- Accueil
- Préparer Dimanche
- Année A
- Temps ordinaire (A)
- 21° dimanche - Temps ordinaire
21° dimanche - Temps ordinaire
Télécharger le texte de l'évangile de ce dimanche pour une récitation orale
Evangile du 21e dimanche ordinaire Mt 16, 13 20 (83.47 Ko)
Première lecture (Is 22, 19-23)
« Parole du Seigneur adressée à Shebna le gouverneur : Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place. Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils d’Helcias. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ; il sera un trône de gloire pour la maison de son père. » – Parole du Seigneur.
Shebna est un fonctionnaire qui en demande trop pour lui-même : il profite de sa charge pour se tailler un sépulcre surélevé (Is 22, 16), il est alors expulsé et un autre prend sa charge. La charge du maître de palais est décrite par le fait d’avoir la clé.
Les Écritures sont inspirées et ce passage comporte une prophétie du Christ dont l’accomplissement se lit dans le livre de l’Apocalypse, qui, comme je l’explique dans un livre dédié, est un filet d’oralité, autrement dit, on peut lire la 6e église avec le 6e sceau, la 6e trompette, etc. A la 6e Église, Philadelphie, il est promis une porte ouverte dans la tourmente :
« Ainsi dit le Saint, / le Véritable,
Celui qui a les clefs de David. […]
Celui qui ouvre et nul ne referme, / et [qui] ferme et nul ne rouvre ;
‘Je connais tes œuvres ! […]
Et, voici, J’ai fait don, devant toi, / d’une porte ouverte,
qu’aucun homme n’est en mesure de fermer – parce qu’il y a peu de force en toi ;
et, Ma Parole, tu l’as gardée, / et, Mon Nom, tu ne l’as pas renié’ [...]
Et, Moi, Je te garde de l’épreuve / qui va venir sur tout l’univers,
afin qu’elle éprouve / les habitants de la Terre » (Ap 3, 7-8.10).
Jésus est comme un nouvel Éliakim qui a les clés de David et qui ouvre et nul de referme, il a ces clés après un nouveau Shebna, c’est-à-dire un nouvel usurpateur, qui sera l’Antéchrist ou Antichrist et la venue glorieuse du Christ le jugera. L’Apocalypse ne parle pas de l’Antéchrist mais de la bête et du faux prophète et de leur jugement qui sera une grande épreuve pour le monde. Les chrétiens ne peuvent pas échapper à l’épreuve, cependant, unis à « la Parole de persévérance » qui est le message chrétien de la Passion et de la résurrection (Ap 3, 10), leur sort éternel est déjà joué. La lettre à l’Église de Philadelphie insiste sur la soudaineté de la venue de Jésus : « Je viens [Moi], d’un [coup] ! » (Ap 3, 11), tout comme le discours eschatologique de Jésus insiste sur la soudaineté du Jour de sa venue (cf. Lc 21, 34-36).
L’ouverture du 6e sceau déclenche la colère de Dieu à travers un « grand séisme » qui atteint l’univers entier, comme cela fut annoncé à la 6e Église, Philadelphie. « Les étoiles des cieux tombèrent sur la terre ». C’est un langage symbolique : les gens craignent que le « ciel ne leur tombe sur la tête », tous les fonctionnements habituels s’écroulent. Il est dit que « le ciel disparut comme un livre qu’on roule » (Ap 6, 14), mais ce n’est pas la fin du monde puisque les gens se cachent dans les cavernes (Ap 6, 15)… Les gens se confinent chez eux, saisis d’une épidémie de peur. « Est venu le grand Jour de la colère de l’Agneau, et qui donc est capable de tenir debout ? » (Ap 6, 17).
Nous passons directement à la 6e trompette, deux myriades de myriades (deux millions) de cavaliers répandent « du feu, du soufre et de la fumée », tuant 1/3 des hommes. Ce massacre doit se lire en lien avec le culte démoniaque (6e calice), un culte qui ne va pas sans sacrifices humains comme jadis les sacrifices aux Baals. Prenons un exemple : Lénine n’avait pas hésité à écrire que « si, pour l’œuvre du communisme, il nous fallait exterminer les neuf dixièmes de la population, nous ne devrions pas reculer devant ces sacrifices » [1]. Et nous n’en sommes pas sortis, il y a des gens de nos jours qui pensent pareillement.
