25e dimanche ordinaire (B)

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

Evangile mc 9 30 37Evangile Mc 9, 30-37 (83.44 Ko)

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Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

Première lecture (Sg 2, 12.17-20)

Psaume (Ps 53 (54), 3-4, 5, 6.8)

Deuxième lecture (Jc 3, 16 – 4, 3)

Évangile (Mc 9, 30-37)

Première lecture (Sg 2, 12.17-20)

Ceux qui méditent le mal se disent en eux-mêmes : « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. » – Parole du Seigneur.

Le livre de la Sagesse oppose le discours du sage et les raisonnements pervers des méchants (Sg 2,1-20) qui « appellent la mort du geste et de la voix » (Sg 1,16), parce que - ayant conclu un pacte avec la mort (Sg 1,16) - au lieu d’orienter le désir vers l’immortalité promise par Dieu (Sg 2,22-23), ils veulent entraîner les hommes dans l’ivresse éphémère du plaisir dissolu (Sg 2,5-9). Comme c’est actuel…

Les impies - qui ne supportent pas le juste qui « leur reproche leurs manquements à la Loi » (Sg 2,12) - agissent contre lui, avec « violence et tourments », en mettant à « l’épreuve » sa foi en Dieu Père (Sg 2,16). En réalité, c’est le Seigneur qui « éprouve » ainsi ses élus, les testant comme « l’or au creuset » (Sg 3,5-6), afin de les trouver dignes d’un prix éternel (Sg 3,7-9 ; 5,15-16). Des échos de ces textes se trouvent dans les évangiles et particulièrement dans le récit de la Passion, quand ceux qui passaient au calvaire injuriaient Jésus :

« Il s’est confié en Dieu, / que Dieu le délivre maintenant s’il se complait en lui !
Il a dit en effet : / ‘Je suis Fils de Dieu !’ » (Mt 27,43).

Le juste est exposé au risque de martyre, et l’Apocalypse montre le dragon-Satan poursuivre ceux qui gardent la parole de Jésus et ses commandements (Ap 12). Heureusement, nous savons qu’à travers le jugement eschatologique, la volonté divine se fera sur la terre comme au ciel et que Satan sera enchaîné (Ap 20).

Jean-Paul II expliqua, dans sa magistrale encyclique Veritatis Splendor 91-93 :

« 91 Dans la Nouvelle Alliance, on rencontre de nombreux témoignages de disciples du Christ - à commencer par le diacre Étienne Ac 6,8-7,60 et par l’Apôtre Jacques Ac 12,1-2 - qui sont morts martyrs pour confesser leur foi et leur amour du Maître et pour ne pas le renier. Ils ont ainsi suivi le Seigneur Jésus qui, devant Caïphe et Pilate, "a rendu son beau témoignage" 1Tm 6,13, confirmant la vérité de son message par le don de sa vie. D’autres innombrables martyrs acceptèrent la persécution et la mort plutôt que d’accomplir le geste idolâtrique de brûler de l’encens devant la statue de l’empereur Ap 13,7-10. [J’ouvre une parenthèse, de nos jours, on a vu des cérémonies officielles à Paris avec un culte du veau d’or, et au tunnel du Gothard en Suisse avec un bouc, symbolisant satan…] Ils allèrent jusqu’à refuser de simuler ce culte, donnant ainsi l’exemple du devoir de s’abstenir même d’un seul acte concret contraire à l’amour de Dieu et au témoignage de la foi. Dans l’obéissance, comme le Christ lui-même, ils confièrent et remirent leur vie au Père, à celui qui pouvait les sauver de la mort He 5,7.

 92 L’Église propose l’exemple de nombreux saints et saintes qui ont rendu témoignage à la vérité morale et l’ont défendue jusqu’au martyre, préférant la mort à un seul péché mortel. En les élevant aux honneurs des autels, l’Église a canonisé leur témoignage et déclaré vrai leur jugement, selon lequel l’amour de Dieu implique obligatoirement le respect de ses commandements, même dans les circonstances les plus graves, et le refus de les transgresser, même dans l’intention de sauver sa propre vie. Dans le martyre vécu comme l’affirmation de l’inviolabilité de l’ordre moral, resplendissent en même temps la sainteté de la Loi de Dieu et l’intangibilité de la dignité personnelle de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu : il n’est jamais permis d’avilir ou de contredire cette dignité, même avec une intention bonne, quelles que soient les difficultés. Jésus nous en avertit avec la plus grande sévérité : "Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie ?" Mc 8,36.

