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13e dimanche ordinaire (B)
Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.
Mc 5, 21-43 -- 13e dimanche ordinaire (67.58 Ko)
Podcast sur : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#
Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30).
Première lecture (Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24)
Psaume (29 (30), 2.4, 5-6ab, 6cd.12, 13)
Deuxième lecture (2Co 8, 7.9.13-15)
Première lecture (Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24)
Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui. – Parole du Seigneur.
Prenons un cas dans les relations humaines.
Par exemple, une personne gentille supporte une injustice, elle souffre en silence, et puis un jour, elle sent qu’elle n’en peut plus, elle veut parler. Elle commence à dire ce qui ne va pas, et on lui répond, imaginant qu’elle peut bien encore rester gentille sans nous déranger : « si tu penses que j’ai le temps de lire tes balivernes, j’ai du travail sérieux, moi ». Eh bien, répondre ainsi, est-ce que c’est être du côté de Dieu qui dit : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent » (Sg 1, 13-14) ? Non, c’est être du côté du diable qui veut faire souffrir jusqu’à pousser à la mort. Cette personne qui a longtemps supporté l’injustice et qui n’en peut plus, Dieu désire qu’elle vive, qu’elle soit contente, que le mal fait soit réparé, sinon matériellement au moins moralement, par des paroles et des prières de réparation ou de repentances, par une fête, un cadeau, un honneur.
Prenons un cas dans les relations internationales.
Dans le monde, il y a des gens qui, sciemment, calculent de faire mourir les autres par les bombardements, la famine et les actes de terreur d’une guerre, d’un génocide. On a le droit de se défendre contre une occupation, contre une agression extérieure. Et tous ceux qui sont témoins peuvent agir, parler, voter, manifester, signer une pétition, et si on ne peut ni agir ni parler, on peut au moins en ressentir en soi-même la douleur. Le pire, c’est quand on commence à devenir indifférent, et à aimer les génocides… « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent » (Sg 1, 13-14).
Le monde a été créé bon. « Ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir ». Même certaines plantes réputées toxiques sont en réalité des remèdes, il faut simplement savoir les utiliser. Or l’homme fabrique des poisons, des armes biologiques en augmentant la capacité des microbes, bactéries et virus. « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui. »
Prenons un cas dans les choix sociétaux.
La recherche s’ouvre afin de manipuler des copies de gamètes ou des copies d’embryons humains à partir de cellules obtenues par destruction d’embryon humain. Mais ces gamètes ou embryons synthétiques peuvent avoir exactement les mêmes capacités de former un être humain… N’est-ce pas horrible ?Or il existe des alternatives. Les IPS, cellules pluripotentes induites, ont des caractéristiques identiques à celles des cellules souches embryonnaires. Elles ont l’avantage de ne pas impliquer la destruction d’êtres humains. Mais c’est une alternative plus chère et qui demande plus de temps. Elle n’attire donc que très peu les chercheurs qui voient dans l’embryon humain un « matériaux » facile d’accès et bon marché.
De plus, la restriction de l’expérimentation animale est manifeste depuis quelques années ; or parallèlement, on assiste à une libération de la recherche sur l’embryon humain. Il est très regrettable que la société soit devenue plus sensible à la protection animale qu’à la protection d’une partie de sa propre espèce. « La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. » (Sg 1, 15 et Sg 2, 23).