Nous arrivons ensuite, dans l’Apocalypse, à une perle que j’appelle la 6e prise de position : la vendange (Ap 14, 17-20), puis c’est le 6e calice : Ap 16, 12-16 où trois esprits démoniaques rassemblent les rois du monde pour la guerre : il y a une lutte au sommet pour la suprématie mondiale. Mais pas seulement. La bataille décisive est « le combat de ce grand Jour de Dieu » : c’est une lutte spirituelle. Le combat se jouera entre « Dieu qui détient tout », la Trinité Sainte, et la fausse trinité (dragon/ bête/ Faux prophète – Ap 16, 13).
Nous arrivons ensuite à une perle que j’appelle 6e jugement et vivification : Ap 20, 11 – 21, 8. Tout d’abord, « les morts furent jugés » (Ap 20, 14). Et l’on sait en effet depuis l’Ouverture de l’Apocalypse que le Christ a « les clés » (encore des clés) du séjour des morts (Ap 1, 18). Certains vont à la seconde mort, mais les justes ressuscitent et ils peuvent donc apparaître au moment de la venue glorieuse du Christ, formant une Cité sainte qui « descend des Cieux ».
À la 6e Église, Jésus avait dit : « Moi, Je t’ai aimé » (Ap 3, 9). Lors de la Parousie, la Cité sainte est préparée comme la mariée ornée pour son époux (Ap 21, 2).
Jean a choisi l’image de la « Jérusalem nouvelle » pour évoquer l’apparition des saints avec le Christ venant dans la gloire, car Dieu maintiendra son dessein d’amour. Lors de la Parousie, les promesses davidiques s’accompliront autour de Jésus, selon la promesse faite à la 6e Église : « Ainsi dit le Saint, le véritable, Celui qui a les clefs de David […] Et, voici, J’ai fait don, devant toi, d’une porte ouverte » (Ap 3, 7). Cette « porte ouverte », c’est la porte du Royaume dont la cité de David n’était que la préfiguration. Jésus promit aussi à la 6e Église, au sujet de certains des Juifs qui n’avaient pas reconnu Jésus : « Je fais qu’ils viennent et se prosternent devant tes pieds, et qu’ils sachent que, Moi, Je t’ai aimé » (Ap 3, 10).
La première lecture de ce dimanche parle d’Éliakim en disant : « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ; il sera un trône de gloire pour la maison de son père », et c’est une prophétie pour le Christ lors de la Parousie, comme il est dit dans l’Apocalypse « Et il me dit, [Celui] qui est assis sur le Trône : ‘Voici, Je fais tout nouveau !’ […] À l’assoiffé, Je donne de la source d’eaux vives gratuitement ; et le vainqueur héritera de ces [choses]-là ! Et Je serai pour lui Dieu, et il sera pour Moi fils ! » (Ap 21, 3-7).
Psaume (Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6.8bc)
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne. Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole. Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force. Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble, de loin, il reconnaît l’orgueilleux. Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
Nous suivons l’audience du 7 décembre 2005.
Celui qui prie « est certain que le "nom" du Seigneur, c'est-à-dire sa réalité personnelle vivante et active, et ses vertus de fidélité et de miséricorde, signes de l'alliance avec son peuple, représentent le soutien de toute confiance et de toute espérance (cf. v. 2).
Le regard se tourne, l'espace d'un instant, vers le passé, au jour de la souffrance : alors, au cri du fidèle angoissé avait répondu la voix divine. L'original en hébreu parle littéralement du Seigneur qui "a troublé la force dans l'âme" du juste opprimé : comme s'il s'agissait de l'irruption d'un vent impétueux qui balaye les hésitations et les peurs, confère une énergie vitale nouvelle et fait fleurir la force et la confiance.
« De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne. Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole. Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force ».
Après ce début apparemment personnel, le Psalmiste étend alors son regard sur le monde et imagine que son témoignage touche l'horizon tout entier : "tous les rois de la terre", dans une sorte d'adhésion universelle s'associent à l'orant juif dans une louange commune en honneur de la grandeur et de la puissance souveraine du Seigneur (cf. vv. 4-6).
