Fête de la Divine Miséricorde

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Evangile jn 20 19 32Evangile jn 20 19 32 (89.18 Ko)

Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30

Première lecture (Ac 5, 12-16)
Psaume (Ps 117 (118), 2-4, 22-24, 25-27a)
Deuxième lecture (Ap 1, 9-11a.12-13.17-19)
Évangile (Jn 20, 19-31)

Première lecture (Ac 5, 12-16)
À Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un même cœur, se tenaient sous le portique de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge ; de plus en plus, des foules d’hommes et de femmes, en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur. On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des civières et des brancards : ainsi, au passage de Pierre, son ombre couvrirait l’un ou l’autre. La foule accourait aussi des villes voisines de Jérusalem, en amenant des gens malades ou tourmentés par des esprits impurs. Et tous étaient guéris. – Parole du Seigneur. 

Les Actes des apôtres commencent avec l’Ascension de Jésus, la Pentecôte, puis le premier discours de Pierre, suivi du baptême des 3000 personnes, hommes et femmes, venus pour la fête de la Pentecôte et qui repartent chez eux (Ac 2, 41), ensuite, ceux qui avaient entendu la parole augmenta encore : 5.000 hommes (Ac 4, 4), autant de futurs missionnaires en formation ! 
Arrêtés une première fois, Pierre et Jean doivent rendre compte de leur guérison d’un infirme, sans hésiter, ils témoignent avoir opéré cette guérison au nom de Jésus : « C'est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d'angle » (Ac 4, 11). Une fois relâchés, préférant obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, ils annoncent la Parole avec assurance. 
La générosité de Barnabé est donnée en exemple, mais Pierre démasque deux baptisés, Ananias et Saphire, qui manquent de sincérité et pensent à leurs intérêts personnels ; les coupables tombent raides morts, un tel châtiment rappelle celui du péché originel de sorte que l’on peut dire que le péché originel de l’Église est un péché d’argent. Le rôle de Pierre qui démasque les fraudeurs le situe dans un rôle fondateur. 
C’est alors qu’advient la lecture de ce dimanche. Avec Pierre, tous les croyants sont rassemblés sous le portique de Salomon, c’est-à-dire sur l’esplanade du Temple. Les croyants témoignent de Jésus et leur foi opère des guérisons et des exorcismes nombreux. « On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des civières et des brancards : ainsi, au passage de Pierre, son ombre couvrirait l’un ou l’autre. » Étonnantes sont les grandes choses qui se réalisent par Pierre ! 
Avant d’être capable d’accomplir de grandes choses pour Dieu, Pierre a tenté de suivre Jésus en sa Passion, ce qui l’a amené aux limites de ses forces humaines : il a ainsi dû détruire son estime de soi, son respect humain, en faisant mourir tout ce qui est humain en lui-même, jusqu’au jour de Pâques, ou comme nous l’apprendra l’Évangile, Jésus ressuscité a soufflé dans ses disciples (Jn 20, 22), de sorte que Pierre vit désormais de la Vie divine. Après la Pentecôte, tout le peuple faisait l’éloge des apôtres (Ac 5, 13), mais Pierre n’accorde d’importance qu’à l’estime du Seigneur et à ce qui regarde son honneur et sa gloire à Lui ! Et voilà ! Ce n’est pas Pierre, mais c’est Jésus qui parle et agit en lui, avec de splendides effets : « des foules d’hommes et de femmes, en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur » (Ac 5, 13). 
Et nous, comment nous attacher au Seigneur ? 
Tous les spirituels enseignent que pour s’attacher au Seigneur, il faut d’abord se détacher de tout… Alors l’âme trouve Dieu en toute chose. Elle le trouve en elle même, elle le trouve en dehors d’elle, dans les créatures et tout lui donne l’occasion de l’adorer, de le prier, de lui rendre grâce, de s’attacher plus intimement à Lui. Il y a beaucoup de bonnes personnes qui font beaucoup pour le Seigneur. Cependant, il est difficile d’en trouver une qui lui donne tout pour que le Seigneur puisse se donner totalement à elle ! Certaines conservent un peu d’amour propre, un peu d’estime de soi, d’autres une affection particulière, ne serait ce que pour une personne sainte, d’autres quelque attachement à la terre ou à leurs intérêts personnels. En somme, chaque âme conserve sa petite chose bien à elle. Ainsi, ce qui vient d’elle n’est pas entièrement divin. Leur vie produit une musique qui n’est pas capable de produire autant d’effets que les petits gestes de l’âme qui ne garde rien pour elle et s’attache uniquement au Seigneur. 

