8e dimanche ordinaire (C)

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Evangile 8e ordinaire c lc 6Evangile 8e ordinaire C Lc 6 (111.44 Ko)

Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30). 

 

Première lecture (Si 27, 4-7)
Psaume (Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16)
Deuxième lecture (1 Co 15, 54-58)
Évangile (Lc 6, 39-45)

Première lecture (Si 27, 4-7)
Quand on secoue le tamis, il reste les déchets ; de même, les petits côtés d’un homme apparaissent dans ses propos. Le four éprouve les vases du potier ; on juge l’homme en le faisant parler. C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ; ainsi la parole fait connaître les sentiments. Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé, c’est alors qu’on pourra le juger. – Parole du Seigneur.  

Chers auditeurs, ce passage de l’Ancien Testament trouve des échos dans l’enseignement de Jésus. Notamment, après que Jésus a fait l’exorcisme d’un sourd-muet-aveugle, quand les pharisiens déclarèrent : « Celui-ci ne fait sortir les génies [démons] / que par Beèlzeboub, le chef des démons ! ». Alors Jésus reprit la parole et leur déclara : 
« 30 Celui qui n’est pas avec moi / est contre moi.
Celui qui ne rassemble pas avec moi, / pour ce qui est de disperser, il disperse ! 
31 C’est pourquoi, / je vous le dis : 
Tous les péchés et blasphèmes / seront pardonnés aux hommes ; 
mais le blasphème contre l’Esprit de Sainteté / ne sera pas pardonné aux hommes. 
32 Et tout un chacun qui dit une parole contre le Fils de l’homme, / cela lui sera pardonné : 
mais tout un chacun qui parle contre l’Esprit de Sainteté, / cela ne lui sera pas pardonné, 
ni en ce monde, / ni dans le monde à venir. » (Mt 12, 30-32 de l’araméen)

L’hypocrite s’est rendu incapable de rencontrer le Christ et il ne parle qu’au miroir de ce que sa logique intéressée projette. Il se ment à lui-même, il est devenu étranger à sa propre personne et la miséricorde du Christ ne peut plus l’atteindre : « ni en ce monde, ni dans le monde à venir » (Mt 12, 32). 
Le péché contre l’Esprit Saint est un péché de parole, et les paroles reflètent la surabondance du cœur. Jésus dit ensuite : 
« 33 Ou bien faites un arbre bien / et ses fruits seront biens, 
ou bien faites un arbre mauvais / et ses fruits seront mauvais, 
car c’est à partir de ses fruits / que se reconnaît l’arbre. 
34 Engeance de vipères, / comment pourriez-vous dire de bonnes choses, / alors que vous êtes mauvais ? 
Car c’est de la surabondance du cœur, / que la bouche parle. 
35 L’homme bon, / de ses dépôts bons, / fait sortir des choses bonnes. 
L’homme mauvais, / de ses dépôts mauvais, / fait sortir des choses mauvaises. » (Mt 12, 33-35 de l’araméen)

Les vipères ont une langue fourchue, bifide, disent les scientifiques qui savent maintenant que cela leur sert à capter les odeurs en 3D et donc à s’orienter. Sur un registre symbolique, la langue des vipères représente un langage ambigu, double, dont nous avons eu un exemple en Mt 12, 24 dans le soupçon levé contre Jésus. 
La bonté d’un homme est attachée à une habitude, une constance, une persévérance et les philosophes disent un « habitus », représenté dans l’évangile par des « dépôts », et cette bonté transparaît dans ses paroles (Mt 12, 34-35). 
Parler contre l’Esprit Saint (v. 32) n’advient pas à l’improviste, cela reflète la surabondance d’un cœur qui a accumulé de mauvais dépôts (v. 33-35).
Jésus continue : 
« 36 Je vous le dis, / en effet : 
De toute parole vaine qu’auront dite les hommes, / ils en répondront au jour du jugement. 
37 D’après tes paroles, en effet, tu seras justifié / et, d’après tes paroles, tu seras condamné. » (Mt 12, 36-37)
Il faudra rendre compte de « toute parole vaine [baṭṭālā] », baṭṭālā dérive du verbe bṭel qui signifie cesser, périr, être aboli, faire défaut, être oisif. Il s’agit des paroles injustifiées, qui ne produisent aucun fruit, quand elles ne produisent pas la destruction. Sur la terre, les gens habiles en paroles s’en sortent et gardent le dessus, mais au jour du jugement, ils devront en rendre compte.
À l’inverse, « d’après tes paroles, tu seras justifié ». Cela rappelle ces foules de bonne volonté qui venaient se faire baptiser par Jean « en confessant leurs péchés » (Mt 3, 6). Et si certains restent muets quand il s’agit de confesser leurs fautes, Jésus est là pour les guérir de leur mutisme, mais peut-être attend-il qu’il y ait des volontaires pour les lui amener, comme quand « ils lui amenèrent un possédé, sourd-muet et borgne » (Mt 12, 22). 