Le contenu de cette louange commune qui s'élève de tous les peuples laisse déjà entrevoir la future Église des païens, la future Église universelle. Ce contenu a comme premier thème la "gloire" et les "chemins du Seigneur" (cf. v. 5), c'est-à-dire ses projets de salut et sa révélation. On découvre ainsi que Dieu est certainement "sublime" et transcendant, mais il "voit les humbles" avec affection, tandis qu'il éloigne de son regard le superbe en signe de rejet et de jugement
« Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble, de loin, il reconnaît l’orgueilleux. (v. 6).
Comme le proclamait Isaïe, "Car ainsi parle celui qui est haut et élevé, dont la demeure est éternelle, et dont le nom est saint. Je suis haut et saint dans ma demeure, mais je suis avec l'homme contrit et humilié, pour ranimer les esprits humiliés, pour ranimer les coeurs contrits" (Is 57, 15). Dieu choisit donc de se ranger en défense des faibles, des victimes, des derniers : cela est porté à la connaissance de tous les rois, afin qu'ils sachent quelle doit être leur option dans le gouvernement des nations. Naturellement, cela est dit non seulement aux rois et à tous les gouvernements, mais à nous tous, car nous aussi, nous devons savoir quel choix faire, quelle est l'option : se ranger du côté des humbles, des derniers, des pauvres et des faibles.
4. Après cette référence, au niveau mondial, aux responsables des nations, non seulement de ce temps, mais de tous les temps, l'orant retourne à la louange personnelle (cf. Ps 137, 7-8). Le regard s'étendant vers l'avenir de sa vie, il implore une aide de Dieu également pour les épreuves que l'existence lui réservera encore. Et nous prions tous ainsi, avec cet orant de cette époque. « Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains. »
On parle de façon synthétique de la "fureur de mes ennemis" (v. 7), une sorte de symbole de toutes les hostilités qui peuvent s'élever face au juste au cours de l'histoire. Mais il sait - et avec lui, nous savons - que le Seigneur ne l'abandonnera jamais et étendra sa main pour le secourir et le guider. La fin du Psaume est alors une ultime et passionnée profession de foi en Dieu dont la bonté est éternelle: il ne délaisse pas l'oeuvre de ses mains", c'est-à-dire sa créature (v. 8). Et nous aussi, devons vivre dans cette confiance, dans cette certitude de la bonté de Dieu.
Nous devons être certains que, aussi lourdes et tumultueuses que soient les épreuves qui nous attendent, nous ne serons jamais abandonnés à nous-mêmes, que les mains du Seigneur ne nous lâcheront pas, ces mains qui nous ont créés et qui à présent nous suivent dans l'itinéraire de notre vie. Comme le confessera saint Paul, "Celui qui a commencé en vous cette oeuvre excellente en poursuivra l'accomplissement" (Ph 1, 6).
Nous avons ainsi prié, nous aussi, avec un psaume de louange, d'action de grâce et de confiance. Nous voulons continuer à dérouler ce fil de louange sous forme d'hymne à travers le témoignage d'un chantre chrétien, le grand Ephrem le syrien (IV siècle), auteur de textes d'un extraordinaire parfum poétique et spirituel.
« Aussi grand que soit notre émerveillement face à toi, ô Seigneur, / ta gloire dépasse ce que nos langues peuvent exprimer », chante Ephrem dans un hymne (Hymnes sur la virginité, 7; La harpe de l'Esprit, Rome, 1999, p. 66), et dans un autre: « Gloire à toi, pour lequel toutes les choses sont faciles, / car tu es tout-puissant » (Hymnes sur la Nativité, 11: ibid., p. 48). Et cela représente une ultime raison de notre confiance : Dieu a le pouvoir de la miséricorde, et il utilise son pouvoir pour la miséricorde. Et enfin, une dernière citation : Gloire à toi de tous ceux qui comprennent la vérité" (Hymnes sur la Foi, 14: ibid., p. 27) » (Benoît XVI).
Deuxième lecture (Rm 11, 33-36)
Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen. – Parole du Seigneur.
« Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! » v. 33 commenté avec saint François de Sales (17e siècle) : « L’esprit humain est si faible, que quand il veut trop curieusement rechercher les causes et raisons de la volonté divine, il s’embarrasse et entortille dans des filets de mille difficultés, desquelles par après il ne se peut déprendre […] O Théotime ! mon ami, jamais, non jamais nous ne devons laisser emporter notre esprit à ce tourbillon de vent follet, ni penser de trouver une meilleure raison de la volonté de Dieu, que sa volonté même, laquelle est souverainement raisonnable, ainsi la raison de toutes les raisons, la règle de toute bonté, la loi de toute équité » [2]. Que de fois, après coup, nous comprenons qu’il ne fallait pas tant s’inquiéter, et qu’à travers ce qui nous semblait négatif, nous avons appris à mieux nous connaître, à grandir dans l’amour de notre prochain, à être plus patient, plus sage, etc ?
« Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? » v. 34 commenté avec saint Irénée de Lyon (2e siècle) : « Car nous ne pouvions apprendre les mystères de Dieu que si notre Maître, tout en étant le Verbe, se faisait homme. D'une part, en effet, nul n'était capable de révéler les secrets du Père Jn 1,18, sinon son propre Verbe, "car quel autre a connu la pensée du Seigneur ? ou quel autre a été son conseiller Rm 11,34; Is 40,73 ?" D'autre part, nous ne pouvions les apprendre autrement qu'en voyant notre Maître et en percevant de nos propres oreilles, le son de sa voix »[3]. Saint Irénée écrit vers l’an 200, il a pleinement conscience que nous ne pouvons connaître Dieu que par Jésus et que ce sont les apôtres qui nous ont transmis la voix du Verbe, Jésus.
« Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? » v. 35 commenté avec le pape Boniface II au 6e siècle : « Selon Dieu il n'y a absolument rien de bon que quelqu'un pourrait vouloir, ou commencer, ou faire, ou mener à son terme sans la grâce de Dieu, puisque notre Sauveur dit : " Sans moi vous ne pouvez rien faire " Jn 15,5. Car il est certain et catholique que pour tous les biens, dont le plus éminent est la foi, même lorsque nous ne voulons pas encore, la miséricorde de Dieu nous prévient pour que nous voulions, elle est en nous lorsque nous voulons, et même suit pour que nous demeurions dans la foi, comme le dit le prophète David : ‘Mon Dieu, sa miséricorde me devancera’ Ps 59,11 ; et encore : ‘Ma miséricorde est avec lui’ Ps 89,25 ; et ailleurs : ‘Sa miséricorde me suit’ Ps 23,6. De même le bienheureux Paul dit aussi : ‘Qui lui a donné le premier, pour qu'il lui soit donné en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et en lui’ Rm 11,35 (et ss.) ». (Pape Boniface II au VI° siècle).
« Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! » v. 36 Commenté avec le pape Léon IX : « Je crois fermement... que la Sainte Trinité, le Père, le Fils et l'Esprit Saint, est un seul Dieu tout-puissant, et que toute la divinité dans la Trinité est coessentielle et consubstantielle, de même éternité et de même toute-puissance, d'une unique volonté, puissance et majesté : créateur de toutes les créatures, de qui, par qui, en qui sont toutes choses Rm 11,36, celles qui sont dans le ciel et celles qui sont sur la terre, les choses visibles et invisibles. Je crois également que chacune des personnes qui sont dans la Sainte Trinité, sont un seul Dieu véritable, plein et parfait » (Pape Léon IX, Lettre au patriarche d’Antioche au 11e siècle).
Et avec le pape Pie XII : « En un siècle, surtout, si cruellement marqué par une lutte gigantesque contre la religion, quelle lumineuse espérance fait luire cette volonté commune de jeunes gens de toutes nations, qui entendent proclamer, par leur vie et leur action, les droits souverains de Dieu : ‘car c'est de Lui, par Lui et pour Lui que toutes choses existent !’ Rm 11,36 » (Pie XII, 1956).