Le martyre dénonce comme illusoire et fausse toute ‘signification humaine’ que l’on prétendrait attribuer, même dans des conditions ‘exceptionnelles’, à l’acte en soi moralement mauvais ; plus encore, il en dévoile clairement le véritable visage, celui d’une violation de ‘l’humanité’ de l’homme, plus en celui qui l’accomplit qu’en celui qui le subit (GS 27). Le martyre est donc aussi l’exaltation de ‘l’humanité’ parfaite et de la ‘vie’ véritable de la personne, comme en témoigne saint Ignace d’Antioche quand il s’adresse aux chrétiens de Rome, le lieu de son martyre : "Pardonnez-moi, frères ; ne m’empêchez pas de vivre, ne veuillez pas que je meure. Laissez-moi recevoir la pure lumière ; quand je serai arrivé là, je serai un homme. Permettez-moi d’être un imitateur de la passion de mon Dieu" (Rm 6, 2-3).

93 Le martyre est enfin signe éclatant de la sainteté de l’Église : la fidélité à la Loi sainte de Dieu, à laquelle il est rendu témoignage au prix de la mort, est une proclamation solennelle et un engagement missionnaire jusqu’au sang pour que la splendeur de la vérité morale ne soit pas obscurcie dans les moeurs et les mentalités des personnes et de la société. Un tel témoignage a une valeur extraordinaire en ce qu’il contribue, non seulement dans la société civile, mais aussi à l’intérieur des communautés ecclésiales elles-mêmes, à éviter que l’on ne sombre dans la crise la plus dangereuse qui puisse affecter l’homme : la confusion du bien et du mal qui rend impossible d’établir et de maintenir l’ordre moral des individus et des communautés.

Les martyrs et, plus généralement, tous les saints de l’Église, par l’exemple éloquent et attirant d’une vie totalement transfigurée par la splendeur de la vérité morale, éclairent toutes les époques de l’histoire en y réveillant le sens moral. Rendant un témoignage sans réserve au bien, ils sont un vivant reproche pour ceux qui transgressent la loi Sg 2,12 et ils donnent une constante actualité aux paroles du prophète : "Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres, qui font de l’amer le doux et du doux l’amer" Is 5, 20.

 Si le martyre représente le sommet du témoignage rendu à la vérité morale, auquel relativement peu de personnes sont appelées, il n’en existe pas moins un témoignage cohérent que tous les chrétiens doivent être prêts à rendre chaque jour, même au prix de souffrances et de durs sacrifices. En effet, face aux nombreuses difficultés que la fidélité à l’ordre moral peut faire affronter même dans les circonstances les plus ordinaires, le chrétien est appelé, avec la grâce de Dieu implorée dans la prière, à un engagement parfois héroïque, soutenu par la vertu de force par laquelle - ainsi que l’enseigne saint Grégoire, - il peut aller jusqu’à "aimer les difficultés de ce monde en vue des récompenses éternelles" (Moralia in Job, VII, 21, 24 : PL 75, 778). »

Psaume (Ps 53 (54), 3-4, 5, 6.8)

Par ton nom, Dieu, sauve-moi, par ta puissance rends-moi justice ; Dieu, entends ma prière, écoute les paroles de ma bouche. Des étrangers se sont levés contre moi, des puissants cherchent ma perte : ils n’ont pas souci de Dieu. Mais voici que Dieu vient à mon aide, le Seigneur est mon appui entre tous. De grand cœur, je t’offrirai le sacrifice, je rendrai grâce à ton nom, car il est bon !