Notre époque a redécouvert, avec bonheur, l’amour miséricordieux. Déjà vers l’an 230, Origène* soulignait que l’amour miséricordieux constitue toute la trame de l’amour de Dieu pour nous, que nous ayons des péchés grands et surabondants ou que nous soyons une âme très avancée. Origène soulignait aussi que la charité est « ordonnée », elle est orientée vers le bien, et la miséricorde est là pour reconstruire le bien. L’Amour divin aime toujours et uniquement le bien ! Le Seigneur voit aussi si l’effort du pécheur qui se convertit est héroïque, il l’aimera d’autant plus. 
La justesse spirituelle peut être résumée en deux versets : premièrement, Dieu aime la créature parce qu’elle est son image, sinon, dit saint Paul, il la « supporte » (Rm 9, 22), mais on ne peut pas vraiment dire qu’il l’aime. Cependant, deuxièmement, même s’il ne peut que supporter la créature déformée par le péché, « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).  
Dieu aime avec ordre. Il aime suivant les degrés du bien. À cause de l’amour pour la vérité du Verbe de Dieu, on aimera davantage celui qui enseigne. À cause de ses vertus qui l’apparentent à Dieu, on aimera davantage l’homme juste (cette idée est reprise par saint Thomas (Somme Théologique, II-II Qu.25 a. 1). 
Dans la vie d’un prêtre, la charité ordonnée consiste à aimer et servir en priorité les gens vers qui il est envoyé. « Le premier dimanche après Pâques doit être la fête de la Miséricorde, et les prêtres doivent ce jour-là parler aux âmes de ma grande et insondable miséricorde » dit Jésus à sainte Faustine (Petit Journal § 570). « Dis, ma fille, que la fête de la Miséricorde a jailli de mes entrailles pour la consolation du monde entier » (Ibid., § 1517). « Aux prêtres qui proclameront et glorifieront ma miséricorde, je donnerai une force extraordinaire, je bénirai leurs paroles, et je toucherai les cœurs auxquels ils s’adresseront » (Petit journal § 1521).
Même si la fête n’existait pas en tant que telle, c’était bien sûr déjà la prédication des apôtres. « De plus en plus, des foules d’hommes et de femmes, en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur. […] La foule accourait aussi des villes voisines de Jérusalem, en amenant des gens malades ou tourmentés par des esprits impurs. Et tous étaient guéris. » (Ac 5, 14 et 16).

* Cf. Françoise Breynaert, De l’Église primitive à l’humanité restaurée, Lire le Cantique des cantiques avec Origène (préface M. Canevet), Cerf, Paris 2017 (mémoire de maîtrise de théologie).

Psaume (Ps 117 (118), 2-4, 22-24, 25-27a)
Oui, que le dise Israël : Éternel est son amour ! Oui, que le dise la maison d’Aaron : Éternel est son amour ! Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur : Éternel est son amour ! La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! Donne, Seigneur, donne le salut ! Donne, Seigneur, donne la victoire ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! De la maison du Seigneur, nous vous bénissons ! Dieu, le Seigneur, nous illumine.  

« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ». Ce verset du psaume a été cité par Jésus dans une parabole importante, celle que l’on appelle la parabole des vignerons homicides : 
« 9 Et il se mit à dire au peuple cette parabole : 
"Un homme planta une vigne,
et il la fit entretenir par des vignerons / et partit au loin, longtemps.
10 Et, le moment venu, il envoya son serviteur aux vignerons / pour qu’ils lui donnent du fruit de la vigne ; 
mais les vignerons le frappèrent / et le renvoyèrent à vide.
11 Il recommença, / envoyant son autre serviteur ; 
or eux, / celui-là aussi, 
ils le frappèrent, le bafouèrent, / et le renvoyèrent à vide. 
12 Il recommença, / et en envoya un troisième ; 
or eux, / celui-là aussi, 
ils le blessèrent / et le firent sortir. 
13 Le seigneur de la vigne dit alors : / ‘Que vais-je faire ? 
J’enverrai… / mon fils bien-aimé !
Peut-être que… / quand ils le verront, ils le respecteront’. 
14 Or les vignerons, / l’ayant vu,
calculaient en eux-mêmes / en disant :
‘C’est lui / l’héritier ! 
Venez, / tuons-le, 
et l’héritage / sera à nous !’. 
15 Et, ils le firent sortir hors de la vigne, / et le tuèrent.
 Que fera d’eux par conséquent / le maître de la vigne ?
16 Il viendra faire périr ces vignerons / et donnera la vigne à d’autres !" 
Or, l’ayant entendu, / ils dirent : 
‘Que cela / ne soit pas !’
17 Or, lui, il les fixa du regard, / et dit : 
‘Pourquoi y a-t-il / cette écriture : 
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, / c’est elle qui est devenue la principale de la corne d’angle ?’ » (Lc 20, 9-17)
Et le psaume dit : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! Donne, Seigneur, donne le salut ! Donne, Seigneur, donne la victoire ! »
La victoire que nous demandons, c’est notre victoire sur le péché ! Et par sa passion et sa mort, Jésus a relevé le niveau de l’amour, il a réparé nos péchés devant Dieu, il nous a rendu la vigueur spirituelle que le péché nous avait fait perdre. La victoire que nous demandons, c’est la conversion des pécheurs ! 
En bas du tableau du Christ miséricordieux demandé à sainte Faustine, il y a  l'inscription: Jésus, j'ai confiance en toi ! Et l’on peut ajouter, « O sang et eau qui coulent du cœur de Jésus, comme source de miséricorde pour nous, j'ai confiance en Toi ! » Car Jésus promet que lorsque, avec foi et avec un cœur contrit, vous me réciterez cette prière pour un pécheur, je lui donnerai la grâce de la conversion !
Sainte Faustine est née le 25 août 1925 en Pologne. Son père, paysan, réveillait la maisonnée en chantant les laudes de très bonne heure... Elle est devenue sœur converse (cuisinière, jardinière, vendeuse, portière..). Son noviciat fut marqué par une longue période où les vérités de la foi lui semblèrent incompréhensibles, elle reçoit à l’envers les paroles de consolation de sa supérieure, elle est aux prises avec des tentations de blasphème et se sent damnée. Elle dit : « Jésus j’ai confiance en Toi ». Puis avec l’épuisement il lui semble que même la fine pointe de l’âme a cessé de lutter, elle s’effondre dans sa chambre, la supérieure entre et lui dit : « Mon enfant au nom de l’obéissance, lève-toi ». Peu après, le Seigneur lui révèle combien elle est sa bien-aimée et les révélations sur la miséricorde divine suivent.