Nous concluons toutes nos prières par la doxologie qui donne son orientation à toute notre vie : « Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit » de qui, par qui et pour qui sont toutes choses, comme le dit saint Paul : « Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen. » Ceci nous amène à l’Évangile où nous lirons :
13 Or quand Jésus vint dans la région de Césarée-de-Philippe,
il interrogeait ses disciples / en disant :
‘Les hommes, à mon sujet, qui disent-ils que je suis, / moi, le Fils de l’homme ?’
14 Or , eux, / ils dirent :
‘Il y en a qui disent : / Jean le Baptiste ;
mais d’autres : / Élie ;
et d’autres : / Jérémie ou l’un des prophètes’.
15 Il leur dit :
‘Or vous, / que dites-vous que je suis ?’
16 Simon Pierre répondit / et dit :
‘Tu es le Messie, / le Fils du Dieu vivant !’
17 Jésus répondit / et lui dit :
‘Bienheureux es-tu, Simon, / fils de Yonas :
car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, / mais mon Père qui est aux cieux' ».
Le Fils de l’homme désigne ici son humanité, mais il y a autre chose à discerner, et c’est sa divinité. Pierre dit : ‘Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !’ , et Jésus déclare ‘ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, / mais mon Père qui est aux cieux’. Si Dieu est ‘Père’, il est Père de manière éternelle, et il a donc un Fils d'une manière éternelle. Jésus est éternellement le Fils du Père, mais pour notre salut il s’est incarné. Saint Hilaire écrit « le Dieu d’éternité, parce qu’il a toujours eu un Fils a toujours le droit et le titre de Père. Le Fils de Dieu est donc Dieu de Dieu, Dieu unique dans les deux, car il a reçu la divinité de son Père éternel » [4].
Évangile (Mt 16, 13-20)
13 Or quand Jésus vint dans la région de Césarée-de-Philippe,
il interrogeait ses disciples / en disant :
‘Les hommes, à mon sujet, qui disent-ils que je suis, / moi, le Fils de l’homme ?’
14 Or , eux, / ils dirent :
‘Il y en a qui disent : / Jean le Baptiste ;
mais d’autres : / Élie ;
et d’autres : / Jérémie ou l’un des prophètes’.
15 Il leur dit :
‘Or vous, / que dites-vous que je suis ?’
16 Simon Pierre répondit / et dit :
‘Tu es le Messie, / le Fils du Dieu vivant !’
17 Jésus répondit / et lui dit :
‘Bienheureux es-tu, Simon, / fils de Yonas :
car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, / mais mon Père qui est aux cieux'.
18 Et moi aussi, / je te dis :
Tu es Pierre, et sur cette pierre / je bâtirai mon Église ;
et les portes de la Mort / ne prévaudront pas sur elle.
19 Je te donnerai / les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre / sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre / sera délié dans les cieux.’
20 Alors, il ordonna aux disciples / de ne dire à personne que c’est lui le Messie ».
– Acclamons la Parole de Dieu.
En Mt 16, 13-17, le regard est tourné vers Jésus : ‘Les hommes, à mon sujet, qui disent-ils / que je suis, moi, le Fils de l’homme ? »
Le Fils de l’homme désigne ici son humanité, mais il y a autre chose à discerner, et c’est sa divinité. Pierre dit : « Tu es le Messie, / le Fils du Dieu vivant ! » (v. 16), et Jésus déclare « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, / mais mon Père qui est aux cieux » (v. 17). Si Dieu est ‘Père’, il est Père de manière éternelle, et il a donc un Fils d’une manière éternelle. Jésus est éternellement le Fils du Père. Pour notre salut, le Fils du Dieu vivant est devenu le « Messie », descendant de David, incarné dans l’histoire. Et Jésus souligne que pour dire cela, il faut avoir eu une révélation du Père, ce qui nous renvoie au moment quand « une voix depuis les Cieux », celle du Père, disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, / celui en qui je me suis complu ! » (Mt 3, 17, en exégèse d'oralité, c'est la perle correspondante dan le collier compteur).
En Mt 16, 17-20, le regard est tourné vers Pierre, et le verset 17 appartient aux deux parties. Le verset 17 présente Pierre comme le dépositaire d’une révélation faite par le Père, le verset 18 présente Pierre comme le dépositaire d’une révélation faite par Jésus – le « ᵓāp aussi » (v. 18) de l’araméen est atténué en grec et en latin, de sorte que l’on voit moins bien que la parole de Jésus est une révélation au même rang que la précédente.
