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32° dimanche du Temps Ordinaire (A)
Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.
32e dimanche ordinaire Mt 25 1 13 (85.87 Ko)
Podcast sur : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#
Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30).
Première lecture (Sg 6, 12-16)
Psaume (Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 7-8)
Deuxième lecture (1 Th 4, 13-18)
Première lecture (Sg 6, 12-16)
La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première. Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. Penser à elle est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci. Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre. – Parole du Seigneur.
« Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ». Nous avons ici une personnification de la Sagesse divine, la Sagesse éternelle, la Sagesse incréée, la Sagesse créatrice. Toute la Bible nous apprend que Dieu vient à la rencontre de l’homme : Noé, Abraham, Moïse, David, Jérémie, Jean-Baptiste… Tous peuvent témoigner d’un événement où Dieu leur a parlé, où Dieu les a visités. Et Jésus est la Sagesse éternelle incarnée. Le Créateur n’a pas créé tout ce bel univers pour être ensuite indifférent à sa créature. Et l’humanité est l’objet de sa sollicitude. Il nous revient de faire silence et de l’écouter.
Le soir du vendredi 2 décembre 1932, aux jeunes voyants de Beauraing, bbb il est demandé à deux reprises d’être sages. Ce n’est pas seulement à des jeunes qu’il est dit d’être sage, c’est au monde entier, et en particulier à cette Europe qui sombre dans la folie des idéologies mortifères. À Beauraing, la petite Gilberte dira qu’elle a tout de suite compris qu’être sage c’était vivre selon Dieu.
Hitler avait déclaré dès 1934 : « Durant les mille prochaines années, il n’y aura plus de révolution en Allemagne »258. Or on connaît la suite, tragique. Hitler a une idéologie qui fait partie de ce que le magistère de l’Église dénonce comme un « messianisme sécularisé », c’est-à-dire le rêve de réaliser sur la terre ce qui ne peut advenir qu’à travers le jugement eschatologique (CEC 676-677). Le jugement eschatologique, c’est la Venue glorieuse du Christ qui anéantira l’Antichrist par le souffle de sa venue, comme nous le dit saint Paul 2Th 2, 8.
Pour être ami de la Sagesse éternelle, il faut un cœur qui écoute. Il s’agit d’être sage selon la Sagesse biblique. Nous lisons dans le livre du Siracide : « La Sagesse fait son propre éloge : […] Je suis issue de la bouche du Très-Haut […] Ceux qui font mes œuvres ne pécheront pas […] Tout cela n’est autre que le livre de l’alliance du Dieu Très-Haut, la Loi promulguée par Moïse » (Sir 24, 1-23).
Le début de la sagesse consiste, à la sortie d’Égypte, à quitter toute pratique d’ésotérisme (attention donc au New age) : « On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts » (Deutéronome 18, 10-11). De nos jours, des rites syncrétistes se multiplient et se fédèrent dans l’URI (United religions initiative), rassemblant chrétiens, juifs, musulmans, hindous, disciples du New Age et de la Wicca (mouvement néo-païen de personnes pratiquant la sorcellerie), ce qui n’est pas légitime.
La Loi promulguée par Moïse se lit dans le livre de l’Exode (Ex 20) ou dans celui du Deutéronome (Dt 5). Dans les deux cas, elle commence par une déclaration d’amour : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. » A cette déclaration d’amour, l’homme doit répondre avec responsabilité (Alliance) : 2) « Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi » : Pas d’idole, ni de magie. 3) Pas d’hypocrisie (prononcer le nom de Dieu à faux). 4) Respect du jour du Seigneur… 5) « Honore ton père et ta mère ». 6) « Tu ne tueras pas ». 7) « Tu ne commettras pas l’adultère ». 8) « Tu ne voleras pas ». 9) « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain » (ne pas mentir). 10) Et le « jardinage du cœur ». « Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain (donc pas d’adultère) tu ne désireras ni sa maison (donc pas de meurtre), ni son champ, ni son serviteur : rien de ce qui est à ton prochain (donc pas de vol). »
En 1945, le président des États-Unis déclara : « Le monde entier remarquera que la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, une base militaire. [En réalité, ce n’était pas d’abord une base militaire, et tous les hauts gradés de l’armée américaine savaient qu’Hiroshima était une zone urbaine]. […] Nous devons nous constituer les dépositaires de cette nouvelle force pour empêcher sa mauvaise utilisation et pour la conduire à servir l’humanité. C’est une terrible responsabilité qui nous incombe. Nous remercions Dieu qu’elle nous incombe plutôt qu’à nos ennemis ; nous prions pour qu’Il puisse nous guider vers une utilisation allant dans Son sens et qui serve Ses fins. » (Président Harry Truman. Discours du 9 août 1945). Avec un peu de recul, nous savons que sa référence religieuse cachait un calcul stratégique et que sa prétention de « servir l’humanité » cachait des intérêts nationaux. La Sagesse de l’Église n’a bien sûr pas confirmé la prétention de ce président. Citant le concile Vatican II, le catéchisme de l’Église catholique (1997) dit quelque chose de très différent : « "Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants, est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation" (GS 80). Un risque de la guerre moderne est de fournir l’occasion aux détenteurs des armes scientifiques, notamment atomiques, biologiques ou chimiques, de commettre de tels crimes » (CEC 2314).
Aujourd’hui, que dire ? Plus que jamais, nous avons besoin de sagesse. Plus que jamais nous avons besoin d’écouter le Créateur parler à notre cœur profond.
Il ne s’agit pas d’écouter un « surmoi » et de devenir des surhommes. Il ne s’agit pas d’écouter un « ça » et de devenir esclaves de nos pulsions et de nos compulsions. Il s’agit d’écouter Dieu et sa sagesse créatrice.
Soit nous poursuivons des buts illusoires au motif qu’on ne peut pas arrêter la science, soit nous décidons ce qui mérite d’être fait et ce qui ne le mérite pas.
