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23e dimanche ordinaire (B)
Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.
Evangile Mc 7, 31-37 (75.26 Ko)
Podcast sur : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#
Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30).
Première lecture (Is 35, 4-7a) 1
Psaume (Ps 145 (146), 6c-7, 8-9a, 9bc-10) et le Magnificat 4
Deuxième lecture (Jc 2, 1-5) 7
Première lecture (Is 35, 4-7a)
Dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ; car l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif, en eaux jaillissantes. – Parole du Seigneur.
La revanche de Dieu, c’est sa vengeance sur le mal par la venue de Jésus-Christ le Rédempteur, et d’abord par la naissance de Marie, la toute pure, la toute sainte.
La commémoration liturgique de la Nativité de Marie est liée à la dédicace d’une église, au 5e siècle, à Jérusalem, dans les environs de la piscine probatique, là où, selon la tradition, était la maison des parents de Marie : Joachim et Anne.
La date du 8 septembre ouvre l’Année liturgique byzantine à partir du 6e siècle.
La fête du 8 septembre fut accueillie par l’Église de Rome au cours du 7e siècle et devint une grande fête dans toute l’Europe.
Et je vous propose une homélie qui date des environs de l’an 700, par saint Jean Damascène, qui, comme son nom l’indique, a vécu à Damas. Saint Jean Damascène, Homélie sur la Nativité de Marie, § 10,11,12 :
§ 10 Marie est le temple où la Trinité est glorifiée.
Merveille qui dépasse toutes les merveilles : une femme est placée plus haut que les Séraphins, parce que Dieu est apparu abaissé "un peu au-dessous des anges (Ps 8,6)" ! Que Salomon le très sage se taise, et qu’il ne dise plus : "Rien de nouveau sous le soleil (Eccl 1,9)." Vierge pleine de la grâce divine, temple saint de Dieu, que le Salomon selon l’esprit, le Prince de la paix, a construit et habite, l’or et les pierres inanimées ne t’embellissent pas, mais, mieux que l’or, l’Esprit fait ta splendeur. Pour pierreries, tu as la perle toute précieuse, le Christ, la braise de la divinité. Supplie-le de toucher nos lèvres, afin que, purifiés, nous le chantions avec le Père et l’Esprit, en nous écriant : "Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth", la nature unique de la divinité en trois Personnes.
Saint est Dieu, le Père, qui a bien voulu qu’en toi et par toi s’accomplît le mystère qu’il avait prédéterminé avant les siècles (1Co 2,7).
Saint est le Fort, le Fils de Dieu, et Dieu le Monogène, qui aujourd’hui te fait naître, première-née d’une mère stérile, afin qu’étant lui-même Fils unique du Père et "Premier-né de toute créature (1Co 1,15)", il naisse de toi, Fils unique d’une Vierge-Mère, "Premier-né d’une multitude de frères (Rm 8,29)", semblable à nous et participant par toi à notre chair et à notre sang (Hb 2,14). Cependant, il ne t’a pas fait naître d’un père seul, ou d’une mère seule, afin qu’au seul Monogène fût réservé, en perfection le privilège de fils unique : il est en effet Fils unique, lui seul d’un père seul, et seul d’une mère seule.
Saint est l’immortel, l’Esprit de toute sainteté, qui par la rosée de sa divinité t’a gardée indemne du feu divin : car c’est là ce que signifiait par avance le buisson de Moïse.
§ 11 Piscine probatique [à côté de la maison natale de Marie]. Guérison du genre humain.
