4e ordinaire 2 février

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Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.

Evangile lc 2 22 40Evangile Lc 2, 22-40 (143.42 Ko)

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Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

Première lecture (Ml 3, 1-4)
Psaume (Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10)
Deuxième lecture (He 2, 14-18)
Évangile Lc 2, 22-40 : La présentation de Jésus au Temple.

Première lecture (Ml 3, 1-4)
« Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient – dit le Seigneur de l’univers. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera ? Car il est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s’installera pour fondre et purifier : il purifiera les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. Alors, l’offrande de Juda et de Jérusalem sera bien accueillie du Seigneur, comme il en fut aux jours anciens, dans les années d’autrefois. » — Parole du Seigneur. 

Chers auditeurs, cette lecture nous prépare tout à fait à la fête de la Présentation du Seigneur. Cette fête, qui remonte, à Rome, au 7e siècle, offre une oraison qui est presque la même aujourd’hui qu’au 7e siècle à Rome : 
Sacramentaire Hadrianum, 7e siècle : « Dieu éternel et tout-puissant, nous supplions ta majesté afin que de même qu’aujourd’hui ton Fils unique est présenté au Temple, fais que nous aussi nous nous présentions devant toi avec un cœur purifié. Par notre Seigneur ».
Prière actuelle : « Dieu éternel et tout-puissant, nous t’adressons cette humble prière : puisque ton Fils unique, ayant revêtu notre chair, fut en ce jour présenté dans le Temple, fais que nous puissions aussi, avec une âme purifiée, nous présenter devant toi. Par Jésus. »
 Le prophète Malachie nous prépare en particulier à l’évangile, mais cela demande une explication que je vais vous donner. L’évangile commence ainsi (ma traduction extraite de mon livre sur saint Luc, ainsi que le commentaire) : 
« 22 Et lorsque furent accomplis les jours de leur purification / selon la Loi de Moïse,
ils le firent monter à Jérusalem, / afin de le faire se tenir devant le SEIGNEUR, 
23 suivant ce qui est écrit / dans la Loi du SEIGNEUR : 
‘Tout mâle qui ouvre la matrice / sera appelé saint du SEIGNEUR’,
24 et pour offrir en sacrifice / selon ce qui est dit dans la Loi du SEIGNEUR, 
un couple de tourterelles / ou deux petits de colombes. » (Lc 2, 22-24)

Le récit semble tout d’abord évoquer l’obéissance de la sainte Famille aux lois juives. En soi, c’est déjà remarquable : Jésus est Dieu, il est le Créateur, le législateur, et il obéit aux lois et aux coutumes : la sainte Famille voit dans ces lois l’expression de la volonté du Père. Accomplir la volonté divine, c’est s’unir à la puissance de Dieu créateur, à sa fécondité.
Ceci étant dit, si l’on observe de plus près le récit et que l’on recherche à voir à quelles lois juives il se réfère, on peut être grandement surpris, et il apparaît que saint Luc veut nous dire quelque chose de plus, et qui est un peu caché sous les apparences.
- Le rachat. Le rachat concerne les Juifs aînés de sexe masculin. En effet, chaque fils premier-né [būḵrā] (Lc 2, 7), indépendamment du fait qu’il y ait ou non d’autres enfants après, devait être consacré au Seigneur (littéralement « appelé ‘le saint pour le SEIGNEUR’ »), en mémoire du fait que Dieu avait fait périr les premiers-nés des Égyptiens (Ex 13,1-2.11-12.14-16 ; Nm 8,16-17). Cependant, seuls les lévites restaient au service du Seigneur (Lv 8,16-18), les aînés des autres tribus étaient rachetés à l’âge d’un mois, en payant cinq sicles (Ex 13,13 ; Nm 18,15-16) au lévite, dans la localité. 
- La purification. Cette loi concernait exclusivement la mère. Si elle avait donné naissance à un garçon, elle contractait l’impureté juridique pour quarante jours, à la fin desquels elle devait se présenter au prêtre au sanctuaire, pour être déclarée purifiée par un rite expiatoire. Dans ce but, elle devait offrir au prêtre un agneau d’un an pour l’holocauste et une colombe ou une tourterelle en sacrifice d’expiation. Si elle n’était pas capable de présenter un agneau, elle pouvait le remplacer par une paire de tourterelles ou une paire de colombes, un pour l’holocauste et l’autre pour le sacrifice (Lv 12 ; cf. 5,7). 