Faustine a été refaite par le Seigneur, la guérison, c’est la visite par la miséricorde. Jésus dit : « Ma fille, tu ne m’as pas encore tout donné, tu ne m’as pas donné ce qui est vraiment tien, donne-moi ta misère. »
Faustine dit : « Je vis l’abîme de ma misère, si j’avais commis tous les crimes de tous les damnés, je ne perdrai pas confiance. »
Jésus lui demande que soit faite une image telle qu’il lui est apparu : dans un mouvement de résurrection, avec des flots de lumière rouge et blanc : l’eau qui lave et le sang qui vivifie, et de faire inscrire sous l’image : « Jésus j’ai confiance en toi ».
Puis il fait des promesses solennelles aux personnes, aux villes, aux pays qui Le vénèreront sous ses traits de Christ Miséricordieux.
Jésus demande que soit instituée la fête de la Divine miséricorde, le dimanche de l’octave de Pâques. 
Faustine, moins de 50 ans après sa mort, a été béatifiée par Jean Paul II, pour l’octave de Pâques 1993. (Et pour son encyclique sur la miséricorde, Jean Paul II dit avoir reçu d’elle l’inspiration.) Et elle fut canonisée en l’an 2000 pour l’octave de Pâques instituée fête de la miséricorde.
Chers auditeurs, il n’y a aucune raison d’être désespéré, jamais. En cette fête de la divine miséricorde, citons, dans le journal de sainte Faustine, la « Conversation avec l’âme désespérée ».
« - Jésus : Âme plongée dans les ténèbres, ne désespère pas, tout n’est pas encore perdu, entre en conversation avec ton Dieu qui est tout Amour et Miséricorde. Âme, entend la voix de ton Père Miséricordieux.
 Mais l’âme reste sourde et aveugle, alors, sans aucune coopération de l’âme, Dieu lui donne sa dernière grâce. 
- Jésus : Je te vois si faible, c’est pourquoi je te prends dans mes bras.
- Jésus : Âme, sache bien que tous tes péchés ne m’ont pas blessé aussi douloureusement que tu ne le fais par ta méfiance actuelle.
- L’âme : O Seigneur sauvez-moi tout seul !
Jésus conduisit l’âme dans la demeure de son cœur où tous ses péchés disparurent.
- L’âme : O Seigneur, je sens une nouvelle vie qui me pénètre. Enhardie de votre bonté je vais vous dire tout ce qui fait la douleur de mon cœur.
- Jésus : Dis tout mon enfant !
- L’âme : Je vois que j’aurai mérité la profondeur de l’enfer pour avoir gaspillé vos grâces.
- Jésus : Ne t’enfonce pas dans ta misère, tu es trop faible pour parler, regarde plutôt mon cœur plein de bonté. Imprègne-toi de ma façon de sentir et efforce-toi au calme et à l’humilité. Sois miséricordieuse comme je sens que Je Suis avec toi, et lorsque tu sentiras que tes forces faiblissent, viens à la source de la Miséricorde et fortifie ton âme. » (Sainte Faustine, Petit Journal n° 1486).