Soit nous devons esclaves d’algorithmes décrétant ce qui est le plus rentable, soit nous nous tournons vers la Sagesse divine.
Soit nous recherchons à créer un surhomme connecté à un ordinateur, un homme-machine, donc en réalité un sous-homme, soit nous apprenons à l’homme qu’il a un Créateur et qu’il peut se mettre à l’écoute de la Sagesse créatrice.
Nous ne sommes pas idiots, nous savons distinguer le vrai du faux et nous savons construire des relations humaines sans la surveillance étatique.
Psaume (Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 7-8)
« Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes ».
Chers auditeurs, toute la Bible ne cesse de nous dire cette réalité merveilleuse : nous pouvons rencontrer notre Créateur, nous pouvons l’écouter, il ne cesse de vouloir nous conseiller, nous éclairer, nous protéger. Quelle est grande notre dignité ! Le psaume répond à la première lecture avec des échos remarquables qui nous font comprendre que la sagesse est la Sagesse divine, incréée.
Le livre de la Sagesse dit : « Celui qui cherche la Sagesse dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte » (Sg 6) ; et le psaume : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment » (Sg 6) ; et le psaume : « Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « Au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant » (Sg 6) ; et le psaume : « La joie sur les lèvres, je dirai ta louange. » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « Penser à elle [la Sagesse] est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci » (Sg 6) ; et le psaume : « Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « Dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre » (Sg 6) et le psaume : « Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes » (Ps 62).
Les échos montrent ainsi que la Sagesse dont parlait la première lecture est la Sagesse divine, incréée. Et Jésus est la Sagesse divine incarnée. On dira ensuite que Marie, en tant que Mère de Dieu, est le trône de la Sagesse.
« Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. » « Comme l’écrit sainte Thérèse d’Avila, "la soif exprime le désir d’une chose, mais un désir tellement intense que nous mourons si nous en restons privés" (Chemin de perfection, ch. XXI).
C’est l’aube, le soleil se lève dans le ciel limpide de la Terre Sainte et le fidèle commence sa journée en se rendant au temple pour chercher la lumière de Dieu. Il a besoin de cette rencontre avec le Seigneur de façon presque instinctive, on dirait "physique". De même que la terre aride est morte, tant qu’elle n’est pas irriguée par la pluie, et que les crevasses du terrain semblent une bouche assoiffée et desséchée, ainsi le fidèle aspire à Dieu pour être empli par Lui et pour pouvoir ainsi exister en communion avec Lui. Le prophète Jérémie avait déjà proclamé : le Seigneur est une "source d’eau vive", et il avait reproché au peuple d’avoir construit "des citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau" (2, 13). Jésus lui-même s’exclamera à haute voix : "Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi" (Jn 7, 37-38). En plein après-midi d’un jour ensoleillé et silencieux, il promet à la samaritaine: "Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle" (Jn 4, 14). » (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
« Mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. » Il faut savoir que dans la langue de l’Ancien Testament, l’hébreu, "l’âme" est exprimée par le terme nefesh, qui dans certains textes désigne la "gorge" et que dans beaucoup d’autres sa signification est plus large et indique la personne tout entière. Compris dans cette dimension, le terme aide à comprendre combien le besoin de Dieu est essentiel et profond ; sans lui le souffle manque, ainsi que la vie elle-même. C’est pourquoi le psalmiste en arrive à mettre au deuxième plan l’existence physique elle-même, si l’union avec Dieu vient à manquer : "Meilleur que la vie, ton amour" (Ps 62, 4).» (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
« Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange ». « Après le chant de la soif, voilà qu’apparaît dans les paroles du psalmiste le chant de la faim (cf. Ps 62, 6-9). Avec les images du "banquet abondant" et de la satiété, le suppliant renvoie probablement à l’un des sacrifices qui étaient célébrés dans le temple de Sion : celui que l’on appelle "de communion", c’est-à-dire un banquet sacré où les fidèles mangeaient la chair des victimes immolées. Une autre nécessité fondamentale de la vie est ici utilisée comme un symbole de la communion avec Dieu : la faim est rassasiée lorsqu’on écoute la Parole divine et que l’on rencontre le Seigneur. En effet, "l’homme ne vit pas seulement de pain, mais l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de YHWH (Dieu)" (Dt 8, 3 ; cf. Mt 4, 4). La pensée du chrétien se tourne ici vers la table que le Christ a dressée le dernier soir de sa vie terrestre, et dont il avait déjà expliquée la valeur profonde dans le discours de Capharnaüm : "Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui" (Jn 6, 55-56). » (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
« Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. » « Même lorsqu’on se trouve dans la nuit obscure, on se sent protégés par les ailes de Dieu, comme l’arche de l’alliance est couverte des ailes des chérubins. C’est alors que fleurit l’expression extatique de la joie : "Je jubile à l’ombre de tes ailes". La peur se dissipe, l’étreinte ne serre pas le vide mais Dieu lui-même, notre main s’entrelace avec la force de sa droite (cf. Ps 62, 8-9). » (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
Deuxième lecture (1 Th 4, 13-18)
« Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire. » – Parole du Seigneur.
La liturgie de ce dimanche nous a donné le psaume 62 (63) mais sans en donner la finale : « 10 Mais ceux qui poussent mon âme à sa perte, qu’ils descendent au profond de la terre ! 11 Qu’on les livre au tranchant de l’épée, qu’ils deviennent la part des chacals ! 12 Et le roi se réjouira en Dieu ; qui jure par lui en tirera louange quand les menteurs [par exemple les faux Christs et les faux prophètes] auront la bouche fermée ». Mais quand donc les menteurs auront-ils la bouche fermée ? On dirait que les choses vont de mal en pis et que le mensonge dirige le monde, tandis que l’on apprend que des lanceurs d’alertes sont menacés ou meurent subitement alors qu’ils étaient en bonne santé. Les menteurs auront la bouche fermée au moment de la venue glorieuse du Christ.