Marie et Joseph sont donc présentés comme obéissant à la loi, mais le texte pose question et semble indiquer beaucoup plus, en effet : 
- Ni le rachat ni la purification de la mère ne nécessitaient que la sainte Famille vienne au temple. Il y a donc un surcroît de piété de la part de la sainte Famille, un acte gratuit qui dépasse ce que la loi demande. 
- Il ne s’intéresse pas non plus d’abord à la cérémonie du rachat du premier-né puisqu’il ne mentionne pas les cinq sicles demandés par la loi (Nm 18, 16).
- Il ne s’intéresse pas en premier lieu à la purification de Marie puisqu’on ne dit pas « pour sa purification », mais « pour leur purification ». 
 
Au Sinaï, avant de rencontrer Dieu et de vivre l’Alliance, le peuple devait se purifier, laver ses vêtements (Ex 19, 10.14). Avant d’entrer dans cette nouvelle Alliance, offerte dans l’Incarnation du Fils de Dieu, le peuple d’Israël doit aussi être purifié. Le peuple d’Israël peut être comparé à un nazir dès lors que c’est un peuple consacré au Seigneur (Dt 7, 6), mais voilà, et tous les prophètes le savent, Israël a péché, et il est endurci. 
Malachie annonce une purification : « Il s’assiéra pour fondre et purifier ; il purifiera les fils de Lévi... » (Ml 3, 3) et l’on sait que Malachie est l’un des prophètes auquel les deux premiers chapitres de saint Luc (l’évangile de l’enfance) se réfèrent souvent : Ml 2, 6 inspire Lc 1, 17 ; Ml 3, 20 inspire Lc 1, 78. 
Pour la purification d’un nazir rendu infidèle à son vœu par le contact avec un mort, il faut alors offrir un couple de colombes, l’une en sacrifice pour le péché, l’autre en holocauste, et un agneau d’un an en sacrifice de réparation (Nm 6, 9-12). L’offrande de la sainte Famille peut donc représenter l’offrande nécessaire à la purification du nazir-Israël si l’on voit en Jésus l’Agneau du sacrifice à côté du couple de colombes apportées. Saint Luc passerait donc du niveau réel au niveau symbolique.
La Présentation de Jésus au Temple accomplit la prophétie de Malachie : 
Jean Baptiste est le messager « qui prépare le chemin » (Ml 3, 1) devant Jésus. Et Jésus est « le Seigneur que vous cherchez », « le messager de l’Alliance que vous désirez » (Ml 3, 1). Il est vrai Dieu et vrai homme, c’est l’alliance suprême, ultime. Le peuple a besoin d’être purifié pour le recevoir, comme il est dit : « Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera ? Car il est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s’installera pour fondre et purifier : il purifiera les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. » (Ml 3, 2-4) 

Bien sûr, ces derniers versets valent aussi pour le retour du Christ.
Alors bonne fête de la Présentation de Jésus au Temple !


Psaume (Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10) 
« Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! Qui est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats. Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! Qui donc est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire. »

La liturgie solennelle de l’ouverture de la Porte Sainte au cours de l’année jubilaire fait revivre avec une intense émotion intérieure les mêmes sentiments.
Les portes du temple de Sion sont personnifiées et invitées à lever leur fronton pour accueillir le Seigneur qui prend possession de sa maison.
Ce psaume décrit indirectement l’entrée joyeuse des fidèles dans le temple pour rencontrer le Seigneur (vv. 7-10). Dans un jeu suggestif d’appels, de questions et de réponses, est présentée la révélation progressive de Dieu, ponctuée par trois de ses titres solennels: "Roi de la gloire, le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats (Yahvé Sabaot)".
« Le dernier titre n’a pas - comme il pourrait sembler à première vue - un caractère martial, même s’il n’exclut pas un renvoi aux troupes d’Israël. Il est en revanche doté d’une valeur cosmique : le Seigneur, qui va à présent venir à la rencontre de l’humanité à l’intérieur de l’espace restreint du sanctuaire de Sion, est le Créateur qui a pour armée toutes les étoiles du ciel, c’est-à-dire toutes les créatures de l’univers qui lui obéissent. Dans le livre du prophète Baruch on peut lire :  "Les étoiles brillent à leur poste, joyeuses : les appelle-t-il, elles répondent : Nous voici! Elles brillent de joie pour leur Créateur" (Ba 3, 34-35). Le Dieu infini, tout-puissant et éternel s’adapte à la créature humaine, s’approche d’elle pour la rencontrer, l’écouter et entrer en communion avec elle. La liturgie est l’expression de cette rencontre dans la foi, dans le dialogue et dans l’amour » (Jean-Paul II, Audience générale sur le psaume 23 (24)).

