6e de carême Rameaux

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Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30. 

Entrée messianique (Lc 19, 28-40) Émission 1
Première lecture (Is 50, 4-7) Émission 1
Psaume (21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a) Émission 2
Deuxième lecture (Ph 2, 6-11) Émission 2
Évangile (Lc 22, 14 ss) Émission 3
Evangile (Lc 23) Émission 4

Entrée messianique (Lc 19, 28-40)
La traduction et le commentaire sont extraits de : Françoise Breynaert, L’évangile selon saint Luc, un collier d’oralité en pendentif en lien avec le calendrier synagogal. Imprimatur. Préface Mgr Mirkis (Irak). Parole et Silence, 2024. La traduction est faite sur la Pshitta (le texte liturgique des églises de langue araméenne ou syriaque) est faite pour la récitation, avec une reprise de souffle, avec un léger balancement, comme si nous marchions.

« 28 Lorsque Jésus eut dit ces choses-ci, / il sortit en avant, pour monter à Jérusalem.
29 Lorsqu’il approcha de Beth-Pagué et de Béth-Anie, / à côté de la montagne appelée la maison des Oliviers, 
il envoya deux de ses disciples, / 30 et leur dit :
Allez au village / qui est en face de nous ; 
quand vous y serez entrés, / vous trouverez un ânon attaché, 
que personne / n’a jamais monté,
détachez-le, / et faites-le venir.
31 Si quelqu’un vous demande : / ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ 
Dites-lui ainsi : / ‘car il est requis par notre Seigneur !’
32 Et ils y allèrent, / ceux qui étaient envoyés, 
et ils trouvèrent / comme il leur avait dit.
33 Comme ils détachaient / l’ânon, 
ses maîtres leur dirent : / ‘Pourquoi détachez-vous cet ânon ?’
34 Ils lui dirent : / ‘Car il est requis par notre Seigneur !’
35 Et ils le firent venir / auprès de Jésus, 
et ils jetèrent sur l’ânon leurs vêtements, / et ils firent monter Jésus dessus.
36 Alors, en allant, / ils étendaient leurs vêtements sur le chemin.
37 Et quand il approcha de la descente de la montagne de la maison des Oliviers, / toute l’assemblée des disciples commença à se réjouir,
et ils glorifiaient Dieu, à haute voix, / pour tous les actes de puissance qu’ils avaient vus.
38 Ils disaient : / ‘Béni est-il, le roi qui vient au nom du SEIGNEUR ! 
Paix dans le ciel, / et gloire dans les hauteurs !’
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39 Or quelques pharisiens, du milieu des foules, / lui disaient : 
‘Rabbi, / rabroue tes disciples !’
40 Il leur dit : / ‘Je vous le dis : 
Si ceux-ci se taisent, / les pierres crieront !’ » – Acclamons la Parole de Dieu.  

Cette perle souligne un contraste : les disciples forment une assemblée sur laquelle Jésus peut régner (v. 37) mais des pharisiens n’acceptent pas la royauté de Jésus (v. 39) ; en attendant le Règne de Dieu, si les disciples se taisent, « les pierres crieront ! » (v. 39). 