Saint Paul donne un bref enseignement sur cette venue glorieuse en précisant « sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci », autrement dit, il s’appuie sur les enseignements de Jésus lui-même, tels que : « Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes, qui produiront de grands signes et des prodiges, au point d'abuser, s'il était possible, même les élus » (Mt 24, 24) et, ajoute Jésus : « et l'on verra le Fils de l'homme [Jésus] venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire » (Mt 24, 30). Ce qui suppose que saint Paul ait eu à sa disposition des évangiles sous la forme de lectionnaires.
Saint Paul commence par dire : « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ». C’est la base. La Venue glorieuse du Christ sera une apparition du Christ ressuscité, une apparition que le monde entier verra. Saint Paul écrit ensuite : « 16 le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord ». L’Apocalypse appelle les apparitions des saints accompagnant la Venue glorieuse du Christ « la première résurrection » (Ap 20, 4-5). Les morts sont vivants dans le Seigneur, mais c’est pour ceux qui sont sur la terre que le fait qu’ils apparaissent, en accompagnant la venue glorieuse du Christ, peut être appelé une « résurrection ». Dans le chapitre précédent, saint Paul a écrit : « qu’il affermisse ainsi vos cœurs, irréprochables en sainteté devant Dieu, notre Père, lors de l’Avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints » (1Th 3, 13). Il y aura donc une apparition des saints accompagnant la venue en gloire de Jésus : « Ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord » (1Th 4, 16).
L’Apocalypse dit que cela va durer 1000 ans, ce qui est un temps symbolique mais une certaine durée : il faut en effet que l’humanité devienne stable dans le bien, avant de vivre son Assomption finale dans l’éternité comme saint Paul dit : « ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord, ensuite [ou « après quoi » notez l’intervalle, la consistance du temps de la Parousie, les « 1000 ans »] nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi, nous serons avec le Seigneur toujours » (1Th 4, 16-17). La « Parousie » a un début, et une fin, elle commence avec la Venue glorieuse du Christ et s’achève par une assomption finale dans l’éternité. Et l’Assomption de Marie en est la préfiguration.
L’enseignement de saint Paul correspond à l’Apocalypse : grande consolation pour ceux qui « décèdent en Notre Seigneur » (Ap 14, 13), Jésus le Messie, le Verbe de Dieu, viendra accompagné d’une cavalerie céleste : « Et les puissances des Cieux Le suivent sur des cavales blanches et revêtues de byssus blanc et pur ! » (Ap 19, 14). Les « puissances des Cieux » sont les anges, c’est un lieu commun comme dans la parabole de l’ivraie (Mt 13, 41-42) : ce sont les anges qui opèrent le jugement. Mais avec les anges, il y aura aussi les saints du ciel, les cavales « revêtues de byssus blanc et pur ! » Le byssus est une fibre naturelle fabriquée par la moule pour s’accrocher à un support et dans l’Antiquité on en tirait un textile de luxe appelé la « soie des rois ». Et l’image du byssus pur décrit les hommes « invités au festin des noces de l’Agneau » (Ap 19, 9) et désigne « les [actions] droites des saints » (Ap 19, 8). Jésus viendra avec les justes qui sont décédés et qui sont avec lui au Paradis. Par exemple, Jésus dit à l’église de Thyatire : « Je connais tes œuvres et ton amour [brûlant] et ta foi, et ton service, et ta persévérance ; et tes dernières œuvres sont plus nombreuses que les premières » (Ap 2, 19). Ces œuvres bonnes « courent » jusqu’au jour où la milice céleste accompagnant la Venue glorieuse du Christ livrera une guerre d’Amour, non sanguinaire, en apportant des cadeaux, des grâces, des remèdes, de quoi stupéfier les hommes et les attacher au Seigneur.
Et nous avons maintenant compris le sens plénier du début de la seconde lecture de ce dimanche : « Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : […] le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord. » (1Th 4, 13-14.16). Autrement dit, ils accompagneront la venue glorieuse du Christ pour aider ceux qui sont sur la terre à accomplir le règne de Dieu sur la terre comme au ciel, et à s’accoutumer à l’éternité.
« Ensuite nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi, nous serons avec le Seigneur toujours » (1Th 4, 17). La Parousie a un début, et une fin, elle s’achève par une assomption finale dans l’éternité.
« Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire » dit saint Paul. Oui, vous avez un bel avenir. La planète a un bel avenir. Vos enfants ont un bel avenir. L’histoire a un sens. Le monde a un sens. Et que Dieu vous bénisse !
Évangile (Mt 25, 1-13)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« 1 Alors le Royaume des Cieux sera comparable… / à dix vierges !
Celles-ci qui prirent leur lampe / et sortirent à la rencontre de l’époux et de l’épouse.
2 Or cinq d’entre elles / étaient sages,
et cinq / sottes.
3 Celles-là qui étaient sottes prirent leur lampe / mais ne prirent pas avec elle d’huile ;
4 celles, à l’inverse, qui étaient sages, / prirent de l’huile dans des vases avec leurs lampes.
5 Or, comme il tardait, / l’époux,
elles s’assoupirent toutes / et s’endormirent.
6 Au milieu de la nuit, / il y eut un cri :
‘Voici l’époux [qui] vient ! / Sortez à sa rencontre !’
7 Alors toutes ces vierges se levèrent / et préparèrent leur lampe.
8 Or ces sottes-là disaient aux sages : / ‘Donnez-nous de votre huile,
car voici : / nos lampes s’éteignent.’
9 Mais ces sages-ci répondirent / et dirent :
‘Non, de peur que / cela ne suffira pour nous et pour vous,
allez plutôt chez ceux qui en vendent, / et achetez-en pour vous !’
10 Et, pendant qu’elles étaient parties en acheter, / l’époux vint.
Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, / et la porte fut refermée.
11 Finalement, vinrent à leur tour les autres vierges / et elles disaient :
‘Seigneur, Seigneur, / ouvre-nous !’
12 Or, lui, il répondit / et leur dit :
‘Amen, je vous le dis : / je ne vous connais pas !’