Voilà quelqu’un qui subit une injustice, et qui ne subit pas d’injustice ? L’importance de ce psaume, et la raison pour laquelle il est si important de prier les psaumes, c’est que le priant ne se lance pas dans une rixe pour se faire justice à lui-même. S’il manifestait ainsi sa colère, il se déshonorerait lui-même, il s’avilirait. Non, il demande à Dieu de lui rendre justice. Et Dieu est assez puissant pour faire tourner les événements de sorte que justice lui soit rendue. Il ne s’agit pas de prier pour que Dieu détruise la maison ou la santé de ceux « qui se sont levés contre moi », non, Dieu est capable de me rendre justice sans aggraver le mal sur la terre, et il veut sauver tous ses enfants.

« Je t’offrirai le sacrifice », c’est ainsi peut-être que j’offre le sacrifice de mon côté bestial et animal, comme si je voulais donner un coup de corne ou un coup de sabot à « ces étrangers qui se sont levés contre moi ». Non, quand on se tourne vers Dieu, on se tourne vers les hauteurs célestes, et ces réactions bestiales n’ont pas lieu d’être. « De grand cœur, je t’offrirai le sacrifice ».

« Des puissants cherchent ma perte, ils n’ont pas souci de Dieu », et c’est tellement actuel.

Combien de puissants, de chefs d’État « n’ont pas souci de Dieu » : on les voit lancer des guerres pour de l’argent ; on les voit mentir ; on les voit promouvoir l’impureté sexuelle, or, quand on se vautre dans cette impureté, la foi est obscurcie, l’espérance est étouffée, la charité est inimaginable. « Ils n’ont pas souci de Dieu ».

« Ils cherchent ma perte » par le malthusianisme, en répandant des maladies ou en diminuant l’immunité des populations « Par ton nom, Dieu, sauve-moi ».

« Ils cherchent ma perte » par une action culturelle me privant de mes racines historiques, par des enseignements médiocres me privant des outils de raisonnements adéquats – « Par ton nom, Dieu, sauve-moi »… ou encore par des lieux de loisir où la musique me prive de toute intériorité. « Par ton nom, Dieu, sauve-moi ».

Le Lévitique évoque d’abord l’attitude face à celui qui fait des fautes, mais qui est un frère et qui ne fait pas le jeu de Satan : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui. Tu ne te vengeras pas » (Lv 19, 17-18). La loi du talion est énoncée plus loin, enchâssée dans le cas d’un homme ayant prononcé et maudit le nom de Dieu (Lv 24, 11), et qui doit être chassé du camp et lapidé (Lv 24, 23) : la situation est devenue incurable. De même, quand Jésus cite la loi du talion « Œil pour œil, / et dent pour dent » (Mt 5, 38), il envisage ensuite une situation où vous n’êtes plus face à un frère qui peut vous écouter, mais face à une attaque qui a quelque chose de démoniaque. Jésus quitte alors le droit pénal pour s’adresser à l’homme lésé et guider son comportement : il lui indique une attitude habile, intelligente, en rapport avec la non-violence. Avec des mots simples, Mgr Alichoran explique : si je me tiens devant quelqu’un qui est mauvais, si je me bats avec lui, je serai écrasé, humilié, insulté ; il ne faut pas que je fasse ce que lui-même demande, que je m’affronte à lui. Il s’agit de quelqu’un qui est possédé par l’esprit mauvais, il ne faut pas vous tenir sur le même terrain, laissez-le partir. N’allez pas vers le malin (les choses sataniques) pour le combattre : il ne faut pas prendre l’initiative pour l’attaquer. « Ne vous dressez pas en face du Mauvais » (Mt 5, 39 de l’araméen). Le texte grec exprime une attitude voisine : face au méchant, éviter de se tenir en attitude de vis-à-vis, de miroir (« anti- »), ne pas jouer le même jeu que lui. Il est fâcheux que dans de nombreuses traductions du grec, on trouve : « je vous dis de ne pas résister au méchant », ce qui fait un contresens catastrophique !

