« Ainsi parle le Seigneur : Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite.
Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : ‘Me voici’. Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. » (Is 58, 7-10).
Pour comprendre cette lecture, il est utile de regarder aussi ce qui vient juste avant :
« Est-ce là le jeûne qui me plaît,
le jour où l'homme se mortifie?
Courber la tête comme un jonc,
se faire une couche de sac et de cendre,
est-ce là ce que tu appelles un jeûne, un jour agréable à YHWH ?
N'est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère : » (Isaïe 58, 5-6)
Certes, il est important de s’excuser et de demander pardon à son prochain, de sorte qu’il se sente compris et rassuré par notre engagement à ne plus recommencer. Cependant, le Seigneur ne nous appelle pas à stagner dans une attitude d’auto-culpabilisation en courbant la tête et en se mordant les ongles, il nous appelle à être positif et à rendre gloire à Dieu, et surtout à vivre pour la gloire de Dieu, et c’est ce que nous disent les versets retenus par la liturgie de ce dimanche : « Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche… »
Dans la première lecture de ce dimanche, Isaïe indique ce que le croyant doit faire : « Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable… si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux » Et Isaïe indique ce que le croyant ne doit pas faire, ou ce qu’il doit faire disparaître : « Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. »
Au centre de la lecture, il est question de la lumière et de la gloire :
« Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche… ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi ». Le croyant brille d’une lumière qui vient de Dieu.
C’est d’abord Jésus qui accomplit les paroles du prophète Isaïe, c’est d’abord lui dont « la lumière jaillit comme l’aurore ».
Écoutons saint Grégoire Nysse, au 4e siècle :
« Paul nous a fait connaître le contenu du nom chrétien par ces paroles : "Christ est la Puissance de Dieu et la Sagesse de Dieu" ; il l'a également nommé "notre Paix, ainsi que la Lumière inaccessible en laquelle Dieu réside, notre Sanctification et notre Rédemption, notre Grand-prêtre et notre Pâque, l'Offrande propitiatoire pour nos âmes, le Rayonnement de la Gloire de Dieu et l'Effigie de sa Substance, Celui par qui Il a fait les siècles, l'Aliment et la Boisson spirituels, le Rocher et l'Eau, l'Assise de notre foi et la Pierre angulaire, l'Image du Dieu invisible et notre grand Dieu, la Tête du corps, c'est-à-dire de l'Église et le Premier-né de la création nouvelle, le Prémices de ceux qui se sont endormis, l'Aîné d'une multitude de frères, le Médiateur entre Dieu et les hommes, le Fils unique couronné de gloire et d'honneur, le Seigneur de gloire et le Principe de toute chose" ». (Gregoire Nysse, à Olympios - Introduction)
Quant à nous, ce n'est qu'en ce monde que l'on annonce la gloire de Dieu, puisque dans le siècle à venir nous le verrons tel qu'il est, on ne l'annoncera plus à personne.
Voyons comment parlaient les premières générations chrétiennes :
« Il convient, bienheureux Polycarpe, de convoquer une assemblée agréable à Dieu, et d'élire quelqu'un qui vous soit très cher et qui soit actif, qui puisse être appelé le courrier de Dieu; charge-le d'aller en Syrie pour célébrer votre infatigable charité pour la gloire de Dieu. Le chrétien n'a pas pouvoir sur lui-même, mais il est libre pour le service de Dieu. Cela, c'est l'oeuvre de Dieu, et aussi la vôtre quand vous aurez accompli cela » (Ignace d'Antioche, à Polycarpe § 7)
Plus proche de nous, nous lisons dans la vie de sainte Thérèse d’Avila :
« Quand on agit purement pour Dieu, il permet, afin d'accroître nos mérites, que l'âme éprouve je ne sais quel effroi, jusqu'au moment où elle aborde l'action; mais plus cet effroi est grand, plus aussi, quand elle en triomphe, elle en est récompensée et rencontre de délices dans ce qui lui semblait si ardu. Dès cette vie même, il plaît au divin Maître de payer cette grandeur de courage par des jouissances intimes, connues seulement des âmes qui les goûtent. J'en ai fait l'expérience, je le répète, en des choses de grande importance. Aussi je ne conseillerais jamais, s'il m'était permis de donner un avis, d'écouter de vaines craintes et de négliger une bonne inspiration, quand, là différentes reprises, elle vient nous solliciter. Si la gloire de Dieu en est l'unique terme, le succès est assuré ; car ce grand Dieu est tout-puissant. Qu'il soit béni à jamais ! Amen. » (Thérèse d’Avila, Vie, chap. 4)
« Voulez-vous savoir ce qui communiquait ce feu divin à la parole des apôtres ? C'est qu'ils avaient la vie présente en horreur, et foulaient aux pieds l'honneur du monde. Quand il fallait dire une vérité et la soutenir pour la gloire de Dieu, il leur était indifférent de tout perdre ou de tout gagner. Quiconque a tout hasardé pour Dieu domine également et les succès et les revers » (Thérèse d’Avila, Vie 16)
« J'aime, je le déclare, une oraison qui en très peu de temps embrase l'âme de cet amour fort, qui seul peut la déterminer à tout abandonner, dans l'unique vue de plaire à Dieu ; et puisque celle dont je viens de parler produit cet effet, je la préfère, quoiqu'elle soit de fraîche date, à ces oraisons qui, après plusieurs années, ne nous portent à rien entreprendre de grand pour la gloire de Dieu » (Thérèse d’Avila, Vie 39)