13 Tenez-vous éveillés, / par conséquent
car vous ne connaissez ni le jour / ni l’heure. » – Acclamons la Parole de Dieu.
« Vous ne connaissez ni le jour / ni l’heure » (Mt 25, 13). L’évangile parle soit du moment de la mort individuelle, soit du moment de la venue glorieuse du Christ. La mort peut nous surprendre n’importe quand ; et personne ne connaît le jour de la Venue glorieuse du Christ. Dans la seconde lecture, saint Paul nous a parlé de cette Venue glorieuse du Christ accompagné des saints qui ressusciteront c’est-à-dire qui apparaitront avec lui, et il a parlé aussi de l’assomption finale à la fin du temps de la Parousie.
Dans la parabole, les chiffres « cinq » et « dix » sont simplement les plus pratiques pour les récitatifs d’une civilisation où l’on compte sur les doigts de la main. Mais que signifie l’huile, et pourquoi les vierges sages refusent-elles l’huile qu’on leur demande ? L’huile représente ici quelque chose qui ne peut pas être partagé. Nous avons beau mettre en commun nos connaissances sur des banques de données ou mettre en commun nos photos personnelles sur des réseaux sociaux, il y a quelque chose que nous ne pouvons pas partager, et qui relève de notre être profond, de notre personne, de notre identité unique et personnelle, de notre substance propre. L’huile représente les actions personnelles ou les attitudes que l’on a su développer dans notre vie, et qui construisent finalement notre être profond.
Les vierges sottes vont rater la rencontre avec le Seigneur à cause de leur sottise, à cause de leur légèreté, de l’insouciance, de la superficialité et du temps perdu à ne rien faire : elles vont manquer d’huile. À cause de leur manque d’amour et de bonnes actions, leur manque d’effort pour acquérir des attitudes dignes de l’époux, ces vierges sottes ne pourront pas entrer… Saint Augustin dit : « Or quiconque cherche une autre satisfaction que celle de plaire intérieurement à Dieu, n’a point d’huile avec lui. Mais les sages prirent de l’huile dans leurs vases avec leurs lampes, c’est-à-dire placèrent dans leur coeur et dans leur conscience la joie de leurs bonnes oeuvres, suivant le conseil de l’Apôtre » (St Augustin, 83 questions - 59. - Des dix Vierges.)
La parabole suivante, et que nous lirons dimanche prochain, aura une signification comparable mais plus grave : il sera question d’un maître qui va remettre à ses serviteurs ses biens. Les deux premiers les font fructifier, et à son retour, le maître les félicite en disant : « Bravo, serviteur bon et fidèle, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ! Entre dans la joie de ton maître » (Mt 25, 23). Mais le serviteur qui a reçu un talent et ne l’a pas fait fructifié est un mauvais serviteur qui a douté de l’amour du maître : « tu es un homme dur », et qui a douté de sa justice – « tu moissonnes là où tu n’as pas semé » (Mt 25, 24-25) –, ce qui est un grossier mensonge puisqu’en l’occurrence le maître lui a confié un talent, il l’a « semé » (v. 24). On peut dire que ce serviteur est auto-référent puisqu’il dit que Dieu n’a pas semé, et donc que lui n’a rien reçu, il est l’homme qui se fait tout seul et passe son temps à injurier le maître d’être injuste et dur. Il se verra retirer son talent (v. 29), et sera jeté dans les « ténèbres du dehors ».
Pour ce dimanche, il est remarquable que la rencontre à la fin des temps avec Jésus soit décrite comme une rencontre avec « l’Époux ». Dans l’Apocalypse, nous entendons ce cantique : « Réjouissons-nous et exultons, rendons-Lui gloire ! Parce que sont venues les noces de l’Agneau, et Son épouse a préparé son âme ! Et il lui a été donné qu’elle s’enveloppe de byssus pur et lumineux !’ » (Ap 19, 7-8). Et l’un des sept anges dit à Jean : « Viens, que je te montre la Fiancée, l’Épouse de l’Agneau » (Ap 21, 9). En attendant, le Christ répand son parfum, et nous, l’Église, qui répandons la bonne odeur du Christ (2 Co 2,15-16). Il arrive dans la vie courante que des époux qui s’aiment finissent par se ressembler. Et c’est ce qui se passe entre le Christ et l’épouse (l’âme, ton âme, ou l’Église). Dans son Commentaire du Cantique des Cantiques, Origène dit que l’époux « s’est fait lys » pour que toute âme « devienne également lys » à l’image de l’Époux[1]. L’époux donne le vin de l’allégresse, de même l’épouse est, elle aussi, capable de le produire et de l’offrir[2]. Et l’obéissance de l’Église est imitation de celle de l’époux[3] (le Christ qui obéit au Père). L’épouse est blessée comme l’a été le serviteur souffrant (en Is 53,5) qui est aussi le Christ époux[4]. L’époux donne un parfum suave, odeur de sainteté, de même l’épouse[5]. La charité de l’épouse imite celle de l’époux[6].
Mais tout n’est pas imitable dans le Christ. La profondeur de la kénose du Christ et l’intimité de sa relation au Père sont intrinsèquement liées à sa nature divine. Dans l’âme humaine de Jésus, Verbe incarné, les vertus sont un attribut « substantiel » (elles sont stables), mais chez nous, elles sont « accidentelles », c’est-à-dire susceptibles d’accroissement et de diminution suivant notre réponse au Créateur. Ceci étant dit, il y a une perfection propre à l’épouse en sa nature humaine[7]. Et nous espérons devenir un jour stable dans le bien, afin d’entrer dans l’éternité !