Ce psaume nous invite à l’adoration. « L’adoration est le prosternement de l’esprit devant le "Roi de gloire" (Ps 24,9-10) et le silence respectueux face au Dieu "toujours plus grand" (S. Augustin, Ps 62,16). L’adoration du Dieu trois fois saint et souverainement aimable confond d’humilité et donne assurance à nos supplications ». (CEC 2628)

Le dimanche des Rameaux, Jésus, le "Roi de Gloire" (Ps 24,7-10) entrera dans sa Ville "monté sur un ânon" (Za 9,9) : il ne conquiert pas son Église par la ruse ni par la violence, mais par l’humilité qui témoigne de la Vérité (cf. Jn 18,37). C’est pourquoi les sujets de son Royaume, ce jour-là, sont les enfants (cf. Mt 21,15-16 Ps 8,3) et les "pauvres de Dieu", qui l’acclament comme les anges l’annonçaient aux bergers (cf. Lc 19,38 ; Lc 2,14). 
On remarquera que dans la Bible, l’expression « Roi des rois » désigne Dieu (2M 13, 4 ; 1Tm 6, 15) et l’Apocalypse l’applique au Christ : « l’Agneau vaincra » les dix rois « parce qu’il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois ; et avec Lui, sont les appelés, et les élus, et les fidèles ! » (Ap 17, 14). Le règne du Christ « Roi des rois » n’est pas vivifiant pour tout le monde : beaucoup ne supportent pas la vérité de la Parole de Dieu (l’épée aiguisée dans la bouche) et ils meurent. Les « puissances des Cieux » (Ap 19, 14) incluent, avec les anges, les fidèles ressuscités. Ce qui est cohérent avec le fait que saint Paul parle « de l’avènement de Notre Seigneur avec tous ses saints » (1Th 3, 13). Il ne faut pas inclure parmi les puissances des Cieux les fidèles de la terre sous prétexte que la vie spirituelle leur fait participer à la liturgie céleste : en effet, le Nouveau Testament réserve à l’avenir « la cité qui est dans les Cieux » (Ph 3, 20) où le chrétien portera l’image du céleste (1Co 15, 49). 
Le Christ « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 19, 16) aura un règne stable qui préparera le monde à son assomption dans l’éternité. 
Forts de cette espérance, nous entrons dans la fête de la Présentation de Jésus au Temple. Apparue à Jérusalem au 4e siècle, la fête du 2 février fut introduite à Rome probablement sous le pontificat de Théodore (642-649), un pape né en Grèce d’une famille originaire de Jérusalem. 
La célébration est centrée sur la rencontre de Jésus avec Siméon dans le temple : c’est une fête du Christ. 
Le Christ est fêté comme le libérateur, en témoigne la première antienne de la procession avant la messe (Missel sextuplex, 7e siècle) : « (…) Réjouis-toi, juste vieillard, en accueillant dans tes bras le libérateur de nos âmes et celui qui nous donne la résurrection. »
Le Christ est fêté comme « le roi messie » et le « roi de gloire », en témoigne surtout la seconde antienne de la procession avant la messe :
« Embelli la chambre nuptiale, o Sion, et reçoit le roi messie. Embrasse Marie qui est la porte de celui qui vient du ciel. Elle porte elle-même le roi de gloire. (…) »
En même temps, cette antienne célèbre le Christ comme « l’Époux de l’Alliance », c’est pourquoi on parle de la « chambre nuptiale » ; l’Alliance est une noce (cf. Osée, Isaїe) de Dieu avec son peuple, et cette noce s’accomplit lors de l’Incarnation.