Revenons au psaume :
« Mais voici que Dieu vient à mon aide, le Seigneur est mon appui entre tous.
De grand cœur, je t’offrirai le sacrifice, je rendrai grâce à ton nom, car il est bon ! »

Pour nous préparer à la Sainte Eucharistie, je voudrais dire un mot sur la prière du Notre Père. En donnant à Dieu le nom de Père, on confesse en un seul mot la rémission des péchés, la sanctification, la rédemption, l’adoption filiale, le droit à l’héritage éternel, le Fils unique devenu notre Frère, l’Esprit nous communiquant tous ses dons. En priant Notre Père, nous avons aussi en vue l’intérêt de notre prochain. « Avec ce seul mot, [Jésus] exclut la jalousie, il fait régner la charité, mère de tous les biens, il détruit l’inégalité des choses humaines, mettant au même niveau le mendiant et le roi ; car, dans les choses les plus grandes et les seules nécessaires, nous sommes tous sur le même pied. » [1].

La volonté du Père se fera sur la terre comme au ciel, c’est une promesse, et Dieu est assez puissant pour cela. Alors la terre nous apparaitra peuplée d’anges… Mais d’ici là nous devons mener le combat de la foi. « Le mal dont [Jésus] parle à la fin, c’est le diable lui-même. D’une part, il nous oblige à lui faire une guerre sans merci ; de l’autre, il nous apprend que le diable n’est pas tel par nature. Le mal, en effet, ou la perversité, provient, non de la nature, mais de la volonté […] Notre divin maître ne nous enseigne donc pas à dire : ‘délivre-nous des maux’, mais bien ‘du mal’, afin que nous ne gardions pas d’amertume contre notre prochain, quand même nous serions lésé par lui, et que nous reportions toute notre haine sur le démon comme étant le mobile de tous les maux. Par le souvenir de notre ennemi, il nous dispose à la lutte, il dissipe en nous toute indolence ; puis il nous inspire de nouveau la confiance et la sécurité, en nous rappelant le Roi sous lequel nous devons combattre et dont la puissance est au-dessus de tout : ‘A vous appartient l’Empire, la puissance et la gloire’ » [2].

« Car sont à toi le Règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles » (Mt 6, 13) »

 

Deuxième lecture (Jc 3, 16 – 4, 3)

Bien-aimés, la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. C’est dans la paix qu’est semée la justice, qui donne son fruit aux artisans de la paix. D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, mais vous ne recevez rien ; en effet, vos demandes sont mauvaises, puisque c’est pour tout dépenser en plaisirs. – Parole du Seigneur.

Selon la théorie mimétique du philosophe René Girard, le jaloux est convaincu que l’être jalousé le devance dans la possession de l’objet et lui en interdit l’accès.

La jalousie amoureuse est souvent apparentée à la possession, éventuellement à la haine ; ce sentiment existe aussi bien chez les hommes que les femmes. Par exemple, un individu jaloux déteste voir ou imaginer son partenaire passer du temps avec d’autres personnes, pas seulement parce qu’elle est privée de sa présence, mais aussi parce qu’elle s’estime seule bénéficiaire légitime de l’attention de son partenaire. C’est un sentiment d’exclusivité qui peut priver le partenaire de liberté.

La jalousie chez les enfants et adolescents est plus répandue chez ceux souffrant d’une faible estime de soi et peut provoquer des réactions agressives.

En Afrique francophone, et plus particulièrement en Côte d’Ivoire, l’expression « Les jaloux vont maigrir » symbolise la force de la jalousie, travaillant le jaloux jusque dans son corps.

La jalousie est guérie par la sagesse qui vient d’en haut. Jésus a dit :
« 19 N’entreposez pas pour vous des dépôts sur la terre,
où la mite et le vers décomposent, / et où les voleurs percent et volent.
20 Mais entreposez pour vous des dépôts dans le ciel,
où ni la mite ni le vers ne décomposent, / et où les voleurs ne percent ni ne volent » (Mt 6, 19-20).

Les biens matériels sont fragiles, et l’estime des gens est changeante. Quand l’estime de soi se construit sur le regard des autres, elle est bien fragile. Mais quand on apprend à vivre sous le regard du Père céleste, alors il n’y a plus de place pour la jalousie : on est comblé. Jésus a dit :

« 17 Mais toi, quand tu jeûnes, lave ta face et oint ta tête, 18 en sorte de ne pas être vu par les hommes en train de jeûner, mais par ton Père qui est dans le secret.