[1] ORIGÈNE, Commentaire du Cantique des Cantiques, Livre III, 4,2-4
[2] Ibid., Livre III, 6,4 et 5
[3] Ibid., Livre II, 7,15
[4] Ibid., Livre III, 8,13 ; Tome II, p. 575
[5] Ibid., Livre I, 4,2 ; Tome I, p. 221
[6] Ibid., Livre I, 4,10 ; Tome I, p. 227
[7] Origène, Commentaire du Cantique des Cantiques, Ibid., Livre III, 1,11 ; Tome II, p. 497
Première lecture (Sg 6, 12-16)
Psaume (Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 7-8)
Deuxième lecture (1 Th 4, 13-18)
Première lecture (Sg 6, 12-16)
La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première. Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. Penser à elle est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci. Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre. – Parole du Seigneur.
« Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ». Nous avons ici une personnification de la Sagesse divine, la Sagesse éternelle, la Sagesse incréée, la Sagesse créatrice. Toute la Bible nous apprend que Dieu vient à la rencontre de l’homme : Noé, Abraham, Moïse, David, Jérémie, Jean-Baptiste… Tous peuvent témoigner d’un événement où Dieu leur a parlé, où Dieu les a visités. Et Jésus est la Sagesse éternelle incarnée. Le Créateur n’a pas créé tout ce bel univers pour être ensuite indifférent à sa créature. Et l’humanité est l’objet de sa sollicitude. Il nous revient de faire silence et de l’écouter.
Le soir du vendredi 2 décembre 1932, aux jeunes voyants de Beauraing, bbb il est demandé à deux reprises d’être sages. Ce n’est pas seulement à des jeunes qu’il est dit d’être sage, c’est au monde entier, et en particulier à cette Europe qui sombre dans la folie des idéologies mortifères. À Beauraing, la petite Gilberte dira qu’elle a tout de suite compris qu’être sage c’était vivre selon Dieu.
Hitler avait déclaré dès 1934 : « Durant les mille prochaines années, il n’y aura plus de révolution en Allemagne »258. Or on connaît la suite, tragique. Hitler a une idéologie qui fait partie de ce que le magistère de l’Église dénonce comme un « messianisme sécularisé », c’est-à-dire le rêve de réaliser sur la terre ce qui ne peut advenir qu’à travers le jugement eschatologique (CEC 676-677). Le jugement eschatologique, c’est la Venue glorieuse du Christ qui anéantira l’Antichrist par le souffle de sa venue, comme nous le dit saint Paul 2Th 2, 8.
Pour être ami de la Sagesse éternelle, il faut un cœur qui écoute. Il s’agit d’être sage selon la Sagesse biblique. Nous lisons dans le livre du Siracide : « La Sagesse fait son propre éloge : […] Je suis issue de la bouche du Très-Haut […] Ceux qui font mes œuvres ne pécheront pas […] Tout cela n’est autre que le livre de l’alliance du Dieu Très-Haut, la Loi promulguée par Moïse » (Sir 24, 1-23).
Le début de la sagesse consiste, à la sortie d’Égypte, à quitter toute pratique d’ésotérisme (attention donc au New age) : « On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts » (Deutéronome 18, 10-11). De nos jours, des rites syncrétistes se multiplient et se fédèrent dans l’URI (United religions initiative), rassemblant chrétiens, juifs, musulmans, hindous, disciples du New Age et de la Wicca (mouvement néo-païen de personnes pratiquant la sorcellerie), ce qui n’est pas légitime.
La Loi promulguée par Moïse se lit dans le livre de l’Exode (Ex 20) ou dans celui du Deutéronome (Dt 5). Dans les deux cas, elle commence par une déclaration d’amour : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. » A cette déclaration d’amour, l’homme doit répondre avec responsabilité (Alliance) : 2) « Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi » : Pas d’idole, ni de magie. 3) Pas d’hypocrisie (prononcer le nom de Dieu à faux). 4) Respect du jour du Seigneur… 5) « Honore ton père et ta mère ». 6) « Tu ne tueras pas ». 7) « Tu ne commettras pas l’adultère ». 8) « Tu ne voleras pas ». 9) « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain » (ne pas mentir). 10) Et le « jardinage du cœur ». « Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain (donc pas d’adultère) tu ne désireras ni sa maison (donc pas de meurtre), ni son champ, ni son serviteur : rien de ce qui est à ton prochain (donc pas de vol). »
En 1945, le président des États-Unis déclara : « Le monde entier remarquera que la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, une base militaire. [En réalité, ce n’était pas d’abord une base militaire, et tous les hauts gradés de l’armée américaine savaient qu’Hiroshima était une zone urbaine]. […] Nous devons nous constituer les dépositaires de cette nouvelle force pour empêcher sa mauvaise utilisation et pour la conduire à servir l’humanité. C’est une terrible responsabilité qui nous incombe. Nous remercions Dieu qu’elle nous incombe plutôt qu’à nos ennemis ; nous prions pour qu’Il puisse nous guider vers une utilisation allant dans Son sens et qui serve Ses fins. » (Président Harry Truman. Discours du 9 août 1945). Avec un peu de recul, nous savons que sa référence religieuse cachait un calcul stratégique et que sa prétention de « servir l’humanité » cachait des intérêts nationaux. La Sagesse de l’Église n’a bien sûr pas confirmé la prétention de ce président. Citant le concile Vatican II, le catéchisme de l’Église catholique (1997) dit quelque chose de très différent : « "Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants, est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation" (GS 80). Un risque de la guerre moderne est de fournir l’occasion aux détenteurs des armes scientifiques, notamment atomiques, biologiques ou chimiques, de commettre de tels crimes » (CEC 2314).
Aujourd’hui, que dire ? Plus que jamais, nous avons besoin de sagesse. Plus que jamais nous avons besoin d’écouter le Créateur parler à notre cœur profond.
Il ne s’agit pas d’écouter un « surmoi » et de devenir des surhommes. Il ne s’agit pas d’écouter un « ça » et de devenir esclaves de nos pulsions et de nos compulsions. Il s’agit d’écouter Dieu et sa sagesse créatrice.
Soit nous poursuivons des buts illusoires au motif qu’on ne peut pas arrêter la science, soit nous décidons ce qui mérite d’être fait et ce qui ne le mérite pas.