La société civile n’écoute pas l’Église dans ses appels à la protection de l’embryon humain. À l’intérieur de l’Église, et même parmi ceux qui défendent l’embryon, il y a d’autres formes de corruptions, souvent liées au mensonge et à l’argent, constituent d’autres manières de prendre le parti de la mort. « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui » (Sg 2, 24). Celui qui est corrompu et ceux qui participent de sa corruption, la tolèrent ou la disent légitime, ils peuvent bénéficier d’une gloire sur la terre, ils ont de l’argent et peuvent être de beaux parleurs, en reprenant ce que d’autres ont dit, et même en se présentant comme de grands chrétiens, mais, à cause de leur corruption, leur œuvre est construite sur la profanation du nom de Jésus et de Marie. Et à l’échelle de l’éternité, c’est vraiment un mauvais choix ! À l’échelle de l’éternité, ils sont les plus misérables, s’ils parviennent à échapper à la damnation éternelle…
« La justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. » (Sg 1, 15 et Sg 2, 23) Dans nos vies, on peut parfois désirer mourir. Les efforts incessants, l’ingratitude, la déception, la trahison, la solitude, le manque de perspective. Jésus lui-même a dit un soir, « mon âme est triste jusqu’à la mort », c’était le soir du jeudi saint. Il avait tant d’adversité contre lui. Jésus avait un dessein d’amour sur son peuple, les scribes et les pharisiens qui refusèrent le baptême de Jean rejetèrent le dessein de Dieu sur eux, ils annulèrent leur vocation (Lc 7, 30), qui, on le comprend aisément, était d’asseoir l’évangélisation sur le socle hébraïque. Au contraire, les scribes et des pharisiens cherchèrent à accuser Jésus de mille manières. Pire encore, tout près de Jésus, il y avait en permanence Judas qui cherchait à le provoquer. Jésus voyait ce que l’on avait tramé pour lui, un procès lâche et tordu, avec de faux témoins. Jésus savait qu’il serait livré à Pilate, pour une mort atroce. Au jardin de Gethsémani, il a été triste jusqu’à la mort nous dit l’évangile selon saint Marc, qui est l’évangile de Pierre. Et, dans mon livre sur « le témoignage primitif de Pierre et Jean », je montre qu’il faut enchaîner avec le témoignage de Jean qui montre que Jésus se lève et qu’il est debout face à ceux qui viennent l’arrêter : il entre dans sa Passion comme un vivant, il entre dans sa Passion comme le grand vivant, car il est le Rédempteur. Il est l’agneau qui porte et emporte le péché du monde, le soulève et l’enlève.
« La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. » (Sg 1, 14-15 et Sg 2, 23). Celui qui agit dans la justice, même s’il connaît certaines exclusions, aura une gloire éternelle, et lors du retour du Christ, il apparaitra avec lui dans la gloire (1Th 3, 13), il participera à son règne sur la terre comme au ciel, il siègera sur son trône, et sa justice sera immortelle.
Psaume (29 (30), 2.4, 5-6ab, 6cd.12, 13)
Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé, tu m’épargnes les rires de l’ennemi. Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse. Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, rendez grâce en rappelant son nom très saint. Sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie. Avec le soir, viennent les larmes, mais au matin, les cris de joie. Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !
Ce psaume a été choisi en écho à l’évangile de ce dimanche, qui relate deux histoires. Une jeune fille de douze ans vient de mourir, toute la famille est en pleurs, mais Jésus vient, il lui adresse la parole et elle revient à la vie. « Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie ».
L’autre histoire, c’est celle d’une femme qui a des pertes de sang, ce qui la faisait lentement descendre à la mort sociale et à la mort physique ; elle touche le manteau de Jésus, et elle est guérie. « Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé, tu m’épargnes les rires de l’ennemi. Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse. Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, rendez grâce en rappelant son nom très saint. »
Ce psaume parle aussi à notre génération. Le monde entier n’est-il pas en deuil ? Tant de guerres dans le monde… Et ceux qui meurent, ce sont nos frères et sœurs, même s’ils sont à 2500 kms de chez nous, en Europe de l’Est. Même s’ils sont à 4000 kms, au Proche Orient. Même s’ils sont à 8000 kms de chez nous, au Congo ou au Mozambique… Ce sont nos frères et sœurs, et le monde entier est blessé par leur mort cruelle, et le monde entier est en deuil. Alors prions le Seigneur de « changer notre deuil en une danse, nos habits funèbres en parure de joie ».
Un verset du psaume est délicat à expliquer : « Sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie ». Il est possible, mais très limité, de l’interpréter par une comparaison à l’éducation d’un enfant, les parents le grondent, mais leur colère ne dure pas longtemps, et toute leur vie ils sont bons envers leurs enfants.
C’est limité, parce que l’on sait bien que le thème de la colère de Dieu se retrouve aussi dans le livre de l’Apocalypse, au moment du retour glorieux du Christ. « De sa bouche sort une épée acérée pour en frapper les païens ; c’est lui qui les mènera avec un sceptre de fer ; c’est lui qui foule dans la cuve le vin de l’ardente colère de Dieu, le Maître-de-tout » (Ap 19,15) – Ne tombons pas dans le piège des images, l’épée est dans sa bouche, c’est sa Parole. L’Apocalypse nous enseigne à ne pas prendre l’épée, « celui qui tue par l’épée, qu’il soit tué par l’épée ! » (Ap 13, 10 de l’araméen). Le seul et l’unique qui puisse juger le monde, c’est Jésus, l’Agneau innocent. Après le jugement, l’humanité réalisera sa vocation sur la terre, et Jean prend l’image d’une Jérusalem nouvelle, « De temple, je n’en vis point en elle ; c’est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau » (Ap 21, 22).