Deuxième lecture (Ap 1, 9-11a.12-13.17-19) 
Moi, Jean, votre frère, partageant avec vous la détresse, la royauté et la persévérance en Jésus, je me trouvai dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette. Elle disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. » Je me retournai pour regarder quelle était cette voix qui me parlait. M’étant retourné, j’ai vu sept chandeliers d’or, et au milieu des chandeliers un être qui semblait un Fils d’homme, revêtu d’une longue tunique, une ceinture d’or à hauteur de poitrine. Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, ce qui va ensuite advenir. » – Parole du Seigneur.

L’Apocalypse est une Révélation « Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, ce qui va ensuite advenir ». La lecture de ce dimanche appartient non pas à l’Ouverture générale du livre de l’Apocalypse, mais à l’Ouverture de ce que j’appelle son premier fil d’oralité : c’est l’introduction des lettres aux sept Églises. 
Cette introduction commence par un témoignage du Seigneur, c’est lui qui, dans tout ce fil, va parler aux Églises. « Je suis l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, "Il est, Il était et Il vient", le Maître-de-tout. » (Ap 1, 8) 
Jean est exilé à Patmos « à cause du témoignage de Jésus » (Ap 1, 9). Nous sommes ainsi d’emblée invités à prendre la mesure du combat spirituel et de la puissance de l’Adversaire. 
Il ne date pas sa vision avec un repère historique, mais il se contente de placer sa vision un dimanche, « jour du Seigneur » (Ap 1, 10). Dans la perspective du retour du Christ, les événements du monde sont légers en comparaison de la sainte liturgie du dimanche ! Et c’est une voix « comme une trompette » (Ap 1, 10) qui lui dit d’écrire sa vision dans « un Écrit pour l’envoyer aux sept Églises » (Ap 1, 11). Ce qui est dit à une Église particulière intéresse aussi les autres, comme le fait entendre le refrain du fil : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce dont l’Esprit parle aux Églises » (Ap 2, 7.1.17.29 ; 3, 6.13.22). Les sept Églises sont situées dans des villes précises qui devaient avoir eu un lien particulier avec Jean. Or, le chiffre 7 représente l’ordre temporel (les 7 jours de la semaine) ainsi que l’ordre cosmique (à cette époque, on parlait de 7 planètes), autrement dit, les 7 Églises représentent toutes les Églises, de tous les temps et de tous les lieux.
Le Christ ressuscité (Ap 1, 12-20) apparaît sous l’apparence d’un « fils d’homme » qui vient tout droit de la prophétie de Daniel (Dn 7, 3). Ses pieds sont en métal précieux, ce qui exprime le caractère stable et puissant du personnage, « et son visage, c'est comme le soleil qui brille dans tout son éclat. » (Ap 1, 16). 
Le manuscrit de Crawford (Gwynn) dit : « De Sa bouche [pūmā], sortait un Esprit [rūḥā] aiguisé » (Ap 1, 16). La mention de l’Esprit [rūḥā] est importante dans cette perle d’ouverture étant donné que les lettres aux sept Églises sont rythmées par un refrain invitant à écouter « ce que l’Esprit dit aux Églises ». 
La London Bible Society, donne « de Sa bouche [pūmā], sortait une lance [rūmḥā] aiguisée » (Ap 1, 16), comme aussi le texte au grec. Le mot « lance » [rūmḥā] est un mot rare dans le Nouveau Testament, c’est celui que Siméon utilisa pour s’adresser à la Vierge Marie : « Et dans ton âme, passera une lance [rūmḥā] ; en sorte que se révèlent les calculs des cœurs de beaucoup » (Luc 2, 35). De même que la première venue de Jésus fut un signe de contradiction révélant les pensées de bien des cœurs, de même sa venue glorieuse opérera-t-elle un jugement : il est le Fils de l’homme de la vision de Daniel, venant sur les nuées du Ciel pour juger les empires. 
Comme dans les grandes théophanies (Ex 20, 19 ; Ez 1, 28 ; Dn 8, 18 ; 10, 8), Jean tombe comme mort, et Dieu (ici le Christ) le relève (Ap 1, 17).
Le Christ se tient au milieu de sept luminaires. « Les sept luminaires d’or, que tu as vus, ce sont les Églises » (Ap 1, 20). Ces luminaires sont distincts comme le sont les dix chandeliers d’or devant le Saint des Saints du premier Temple (1R 7, 49) mais au nombre de sept comme dans le modèle céleste révélé en Exode 25, 40 ou dans la vision de Zacharie (Za 4, 2.10). 
Jean écrit à l’ange de chaque Église, c’est-à-dire à un esprit, appelé ange quand il est envoyé pour une mission. Jean ne se positionne pas comme un visiteur hiérarchique pour faire des injonctions disciplinaires. Il veut être écouté en présence des anges (Ap 1, 20), lesquels sont notamment présents au moment du « Sanctus » de la prière liturgique (1Clément 34, 5-8 ; Tertullien, De oratione, 3). Il faut donc l’écouter en priant.
La perle d’ouverture des sept Églises évoque l’éternité du Christ qui déclare : « Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. » (Ap 1, 17-18). 
L’énumération en sept évoque le 7e jour de la Parousie que saint Irénée nnncomme « le prélude de l’incorruptibilité, royaume par lequel ceux qui en auront été jugés dignes s’accoutumeront peu à peu à saisir Dieu » (Contre les hérésies, V, 32, 1). 
Le fil suivant parlera de 7 sceaux, et le troisième parlera de 7 trompettes qui culminent avec l’apparition de la bête et la fin du témoignage de l’Église. Viennent ensuite un fil d’avertissements appelants une prise de position, puis 7 calices porteurs des derniers fléaux de la colère de Dieu, préparant le dernier fil qui présente la venue glorieuse du Christ comme un jugement pour les uns et une vivification pour les autres. Cf. Françoise Breynaert, L’Apocalypse revisitée. Une composition orale en filet. Imprimatur. Parole et Silence, 2022. 377 pages. réédité en 2024.
Si nous ne sommes pas en état de grâce, nous serons trop faibles pour résister aux séductions de l’Antichrist ou de la bête (c’est-à-dire son système économique, culturel et militaire). Nous sommes dans le temps de la miséricorde, mais viendra le temps d’une prise de position où chacun sera fixé pour ou contre le Christ, pour ou contre l’Antichrist. Il est donc urgent de faire une bonne confession et surtout de se donner à Dieu, de se donner au Christ, de lui dire notre amour et notre désir de faire sa volonté, et d’être fidèles. 