Je te salue, ô Portique des brebis, demeure très sainte de la Mère de Dieu. Je te salue, Portique des brebis, domicile ancestral de la reine, autrefois l’enclos des brebis de Joachim, devenu aujourd’hui l’Eglise du troupeau spirituel du Christ, cette imitation du ciel. Jadis tu recevais une fois par an l’ange de Dieu, qui agitait les eaux et rendait la santé à un seul homme en le délivrant du mal qui le paralysait (Jn 5,4). Aujourd’hui tu as ici des multitudes de puissances célestes qui célèbrent avec nous la Mère de Dieu, l’abîme des merveilles, la source de l’universelle guérison. Tu as reçu, non un ange serviteur (Hb 1,14), mais "l’Ange du grand conseil", descendu sans bruit sur la toison comme une pluie de bonté (Is 9,5; Ps 72,6), celui qui a rétabli la nature entière, malade et penchant vers sa perte, dans une santé inaltérable et une vie sans vieillesse : par lui, le paralytique qui gisait en toi a bondi comme un cerf (Is 35,6; Ac 3,7). Je te salue, précieux Portique des brebis, que se multiplie ta grâce !
Essai de portrait.
Je te salue, ô Marie, fille très douce d’Anne. Vers toi de nouveau l’amour m’attire. Comment dépeindre ta démarche pleine de gravité, ton vêtement ? Et la grâce de ton visage ? La maturité du jugement dans un corps juvénile ? Ta tenue fut modeste, éloignée de tout luxe et de toute mollesse ; ta démarche grave, sans précipitation, exempte de toute indolence ; ton caractère sérieux, tempéré d’enjouement, d’une parfaite réserve à l’égard des hommes : témoin le trouble qui te saisit aux propos inattendus de l’ange. À tes parents dociles et obéissants, tu avais d’humbles sentiments dans les contemplations les plus hautes, une parole aimable, venant d’une âme paisible. En résumé quoi d’autre en toi, que la digne demeure de Dieu ? Avec raison toutes les générations te proclament bienheureuse, toi la gloire insigne de l’humanité. Tu es l’honneur du sacerdoce, l’espoir des chrétiens, la plante féconde de la virginité, car c’est par toi que le renom de la virginité s’est étendu au loin. "Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni." Ceux qui confessent ta maternité divine sont bénis, et maudits ceux qui la nient.
§ 12 : Prière.
Joachim et Anne, couple béni, recevez de moi ce discours d’anniversaire.
Fille de Joachim et d’Anne, ô Souveraine, accueille la parole d’un serviteur pécheur, mais que l’amour enflamme, pour qui tu es le seul espoir de joie, la protectrice de la vie, et, auprès de ton Fils, la réconciliatrice et la garantie ferme du salut. Puisses-tu écarter le fardeau de mes péchés, dissiper le nuage qui obscurcit mon esprit et la lourdeur qui m’attache à la matière.
Puisses-tu arrêter les tentations, gouverner heureusement ma vie et me conduire par la main jusqu’à la béatitude d’en haut. Accorde au monde la paix, et à tous les habitants orthodoxes de cette cité, une joie parfaite et le salut éternel, par les prières de tes parents et de tout le corps de l’Église. Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !
"Salut, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein", Jésus-Christ, le Fils de Dieu. A lui la gloire, avec le Père et le Saint-Esprit, dans toute l’infinité des siècles. Amen.
Psaume (Ps 145 (146), 6c-7, 8-9a, 9bc-10) et le Magnificat
Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin, il égare les pas du méchant. D’âge en âge, le Seigneur régnera : ton Dieu, ô Sion, pour toujours !
« Le Seigneur garde à jamais sa fidélité » dit le psaume, et
« Il a secouru Israël, son serviteur, / et il s’est souvenu de sa tendresse
comme il l’avait dit à nos pères, / avec Abraham et sa postérité pour toujours » (Lc 1, 54-55) dit le Magnificat.
« Il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain » dit le psaume, et
« Il a renversé les potentats des trônes / et il a élevé les humbles.
Les affamés, / il les a rassasiés de bonnes choses.
Et les riches / il les a renvoyés à vide » (Lc 1, 52-53) dit le Magnificat.
Dans le Magnificat, les versets 51, 52, 53 fonctionnent par opposition, mais il ne suffit pas d’être pauvre pour être l’objet de la prédilection divine. La structure donne le sens : les affamés, les humbles et ceux qui craignent le Seigneur vont ensemble.
Les orgueilleux, les potentats et les riches vont ensemble : les riches qui sont renversés sont ceux qui usurpent la force du Tout-Puissant, ils sont superbes et vides.