Le nom de la fête du 2 février a beaucoup oscillé… on pourrait repérer six titres :
1.    Le 40e jour
2.    La fête de la rencontre, « Hypapante », rencontre entre le Christ et son peuple, à Jérusalem, le peuple est représenté par Syméon et Anne. 
3.    La fête de saint Syméon. 
4.    La Présentation du Seigneur
5.    L’entrée du Seigneur au temple (Eglise syrienne)
6.    La purification de Marie au temple. (Déjà dans la tradition Gélasienne apparaît le titre de la fête "purification de sainte Marie", un titre qui persistera dans la liturgie romaine jusqu’en 1969.
L’important est de comprendre que c’est une fête qui dépend de la fête de Noël. Attention, il n’y a pas de calendrier universel. À Jérusalem, nous avons, quarante jours après Noël le 6 janvier (Épiphanie), la Présentation ou Hypapante, le 14 février. À Rome, nous avons, quarante jours après Noël le 25 décembre, la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février. 
À Rome, il y avait le 2 février le souvenir d’une procession paїenne pour conjurer les fièvres à Rome, à cause de cela, la procession chrétienne eut un caractère pénitentiel, avec des vêtements violets. La procession romaine aura un double caractère, pénitentiel et de fête avec des cierges en honneur du Christ, « lumière pour éclairer les nations » (Lc 2,32).
Oui, il éclaire les nations, et il reviendra dans la gloire, comme roi de gloire. « qu’il entre, le roi de gloire ! Qui donc est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire. »

Deuxième lecture (He 2, 14-18) 

« Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition : ainsi, par sa mort, il a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. 
Car ceux qu’il prend en charge, ce ne sont pas les anges, c’est la descendance d’Abraham. Il lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères, pour devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu, afin d’enlever les péchés du peuple. Et parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve. » Parole du Seigneur.

Chers auditeurs, nous allons d’abord développer deux aspects. Premièrement, le Christ nous délivre de la crainte de la mort ; deuxièmement, le Christ porte secours à ceux qui subissent une épreuve notamment par l’onction des malades. Puis nous ferons le lien avec l’évangile du 2 février, qui est aussi la Journée de la vie consacrée.

Premier point, le Christ nous délivre de la crainte de la mort. « Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12,24 Rm 10,7 Ep 4,9) afin que "les morts entendent la voix du Fils de l’Homme et que ceux qui l’auront entendue vivent" (Jn 5,25). Jésus, "le Prince de la vie" (Ac 3,15), a "réduit à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort" (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité "détient la clef de la mort et de l’Hadès" (Ap 1,18) et "au Nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers" (Ph 2,10). » (CEC 635). 

Second point. L’onction des malades. « La grâce première de ce sacrement est une grâce de réconfort, de paix et de courage pour vaincre les difficultés propres à l’état de maladie grave ou à la fragilité de la vieillesse. Cette grâce est un don du Saint-Esprit qui renouvelle la confiance et la foi en Dieu et fortifie contre les tentations du malin, tentation de découragement et d’angoisse de la mort (cf. He 2,15). Cette assistance du Seigneur par la force de son Esprit veut conduire le malade à la guérison de l’âme, mais aussi à celle du corps, si telle est la volonté de Dieu (cf. Cc. Florence: DS 1325). En outre, "s’il a commis des péchés, ils lui seront remis" (Jc 5,15 cf. Cc. Trente: DS 1717). » (CEC 1520)
« L’union à la Passion du Christ. Par la grâce de ce sacrement, le malade reçoit la force et le don de s’unir plus intimement à la Passion du Christ: il est d’une certaine façon consacré pour porter du fruit par la configuration à la Passion rédemptrice du Sauveur. La souffrance, séquelle du péché originel, reçoit un sens nouveau: elle devient participation à l’oeuvre salvifique de Jésus. » (CEC 1521)