« 17 ‘Bienheureux es-tu, Simon, / fils de Yonas :
car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, / mais mon Père qui est aux cieux.
18 Moi aussi, / je te dis :
Tu es Pierre, et sur cette pierre / je bâtirai mon Église ;
Et les portes de la Mort / ne prévaudront pas sur elle. »
Et le bénéficiaire de cette double révélation change de nom : Simon devient Pierre. Autrement dit, pour annoncer Jésus-Christ, Jésus le Messie le Fils du Dieu vivant, Pierre se dépouille de lui-même, il se doit désormais à sa haute fonction et doit remplir un rôle plus grand que soi. Il est appelé à devenir différent de ce qu’il était auparavant, de sorte que l’Église bâtie sur lui puisse transmettre la transcendance divine. Et ce qui vaut pour Pierre vaudra pour ceux qui siégeront authentiquement sur le siège de Pierre.
Selon le Thesaurus, le mot Église ᶜīdtā dérive du verbe lier ᶜad, l’Église relie les gens, mais Mgr ALichoran suggère que ce mot pourrait dériver du verbe ᶜīd rendre heureux, qui donne aussi le nom « Eden ». En tout cas, il s’agit d’une communauté qui se rassemblera pour célébrer la joie de la résurrection.
Ensuite, il ne convient pas de traduire que « les portes de l’enfer » comme l’écrit la traduction française de la Constitution dogmatique Pastor Aeternu 18 juillet 1870 – Denzinger 3053), mais bien comme le dit aussi le texte latin de cette Constitution dogmatique : les portes des enfers « portae inferi » : il ne s’agit pas de l’enfer de Satan, mais du séjour des morts. « Et les portes de la Mort [araméen šyūl (le Shéol) ; grec Hadès, latin inferi (les enfers)] / ne prévaudront pas sur elle. »
Les apôtres mourront tous, (et, à cause de l’opposition satanique, il y aura des martyrs à chaque génération), mais l’Église continuera. La mort ne prévaudra pas sur l’Église parce que, et Jésus va le dire juste après, le Christ va souffrir et ressusciter, de sorte qu’il sera avec nous jusqu’à la fin des temps. Les portes de la mort ne pourront pas enfermer les gens comme dans une prison. Dans la lettre de Pierre, les défunts sont décrits comme ceux qui sont en prison et enfermés par les portes de la mort, et que Jésus visite pour leur annoncer l’évangile : « C’est en lui qu’il s’en alla même prêcher aux esprits en prison » (1Pierre 3, 19), comme en témoigne aussi une très ancienne homélie du Samedi Saint (CEC 634-635).
« Je te donnerai / les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 19). Pour Mgr Alichoran, ce geste, c’est vraiment donner à quelqu’un le pouvoir sur toute la maison.
« Je te donnerai / les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 19). Pour Mgr Alichoran, ce geste, c’est vraiment donner à quelqu’un le pouvoir sur toute la maison parce qu’on lui fait confiance comme à autre soi-même.
L’humanité de Jésus est donc pour Pierre un modèle, or dans la parole du Père adressée à Jésus : « en qui je me suis complu ᵓeṣṭḇīṯ ! » (Mt 3, 17) il s’agit d’une forme passive ou réfléchie du verbe vouloir : si Jésus est un modèle pour Pierre, cela signifie que le Père puisse se complaire en Pierre et que le vouloir du Père s’exprime dans la personne de Pierre. Donc, loin d’être une toute puissance autoréférente, la papauté authentique doit participer du mystère du Fils qui se dépouille en s’offrant totalement, et qui est vivifié par le Père.