Le Seigneur élève les humbles, littéralement ceux qui sont abaissés (makkīḵe), et qui sont aussi ceux qui le craignent, c’est-à-dire qui ont le désir de correspondre à sa bonté ; ils sont aussi ses serviteurs, comme le sont Israël et Marie.
Le Magnificat pourrait aussi être dit « le Credo de Marie ». Marie croit que Dieu réalise ses promesses et exauce ses serviteurs, mais cet exaucement, miséricorde ou tendresse [ḥnānā] se réalise à travers un jugement. Ce jugement commence dans le cœur de chacun au sens où il y a, en chacun, un superbe et un riche qui résiste à la bonté de Dieu. Ce jugement aura aussi une dimension eschatologique, quand les prises de position seront fixées dans le bien ou dans le mal, ce sera alors un jugement entre les gens, au moment de la Venue glorieuse du Christ.
« Le Seigneur délie les enchaînés ». Il délie d’abord des chaînes démoniaques, c’est-à-dire des addictions. L’alcool est une addiction, un verre, ça passe, trois c’est trop, l’ivresse amène le malheur, une habitude enchaîne par une addiction. La pornographie est une ivresse qui enchaîne très rapidement et ruine les existences. Les jeux vidéos sont aussi une ivresse qui ruine l’existence, et les jeux d’argent… « Le Seigneur délie les enchaînés ». Toutes les chaînes, le Seigneur les délie. Mais il faut désirer son salut. Le Seigneur en délivre parce qu’il est le plus beau. Parce qu’il offre une joie incomparable. Parce que, quand on a goûté la fierté d’une journée passée sous son regard, dans sa sagesse, dans son amour, dans sa joie qui est simple, alors on ne veut plus aucun autre ersatz.
« Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles. Le Seigneur redresse les accablés ». Qui n’a jamais été accablé ? Trop de choses à faire, trop de trahison, de malentendus. Et pourtant, après un temps de prière, parfois un cri vers le Seigneur, parfois un pèlerinage, même très simple tout près de chez nous, Jésus nous redresse.
« Or, tandis que Jésus enseignait pendant le Shabbat / dans une des assemblées,
il y avait là une femme qui avait un esprit de maladie, / depuis dix-huit ans,
et elle était courbée, / et ne pouvait pas se redresser, complètement.
Or, Jésus la vit et l’appela, / et il lui dit :
‘Femme, / tu es déliée de ta maladie !’
Et il posa sa main sur elle,
Et, aussitôt, elle se redressa, / et elle glorifiait Dieu ! » (Lc 13, 10-13, du syriaque)
« Le Seigneur aime les justes ». Dieu aime les justes, il maintient le monde dans l’existence par amour pour les justes qui feront réussir son plan, le dessein de la création, le but et la grandeur pour lesquels nous avons été créés…
On ne fait pas avancer le règne de Dieu par des chemins injustes, par exemple par le terrorisme, ou encore par une certaine utilisation de la géo-ingénierie qui provoque des famines pour ensuite imposer une certaine idéologie.
« D’âge en âge, le Seigneur régnera » dit le psaume, « Et sa tendresse s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 50) dit le Magnificat.
« D’âge en âge, le Seigneur régnera » ; il s’agit d’un futur. Pour l’instant, nous pouvons avoir l’impression que Satan règne, mais le Seigneur règnera, il est le maître du monde, le maître de l’histoire. « Dieu aime les justes », il maintient le monde dans l’existence par amour pour les justes qui feront réussir son plan, le dessein de la création. La venue du Seigneur sera une venue glorieuse : Jésus ne reviendra pas d’une manière corporelle pour exercer une contrainte politique et militaire, mais sa royauté s’exercera, spirituellement, par une attraction d’amour.