Depuis que Pompée avait profané le temple en l’an 63 avant J-C, on attendait un roi purificateur. Or voici que les prophéties messianiques s’accomplissent : l’ânon est attaché comme dans l’oracle de Juda (Gn 49, 11). L’ânon n’a jamais été monté, comme en Za 9, 9 qui annonce le roi messianique. 
Parmi les évangélistes, Luc est le seul à préciser que les disciples font monter Jésus sur la monture (Lc 19, 35), rappelant ainsi le jour où l’on fit monter Salomon sur la mule de David pour que Sadoq et Natân lui confèrent l’onction royale (1R 1, 33-34). Les disciples forment des foules [kenše], on peut traduire des « assemblées » (Lc 19, 39) qui reconnaissent en Jésus leur roi. 
Cependant, nous ne sommes pas dans la situation où un prétendant au trône rassemble autour de lui des foules pour l’investir de la royauté (1R 12, 20), en effet, Jésus, au seuil de sa vie publique, a déjà reçu une onction du Seigneur : « les cieux s’ouvrirent, et l’Esprit Saint descendit sur lui, à la ressemblance d’un corps de colombe » (Lc 3, 21-22). Jésus n’a besoin d’aucune autre onction que cette onction divine. Et c’est cette onction que la foule des disciples perçoit et acclame.
L’entrée de Jésus à Jérusalem n’est pas non plus comparable aux visites que les souverains, princes ou gouverneurs, grec, romains ou juifs, rendaient à leurs cités. Certes, le mot « Parousie », utilisé pour évoquer la Venue glorieuse du Fils de l’homme, est empruntée à ce modèle, et l’entrée de Jésus est triomphante, mais elle n’est pas sa Parousie : l’ânon de Jésus est une marque d’humilité et le jugement des adversaires est seulement prophétisé sans être réalisé. 
D’ailleurs, l’épisode commence « lorsque Jésus eut dit ces choses-ci » (Lc 19, 28), à savoir, dans une parabole : le règne du fils de haute lignée, Jésus le fils de David, va bel et bien régner, mais après s’être absenté pour un lieu lointain, et il va régner à travers le jugement eschatologique (Lc 19, 11-27). Jésus venait donc de parler de sa Parousie.

Quand quelques Pharisiens osent dire à Jésus « Rabbi, rabroue [kī] tes disciples ! » (Lc 19, 39), c’est le signe qu’ils n’acceptent pas la royauté de Jésus. Ils correspondent, dans la parabole de la perle précédente à « ceux qui ne voulurent pas que je règne sur eux » (Lc 19, 27) et qui auront la mort en héritage. 
Jésus leur répond : « Si ceux-ci se taisent, les pierres crieront ! » (Lc 19, 40). Le cosmos, et même le monde minéral, n’a pas été créé pour soutenir une humanité qui rejette Dieu. Un prophète disait que si le pécheur persévère dans ses vices, la pierre du mur criera (Ha 2, 11) ».

Première lecture (Is 50, 4-7)
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. – Parole du Seigneur.  

Saint Irénée de Lyon, vers l’an 200, explique : 
 « 33. Le Seigneur est venu chercher la brebis perdue, c’est-à-dire l’homme qui s’était égaré. Ce pourquoi il ne s’est fait créature que par celle-là même qui était issue de la race d’ADAM, et il en a gardé toute la ressemblance. En effet, il était nécessaire qu’ADAM fût récapitulé dans le Christ afin que ce qui est mortel fût englouti par l’immortalité, qu’EVE fût restaurée en MARIE, afin qu’une Vierge devenant l’avocate d’une vierge, la désobéissance de l’une fût détruite par l’obéissance de l’autre.
34. […] Par l’obéissance qu’il [le Christ, le Verbe] a pratiquée jusqu’à la mort en étant attaché sur le bois, il a expié l’antique désobéissance provoquée par le bois.
  Verbe tout-puissant de Dieu, sa présence invisible s’étend à la création entière et en soutient la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur : tout est gouverné par le Verbe de Dieu. Il a été crucifié, lui le Fils de Dieu, en ces quatre dimensions, lui dont l’univers portait déjà l’empreinte cruciforme. S’étant rendu visible, il devait nécessairement manifester de manière sensible, sur la croix, son action invisible. Car c’est lui qui illumine les hauteurs, c’est-à-dire les cieux, qui scrute les profondeurs de la terre ; il parcourt l’étendue de l’Orient à l’Occident, il atteint l’immense espace du Nord au Midi, et appelle à la connaissance de son Père les hommes partout dispersés. » (St Irénée de Lyon, La prédication des apôtres et ses preuves, § 33-34).


Psaume (21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a)
Tous ceux qui me voient me bafouent ; ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! » Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure ; Ils me percent les mains et les pieds, je peux compter tous mes os. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! 
Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur.  