La colère de Dieu signifie que le péché n’a pas d’avenir. L’idée d’un châtiment divin implique aussi que le souverain bien du Créateur aura le dessus.
Certains adeptes du mondialisme considèrent comme de méchants pessimistes ceux qui reprennent les thèmes de l’Apocalypse et de l’ensemble du Nouveau Testament, à savoir l’émergence d’un antichristianisme et d’un antichrist, et son jugement par la venue glorieuse du Christ.
Le pessimisme ne réside-t-il pas plutôt dans les philosophies modernes qui considèrent que le mal puisse participer à la construction de l’avenir, ne serait-ce qu’au titre d’une antithèse devant faire partie d’une synthèse future ?
F. Hegel (1774-1831) applique la Trinité comme Idée de l’Histoire. Il oppose le Père (la thèse, le passé) et le Fils (l’antithèse, le présent), l’Esprit est la synthèse (et l’avenir). Ainsi, en communiant à tout ce qui se dit et tout ce qui se fait dans l’actualité en marche, même les artistes qui blasphèment, même les politiques qui promeuvent des lois antichrétiennes, on croit communier à l’Esprit puisque tous font partie du mouvement de l’histoire et que l’avenir fera la synthèse dans « l’Esprit ». Mais est-ce que c’est encore l’Esprit Saint ?
Certains chrétiens ont été fascinés, mais la dialectique d’Hegel est une contrefaçon du christianisme. Le Nouveau Testament, et en particulier l’Apocalypse dit que le dessein du Créateur (la Trinité) se réalisera. C’est donc l’amour divin trinitaire qui conduit l’Histoire, et non pas une Idée en perpétuelle dialectique. Le combat se jouera entre « Dieu qui détient tout », la Trinité Sainte, et la fausse Trinité (dragon/ bête/ Faux prophète – Ap 16, 13). Babel aura une fin (Ap 17-18). La bête et le faux prophète auront une fin (Ap 19). L’influence de Satan aura une fin (Ap 20, 1-10). L’Apocalypse décrit aussi des « vivifications » et s’achève sur l’image de la Jérusalem nouvelle, épouse resplendissante du Christ Agneau… Pour préparer l’humanité à l’incorruptibilité et à la vie éternelle.
Le revers de la médaille « des noces de l’Agneau » (Ap 19, 7), c’est le jugement des ennemis de Dieu, mais ce jugement est fait par Jésus, c’est
- Le jugement de la violence par la douceur,
- Le jugement de l’arrogance par l’humilité,
- Le jugement de la cruauté par la gentillesse,
- Le jugement de l’injustice par la justice.
Ce qui a été dit dans la première lecture s’accomplira : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui. » (Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24)
Et tous ceux qui ont fait de leur mieux, sans doute avec leurs faiblesses, mais sans malice, ceux-là pourront chanter le psaume à pleine voix : « Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé, tu m’épargnes les rires de l’ennemi. Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse. Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, rendez grâce en rappelant son nom très saint. Sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie. Avec le soir, viennent les larmes, mais au matin, les cris de joie. Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce ! »
Deuxième lecture (2Co 8, 7.9.13-15)
Frères, puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus-Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture à propos de la manne : Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop, celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien. – Parole du Seigneur.
Saint Paul invite au bon usage des richesses et au partage, et cette lecture comporte quatre phrases que nous allons méditer une à une.
Écoutons la première phrase. « Frères, puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! » La générosité doit venir d’une foi sincère, d’un cœur purifié par la Parole, d’une connaissance de Dieu qui soit existentielle et non pas la répétition de choses apprises. Attention à l’aumône du faux chrétien qui donne deux sous au mendiant, mais qui, par ailleurs, détourne l’argent d’un immeuble dédié à une œuvre sociale, paye au procès pour éviter la prison, paye les journaux pour éviter que son nom ne paraisse, et fait ensuite des œuvres au nom de Jésus, en distribuant l’argent volé pour se faire des amis et collaborateurs… Non, cela n’est pas une œuvre au nom de Jésus, c’est plutôt une profanation.