Soit nous devons esclaves d’algorithmes décrétant ce qui est le plus rentable, soit nous nous tournons vers la Sagesse divine.
Soit nous recherchons à créer un surhomme connecté à un ordinateur, un homme-machine, donc en réalité un sous-homme, soit nous apprenons à l’homme qu’il a un Créateur et qu’il peut se mettre à l’écoute de la Sagesse créatrice.
Nous ne sommes pas idiots, nous savons distinguer le vrai du faux et nous savons construire des relations humaines sans la surveillance étatique.
Psaume (Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 7-8)
« Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes ».
Le livre de la Sagesse dit : « Celui qui cherche la Sagesse dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte » (Sg 6) ; et le psaume : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment » (Sg 6) ; et le psaume : « Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « Au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant » (Sg 6) ; et le psaume : « La joie sur les lèvres, je dirai ta louange. » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « Penser à elle [la Sagesse] est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci » (Sg 6) ; et le psaume : « Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler » (Ps 62).
Le livre de la Sagesse dit : « Dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre » (Sg 6) et le psaume : « Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes » (Ps 62).
Les échos montrent ainsi que la Sagesse dont parlait la première lecture est la Sagesse divine, incréée. Et Jésus est la Sagesse divine incarnée. On dira ensuite que Marie, en tant que Mère de Dieu, est le trône de la Sagesse.
« Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. » « Comme l’écrit sainte Thérèse d’Avila, "la soif exprime le désir d’une chose, mais un désir tellement intense que nous mourons si nous en restons privés" (Chemin de perfection, ch. XXI).
C’est l’aube, le soleil se lève dans le ciel limpide de la Terre Sainte et le fidèle commence sa journée en se rendant au temple pour chercher la lumière de Dieu. Il a besoin de cette rencontre avec le Seigneur de façon presque instinctive, on dirait "physique". De même que la terre aride est morte, tant qu’elle n’est pas irriguée par la pluie, et que les crevasses du terrain semblent une bouche assoiffée et desséchée, ainsi le fidèle aspire à Dieu pour être empli par Lui et pour pouvoir ainsi exister en communion avec Lui. Le prophète Jérémie avait déjà proclamé : le Seigneur est une "source d’eau vive", et il avait reproché au peuple d’avoir construit "des citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau" (2, 13). Jésus lui-même s’exclamera à haute voix : "Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi" (Jn 7, 37-38). En plein après-midi d’un jour ensoleillé et silencieux, il promet à la samaritaine: "Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle" (Jn 4, 14). » (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
« Mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. » Il faut savoir que dans la langue de l’Ancien Testament, l’hébreu, "l’âme" est exprimée par le terme nefesh, qui dans certains textes désigne la "gorge" et que dans beaucoup d’autres sa signification est plus large et indique la personne tout entière. Compris dans cette dimension, le terme aide à comprendre combien le besoin de Dieu est essentiel et profond ; sans lui le souffle manque, ainsi que la vie elle-même. C’est pourquoi le psalmiste en arrive à mettre au deuxième plan l’existence physique elle-même, si l’union avec Dieu vient à manquer : "Meilleur que la vie, ton amour" (Ps 62, 4).» (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
« Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange ». « Après le chant de la soif, voilà qu’apparaît dans les paroles du psalmiste le chant de la faim (cf. Ps 62, 6-9). Avec les images du "banquet abondant" et de la satiété, le suppliant renvoie probablement à l’un des sacrifices qui étaient célébrés dans le temple de Sion : celui que l’on appelle "de communion", c’est-à-dire un banquet sacré où les fidèles mangeaient la chair des victimes immolées. Une autre nécessité fondamentale de la vie est ici utilisée comme un symbole de la communion avec Dieu : la faim est rassasiée lorsqu’on écoute la Parole divine et que l’on rencontre le Seigneur. En effet, "l’homme ne vit pas seulement de pain, mais l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de YHWH (Dieu)" (Dt 8, 3 ; cf. Mt 4, 4). La pensée du chrétien se tourne ici vers la table que le Christ a dressée le dernier soir de sa vie terrestre, et dont il avait déjà expliquée la valeur profonde dans le discours de Capharnaüm : "Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui" (Jn 6, 55-56). » (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
« Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. » « Même lorsqu’on se trouve dans la nuit obscure, on se sent protégés par les ailes de Dieu, comme l’arche de l’alliance est couverte des ailes des chérubins. C’est alors que fleurit l’expression extatique de la joie : "Je jubile à l’ombre de tes ailes". La peur se dissipe, l’étreinte ne serre pas le vide mais Dieu lui-même, notre main s’entrelace avec la force de sa droite (cf. Ps 62, 8-9). » (Jean Paul II, Audience du Mercredi 25 avril 2001)
Deuxième lecture (1 Th 4, 13-18)
« Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire. » – Parole du Seigneur.
La liturgie de ce dimanche nous a donné le psaume 62 (63) mais sans en donner la finale : « 10 Mais ceux qui poussent mon âme à sa perte, qu’ils descendent au profond de la terre ! 11 Qu’on les livre au tranchant de l’épée, qu’ils deviennent la part des chacals ! 12 Et le roi se réjouira en Dieu ; qui jure par lui en tirera louange quand les menteurs [par exemple les faux Christs et les faux prophètes] auront la bouche fermée ». Mais quand donc les menteurs auront-ils la bouche fermée ? On dirait que les choses vont de mal en pis et que le mensonge dirige le monde, tandis que l’on apprend que des lanceurs d’alertes sont menacés ou meurent subitement alors qu’ils étaient en bonne santé. Les menteurs auront la bouche fermée au moment de la venue glorieuse du Christ.
Saint Paul donne un bref enseignement sur cette venue glorieuse en précisant « sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci », autrement dit, il s’appuie sur les enseignements de Jésus lui-même, tels que : « Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes, qui produiront de grands signes et des prodiges, au point d'abuser, s'il était possible, même les élus » (Mt 24, 24) et, ajoute Jésus : « et l'on verra le Fils de l'homme [Jésus] venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire » (Mt 24, 30). Ce qui suppose que saint Paul ait eu à sa disposition des évangiles sous la forme de lectionnaires.