Mt 16, 19 implique une connaissance juste des réalités divines dans l’enseignement de la foi que des mœurs, ainsi que dans l’exercice de la juridiction. En Pierre s’accomplit la figure peu connu du serviteur Éliakim, à qui est remise « la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira » (Is 22, 19-23). Mais il ne s’agit plus de la maison de David, il s’agit du Ciel. Pierre (le ministère de Pierre) participera au jugement particulier (d’où l’image du « portier du ciel » [4]), d’où la suite :
« tout ce que tu auras lié sur la terre / sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre / sera délié dans les cieux. »
Autrement dit, tout ce qui est pardonné sur la terre par les sacrements de l’Église fondée sur Pierre sera pardonné au Ciel. Le juge est bien sûr le Christ, mais, de même qu’il sera accompagné des saints pour sa venue glorieuse (1Th 3, 13), de la même façon, il sera accompagné de Pierre (et des saints) quand chacun traversera le passage de la mort.
Remarquons attentivement les futurs employés par Jésus : « sur cette pierre je bâtirai… je te donnerai les clés… tout ce que tu auras lié » (v. 18-19). Ce futur correspond à ce que la réflexion ultérieure appellera le "primat de juridiction", mais qui ne commencera à prendre effet que lorsque Simon-Pierre sera stabilisé dans la volonté de Dieu, c’est-à-dire après la Passion été la résurrection. Pour le moment, il est encore en formation et Jésus devra le corriger : « tu ne penses pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes » (Mt 16, 23). Après la résurrection, Jésus charge les femmes d'en porter l'annonce à Pierre, de manière distincte par rapport aux autres apôtres (cf. Mc 16, 7) ; c'est à lui et à Jean que s'adresse Marie-Madeleine pour informer que la pierre a été déplacée devant l'entrée du sépulcre (cf. Jn 20, 2) et Jean lui cédera le pas lorsque tous les deux arriveront devant la tombe vide (cf. Jn 20, 4-6).
Cette perle explique pourquoi jusqu’à présent, dans l’histoire de l’Église, on ne répond pas aux douloureux problèmes des antipapes en abrogeant la position de prééminence que Jésus a voulu conférer à Pierre et à ses successeurs pour la remplacer par une vague primauté d’honneur (cf. le premier concile du Vatican [5]. Le problème ne réside pas dans l’existence d’une primauté de juridiction, mais dans la difficulté pour un homme à suivre le Christ au point de n’exprimer que la volonté divine. Pour le dire autrement, le problème n’est pas l’institution de la papauté mais la nécessité d’une papauté qui ne soit pas auto-référente.
[1 ] LÉNINE, Œuvres complètes, t. II, p. 702
[2] 1615 Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu § 470
[3] Irénée, Contre les Hérésies Liv.5 ch.1
[4] Saint HILAIRE de Poitiers, Commentaire de saint Matthieu, Tome II (14-33), Paris Cerf, 1979, collection « Sources chrétiennes » no 258, p. 56-57 « Ô fondement qu’il a la chance de donner à l’Église, au titre de son nom nouveau, et pierre digne de l’édifier, de façon qu’elle brise les lois de l’enfer, les portes du Tartare, et toutes les prisons de la mort. Ô bienheureux portier du ciel, au jugement de qui sont remises les clés de l’accès à l’éternité : sa sentence sur terre fait d’avance autorité au ciel, en sorte que ce qui a été lié ou délié sur terre obtienne au ciel aussi la condition d’un statut identique ».
On remarque que pour saint Hilaire de Poitiers, il s’agit aussi bien des prisons de la mort que de l’enfer de Satan, infernas leges, les lois de l’enfer (de Satan), et les portes du Tartare qui sont une expression poétique désignant dans la 2e lettre de Pierre les portes du séjour des anges (2Pierre 2, 4).
Saint HILAIRE de Poitiers, Commentaire de saint Matthieu, Tome II (14-33), Paris Cerf, 1979, collection « Sources chrétiennes » no 258, p. 53
[5] « Si donc quelqu'un dit que l'apôtre saint Pierre n'a pas été établi par le Christ notre Seigneur, chef de tous les apôtres et tête visible de toute l'Église militante ; ou que ce même apôtre n'a reçu directement et immédiatement du Christ qu'une primauté d'honneur et non pas une primauté de juridiction véritable et proprement dite, qu'il soit anathème » (Constitution dogmatique Pastor Aeternu 18 juillet 1870, Denzinger 3055).
Date de dernière mise à jour : 23/06/2024