Nous allons maintenant faire le lien avec la fête de ce jour, la Présentation de Jésus au Temple. 
« Les paroles prophétiques prononcées par le vieux Syméon mettent en lumière la mission de l’Enfant amené par ses parents au Temple : « Vois! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction afin que se révèlent les pensées intimes de bien des coeurs» (Lc 2,34-35). Syméon dit à Marie : « Et toi-même, une épée te transpercera l’âme» (Lc 2,35). Les chants de Bethléem viennent de se taire et déjà se profile la croix du Golgotha, et cela se produit dans le Temple, le lieu où sont offerts les sacrifices. L’événement que nous commémorons aujourd’hui constitue donc comme un pont entre les deux temps forts de l’année de l’Eglise. 
La seconde lecture, tirée de la Lettre aux Hébreux, offre un commentaire intéressant de cet événement. L’Auteur formule une observation qui nous invite à réfléchir : commentant le sacerdoce du Christ, il souligne comment le Fils de Dieu ‘se charge de la descendance d’Abraham’ (cf. He 2,16). Abraham est le Père des croyants : tous les croyants sont donc, d’une façon ou d’une autre, compris dans cette ‘descendance d’Abraham’ pour laquelle l’Enfant, qui est dans les bras de Marie, est présenté au Temple. L’événement qui s’accomplit sous les yeux de ces quelques témoins privilégiés constitue une première annonce du sacrifice de la Croix.
Le texte biblique affirme que le Fils de Dieu, solidaire des hommes, partage leur condition de faiblesse et de fragilité jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mort, dans le but d’opérer une libération radicale de l’humanité, en vainquant une fois pour toute l’adversaire, le diable, qui trouve précisément dans la mort son point fort sur les êtres humains et sur chaque créature (cf. He 2,14-15). 
Dans cette admirable synthèse, l’Auteur inspiré exprime toute la vérité sur la rédemption du monde. Il souligne l’importance du sacrifice sacerdotal du Christ, qui "a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple" (He 2,17).
Précisément parce qu’elle souligne le lien profond qui unit le mystère de l’Incarnation à celui de la Rédemption, la Lettre aux Hébreux constitue un commentaire adapté à l’événement liturgique que nous célébrons aujourd’hui. Elle souligne la mission rédemptrice du Christ, à laquelle tout le Peuple de la Nouvelle Alliance participe » et en particulier les personnes consacrées. » (Extraits de l’Homélie Jean Paul II 2 février 1999). 

C’est aujourd’hui la Journée de la vie consacrée, qui est célébrée chaque année le 2 février en la fête de la Présentation de Jésus au Temple. C’est pour toute l’Église l’occasion de louer et de remercier le Seigneur pour le don de cet état de vie dans l’Église. « La vie consacrée, profondément enracinée dans l’exemple et dans l’enseignement du Christ Seigneur, est un don de Dieu le Père à son Église par l’Esprit. Grâce à la profession des conseils évangéliques, les traits caractéristiques de Jésus - chaste, pauvre et obéissant - deviennent ‘visibles’ au milieu du monde de manière exemplaire et permanente et le regard des fidèles est appelé à revenir vers le mystère du Royaume de Dieu, qui agit déjà dans l’histoire, mais qui attend de prendre sa pleine dimension dans les cieux » (Vita consecrata 1).
Le 2 février, l’Église fait mémoire du jour où Jésus, premier-né du Père, dans la famille de Nazareth, par Marie s’offre au Temple de Jérusalem et soumet son existence au Père. De la même manière en ce jour les personnes consacrées veulent renouveler leur offrande et témoigner que leur existence toute entière est une offrande constante à Dieu pour le salut du monde. 
Le témoignage de la liberté face aux biens de la terre, de l’amour total pour le Christ, de la joie de rechercher et de faire toujours la volonté de Dieu, est le chemin le meilleur pour faire connaître, apprécier et aimer la vie consacrée dans l’Eglise et parmi les hommes. 