Évangile (Jn 20, 19-31)
-1-
19 Or, lorsque ce fut le soir, / de ce jour qui est le premier de la semaine, 
et que les portes étaient maintenues fermées, / là où se trouvaient les disciples, 
à cause de la crainte des Juifs,
Jésus vint, / se tint debout parmi eux, 
et leur dit : / ‘La paix [plénitude] avec vous !’
20 Il dit ceci,
et il leur montra ses mains / et son côté. 
Et les disciples se réjouirent / de ce qu’ils virent Notre Seigneur. 
-2-
21 Or Jésus leur dit de nouveau : / ‘La paix avec vous. 
De la même façon que mon Père m’a envoyé, / moi aussi, Je vous envoie !’
22 Et, ayant dit ces choses-là,
il souffla en eux / et leur dit : 
‘Recevez / l’Esprit Saint !
23 Si vous remettez les péchés à quelqu’un, / ils lui seront remis.
Si vous retenez [ceux] de quelqu’un, / ils sont retenus’. 
-3-
24 Or Thomas, l’un des Douze, / celui qui est dit le jumeau, 
il n’était pas là, avec eux, / lorsque vint Jésus. 
25 Les disciples lui disaient : / ‘Nous avons vu Notre Seigneur !’
Or, lui, / il leur dit : 
‘Si je ne vois dans ses mains les endroits des clous, / et ne jette en eux mes doigts, 
et n’étends ma main dans son côté, / je ne croirai pas !’ 

26 Et, après huit jours, 
de nouveau, les disciples étaient à l’intérieur, / et Thomas avec eux.
Et Jésus vint, tandis que les portes étaient maintenues fermées, / et se tint debout au milieu, 
et il leur dit : / ‘la paix [plénitude] soit avec vous !’

    27 Et il dit à Thomas : 
‘Fais venir ton doigt ici même / et vois mes mains ! 
Et fais venir ta main / et étends[-la] dans mon côté ! 
Et ne sois pas incroyant, / mais croyant.’ 

28 Et Thomas répondit / et lui dit :
‘Mon Seigneur / et mon Dieu !’

    29 Et Jésus lui disait : 
‘Maintenant que tu m’as vu, / tu as cru ! 
Bienheureux sont-ils, / ceux qui ne m’ont pas vu et qui ont cru !’

30 Or ce sont beaucoup d’autres signes / que fit Jésus devant ses disciples, 
lesquels n’ont pas été écrits / en cette Écriture-ci.
31 Mais ceux-ci ont été écrits / pour que vous croyiez 
que Jésus est le Messie, / le Fils de Dieu, 
et, lorsque vous aurez cru, / que vous ayez en son nom la vie éternelle.

Imprimatur :
Imprimé avec l’autorisation ecclésiastique donnée le 14 novembre 2024 
par la Conférence des évêques de France. 
Mgr Benoît Bertrand, 
évêque nommé de Pontoise
et président de la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France, 
selon le canon 830,3

Dans la proclamation orale de cet évangile : 
« Croire » : appuyer ses mains devant soi comme sur un appui de fenêtre.
« Mon Seigneur et mon Dieu » : geste d’adoration, par exemple, les mains croisées sur la poitrine en s’inclinant.
La première lecture nous parlait plutôt des œuvres corporelles de la miséricorde : guérir les malades. L’évangile nous parle plutôt des œuvres spirituelles de la miséricorde : transmettre le pardon divin et la foi qui nous ouvre à la vie qui est pour toujours.
Il est stupéfiant que Jésus donne aux apôtres le pouvoir de remettre les péchés, ce qui est la prérogative du Grand-Prêtre au Yom Kippour. L’investiture d’un Grand-Prêtre fait l’objet de solennités qui durent sept jours (Ex 29, 35 ; Lv 8, 33), ce qui explique cette autre apparition où Thomas est désormais présent. bbbL’appellation Grand-Prêtre est en effet attestée pour désigner les évêques par les anciennes traditions, par exemple, au début du III° siècle, la Tradition apostolique s’exprime ainsi concernant les visites aux malades « que s’il plait à l’évêque, il leur rende visite : c’est en effet un grand réconfort pour un malade que le Grand-Prêtre se souvienne de lui » (§ 34). Pierre Perrier a démontré que saint Thomas est représenté dans un grand bas-relief sur la falaise de Kong Wang Shan en Chine, et cette représentation est datée de la fin du premier siècle, vers l’an 70. Or on observe sur Thomas la coiffe plate et la plaque (dorée) caractéristique du Grand-Prêtre. 
Attention dans l’évangile à l’ordre des mots ; d’abord « Recevez l’Esprit de Sainteté » (Jn 20, 22), ensuite « Remettez les péchés » (Jn 20, 23). Il y a une action à l’intérieur des personnes, une sanctification, une transformation des apôtres : l’Esprit de Sainteté leur confère de pouvoir recevoir les confessions sans être atteints par leur négativité, mais en apportant la parole qui relève et sanctifie. Cette transformation sera ensuite appelée par l’Église « le sacrement de l’ordre ». Le sacrement de l’ordre est donc très fortement associé à celui de la rémission des péchés ‒ l’association des deux sacrements mérite attention : supprimer le sacrement de réconciliation, c’est vider l’essence du sacerdoce. 
Cf. Françoise Breynaert, Jean, L’évangile en filet. L’oralité d’un texte à vivre. (Préface Mgr Mirkis – Irak) Éditions Parole et Silence. Paris, 8 décembre 2020. 477 pages.