Et il en a été ainsi pour Jésus, au calvaire : 
« Lc 23, 34 Et ils se partagèrent ses vêtements, / et ils les tirèrent au sort.
35 Le peuple se tenait là, / et regardait. 
Et les magistrats aussi / se moquaient de lui,
en disant : 
‘Il a en a sauvé [vivifiés] d’autres / qu’il se sauve [vivifie] lui-même,
s’il est le Messie / l’élu de Dieu !’

36 Et les soldats aussi / se moquaient de lui,
s’approchant de lui / et lui présentant du vinaigre,
37         en lui disant : 
‘Si tu es le roi des Juifs, / sauve-toi [vivifie] toi-même !’
38 Il y avait un écriteau aussi / qui était écrit au-dessus de lui 
 en grec, en latin, et en hébreu : / Celui-ci est le roi des Juifs. 

39 L’un de ces malfaiteurs-là, / qui avait été crucifiés avec lui, 
l’injuriait, / en disant : 
‘Si c’est toi / le Messie, 
délivre-toi / et délivre-nous aussi !’ »

Mais Jésus n’a pas cédé à cette tentation. Il a prié son Père. Il est mort, mais après sa résurrection, il est présent à chacun de nous, et il est présent à son Église, vivant. De sorte que s’accomplissent aussi les versets du psaume : « Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur. »

Deuxième lecture (Ph 2, 6-11) 
« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, [c’est-à-dire le séjour des morts] et que toute langue proclame : ‘Jésus Christ est Seigneur’ à la gloire de Dieu le Père. – Parole du Seigneur ».  
Ces paroles « sont une synthèse de tout le mystère pascal. Le texte est concis, mais il a en même temps un contenu insondable, à la mesure du mystère. Saint Paul nous conduit jusqu'à la limite de ce qui, dans l'histoire de la création, a commencé à exister entre Dieu et l'homme et a trouvé son apogée et sa plénitude en Jésus-Christ. En fin de compte, dans la croix et la résurrection. » (Jean-Paul II pour le dimanche des rameaux, Journée internationale de la jeunesse, 1988).
L'homme, en tant qu'être créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, attend les paroles de la vie éternelle. Ces paroles ont été prononcées à travers la croix et la mort. Elles n'étaient pas seulement une théorie. Elles sont restées une réalité entre le Père, qui est éternel et qui ne passe pas, et le Fils qui s’incarne et pour qui il est prévu qu'il ne meure qu'une fois. Dieu « a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16) « Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle [la vie qui est pour toujours] » (Jn 6, 68). Ces paroles de l’éternelle vie sont définitivement confirmées dans sa mort et sa résurrection.
Cherchons le Christ dans la plénitude de cette vérité qui est elle-même dans l'histoire humaine – « C'est pour cela que je suis né et que je suis venu dans le monde : rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37).
En ce dimanche des Rameaux, nous trouvons le Christ au centre de son mystère, dans la croix de Jésus, qui est « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » (1 Co 1,24), comme l'a confirmée la résurrection.
Dans nos existences se succèdent les heures d’agonies et les heures pleines de vie, comme dans le Rosaire les mystères glorieux suivent les mystères douloureux, et comme le dimanche suit le vendredi. Le Seigneur ne permet que nous ne passions par la souffrance et une mort intérieure que pour nous ressusciter à l’amour en étant encore plus plein de vie ! Il est essentiel de suivre Jésus jusqu’en sa Résurrection. S’arrêter à la souffrance et à la croix, ce n’est pas la maturité chrétienne. Origène (†254), dont le père était martyr, offre un éclairage précieux dans son Commentaire du Cantique des Cantiques (qui était très lu au Moyen Age). Il y a une femme parfaite qui entraîne les autres, les « jeunes filles adolescentes » qui entourent l’épouse. Origène dit que celle qui est parfaite (ce pourrait être la Vierge Marie) aime l’époux en sa « plénitude » (Livre I, 4,29), c’est-à-dire sa Pâque, son élévation au Ciel et sa dimension communautaire. Celle qui est parfaite a le goût de vivre, elle aime Dieu en son abaissement, et elle l’aime en sa victoire sur la mort. Au contraire, les jeunes filles ne peuvent pas percevoir et aimer le Christ en sa plénitude, elles ont une complaisance pour la mort (morbidité), elles s’attachent au Golgotha où elles voient un reflet de ce qui est mort en elles, elles ont besoin d’être fortifiées « pour la vie » par le parfum du Christ. (Livre I, 4,26) 
Et nous tournons donc nos regards vers Marie. « Ainsi la bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la croix où, non sans un dessein divin, elle était debout (cf. Jn 19,25), souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d'un coeur maternel à son sacrifice, donnant à l'immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la croix, donnée comme sa Mère au disciple par ces mots : "Femme, voici ton Fils" (cf. Jn 19,26-27) » (Vatican II, Lumen Gentium 58)