« Et sa tendresse s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 50) dit le Magnificat. Nous avons traduit le nom « ḥnānā » qui peut aussi signifier grâce, miséricorde, exaucement, par « tendresse » parce que nous réservons le mot « grâce » à la traduction du mot ṭaybūṯā, et le mot « miséricorde », « amour miséricordieux » à la traduction de la racine « rḥm » qui désigne aussi les entrailles. Le grec donne ici le mot ελεους qui met l’accent sur la tendresse ; le latin donne misericordiæ, qui met l’accent sur la miséricorde. Le Cantique reflète l’expérience de Marie : elle a fait l’expérience d’être humble, abaissée ou « basse » : le Très Haut a fait descendre le Fils par lequel la mère se trouve élevée (Lc 1, 52).
Les premiers textes liturgiques en Occident pour le 8 septembre
Sacramentaire Gélasien (§ 1016-1019) : « Que nous aide Seigneur, nous t’en prions, l’intercession glorieuse de sainte Marie dont nous rappelons le jour de l’heureuse naissance » (collecte)
Dans le "sacramentarium Gregorianum hadrianum" (GrH 680-682 Sacramentaire du pape Adrien octroyé à Charlemagne en l’an 791) :
Procession : « Dieu miséricordieux, exauce la supplication de tes serviteurs, nous qui nous sommes réunis pour la nativité de la Mère de Dieu toujours Vierge, par son intercession nous sommes appréciés de toi et protégés des dangers » (GrH 680).
Messe :
« O Seigneur, accorde les grâces célestes à tes serviteurs, puisque l’enfantement de la Vierge bienheureuse fut pour nous le commencement du salut, que la fête de sa Nativité nous apporte un surcroît de paix » (Gr H 681).
Cf. Corrado MAGGIONI, Benedetto il frutto del tuo grembo, Due millenni di pietà mariana, Portalupi Editore s.r.l. 2000, p.91-94 Synthèse F. Breynaert
Mes frères, dans votre foi en Jésus-Christ, notre Seigneur de gloire, n’ayez aucune partialité envers les personnes. Imaginons que, dans votre assemblée, arrivent en même temps un homme au vêtement rutilant, portant une bague en or, et un pauvre au vêtement sale. Vous tournez vos regards vers celui qui porte le vêtement rutilant et vous lui dites : « Assieds-toi ici, en bonne place » ; et vous dites au pauvre : « Toi, reste là debout », ou bien : « Assieds-toi au bas de mon marchepied. » Cela, n’est-ce pas faire des différences entre vous, et juger selon de faux critères ? Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? – Parole du Seigneur.
Le livre du Lévitique disait déjà : « Vous ne commettrez point d’injustice en jugeant. Tu ne feras pas acception de personnes avec le pauvre ni ne te laisseras éblouir par le grand : c’est selon la justice que tu jugeras ton compatriote » (Lv 19, 15). Et le livre de l’Exode : « Tu ne favoriseras pas même le pauvre en rendant ton jugement » (Ex 23, 3).
Saint Thomas d’Aquin dit : « C’est parce qu’elle s’oppose à la justice que l’acception des personnes est un péché. Or le péché est d’autant plus grave que la transgression de la justice se réalise dans une matière plus importante. Aussi, puisque les choses spirituelles priment sur les temporelles, ce sera un péché plus grave de faire acception des personnes dans la dispensation des biens spirituels que dans celle des biens temporels ». (II-II Secunda Secundae Qu.63 a.2)
Il s’agit par exemple de ne pas élever un riche à un siège d’honneur dans l’Église, au mépris d’un pauvre plus instruit et plus saint. Ou encore, pour une communauté nouvelle mélangeant les états de vies, il s’agit de ne pas encourager la vocation d’une personne dont on convoite le riche héritage, ou, à l’inverse, d’écarter une famille nombreuse sous prétexte que ses enfants occasionneront beaucoup de dépenses.
Saint Thomas d’Aquin nuance sa pensée en ajoutant : « Il arrive parfois que le moins élevé en sainteté et en science soit plus utile au bien commun en raison de sa puissance ou de son habileté profane, ou pour quelque autre qualité de cet ordre […] et alors, ceux qui sont moins parfaits absolument soient préférés aux meilleurs sans qu’il y ait acception des personnes » (II-II Secunda Secundae Qu.63 a.2)
Mais ceci concerne l’organisation des charges communautaires et non pas le regard intérieur dont parle saint Jacques « dans votre foi en Jésus-Christ, notre Seigneur de gloire » (Jc 2, 1).