Saint Paul commence par dire : « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ». C’est la base. La Venue glorieuse du Christ sera une apparition du Christ ressuscité, une apparition que le monde entier verra. Saint Paul écrit ensuite : « 16 le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord ». L’Apocalypse appelle les apparitions des saints accompagnant la Venue glorieuse du Christ « la première résurrection » (Ap 20, 4-5). Les morts sont vivants dans le Seigneur, mais c’est pour ceux qui sont sur la terre que le fait qu’ils apparaissent, en accompagnant la venue glorieuse du Christ, peut être appelé une « résurrection ». Dans le chapitre précédent, saint Paul a écrit : « qu’il affermisse ainsi vos cœurs, irréprochables en sainteté devant Dieu, notre Père, lors de l’Avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints » (1Th 3, 13). Il y aura donc une apparition des saints accompagnant la venue en gloire de Jésus : « Ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord » (1Th 4, 16).
L’Apocalypse dit que cela va durer 1000 ans, ce qui est un temps symbolique mais une certaine durée : il faut en effet que l’humanité devienne stable dans le bien, avant de vivre son Assomption finale dans l’éternité comme saint Paul dit : « 16 ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord, 17 ensuite [ou « après quoi » notez l’intervalle, la consistance du temps de la Parousie, les « 1000 ans »] nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi, nous serons avec le Seigneur toujours » (1Th 4, 16-17). La « Parousie » a un début, et une fin, elle commence avec la Venue glorieuse du Christ et s’achève par une assomption finale dans l’éternité. Et l’Assomption de Marie en est la préfiguration.
L’enseignement de saint Paul correspond à l’Apocalypse : grande consolation pour ceux qui « décèdent en Notre Seigneur » (Ap 14, 13), Jésus le Messie, le Verbe de Dieu, viendra accompagné d’une cavalerie céleste : « Et les puissances des Cieux Le suivent sur des cavales blanches et revêtues de byssus blanc et pur ! » (Ap 19, 14). Les « puissances des Cieux » sont les anges, c’est un lieu commun comme dans la parabole de l’ivraie (Mt 13, 41-42) : ce sont les anges qui opèrent le jugement. Mais avec les anges, il y aura aussi les saints du ciel, les cavales « revêtues de byssus blanc et pur ! » Le byssus est une fibre naturelle fabriquée par la moule pour s’accrocher à un support et dans l’Antiquité on en tirait un textile de luxe appelé la « soie des rois ». Et l’image du byssus pur décrit les hommes « invités au festin des noces de l’Agneau » (Ap 19, 9) et désigne « les [actions] droites des saints » (Ap 19, 8). Jésus viendra avec les justes qui sont décédés et qui sont avec lui au Paradis. Par exemple, Jésus dit à l’église de Thyatire : « Je connais tes œuvres et ton amour [brûlant] et ta foi, et ton service, et ta persévérance ; et tes dernières œuvres sont plus nombreuses que les premières » (Ap 2, 19). Ces œuvres bonnes « courent » jusqu’au jour où la milice céleste accompagnant la Venue glorieuse du Christ livrera une guerre d’Amour, non sanguinaire, en apportant des cadeaux, des grâces, des remèdes, de quoi stupéfier les hommes et les attacher au Seigneur.
Et nous avons maintenant compris le sens plénier du début de la seconde lecture de ce dimanche : « Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : […] le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord. » (1Th 4, 13-14.16). Autrement dit, ils accompagneront la venue glorieuse du Christ pour aider ceux qui sont sur la terre à accomplir le règne de Dieu sur la terre comme au ciel, et à s’accoutumer à l’éternité.
« Ensuite nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi, nous serons avec le Seigneur toujours » (1Th 4, 17). La Parousie a un début, et une fin, elle s’achève par une assomption finale dans l’éternité.
« Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire » dit saint Paul. Oui, vous avez un bel avenir. La planète a un bel avenir. Vos enfants ont un bel avenir. L’histoire a un sens. Le monde a un sens. Et que Dieu vous bénisse !
Évangile (Mt 25, 1-13)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« 1 Alors le Royaume des Cieux sera comparable… / à dix vierges !
Celles-ci qui prirent leur lampe / et sortirent à la rencontre de l’époux et de l’épouse.
2 Or cinq d’entre elles / étaient sages,
et cinq / sottes.
3 Celles-là qui étaient sottes prirent leur lampe / mais ne prirent pas avec elle d’huile ;
4 celles, à l’inverse, qui étaient sages, / prirent de l’huile dans des vases avec leurs lampes.
5 Or, comme il tardait, / l’époux,
elles s’assoupirent toutes / et s’endormirent.
6 Au milieu de la nuit, / il y eut un cri :
‘Voici l’époux [qui] vient ! / Sortez à sa rencontre !’
7 Alors toutes ces vierges se levèrent / et préparèrent leur lampe.
8 Or ces sottes-là disaient aux sages : / ‘Donnez-nous de votre huile,
car voici : / nos lampes s’éteignent.’
9 Mais ces sages-ci répondirent / et dirent :
‘Non, de peur que / cela ne suffira pour nous et pour vous,
allez plutôt chez ceux qui en vendent, / et achetez-en pour vous !’
10 Et, pendant qu’elles étaient parties en acheter, / l’époux vint.
Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, / et la porte fut refermée.
11 Finalement, vinrent à leur tour les autres vierges / et elles disaient :
‘Seigneur, Seigneur, / ouvre-nous !’
12 Or, lui, il répondit / et leur dit :
‘Amen, je vous le dis : / je ne vous connais pas !’
13 Tenez-vous éveillés, / par conséquent
car vous ne connaissez ni le jour / ni l’heure. » – Acclamons la Parole de Dieu.