Évangile (Lc 22, 14 ss)
« 14     Et lorsque ce fut le moment, 
Jésus vint, s’attabla, / et les douze apôtres avec lui.
15         Et il leur dit : 
‘J’ai désiré d’un [grand] désir / manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir.
16         Je vous le dis en effet :
dorénavant je n’en mangerai plus, / jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.’
17 Et, il prit la coupe et rendit grâces, / et dit : 
‘Prenez ceci, / et partagez entre vous ;
18 car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, / jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu.
19 Et il prit du pain, / il rendit grâce, 
[le] rompit, / et [le] leur donna, 
et dit : 
‘Ceci est mon corps, qui est donné devant vous, / veuillez faire ceci pour mon mémorial ! 
20 Et, de la même façon, / sur la coupe aussi, 
après qu’ils eurent soupé, / il dit : 
‘Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, / qui en échange de [en faveur de] vous est versé’ ».

« 21 Cependant, voici, / la main de celui qui me livre est sur la table.
22 Le Fils de l’homme s’en va, / selon ce qui a été fixé, 
mais malheureux l’homme / par lequel il est livré !
23 Et ils commencèrent à chercher entre eux / lequel d’entre eux qui ferait cela. »

« 24 Or il y eut aussi parmi eux une dispute : / ‘lequel d’entre eux était le plus grand ?’
25 Or lui, Jésus / il leur dit : 
‘Les rois des nations / sont leurs maîtres,
et ceux qui les dominent / sont appelés bienfaiteurs.

26 Quant à vous, / [qu’il n’en soit] pas ainsi, 
mais celui qui est grand parmi vous / sera comme le petit, 
et celui qui est le chef / comme le serviteur.

27 En effet, qui est / le grand ? 
celui qui est à table, / ou celui qui sert ? 
N’est-ce pas / celui qui est à table ? 
Or moi, / je suis au milieu de vous 
comme / celui qui sert !’
28 Vous, vous êtes ceux / qui êtes demeurés auprès de moi dans mes épreuves.
29 Et moi, je vous promets, / comme mon Père m’a promis, le Royaume !
30 Et vous mangerez / et boirez à la table de mon Royaume, 
et vous vous asseirez sur des trônes / et vous jugerez les douze tribus d’Israël ».

« 31 Et Jésus dit à Simon : / ‘Simon !
Voici que Satan demande / de vous cribler comme le froment.
32 Mais moi, j’ai supplié pour toi, / afin que ta foi ne défaille pas ; 
aussi toi, / à ce moment,
reviens ! / Et affermis tes frères !’

33 Simon, alors, / lui dit : 
‘Seigneur ! / Avec toi je suis prêt
et à la prison / et à la mort !’
34 Jésus lui dit : 
‘Je te le dis, Simon !
le coq ne chantera pas aujourd’hui / que, trois fois, tu n’aies nié me connaître’. »

«     35 Et il leur dit : 
‘Quand je vous ai envoyés sans bourse, et sans sac ni sandales, / quelque chose vous a-t-il manqué ?’ 
Ils répondirent : / ‘aucune chose !’

36 Et il leur dit : 
‘À partir de maintenant, qui a une bourse, / qu’il la prenne !
Et, de la même façon, / le sac aussi !
Et celui qui n’a pas / de glaive 
qu’il vende son vêtement / et qu’il s’achète un glaive !’
37 Moi, je vous dis : / en effet,
‘Cette écriture aussi / doit être accomplie par moi : 
Parmi les iniques, / il a été compté. 
Car tout ce qui me concerne / est accompli’.