Évangile Lc 2, 22-40 : La présentation de Jésus au Temple. 
La traduction depuis l’araméen et le commentaire sont extraits de Françoise BREYNAERT, L’évangile selon saint Luc, un collier d’oralité en pendentif en lien avec le calendrier synagogal. Imprimatur. Préface Mgr Mirkis (Irak). Parole et Silence, 2024. (472 pages).
-1-
« 22 Et lorsque furent accomplis les jours de leur purification / selon la Loi de Moïse,
ils le firent monter à Jérusalem, / afin de le faire se tenir devant le SEIGNEUR, 
23 suivant ce qui est écrit / dans la Loi du SEIGNEUR : 
‘Tout mâle qui ouvre la matrice / sera appelé saint du SEIGNEUR’,
24 et pour offrir en sacrifice / selon ce qui est dit dans la Loi du SEIGNEUR, 
un couple de tourterelles / ou deux petits de colombes.
-2-
25 Or il y avait un homme [particulier] à Jérusalem / appelé Siméon. 
Cet homme était juste / et droit,
et il attendait la consolation d’Israël, / et l’Esprit Saint était sur lui.
26 Et il lui avait été dit, / de la part de l’Esprit Saint, 
qu’il ne verrait pas la mort, / jusqu’à ce qu’il ait vu le Messie du SEIGNEUR.
27 Celui-ci, justement, / venait par l’Esprit au Temple, 
alors même que ses parents faisaient entrer / l’enfant Jésus, 
pour faire à sa place / comme il est ordonné dans la Loi.
28 Il le reçut dans ses bras / et il bénit Dieu, 
et dit : 
29 ‘Désormais, laisse aller ton serviteur, Seigneur, / selon ta parole, dans la paix !
30 Car voici mes yeux ont vu ta tendresse / 31 que tu as préparée à la face de toutes les nations,
32 lumière pour la révélation aux peuples / et gloire pour ton peuple Israël’.
33 Joseph et sa mère, donc, / étaient stupéfaits des choses qui étaient dites sur lui.
-3-
34 Et Siméon les bénit, / et dit à Marie sa mère : 
‘Voici, / celui-ci est posé : 
pour la chute / et pour le relèvement de beaucoup en Israël, 
et pour être un signe / de contradiction.
35 Et dans ton âme, donc, à toi, / passera un glaive ; 
en sorte que se révèlent / les raisonnements des cœurs de beaucoup’.
-4-
36 Et Anne, donc, la prophétesse, / la fille de Phanouel, de la tribu de Ashyr, 
elle aussi, / était vieille en ses jours. 
Et elle vécut sept ans avec son mari, / après sa virginité, 
37 et elle était veuve, / d’environ quatre-vingt-quatre ans. 
Elle ne quittait pas le Temple, / et, dans le jeûne et la prière, 
rendait un culte, jour / et nuit.
38 Et elle aussi se leva, en cette heure-là, / et remercia le SEIGNEUR.
Elle parlait à son sujet / avec quiconque attendait la délivrance de Jérusalem. 
-5-
39 Et lorsqu’ils eurent tout accompli, / selon ce qui est dans la Loi du SEIGNEUR, 
Ils s’en retournèrent en Galilée, / à Nazareth, leur chef-lieu.
40 Or, l’enfant grandissait, / et se fortifiait dans l’Esprit 
et s’emplissait de sagesse / et la grâce de Dieu était sur lui. » 

Suggestion de gestes pour la récitation orale
La perle se déroule en 5 actes. 
1.    Lc 2, 22-24 : La sainte Famille monte à Jérusalem. Geste clé : l’élévation : « monter à Jérusalem » (v. 22) et « offrir en sacrifice » (v. 24).
2.    Lc 2, 28-33 : Rencontre avec Siméon. Geste clé : la rencontre. « Il venait par l’Esprit au Temple, alors même que ses parents faisaient entrer » (v. 27).
3.    Lc 2, 34-35 : Prophétie de Siméon. Geste clé : « la chute » et « le relèvement » (v. 34). Ensuite, « se révèlent les raisonnements des cœurs » (= geste de dévoiler v. 35).
4.    Lc 2, 36-38 : Rencontre avec Anne.
5.    Lc 2, 39-40 : Retour à Nazareth. Jésus grandissait, et la grâce de Dieu était sur lui (double mouvement vertical).

Commentaire
Lc 2, 22-24 : ces versets ont déjà été commentés avec la première lecture, nous avons souligné le fait que le texte dit « pour leur purification », c’est-à-dire celle du peuple afin qu’il soit disposé à accueillir le Messie. 