Et ton Père, qui voit dans le secret, lui, te le rendra » (Mt 6, 17-18).

L’évangile dit que « ton Père te le rendra », ce qui signifie qu’il t’honorera d’une manière presque incroyable. Si la vie est comme un théâtre, pourquoi choisir celui dont les spectateurs sont des humains de piètre valeur, alors que nous pourrions avoir pour théâtre celui dont le spectateur est le Roi du Ciel et de la terre, notre Père ! Le temps passe vite, le Christ reviendra dans sa venue glorieuse, et il sera accompagné des saints. Vous rêvez de spectateurs vous admirant et vous offrant de riches présents ? Cachez-vous aux yeux du monde, et votre Père du Ciel vous le rendra, car vous apparaîtrez avec le Christ venant dans la gloire (1Th 3, 13), et vous aurez pour spectateurs de vos bonnes actions les anges et les hommes. L’Apocalypse dit que le Verbe de Dieu apparaitra avec des cavales revêtues de byssus blanc (Ap 19, 14) et peu avant, il est dit aussi :

« 7 Réjouissons-nous et exultons, / rendons-Lui gloire ! 
Parce que sont venues les noces de l’Agneau, / et Son épouse a préparé son âme !

8 Et il lui a été donné / qu’elle s’enveloppe de byssus pur et lumineux !’ µ
Le byssus, en effet, / ce sont les [actions] droites des saints » (Ap 19, 7-8)

« La sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie » (Jc 3, 17). Et nous reconnaissons facilement que c’est la sagesse des Béatitudes.

« Heureux ceux qui sont purs dans leur cœur / car eux ils verront Dieu » (Mt 5, 8). Le cœur pur, c’est d’abord, à l’école de l’Ancien Testament, le cœur non partagé, sincère, servant Dieu et les hommes de « tout son cœur ». Saint Joseph, une fois éclairé par l’ange du Seigneur, se met au service de sa mission sans partage, d’un cœur pur.

« Heureux ceux qui aiment avec miséricorde / car sur eux seront les miséricordes (de l’amour) » (Mt 5, 7 de l’araméen).

Les miséricordieux ce sont des gens qui ont un coeur si vivant, que devant des gens qui ont besoin d’une aide, leur coeur sent le malheur, et agit pour y porter remède. Ils ne sont pas uniquement compatissants, parce que les gens qui sentent le malheur des autres, mais qui n’ont pas assez de générosité pour agir, ceux-là ne pourront pas être appelés miséricordieux.

« Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. » (Jc 4, 2) Tout commence dans le cœur, dans les convoitises. Saint Thomas d’Aquin enseigne : « 2. La vantardise et la prétention, manifestations d’orgueil ou de vaine gloire, ne provoquent pas directement la querelle ou la rixe, mais occasionnellement, pour autant que la colère en résulte, lorsque quelqu’un tient pour une injure personnelle qu’un autre se préfère à lui. Ainsi les querelles et les rixes viennent-elles de la colère. 3. La colère empêche le jugement de la raison. De là vient qu’elle a une ressemblance avec la sottise. Il s’ensuit qu’elles ont un effet commun. Par défaut de la raison il arrive en effet que quelqu’un cherche à en blesser un autre de façon désordonnée. » (II-II Secunda Secundae Qu.41 a.2)

« Heureux ceux qui font la paix / car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9) En Irak, dit Mgr Alichoran, cette expression est répétée aussi bien par le garçon de six ans que par le vieillard ; et un prêtre, chaque fois qu’il y a des querelles parmi ses paroissiens, monte en chaire et dit : « Bienheureux ceux qui font la paix », la paix entre les hommes et la paix avec Dieu (il ne faut pas oublier ceux qui sont en guerre avec Dieu). Ils vont être appelés « fils de Dieu », une expression courante pour dire que quelqu’un fait le bien. Attention, deux mots en araméens sont traduits en français par « paix » : šaynā, traduite par tranquillité, et qui permet de faire de bonnes récoltes, elle peut s’accompagner de compromissions. Jésus ne donne pas la paix šaynā ; mais Jésus donne la paix šlāmā, la plénitude, la paix reçue de Dieu et transmise, ce qui n’empêchera pas les oppositions et les persécutions.