38 Et eux, / ils lui dirent : 
‘Seigneur !
Voici, il y a ici / deux glaives’. 
Il leur dit : / ‘ils suffisent’ ».

« 39 Et il sortit, / et alla, comme il avait l’habitude, au Mont de la Maison des Oliviers. 
Et allèrent derrière lui / ses disciples aussi.
40 Lorsqu’il fut arrivé dans ce lieu, / il leur dit : 
‘Priez, / afin que vous n’entriez pas dans l’épreuve-tentation !’

41 Et, lui, / il s’éloigna d’eux à environ un jet de pierre, 
et il se mit à genoux, / 42 et priait en disant : 
‘Père !
Si tu le veux, / que passe [loin] de moi cette coupe ! 
Cependant, non pas ma volonté, / mais la tienne !’
43 Et se fit voir à lui un ange / depuis les cieux, pour le fortifier.
44 Et, il était dans la crainte, / il priait plus instamment, 
et sa sueur était / comme des gouttes de sang, 
et tomba / à terre.

45 Et il se leva de sa prière, / et vint vers les disciples, 
et il les trouva / endormis de tristesse.
46 Et il leur dit : /  ‘Pourquoi dormez-vous ? 
Levez-vous et priez, / afin que vous n’entriez pas dans l’épreuve-tentation’ ».

« 47 Et tandis qu’il parlait encore, / voici, une foule 
et celui qui s’appelait Judas, / l’un des douze, les précédait,
et s’approcha de Jésus, / et lui donna un baiser.
C’est le signe en effet, / qu’il leur avait donné : 
‘Celui à qui je donnerai un baiser, / c’est lui !’
48         Jésus lui dit : 
‘Judas, / c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme !’

49 Ceux qui étaient avec lui, voyant ce qui se passait, / disaient : 
‘Seigneur, / les frapperons-nous avec les glaives ?’
50 Et l’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre, / et lui prit l’oreille droite.
51 Or Jésus répondit, / et dit : 
‘C’est assez / jusqu’à ceci !’
Et, il toucha son oreille, celle qui a été blessée, / et il la guérit.

52 Et Jésus dit à ceux qui vinrent contre lui, / les grands prêtres, et les anciens et les chefs des forces du Temple : 
‘Comme pour un brigand, / vous êtes sortis avec des glaives et des bâtons, pour me saisir !
53 Tous les jours j’étais avec vous dans le temple / et vous n’avez pas mis la main sur moi !
Mais c’est votre heure / et le pouvoir des ténèbres ! »

« 54 Et ils le saisirent, et le firent venir à la maison du grand prêtre, / et Simon venait derrière lui, de loin.
55 Ils firent prendre le feu au milieu de la cour, / et ils étaient assis autour. 
Et Simon était assis, lui aussi, / parmi eux. 

56 Et une servante le vit, / assis devant le feu, 
et elle le fixa du regard, / en disant : 
‘Celui-ci aussi, / était avec lui’.
57 Mais lui, il nia, / et dit : 
‘Femme, / je ne le connais pas !’
58         Et peu après,
Un autre le vit, / et dit :
‘Toi aussi, / tu es des leurs !’
Pierre, alors, dit : / ‘je ne suis pas’. 
59         Et, après une heure,
un autre disputait, / en disant :
‘Assurément, celui-ci aussi était avec lui, / car il est en effet Galiléen !’
60         Pierre dit :
‘Homme, / je ne sais ce que tu dis’. 
Au même instant, comme il parlait encore, / le coq chanta.

61 Le Seigneur, s’étant retourné, / regarda Pierre.
Et Simon se souvint de la parole / que le Seigneur lui avait dite : 
‘Avant que ne chante le coq, / tu me renieras trois fois’. 
62 Et Simon sortit au-dehors, / et pleura amèrement. »

« 63 Les hommes / qui tenaient Jésus
se moquaient de lui, / le voilaient 
64 et le frappaient au visage / en disant : 
‘Prophétise ! / Qui t’a frappé ?’
65 Et d’autres choses, / nombreuses,
en blasphémant, / ils disaient contre lui ».