Saint Jacques parle de quelqu’un dont le faste extérieur attire une certaine vénération, il ne nous dit pas si c’est un prétentieux ou si c’est quelqu’un qui fait profiter la communauté de son habileté dans les affaires de ce monde. Saint Thomas d’Aquin dit : « sur la supériorité de l’homme, il faut faire attention à deux points. D’abord, que l’homme ne tient pas de lui-même la cause de sa supériorité : elle est quelque chose de divin en lui. C’est pourquoi on ne doit pas honorer soi-même en premier, mais Dieu. Ensuite, il faut remarquer que cette supériorité est donnée par Dieu à l’homme pour qu’il en fasse profiter les autres ». (II-II Secunda Secundae Qu.131 a.1).
Saint Jacques parle d’un pauvre aux vêtements sales, et ne nous dit pas si c’est un fainéant ou une personne vertueuse, pensons par exemple à saint Benoit Labre, en pèlerinage incessant, pouilleux, et très grand saint. « N’ayez aucune partialité envers les personnes […] Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? (Jc 2, 1-5).
Lors du retour du Christ, la parabole des mines, les bons serviteurs reçoivent autorité sur des villes (Lc 19, 17-18), leur autorité ne vient pas de leur habileté dans les affaires, mais de leur fidélité à Jésus, (qu’ils soient riches ou pauvres) !
Il fut un temps, dans le bassin minier du Nord, où les premiers rangs des églises étaient réservés aux ingénieurs. Heureusement, c’est terminé. C’était déplacé, car, c’est Dieu qui voit qui est le plus proche de Jésus et le plus utile à l’avènement de son règne. L’église ne transpose pas en son sein la pyramide sociale, mais elle influence la civilisation. En effet, le message chrétien comporte la reconnaissance de l’égale dignité de chaque homme et de chaque peuple. Cette égale dignité se traduit progressivement dans les conditions de vie matérielle, l’accès à la propriété et à l’initiative économique. À l’inverse, la déchristianisation s’accompagne d’une inégalité exponentielle, avec une élite possédante qui méprise la vie des autres. Il y a un gâchis humain et tout le monde est perdant.
Un exemple vécu (vers l’an 1700).
Nommé aumônier de l’hôpital de Poitiers, Montfort ne se range pas parmi les notables administrateurs mais il s’enferme lui-même avec les pauvres, au scandale de la bonne société. Telle est sa sagesse, Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres pour les faire héritiers ? (Cf. Jc 2,5 repris par Montfort en VD 54) Il arrive à Poitiers et passe l’après midi à genoux dans la chapelle de l’hôpital (un hôpital recueillait aussi les pauvres), son vêtement est si usé que les pauvres de l’hôpital se cotisent pour lui, et Montfort répond « je remerciai mes frères et sœurs de leur bonne volonté. Ils m’ont pris depuis ce temps-là en telle affection qu’ils disent tous publiquement que je serai leur prêtre. » (L 6, 4 mars 1701).
Sa liberté personnelle entraîne la libération des pauvres de l’hôpital de Poitiers, il reprend leur plainte et leurs ressentiments dans un cantique (C 18), appelant les riches à se réveiller, ce qui n’est pas sans rappeler le Magnificat ; il promeut les exclus à participer à une vie spirituelle et à une vie communautaire religieuse, à part égale, il leur ouvre l’Alliance divine : la trame quotidienne de leur vie douloureuse est transfigurée dans les noces de la Sagesse éternelle, Jésus-Christ crucifié. « Heureuse… ! » (SM 78) l’âme qui suit cette voie.