Évangile (Mc 9, 30-37)

Dans une traduction pour être apprise par cœur, comme les apôtres, à partir de leur langue (l’araméen), et j’encourage les éducateurs à proposer aux enfants et aux jeunes cette expérience, qui leur permettra à la fois une intériorisation du texte et leur fournira un excellent moyen d’évangéliser.

« 30 Et une fois qu’il fut sorti de là, / ils passaient par la Galilée ;
et il ne voulait pas / qu’on le reconnût.

31 Il enseignait ses disciples, en effet, / en leur disant :
‘Le Fils de l’homme / va être livré aux mains des hommes,
 et ils le tueront, / et lorsqu’il aura été tué,
 le troisième jour, / il se relèvera debout !’

32 Or, eux, / ils ne reconnaissaient pas la parole,
et ils avaient peur / de l’interroger.

&

33 Et ils vinrent à Capharnaüm.
En entrant dans la maison, / ils les interrogeait :
‘Que disiez-vous en chemin / entre vous.

34 Or, eux, / ils se taisaient.
Ils polémiquaient, en effet, en chemin, / l’un avec l’autre,
[pour savoir] qui était le plus grand parmi eux.

35 Et Jésus s’assit et appela les Douze, / et leur dit :
‘Qui veut… / être le premier,
qu’il soit le dernier de tous, / et le serviteur de tous.

36 Et il prit un certain enfant, / et le fit se tenir debout au milieu ;
et il le porta dans ses bras, / et leur dit :
37 Quiconque accueille un enfant comme celui-ci en mon Nom / c’est moi qu’il accueille.
Et qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, / mais celui qui m’a envoyé ».

Acclamons la parole de Dieu.

Le livre de la Sagesse nous a appris que « Ceux qui méditent le mal se disent en eux-mêmes : « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation » (Sg 2, 12). Et nous avions médité sur le martyre : « le martyre dénonce comme illusoire et fausse toute ‘signification humaine’ que l’on prétendrait attribuer, même dans des conditions ‘exceptionnelles’, à l’acte en soi moralement mauvais ; plus encore, il en dévoile clairement le véritable visage, celui d’une violation de ‘l’humanité’ de l’homme, plus en celui qui l’accomplit qu’en celui qui le subit. […] Les martyrs et, plus généralement, tous les saints de l’Église, par l’exemple éloquent et attirant d’une vie totalement transfigurée par la splendeur de la vérité morale, éclairent toutes les époques de l’histoire en y réveillant le sens moral. » (Jean Paul II, Veritatis Spendor 92-93).

Jésus est un martyr, mais il est plus qu’un martyr, il est le sauveur, il est « celui qui vivifie son peuple loin de ses péchés » (Mt 1, 21 de l’araméen). Sa Passion n’est pas seulement un témoignage de la splendeur de la vérité, et notamment de la vérité morale, c’est aussi et surtout une source de grâce. Ainsi, saint Louis Marie de Montfort, propose pour prier le Rosaire de dire (Méthodes 3).

« Grâce de l’agonie de Jésus, descendez dans mon âme et la rendez vraiment contrite et conforme à la volonté de Dieu. »

« Grâce de la flagellation de Jésus, descendez dans mon âme et la rendez vraiment mortifiée. »

« Grâce du mystère du couronnement d’épines, descendez dans nos âmes. »

« Grâce du portement de croix de Jésus, descendez dans mon âme et la rendez vraiment patiente. »

« Grâce du mystère de la mort et de la passion de Jésus-Christ, descendez dans mon âme et la rendez vraiment sainte. »

Le psaume disait : « Par ton nom, Dieu, sauve-moi », et le Nom qui nous est donné, c’est le nom de Jésus.

