ?’
38 Or Jésus, s’étant fortifié en lui-même, / vint à la chambre sépulcrale.
Et la chambre sépulcrale, c’était une grotte ; / et une pierre était posée à sa porte.
39 Et Jésus dit : / ‘Emportez cette pierre-ci !’
Marthe, la sœur de ce mort, lui dit : / ‘Mon Seigneur !
Déjà, il est en putréfaction ; / cela lui [fait], en effet, quatre jours !’
40.Jésus lui dit :
‘Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, / tu verras la gloire de Dieu !’
41 Et ils enlevèrent / cette pierre-là.
Et lui, Jésus, il leva ses yeux vers le haut / et dit :
‘Père, / je te rends grâces de ce que tu m’as écouté !
42 Et je sais, moi, / qu’en tout temps tu m’écoutes,
mais c’est à cause de cette foule qui se tient [là], / que j’ai dit ces choses :
afin qu’ils croient / que tu m’as envoyé !’
43 Et, ayant dit ces choses, / il cria à voix haute :
‘Lazare ! / Viens au-dehors !’
44 Et il sortit, ce mort, / ses mains et ses pieds étant liés de bandelettes,
et sa face / liée d’un suaire.
Et Jésus leur dit :
‘Déliez-le / et laissez-le aller !’
45 Et beaucoup de Juifs, / qui vinrent auprès de Marie,
ayant vu ce qu’avait fait Jésus, / crurent en lui.
46 Et certains d’entre eux / allèrent auprès des Séparés,
et leur dirent / ce qu’avait fait Jésus. »
Dans mon livre F. Breynaert, Jean, L’évangile en filet. L’oralité d’un texte à vivre. (Préface Mgr Mirkis – Irak) Éditions Parole et Silence. Paris, 8 décembre 2020., J’explique la place de cet épisode, qui est la première « perle » du 5e « fil » du filet de Jean, un fil dédié à l’annonce de la Passion de Jésus.
Racine qm : se lever, être debout, ressusciter, subsister,
nūḥāmā : la résurrection, le relèvement, la consolation, le réconfort.
nūḥāmā : la résurrection, le relèvement, la consolation, le réconfort.