Quelques textes liturgiques pour le 8 septembre (Missel Romain 1969)
Antienne d’ouverture : « Célébrons avec joie la naissance de la Vierge Marie, par elle nous est venu le Soleil de justice, le Christ notre Dieu. »
Collecte : « Ouvre à tes serviteurs, Dieu très bon, tes richesses de grâce ; puisque la maternité de la Vierge Marie fut pour nous le commencement du salut, que la fête de sa Nativité nous apporte un surcroît de paix. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. »
Prière après la communion : « Par cette communion, Seigneur, tu refais les forces de ton Église ; donne-lui d’exulter de joie, heureuse de la nativité de la Vierge Marie qui fit lever sur le monde l’espérance et l’aurore du Salut. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. »
Évangile (Mc 7, 31-37)
« 7, 31 De nouveau, Jésus sortit / de la frontière de Tyr et de Sidon,
et vint vers la mer de Galilée, / à la frontière de la Décapole.
32 Et ils firent venir à lui un sourd-muet, / et ils le suppliaient de poser sa main sur lui.
33 Et il le mena loin de la foule, seul à seul, / et mit ses doigts dans ses oreilles,
et il cracha / et toucha sa langue,
34 et il regarda dans les cieux, / et soupira,
et il lui dit : / ‘Ouvre-toi !’
35 Et, sur l’heure, / ses oreilles s’ouvrirent !
Et le lien de sa langue se dénoua, / et il parla facilement !
36 Et il les mit en garde de ceci : / qu’à personne ils n’en disent mot !
Mais plus, lui, / il les mettait en garde,
plus, eux, / ils le proclamaient davantage.
37 Et ils s’émerveillaient extrêmement / en disant :
‘Il fait bien toute chose !
Il fait que les sourds entendent / et que les non-parlants parlent !’
Jésus a opéré une guérison physique qui suggère facilement une guérison de l’âme de celui qui est sourd pour entendre la vérité, et noué pour la dire.
Dans le rituel du baptême (1984), on lit dans la rubrique 88 qu’après l’imposition des mains,
« Si on le juge bon, le célébrant peut reprendre ici un geste de Jésus dans l’Evangile (Mc 7,32-35): il touche les oreilles et la bouche de chaque enfant, en disant :
Effétah (C’est-à-dire) : Ouvre-toi !
Le Seigneur Jésus a fait entendre les sourds et parler les muets ; qu’il te donne d’écouter sa parole, et de proclamer la foi pour la louange et la gloire de Dieu le Père.
Tous : Amen. »
On se rend alors en procession au baptistère…
Le miracle du sourd-muet a lieu dans la Décapole, une région contaminée de paganisme. Jésus guérit à la fois le corps et l’âme, son œuvre est parfaite. La guérison de l’âme ne se fait pas sans la coopération de la volonté. Jésus vint vers la région de la Décapole, et les gens vinrent vers lui en le suppliant. De même, écrit saint Thomas : « Justifier les hommes ne convenait qu’à ceux qui le veulent […] Le Christ, par sa vertu divine, a justifié les hommes intérieurement, mais non malgré eux. » (Saint Thomas d’Aquin, III Tertia Pars Qu.44 a.3)
Il y a des guérisons physiques, il y a des guérisons de l’âme. On peut considérer comme un miracle de l’âme le fait que le Christ a infusé la sagesse à ses disciples, dans une illumination intérieure, comme il leur a dit : « Moi, je vous donnerai une parole et une sagesse que tous vos adversaires ne pourront ni supporter ni contredire » (Lc 21,15). Aussi dit-on dans les Actes : « Les juifs, voyant la constance de Pierre et de Jean, et sachant que ces hommes étaient des ignorants de condition modeste, étaient dans l’étonnement. » (Ac 4, 13). Tout comme les guérisons physiques, ces effets spirituels témoignent de la puissance du Christ et de son salut, comme le dit l’épître aux Hébreux : « Dieu appuyant leur témoignage [celui de ceux qui l’ont entendu] par des signes, des prodiges, des miracles de toutes sortes, ainsi que par des communications d’Esprit Saint qu’il distribue à son gré » (He 2, 4). L’effet spirituel de la puissance du Christ se constate aussi sur ses ennemis, par exemple lorsque ceux qui viennent l’arrêter reculèrent et tombèrent sur le sol (Jn 18, 6).