« 66 À la lueur de l’aube, / se rassemblèrent 
les anciens du peuple, / les grands prêtres / et les scribes,  
et ils le firent monter à la maison de leur sanhédrin, / en lui disant :
67 ‘Si tu es le Messie, / dis-le nous !’

Il leur dit : 
‘Si je vous le dis, / vous ne me croirez pas.
68     et, si je vous interroge, 
vous ne me rendrez en face aucune répartie, / ni vous me délierez’.

69         À partir de maintenant,
le Fils de l’homme siègera / à la droite de la puissance de Dieu.

70         Tous dirent alors : 
‘Tu es donc / le Fils de Dieu ?’
Jésus leur dit : 
‘Vous le dites : / je le suis !’

71         Ils disaient : / qu’avons-nous encore besoin de témoins ? 
Nous l’avons entendu nous-mêmes / de sa bouche ! »

Commentaire : 
 « désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu » (Lc 22, 69). Jésus se réfère à Dn 7, 13 (« Voici, venant sur les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ») et au psaume 109 [110] 1 (« Oracle de YHWH à mon Seigneur : Siège à ma droite… »). En évoquant le Fils de l’homme, sans pour autant dire qu’il est, lui, le Fils de l’homme, Jésus ne force pas leur foi, mais il corrige leur idée messianique : il ne prétend pas être dans un palais à la droite du Temple, mais il prétend être dans le Ciel, à la droite de Dieu. Ayant vaincu la tentation satanique d’un messianisme politique, il exerce dès maintenant un pouvoir céleste, à la droite de la puissance de Dieu, c’est-à-dire qu’il ne transformera pas le monde par la coercition militaire, culturelle ou financière, mais par la puissance d’attraction de son amour ardent et saint. 

Evangile (Lc 23)

« 23,1 Et toute leur assemblée se leva, / et ils le firent venir devant Pilate.

2 Ils se mirent à l’accuser, / en disant : 
‘Nous avons trouvé celui-ci / qui trompait notre peuple, 
et qui empêchait que l’impôt par tête / soit donné à César, 
en disant sur lui-même / qu’il est le Roi Messie ! 
3 Pilate l’interrogea, et lui dit : / ‘Es-tu le roi des Juifs ?’ 
Jésus lui dit : / ‘Toi, tu l’as dit’.

4 Et Pilate dit aux grands prêtres / et à l’assemblée : 
‘Moi, / quelque cause, 
je n’en ai trouvé aucune / à l’encontre de cet homme-ci.’

5 Mais eux, ils criaient / en disant : 
‘Il trouble notre peuple, / en enseignant dans toute la Judée ! 
Et il a commencé par la Galilée, / jusqu’ici’. »

« 6 Or Pilate, quand il entendit le nom de la Galilée, / demanda si cet homme était galiléen ;
7 et, ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, / il le renvoya devant Hérode, 
car il se trouvait aussi à Jérusalem / en ces jours-là.

8 Et Hérode, lorsqu’il vit Jésus, / en eut une grande joie ; 
car, il désirait le voir, / depuis beaucoup de temps, 
parce qu’il entendait à son sujet / beaucoup de choses.
Et il espérait voir / quelque signe de lui. 
9 Et, par beaucoup de paroles, / il l’interrogeait. 
Or Jésus, de réparties, / il ne lui en rendit aucune.
10 Or ils se tenaient debout, / les grands prêtres et les scribes 
et, avec véhémence, / ils l’accusaient.

11 Hérode, donc, / le méprisa
lui / et ses courtisans. 
Et, en se moquant de lui, / il le revêtit d’habits écarlates,
et le renvoya / devant Pilate.
12 Et, en ce jour même, / ils devinrent amis, 
Pilate et Hérode, / l’un avec l’autre ; 
Il y avait en effet une inimitié, / auparavant entre eux ».