« Vous ne connaissez ni le jour / ni l’heure » (Mt 25, 13). L’évangile parle soit du moment de la mort individuelle, soit du moment de la venue glorieuse du Christ. La mort peut nous surprendre n’importe quand ; et personne ne connaît le jour de la Venue glorieuse du Christ. Dans la seconde lecture, saint Paul nous a parlé de cette Venue glorieuse du Christ accompagné des saints qui ressusciteront c’est-à-dire qui apparaitront avec lui, et il a parlé aussi de l’assomption finale à la fin du temps de la Parousie.
Dans la parabole, les chiffres « cinq » et « dix » sont simplement les plus pratiques pour les récitatifs d’une civilisation où l’on compte sur les doigts de la main. Mais que signifie l’huile, et pourquoi les vierges sages refusent-elles l’huile qu’on leur demande ? L’huile représente ici quelque chose qui ne peut pas être partagé. Nous avons beau mettre en commun nos connaissances sur des banques de données ou mettre en commun nos photos personnelles sur des réseaux sociaux, il y a quelque chose que nous ne pouvons pas partager, et qui relève de notre être profond, de notre personne, de notre identité unique et personnelle, de notre substance propre. L’huile représente les actions personnelles ou les attitudes que l’on a su développer dans notre vie, et qui construisent finalement notre être profond.
Les vierges sottes vont rater la rencontre avec le Seigneur à cause de leur sottise, à cause de leur légèreté, de l’insouciance, de la superficialité et du temps perdu à ne rien faire : elles vont manquer d’huile. À cause de leur manque d’amour et de bonnes actions, leur manque d’effort pour acquérir des attitudes dignes de l’époux, ces vierges sottes ne pourront pas entrer… Saint Augustin dit : « Or quiconque cherche une autre satisfaction que celle de plaire intérieurement à Dieu, n’a point d’huile avec lui. Mais les sages prirent de l’huile dans leurs vases avec leurs lampes, c’est-à-dire placèrent dans leur coeur et dans leur conscience la joie de leurs bonnes oeuvres, suivant le conseil de l’Apôtre » (St Augustin, 83 questions - 59. - Des dix Vierges.)
La parabole suivante, et que nous lirons dimanche prochain, aura une signification comparable mais plus grave : il sera question d’un maître qui va remettre à ses serviteurs ses biens. Les deux premiers les font fructifier, et à son retour, le maître les félicite en disant : « Bravo, serviteur bon et fidèle, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ! Entre dans la joie de ton maître » (Mt 25, 23). Mais le serviteur qui a reçu un talent et ne l’a pas fait fructifié est un mauvais serviteur qui a douté de l’amour du maître : « tu es un homme dur », et qui a douté de sa justice – « tu moissonnes là où tu n’as pas semé » (Mt 25, 24-25) –, ce qui est un grossier mensonge puisqu’en l’occurrence le maître lui a confié un talent, il l’a « semé » (v. 24). On peut dire que ce serviteur est auto-référent puisqu’il dit que Dieu n’a pas semé, et donc que lui n’a rien reçu, il est l’homme qui se fait tout seul et passe son temps à injurier le maître d’être injuste et dur. Il se verra retirer son talent (v. 29), et sera jeté dans les « ténèbres du dehors ».
Pour ce dimanche, il est remarquable que la rencontre à la fin des temps avec Jésus soit décrite comme une rencontre avec « l’Époux ». Dans l’Apocalypse, nous entendons ce cantique : « Réjouissons-nous et exultons, rendons-Lui gloire ! Parce que sont venues les noces de l’Agneau, et Son épouse a préparé son âme ! Et il lui a été donné qu’elle s’enveloppe de byssus pur et lumineux !’ » (Ap 19, 7-8). Et l’un des sept anges dit à Jean : « Viens, que je te montre la Fiancée, l’Épouse de l’Agneau » (Ap 21, 9). En attendant, le Christ répand son parfum, et nous, l’Église, qui répandons la bonne odeur du Christ (2 Co 2,15-16). Il arrive dans la vie courante que des époux qui s’aiment finissent par se ressembler. Et c’est ce qui se passe entre le Christ et l’épouse (l’âme, ton âme, ou l’Église). Dans son Commentaire du Cantique des Cantiques, Origène dit que l’époux « s’est fait lys » pour que toute âme « devienne également lys » à l’image de l’Époux[1]. L’époux donne le vin de l’allégresse, de même l’épouse est, elle aussi, capable de le produire et de l’offrir[2]. Et l’obéissance de l’Église est imitation de celle de l’époux[3] (le Christ qui obéit au Père). L’épouse est blessée comme l’a été le serviteur souffrant (en Is 53,5) qui est aussi le Christ époux[4]. L’époux donne un parfum suave, odeur de sainteté, de même l’épouse[5]. La charité de l’épouse imite celle de l’époux[6].
Mais tout n’est pas imitable dans le Christ. La profondeur de la kénose du Christ et l’intimité de sa relation au Père sont intrinsèquement liées à sa nature divine. Dans l’âme humaine de Jésus, Verbe incarné, les vertus sont un attribut « substantiel » (elles sont stables), mais chez nous, elles sont « accidentelles », c’est-à-dire susceptibles d’accroissement et de diminution suivant notre réponse au Créateur. Ceci étant dit, il y a une perfection propre à l’épouse en sa nature humaine[7]. Et nous espérons devenir un jour stable dans le bien, afin d’entrer dans l’éternité !
[1] ORIGÈNE, Commentaire du Cantique des Cantiques, Livre III, 4,2-4
[2] Ibid., Livre III, 6,4 et 5
[3] Ibid., Livre II, 7,15
[4] Ibid., Livre III, 8,13 ; Tome II, p. 575
[5] Ibid., Livre I, 4,2 ; Tome I, p. 221
[6] Ibid., Livre I, 4,10 ; Tome I, p. 227
[7] Origène, Commentaire du Cantique des Cantiques, Ibid., Livre III, 1,11 ; Tome II, p. 497
Date de dernière mise à jour : 27/10/2023