Écoutons la seconde phrase. « Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus-Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté ».
Jésus est l’Envoyé du Père, il est venu sur la terre, sans quitter sa divinité, il est en quelque sorte sorti… Pour partager, il nous faut, nous aussi, sortir de notre milieu et rencontrer des gens différents de nous, à travers une association, à travers un voyage, à travers la vie de la paroisse... Que chacun de nous ait un pauvre dans sa vie. Son pauvre. Non pas dix millions de pauvres à aider par l’intermédiaire du gouvernement, mais ton pauvre, ton ami pauvre avec qui tu partages dans une égalité de dignité, sans humilier. Et ton pauvre sera aussi pour toi un reflet de Jésus dans ta vie, Jésus lui qui « s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté ».
Écoutons la troisième phrase. « Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité ». Si nous ne partageons pas, l’intelligence artificielle le fera pour nous, au prix d’une surveillance totale et en nous contraignant au culte de la bête annoncé dans l’Apocalypse : sans la marque de la bête nul ne pourra ni acheter ni vendre (Ap 13, 18). Il ne s’agit pas de nous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Non pas d’une égalité théorique, abolissant les différences entre les gens, il s’agit d’une égalité concrète, une égalité de dignité, une égalité d’honneur et de reconnaissance.
La notion de partage se perd à cause de l’État-providence, des allocations de toutes sortes, des programmes mondiaux d’aide au développement, mais tout cela est impersonnel et cache bien des misères.
En général, la providence sait le faire, et les circonstances ordinaires de la vie mettent sur notre chemin un pauvre à soutenir, à honorer de notre offrande, à encourager par notre geste.
Il faut toujours une forme de réciprocité. Il y a parfois des tire-au-flanc qui veulent profiter de la générosité chrétienne sans rien faire et sans travailler, ceux-là, ils ont besoin d’un éducateur !
Écoutons la quatrième phrase. « Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture à propos de la manne : Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop, celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien. »
Le livre du Siracide parle ainsi : « 8 C’est un méchant, l’homme aux regards cupides, qui détourne les yeux et méprise la vie d’autrui. 9 L’homme jaloux n’est pas content de ce qu’il a, la cupidité dessèche l’âme. 10 L’avare est chiche de pain et la disette est sur sa table.11 Mon fils, si tu as de quoi, traite-toi bien, et présente au Seigneur les offrandes qu’il demande. 12 N’oublie pas que la mort ne tardera pas et que le pacte du shéol ne t’a pas été révélé.13 Avant de mourir fais du bien à tes amis, et selon tes moyens sois libéral. » (Sirac 14, 8-13).
Le livre de la Sagesse parle de la manne en ces termes : « C’est une nourriture d’anges que tu as donnée à ton peuple, et c’est un pain tout préparé que, du ciel, tu leur as fourni inlassablement, un pain capable de procurer toutes les délices et de satisfaire tous les goûts ; Et la substance que tu donnais manifestait ta douceur envers tes enfants, et, s’accommodant au goût de celui qui la prenait, elle se changeait en ce que chacun voulait ». (Sagesse 16, 20-21)
L’expérience biblique est une sagesse qui vaut aussi pour notre époque. L’expérience du partage a été l’expérience des hébreux dans l’Ancien Testament, et celle aussi des apôtres. Nous n’avons pas seulement à suivre l’enseignement des apôtres, les leçons des évangiles, nous avons aussi à suivre leur exemple, comment ils faisaient : ils pratiquaient le partage.
Nous pouvons aller plus loin encore et parler des vœux religieux, la pauvreté volontaire, la chasteté perpétuelle – et Jésus dit à ce sujet « ils sont pareils aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection » (Lc 20, 36) – et l’obéissance absolue en tout ce qui n’est pas péché. Et il est encore une chose tout à fait parfaite : donner sa propre vie par amour pour Dieu et ses frères... Jésus dit : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20, 28) ; Jésus dit aussi : « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).
La source de notre générosité, c’est Dieu le Père, lui qui est le tout-puissant. La source de notre générosité, c’est Jésus, Jésus vivant, source inépuisable de notre vie. Jésus est là, il est présent, lui qui a donné sa propre vie pour nous.