Jésus dit à sainte Faustine : « Ma fille, ne cesse pas de proclamer ma miséricorde, tu soulageras ainsi mon cœur brûlé par les flammes de la pitié envers les pécheurs. Dis à mes prêtres que les pécheurs endurcis se repentiront à leurs paroles, lorsqu’ils parleront de mon insondable miséricorde, de la pitié que j’ai pour eux en mon cœur. Aux prêtres qui proclameront et glorifieront ma miséricorde, je donnerai une force extraordinaire, je bénirai leurs paroles, et je toucherai les cœurs auxquels ils s’adresseront » (Petit journal § 1521).
Le Grand-Prêtre est normalement unique. Dans l’Église, les apôtres et leurs successeurs sont participants de l’unique Grand Sacerdoce du Christ. Cette participation n’est pas uniquement extérieure à eux : remettre les péchés, c’est obtenir la conversion des pécheurs, et pour l’obtenir, le Christ a offert sa Passion, et le prêtre participe à cette offrande. 
En invitant Thomas à voir ses mains et à mettre sa main dans son côté (Jn 20, 27), Jésus suggère que le sacerdoce chrétien est un contact avec la Passion et la Résurrection du Christ. Non pas une école de pensée ou un parti, mais une fidélité à Jésus jusqu’à la Croix et la résurrection. Le contact (qūrbānā) de Thomas avec Jésus est une rencontre (qūrbānā) bouleversante avec l’Amour divin, être prêtre signifie donc être spécialiste de la rencontre de l’homme avec Dieu (qūrbānā, ce mot araméen qui désigne les Saints Mystères eucharistiques) !
« Si vous remettez [racine šbq] les péchés à quelqu’un, ils lui seront remis [racine šbq] ». Remettre les péchés, c’est les laisser tomber. C’est le même verbe que quand, au bord du Lac, Jésus appelle Simon, André, Jacques et Jean qui « laissent [verbe šḇaq] leur filet » et se mettent à la suite de Jésus (Mc 1, 20). Les apôtres peuvent remettre les péchés, avec le discernement procuré par l’assistance de l’Esprit Saint. Le péché pardonné est pardonné pour l’éternité.
Mais si, par exemple, il n’y a aucun regret, les apôtres peuvent « retenir – [racine ‘ḥd] » les péchés, les maintenir jusqu’à ce que peut-être les dispositions du pécheur changent… Il ne s’agit pas de condamnation définitive, mais d’une mise à l’écart à cause de l’absence de repentir (c’est le sens originel du mot « excommunication »). En araméen, jamais ce verbe « retenir » ne signifie condamner. Jésus ne donne pas aux apôtres le pouvoir de juger, c’est lui le Fils de l’homme qui jugera le monde lors de sa venue glorieuse.tttt Jésus donne aux apôtres le pouvoir de remettre les péchés, mais pas n’importe comment : avec discernement et sagesse (Jn 20, 21-23).

 

Date de dernière mise à jour : 12/03/2025