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Dans l’évangile, le fait que Jésus ne veuille pas être reconnu (Mc 9, 30) exprime la même attitude profonde que lorsqu’il rejeta la tentation démoniaque au désert. Satan était perfide car, s’il est écrit : « Il donnera pour lui des ordres à ses anges » (Ps 90, 11-12), aucune Écriture ne dit : « Jette-toi en bas », mais c’est de son fond menteur que Satan tire cette suggestion. Jésus lui répond qu’il est « encore » écrit : « Tu ne tenteras point le SEIGNEUR, ton Dieu » (Dt 6, 16). Jésus n’oppose pas une Écriture à une autre, mais il sait que la parole du psaume doit être interprétée à la lumière d’un thème biblique plus fondamental.

Dans l’évangile de ce dimanche, en portant un enfant dans ses bras (Mc 9, 36), Jésus évoque Dieu dans le psaume 90 (91) « il donnera ordre à ses anges de te porter », mais ce psaume ne se réalise pas pour celui qui veut être grand, il se réalise pour un enfant.

De plus, le fait que Jésus annonce qu’il sera livré aux mains des hommes et que ces derniers le tueront, c’est aussi un message adressé au traître qui le livrera : il ne doit pas imaginer pouvoir tenter Dieu et l’obliger à un miracle.

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Mais à cette heure où Jésus parle de choses si terribles, les disciples, nous dit l’évangile, « ne reconnaissaient pas la parole », ils auraient par exemple pu reconnaitre les chants du serviteur souffrant (Isaïe 53) ou l’annonce d’un messie massacré par le prophète Daniel (Dn 9, 26), pire, ils polémiquaient, « [pour savoir] qui était le plus grand parmi eux » (Mc 9, 34). La seconde lecture nous avait fait réfléchir à la jalousie. « Bien-aimés, la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. » (Jc 3, 16-17). Nous avions remarqué que la sagesse ressemble à l’esprit des Béatitudes, et nous avions médité sur le fait que les biens matériels sont fragiles et l’estime des gens est changeante. Quand l’estime de soi se construit sur le regard des autres, elle est bien fragile. Mais quand on apprend à vivre sous le regard du Père céleste, alors il n’y a plus de place pour la jalousie : on est comblé.

Ici, Jésus présente aux disciples un enfant. De quoi l’enfant est-il le modèle ? De l’esprit filial. Jésus désire nous guérir de la jalousie par l’esprit filial, en nous apprenant à vivre non pas sous le regard les uns des autres, mais sous le regard de Notre Père qui est aux Cieux, et qui voit dans le secret, et qui veut nous récompenser. Théophylacte commente ainsi le dernier verset de l’évangile : « Jésus a placé un petit enfant au milieu d’eux, et il veut que nous lui devenions semblables, nous aussi. Car le petit enfant ne recherche pas la gloire, il n’est ni envieux ni rancunier. "Non seulement, dit-il, vous obtiendrez une grande récompense en lui ressemblant, mais si, à cause de moi, vous honorez également ceux qui lui ressemblent, vous recevrez en échange le Royaume des cieux. Aussi bien est-ce moi que vous accueillez et, en m’accueillant, vous accueillez Celui qui m’a envoyé." Tu vois donc quel immense pouvoir a l’humilité, jointe à la simplicité de vie et à la sincérité : elle a le pouvoir de faire habiter en nous le Fils et le Père, et aussi, de toute évidence, le Saint-Esprit. » [3].

Terminons avec l’Oraison de ce dimanche : « Seigneur notre Dieu, tu as envoyé ton Fils, premier-né de toute créature, pour être le dernier et le serviteur de tous. Fais-nous grandir dans l’humilité et rends-nous accueillants aux plus petits de nos frères. Par Jésus Christ ».

 


[1] S. Jean CHRYSOSTOME, Homélies sur saint Matthieu XIX, 4, Œuvres complètes, tome XI, Paris 1868, p. 555

[2] S. Jean CHRYSOSTOME, Homélies sur saint Matthieu XIX, 6, Ibid., p. 561

[3] Commentaire de Théophylacte (+ 1109), Commentaire sur l’évangile de Marc, PG 123, 588-589

Date de dernière mise à jour : 24/08/2024