« 13 Or Pilate convoqua les grands prêtres et les magistrats du peuple, / et leur dit :
14 ‘Vous m’avez présenté cet homme / comme faisant dévier votre peuple.
Et voici, moi, / je l’ai interrogé sous vos yeux ; 
et en cet homme, je n’ai pas trouvé de motif [de condamnation], / de tout ce dont vous lui faites reproches. 
15 Mais Hérode non plus, / car je l’ai envoyé devant lui, 
et voici, / rien qui soit digne de mort n’a été fait par lui.
16 Je le châtierai donc, / et je le relâcherai.’
17 Car c’était la coutume, / qu’il leur en relâche un pendant la fête. 

18 Or toute la foule cria en disant : / ‘Enlève (élève) celui-ci, et relâche-nous Bar Abba’. 
19 Celui-ci, à cause d’une sédition qui avait eu lieu dans la ville, et d’un meurtre, / avait été mis en prison.
20 Or Pilate parla de nouveau avec eux, / voulant relâcher Jésus.
21 Or, eux, ils criaient / en disant : 
‘Crucifie-le, / crucifie-le !’

22 Or, lui, pour la troisième fois, / il leur dit : 
‘Qu’a-t-il donc fait / de mal, celui-ci ? 
Un quelconque motif qui soit digne de mort, / je n’ai pas trouvé en lui !
Je le châtierai donc, / et je le relâcherai.
23 Or, eux, ils insistaient à grands cris, / et ils lui demandaient qu’ils l’exposent.
Et s’intensifiaient leurs voix / ainsi que celle des grands prêtres.

24 Pilate ordonna donc / que soit réalisée leur requête.
25 Et il leur relâcha celui qui, à cause d’une sédition et d’un meurtre, avait été mis en prison, / celui qu’ils réclamaient.
26 Jésus, donc, / il [le] livra à leur volonté ».

« 26     Et, tandis qu’ils le conduisaient, 
ils saisirent Simon le Cyrénéen, / qui revenait de la campagne, 
et ils placèrent sur lui la croix / pour qu’il la porte derrière Jésus.

27 Et venait derrière lui / une multitude du peuple,
et ces femmes qui pleuraient / et se lamentaient sur lui.
28 Jésus se tourna vers elles, / et dit : 
‘Filles de Jérusalem, / ne pleurez pas sur moi ; 
mais pleurez sur vous / et sur vos enfants.
29 Car voici, des jours viendront / où l’on dira :
Bienheureuses les stériles, et les entrailles qui n’ont pas enfanté, / et les mamelles qui n’ont pas allaité !
30 Alors, vous commencerez à dire aux montagnes : / Tombez sur nous !
Et aux collines : / Couvrez-nous !
31 Car, si l’on fait ces choses au bois vert, / qu’arrivera-t-il au bois sec ?’

32 Et venaient avec lui / deux autres,
des malfaiteurs, / pour être mis à mort. »

« 33 Lorsqu’ils furent arrivés en un lieu appelé Crâne, / ils le crucifièrent là, 
et ceux-là, / les malfaiteurs, 
l’un à sa droite, / l’autre à sa gauche.

34 Or lui, Jésus, / il avait dit :
‘Père, / pardonne-leur, 
car ils ne savent pas / ce qu’ils font !’ »


« 34 Et ils se partagèrent ses vêtements, / et ils les tirèrent au sort.
35 Le peuple se tenait là, / et regardait. 
Et les magistrats aussi / se moquaient de lui,
en disant : 
‘Il a en a sauvé [vivifiés] d’autres / qu’il se sauve [vivifie] lui-même,
s’il est le Messie / l’élu de Dieu !’

36 Et les soldats aussi / se moquaient de lui,
s’approchant de lui / et lui présentant du vinaigre,
37         en lui disant : 
‘Si tu es le roi des Juifs, / sauve-toi [vivifie] toi-même !’
38 Il y avait un écriteau aussi / qui était écrit au-dessus de lui 
 en grec, en latin, et en hébreu : / Celui-ci est le roi des Juifs. 