La source de notre générosité, c’est l’Esprit Saint, que nous ne recevons pas une seule fois par an pendant le week-end de la Pentecôte, mais que nous recevons chaque jour dans la prière.
Évangile (Mc 5, 21-43)
« 21 Et, comme Jésus avait (re)traversé en bateau / vers l’autre rive,
de nouveau se rassemblèrent autour de lui des foules nombreuses, / alors qu’il était sur le bord de mer.
22 Et il en vint un, du nom de Jaïre, / un des chefs de synagogue,
et, l’ayant vu / il tomba à ses pieds.
23 Et il le suppliait beaucoup, / en lui disant :
‘Ma fille / est réduite au plus mal !
Viens, pose ta main sur elle : / elle se rétablira, et elle vivra !’
24 Et Jésus s’en alla avec lui,
et une foule nombreuse était attachée à lui, / et ils le pressaient.
25 Or une femme, qui avait un écoulement de sang, / depuis douze ans,
26 laquelle avait beaucoup enduré de nombreux médecins, / et avait dépensé tout ce qu’elle avait,
et en rien n’avait été secourue, / mais même était davantage oppressée,
ayant entendu [parler] de Jésus,
27 vint dans la presse de la foule, par-derrière lui, / et toucha son vêtement.
28 Elle disait, / en effet :
‘Si seulement je touchais son vêtement, / je revivrais !’
29 Et, aussitôt, / s’assécha la source de son sang.
Et elle ressentit, dans son corps, / qu’elle était guérie de sa plaie.
30 Or Jésus sut aussitôt en lui-même / qu’une puissance était sortie de lui.
Et il se tourna vers la foule, / et dit :
‘Qui… / a touché mes habits ?’
31 Ses disciples lui disaient : / Tu vois les foules qui te pressent,
et tu dis : / ‘Qui m’a touché ?’
32 Et il regardait pour voir / qui avait fait ceci.
33 Or cette femme-là, apeurée et tremblante, / parce qu’elle avait su ce qui lui était arrivé,
vint tomber / devant lui,
et lui dit / toute la vérité.
34 Or, lui, / il lui dit :
‘Ma fille, / ta foi t’a vivifiée !
Va en paix, / et sois guérie de ta plaie !’
35 Et, tandis qu’il était encore en train de parler,
ceux de la maison du chef de synagogue vinrent, / en disant :
‘Ta fille / est morte.
Pourquoi donc, / est-ce que tu importunes le maître ?’
36 Or Jésus entendit la parole qu’ils prononcèrent / et dit à ce chef de synagogue :
‘Ne crains pas ! / Crois seulement !’
37 Et il ne laissa personne aller avec lui, / sinon Simon-Pierre,
Jacques, / et Jean, le frère de Jacques.
38 Et ils vinrent à la maison de ce chef de synagogue / et il vit qu’ils étaient agités,
qu’ils pleuraient / et entonnaient des lamentations.
39 Il entra / et leur dit :
‘Pourquoi êtes-vous agités / et pleurez-vous ?
La jeune fille… / Elle n’est pas morte, mais elle dort !’
40 Et ils se riaient de lui.
Or lui, Jésus, / il les fit tous sortir,
et il emmena le père de la jeune fille, et sa mère, / et ceux qui étaient avec lui.
Il entra / là où était placée la jeune fille,
41 il saisit la main de la jeune fille / et lui dit :
‘Jeune fille, / lève-toi !’
42 Et, sur l’heure, la jeune fille se leva / et elle marchait !
Elle avait, en effet, / douze ans !
Et ils étaient émerveillés / d’un grand émerveillement.
43 Et il leur recommanda beaucoup / que personne ne sache ceci.
Et il dit / de lui donner à manger » (Mc 5, 21-43).
Acclamons la parole de Dieu.
Il y a trois parties formant une inclusion :
A) Mc 5, 21-24. Jaïre, chef de synagogue, tomba aux pieds de Jésus et suppliait Jésus d’entrer dans sa maison car sa fille « est réduite au plus mal » (Mc 5, 23)
B) Mc 5, 25-34. Une femme, ayant des pertes de sang depuis douze ans, touche le vêtement de Jésus et perçoit qu’elle est guérie.