Lc 2, 25-33 : Il y avait « un homme [particulier] » à Jérusalem qui s’appelait « Siméon ». En araméen « ḥaḏ » est l’article indéfini « un », qui est généralement omis, mais il peut aussi signifier « un homme particulier » : il s’agirait d’un vieillard qui fut très influent au Temple, rabbi Shimeon. Il attendait « la consolation d’Israël », et, trois fois il est dit qu’il vivait dans « l’Esprit Saint », que l’on peut traduire aussi « l’Esprit du lieu saint ». « L’Esprit Saint était sur lui » (Lc 2, 25). « Et il lui avait été dit, de la part de l’Esprit Saint… » (Lc 2, 26). « Il venait par l’Esprit au Temple » (Lc 2, 27). Et c’est ainsi qu’il rencontre Jésus et ses parents. 
Siméon « reçut dans ses bras Jésus » (Lc 2, 28), et il est « dans la paix [šlāmā] », c’est-à-dire la plénitude. En annonçant que Jésus est la tendresse de Dieu (Lc 2, 30) et la lumière pour la révélation aux peuples (Lc 2, 32), Siméon annonce qu’il accomplira la figure du Serviteur du livre d’Isaïe : « Je t’ai façonné et donné comme alliance du peuple, comme lumière des nations » (Is 42, 6) ; « Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre » (Is 49, 6). Ceci implique toute la mission du Serviteur, qui est aussi Serviteur souffrant. La réalisation du plan de salut dépend de la libre acceptation par le Serviteur de ce destin, comme le suggère le « si » : « S’il offre sa vie… », « s’il fait de sa vie un sacrifice » (Is 53, 10).
L’Alliance dont parle Isaïe est une succession de ruptures et de reprises d’Alliance, de péché et de miséricorde. Le terme tendresse [ḥnānā] employé par Siméon (Lc 2, 30) était déjà présent dans le Magnificat : « sa tendresse (miséricorde) [ḥnānā] s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 50), et « il s’est souvenu de sa tendresse [ḥnānā] » (Lc 1, 54).

Lc 2, 34-35 : Nous sommes au centre de cette perle. 
À deux reprises, Siméon a parlé de révélation : Jésus est « lumière pour la révélation [racine gla] aux peuples » (Lc 2, 32) mais il est aussi question que « se révèlent [racine gla] » les raisonnements de nombreux cœurs (Lc 2, 35). 
Leurs « raisonnements [racine ḥšḇ] » devraient avoir pour modèle celui de Marie qui « raisonnait [racine ḥšḇ] sur ce que signifiait » la salutation de l’ange (Lc 1, 29). Malheureusement, si certains font des raisonnements justes, guidés par l’amour de Dieu, d’autres font des calculs sordides.
Jésus sera en butte à la contradiction, et un glaive transpercera l’âme de Marie. Notons qu’en araméen, le mot « âme » représente la gorge, et que, dans la Bible, l’image du glaive est d’abord une image de la Parole de Dieu . Le glaive est aussi le signe d’une séparation (Mt 10, 34-36), mais ce n’est que plus tard que la tradition chrétienne a fait le rapprochement avec la Passion. En tout cas, Marie s’entend dire que Jésus aura des opposants, et ceci par un vieillard qui multiplie les allusions au prophète Isaïe… Jésus aura le destin du Serviteur souffrant du livre d’Isaïe, un destin de souffrance et de mort (Is 53, 8-9) mais aussi de glorification et de lumière (Is 53, 10-12).

Lc 2, 36-38 : Anne « rendait un culte [racine plḥ], jour et nuit » (Lc 2, 36-37). Cette racine plḥ signifie travailler, cultiver, servir, rendre un culte, et se trouve aussi en Gn 2, 15 : l’homme est placé dans le jardin « pour qu’il le cultive [plḥ] et qu’il le garde ». Anne la prophétesse connaît le but, la noblesse, la vocation profonde de l’humanité. « La délivrance de Jérusalem », attendue par ceux auxquels Anne s’adresse, sera finalement la délivrance du péché des origines (Gn 3, 15). La modalité de cette délivrance vient d’être précisée : Jésus assumera un destin de souffrance et de mort mais aussi de glorification et de lumière.

Lc 2, 39-40 : Reconduit à Nazareth, Jésus se remplissait de sagesse et la grâce-bonté [ṭaybūṯā] de Dieu est sur l’enfant (v. 40), qui est auprès de Marie dont il a été dit qu’elle est remplie de grâce-bonté [ṭaybūṯā] (Lc 1, 28). 
Que la grâce de Dieu vous comble en ce jour de fête !

 

Date de dernière mise à jour : 12/12/2024