39 L’un de ces malfaiteurs-là, / qui avait été crucifiés avec lui, 
l’injuriait, / en disant : 
‘Si c’est toi / le Messie, 
délivre-toi / et délivre-nous aussi !’ »

« 40 Et son compagnon le réprimanda / et lui dit : 
‘Tu ne crains même pas Dieu, toi aussi ! / Toi ! Tu es sous le jugement !
41 Et, nous, / c’est avec justice selon ce que nous avons mérité,
car, comme nous avons agi, / nous sommes rétribués ! 
mais celui-ci, rien d’haïssable / n’a été fait par lui.

42         Et il dit à Jésus : 
‘Souviens-toi de moi, / Seigneur, 
quand tu viendras / dans ton règne !’
43         Jésus lui dit : 
‘Amen, je te le dis : / aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis !’ »

« 44 Il était / environ la sixième heure, 
et il y eut des ténèbres sur toute la terre, / jusqu’à la neuvième heure.
45 Et le soleil / s’obscurcit,
et le voile du temple se déchira / par le milieu.
46 Et Jésus s’écria d’une voix forte / et dit : 
‘Mon Père, / entre tes mains je remets mon esprit’.
Il dit ceci, / et ce fut achevé ».

« 47 Le centurion, / voyant ce qui était arrivé, 
glorifia Dieu, / et dit : 
‘Vraiment cet homme-ci / était juste !’

48 Et toutes les foules / qui étaient rassemblées pour ce spectacle, 
quand elles virent / ce qui advint, 
s’en retournèrent, / en se frappant la poitrine.

49 Et elles se tenaient debout à distance, / toutes les connaissances de Jésus,
et les femmes / qui étaient venues avec lui depuis la Galilée,
et elles voyaient / ces choses-ci. »

« 50 Or, il y avait un homme nommé Joseph, notable du conseil, de Ramtha [Arimathie], cité de Judée, 
c’était un homme bon / et juste,
51 celui-ci n’avait pas consenti à leur dessein / ni à leur opération,
et il attendait / le règne de Dieu.

52 Celui-ci s’approcha de Pilate, / et demanda le corps de Jésus.
53 Il le fit descendre, / et l’enveloppa d’un linceul de lin,
et le déposa dans une chambre funéraire creusée, / où personne n’avait encore été mis.
54 C’était le jour du vendredi, / et le shabbat pointait. 

55 Or les femmes s’approchèrent / celles qui étaient venues de la Galilée avec lui. 
Et elles virent le sépulcre / et comment son corps fut déposé.
56 Et, elles retournèrent préparer les aromates / et les onguents,
et elles cessèrent, durant le shabbat, / comme il est commandé ». 

Commentaire
À travers les ténèbres, certaines personnes « voient » ; ce sont : le centurion, les foules, et un certain groupe. 
Le centurion, voyant ce qui était arrivé, y lit un signe divin désignant en Jésus non seulement un innocent, victime d’une erreur judiciaire, mais un juste. Et il glorifie Dieu. 
Les foules, juives, voient et interprètent les ténèbres comme le présage d’un châtiment, comme il est écrit, par exemple, dans le livre d’Isaïe : « Le soleil s’est obscurci dès son lever […] Je vais châtier l’univers de sa méchanceté » (Is 13, 10-11). Elles s’en retournent en se frappant la poitrine. Les manuscrits syriaques de Cureton et du Sinaï ajoutent, à la fin du v. 48, cette glose : « et disaient : malheur à nous, qu’est-ce qui nous arrive, malheur à nous à cause de nos péchés ».
Un certain groupe. L’expression « toutes les connaissances de Jésus » (v. 49) ne signifie pas que tous les disciples de Jésus sont présents ; simplement, il faut les distinguer de « toutes les foules » qui se frappent la poitrine (v. 48) en se sentant menacées de châtiment. Avec « les femmes qui étaient venues avec lui depuis la Galilée », ces disciples « voyaient ces choses-ci » afin de pouvoir témoigner de la mort puis de la résurrection de Jésus.

 

Date de dernière mise à jour : 25/02/2025