A') Mc 5, 35-43. Entre-temps, la fille de Jaïre est morte. Mais Jésus va chez Jaïre et la ressuscite.
La « perle » est soudée. Les deux miracles sont unis par le chiffre douze : « Une fille d’environ douze ans » (Mc 5, 42). « Une femme qui avait un écoulement de sang, depuis douze ans » (Mc 5, 25). Et le chiffre douze rappelle les douze tribus d’Israël… Dans les deux cas, la visite de Dieu en Jésus arrive quand tout semble perdu. La femme est coupée de toute vie sociale à cause de son flux de sang (Lv 15, 25-30), et elle a dépensé tout ce qu’elle possédait (Mc 5, 26). Quant à Jaïre, désormais sa fille est morte, et on lui conseille de ne pas importuner Jésus (Mc 5, 35).
La femme qui a un flux de sang ne peut retenir la vie, et la fille de Jaïre est morte peu avant d’avoir pu transmettre la vie. Jésus guérit l’une et ressuscite l’autre. La visite de Dieu donne à la fois la résurrection et la procréation ; d’ailleurs, les deux vont ensemble, comme le disait la mère des sept martyrs : « Je ne sais comment vous avez apparu dans mes entrailles ; ce n’est pas moi qui vous ai gratifiés de l’esprit et de la vie ; ce n’est pas moi qui ai organisé les éléments qui composent chacun de vous. Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé le genre humain et qui est à l’origine de toute chose, vous rendra-t-il, dans sa miséricorde, et l’esprit et la vie, parce que vous vous méprisez maintenant vous-mêmes pour l’amour de ses lois » (2Mac 7, 22-23).
En Jésus, Dieu visite son peuple par des rencontres personnelles. Se répète le verbe de racine « qrb » qui signifie « rencontrer, toucher, offrir ». La femme touche le vêtement de Jésus (Mc 5, 27-28). Ce verbe est encore repris deux fois (Mc 5, 30-31). Une telle insistance est un message : Jésus ne visite ni ne sauve le monde d’une manière abstraite, mais par des rencontres et des contacts. De même, Jésus vient visiter la jeune fille dans sa maison et il la saisit par la main (Mc 5, 41).
La femme. Atteinte d’un flux de sang, la loi lui ordonnait de s’isoler (Lv 15, 25-30) ; or cette femme a fait tout le contraire pour atteindre Jésus ! Le Lévitique va jusqu’à dire : « Vous avertirez les Israélites de leurs impuretés, afin qu’à cause d’elles ils ne meurent pas en souillant ma Demeure qui se trouve au milieu d'eux » (Lv 15, 31). Mais son contact ne contamine pas Jésus, au contraire une puissance sort de lui et la restaure. Cette femme a probablement des scrupules, c’est pourquoi quand Jésus interroge, elle est « apeurée et tremblante » (Mc 15, 31). Or il est bon que Jésus l’interroge et la fasse parler, et qu’elle lui dise « toute la vérité » (Mc 15, 33), afin d’éviter de payer sa guérison en gardant de si lourds scrupules. Alors, il lui dit :
‘Ma fille, / ta foi t’a vivifiée !
Va en paix, / et sois guérie de ta plaie !’
La jeune fille. Le récit montre que la jeune fille défunte fut capable d’entendre la voix de Jésus qui lui dit : « Jeune fille, lève-toi ! » (Mc 5, 41) Et l’évangile de Jean dit que les morts entendent la voix du Fils de l’homme (Jn 5, 25). Ensuite, Jésus fait taire les témoins, car Jaïre est le chef de la synagogue et il appartient à un milieu susceptible d’enfermer Jésus dans des critères de discernement. Jésus ressuscite un mort comme l’avait fait le prophète Élie, mais à la différence d’Élie, il ne prie pas, tout en restant humble, il ordonne de sa propre autorité. « Jeune fille, lève-toi ! »
Cet épisode a un parallèle dans l’évangile de Matthieu et celui dans de Luc. Chez Luc, on observe dans la langue araméenne quelques variantes du vocabulaire qui permettent un jeu d’écho avec l’épisode de la Visitation. De la sorte, Luc suggère que ces deux miracles constituent une visite de Dieu, une visite de Jésus en Marie.
Date de dernière mise à jour : 29/05/2024