Au paralytique, il est dit spécialement : « Tes péchés te sont remis » (Mc 2, 5), et peut-être, si la rémission des péchés précède, c’est pour que, une fois disparues les causes de l’infirmité, la santé soit rétablie. Jésus dit ensuite au paralytique : « lève-toi, prends ton grabat et va-t’en chez toi ! » (Mc 2, 11) : « le Christ accomplit l’oeuvre moindre, qui est visible, afin de montrer l’oeuvre qui est la plus grande et la plus cachée » [1], c’est-à-dire la guérison de l’âme.
C’est l’occasion d’écouter l’oraison de la liturgie de la Messe du 8 septembre dans quelque chose que vous n’avez pas l’habitude d’entendre, le Sacramentaire du pape Adrien octroyé à Charlemagne en l’an 791 : « Que l’humanité de ton Fils unique nous sauve o Seigneur, lui qui en naissant de la Vierge ne diminua pas, mais consacra la virginité de sa Mère. En la solennité de sa nativité, qu’il nous délivre de nos péchés et te rende agréable notre offrande » (Gr H 682 Sur les offrandes).
La foule comprend que Jésus agit de manière divine et s’écrit : « Il a bien fait toutes choses ». Ce qui rappelle, dans le Deutéronome : Dieu « est le Rocher, son oeuvre est parfaite » (Dt 32, 4). Cela rappelle aussi le récit de la création, dans le récit de la Genèse : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon » (Gn 1,31).
Saint Laurent de Brindisi (+ 1619) fait remarquer :
« La Loi divine raconte les oeuvres que Dieu a accomplies à la création du monde, et elle ajoute : Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon (Gn 1,31). L’Évangile rapporte l’oeuvre de la Rédemption et de la nouvelle création, et il dit de la même manière : Il a bien fait toutes choses (Mc 7, 37). Car l’arbre bon donne de bons fruits, et un arbre bon ne peut pas porter de mauvais fruits (Mt 7, 17-18). […] Dieu ne peut faire que des choses bonnes, car il est la bonté infinie, la lumière même. […]
Il a bien fait toutes choses. La Loi dit que tout ce que Dieu a fait était bon, et l’Évangile qu’il a bien fait toutes choses. Or, faire de bonnes choses n’est pas purement et simplement les faire bien. Beaucoup, à la vérité, font de bonnes choses sans les faire bien, comme les hypocrites qui font certes de bonnes choses, mais dans un mauvais esprit, avec une intention perverse et fausse. Dieu, lui, fait toutes choses bonnes et il les fait bien. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait (Ps 144,17). Tout cela, ta sagesse l’a fait (Ps 103,24), c’est-à-dire: Tu l’as fait avec la plus grande sagesse et très bien. C’est pourquoi la foule dit : Il a bien fait toutes choses (Mc 7, 37). […]
Et si Dieu, sachant que nous trouvons notre joie dans ce qui est bon, a fait pour nous toutes ses oeuvres bonnes et les a bien faites, pourquoi, de grâce, ne nous dépensons-nous pas pour ne faire que des oeuvres bonnes et les bien faire, dès lors que nous savons que Dieu y trouve sa joie ?
Vous demanderez : Que devons-nous faire pour mériter de jouir éternellement des bénédictions divines ? Je répondrai en une phrase : Puisque l’Église est appelée l’Épouse du Christ et de Dieu, nous devons faire ce qu’une femme mariée, une bonne épouse, fait pour son époux, et alors Dieu nous traitera comme un bon époux traite son épouse bien-aimée. Voici ce que le Seigneur dit par la bouche d’Osée : Tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la justice et le droit, l’amour et la tendresse ; tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur (Os 2, 21-22). » [2]
Oraison du dimanche : « Seigneur notre Dieu, que de fois ne sommes-nous pas sourds à ton appel et muets devant le témoignage à rendre ! Ne cesse pas d’ouvrir nos oreilles et de délier notre langue, afin que, devant tous, nous proclamions combien tu es admirable en Jésus, le Christ, notre Seigneur. Lui qui règne ».
Date de dernière mise à jour : 24/08/2024