De nos jours, on constate de grands mensonges dans les médias mais aussi des gens « sourds-muets et borgnes ».
Les événements complexes sont traités trop rapidement et l’analyse est faussée.
Quand il y a un enjeu politique ou commercial, l’analyse est censurée. 
Le fait qu’une information soit répétée dans tous les médias ne la rend pas davantage vraie et sérieuse. 
Ce n’est pas une désinformation occasionnelle qui ruine notre capacité d’analyse... C’est le train-train quotidien, un petit mensonge après l’autre.
Il y a aussi l’étroitesse d’esprit. Tout le monde sait qui est président des USA mais combien de gens sont capables de dire le nom du président de la Chine ? 
Il y a aussi le danger propre aux personnes déjà éduquées, les enseignants, les intellectuels, ils pensent déjà savoir, donc pourquoi chercher encore à comprendre ?
Quelques exemples anciens : 
Le 6 août 1945, à la radio, le président Truman annonça l'explosion d'une bombe d'un nouveau type sur Hiroshima en qualifiant la ville de « base militaire » Comme s’il n’y avait pas de civils ! Quel mensonge ! 
Le 26 avril 1986, l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl a entraîné des mesures urgentes de prévention partout en Europe. Partout… sauf en France où les informations fournies par la météo nationale et répercutées par la présentatrice d’Antenne 2 annonçaient : « En France, l’anticyclone des Açores restera suffisamment puissant pour offrir une véritable barrière de protection ; il bloque en effet toutes les perturbations venant de l’Est. »  On sait aujourd’hui qu’il n’en a rien été et que la France a été affectée comme ses voisins immédiats.
Dix ans après la Première Guerre mondiale, en 1928, le diplomate anglais Lord Ponsonby publie un essai lumineux sur la propagande de guerre : Falsehood in War-Time: Propaganda Lies of the First World War (« Le mensonge en temps de guerre : Les bobards de la propagande dans la Première Guerre mondiale »). Arthur Ponsonby y voit une caractéristique des conflits modernes. Elle s'avère indispensable dans tous les camps pour mobiliser les masses et soutenir l'effort de guerre.
En 2001, dans Principes élémentaires de propagande de guerre, l'historienne Anne Morelli s'inspirera du travail de Lord Ponsonby pour définir les dix principes de la propagande de guerre ; ces principes paraissent toujours d'une cruelle actualité :
1- Nous ne voulons pas la guerre.
2- La partie adverse est seule coupable de guerre.
3- L'ennemi est intrinsèquement mauvais et ressemble au diable.
4- Nous défendons une noble cause, pas nos propres intérêts.
5- L'ennemi commet des atrocités exprès ; nos bavures sont involontaires.
6- L'ennemi utilise des armes interdites.
7- Nous subissons de petites pertes, celles de l'ennemi sont énormes.
8- Des artistes et intellectuels reconnus soutiennent notre cause.
9- Notre cause est sacrée.
10- Tous ceux qui doutent de notre propagande sont des traîtres.


Psaume (Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16)
« Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut, d’annoncer dès le matin ton amour, ta fidélité, au long des nuits ! Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban ; planté dans les parvis du Seigneur, il grandira dans la maison de notre Dieu. Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer : ‘Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher !’ » 

Chers auditeurs, si vous voulez être plantés dans la maison du Seigneur, si vous voulez fleurir comme le palmier, vous multiplier comme le cèdre du Liban, si donc vous ne voulez point être une herbe, mais bien des palmiers et des cèdres, qu'annoncerez-vous ? « Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher !’ »  

Dieu est un maître droit et il n'y a pas d'injustice en lui Ps 92,16 et si vous portez ces marques, vous êtes réellement devenu enfant de Dieu. 

« Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer : ‘Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher !’ »
Comme en une synthèse des témoignages éclatants de vieillards que l'on trouve dans la Bible, le Psaume Ps 92 (soit le Ps 91) proclame : « Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban... Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer: “Le Seigneur est droit” » (Ps 92,13 92,15-16). Et l'Apôtre Paul, faisant écho au Psalmiste, note dans la lettre à Tite: « Que les vieillards soient sobres, dignes, pondérés, robustes dans la foi, la charité, la constance. Que, pareillement, les femmes âgées aient le comportement qui sied à des saintes...; qu'elles soient de bon conseil, pour apprendre aux jeunes à aimer leur mari et leurs enfants » (Tt 2,2-5).
À la lumière de l'enseignement de la Bible et selon son langage, la vieillesse se présente donc comme un temps favorable à l'achèvement de l'aventure humaine et elle entre dans le dessein de Dieu sur l'homme comme le temps où tout concourt à ce que l'homme puisse mieux saisir le sens de la vie et parvienne à la sagesse du cœur. « La vieillesse honorable - remarque le livre de la Sagesse - n'est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années; c'est cheveux blancs pour les hommes que l'intelligence, c'est un âge avancé qu'une vie sans tache » (Sg 4,8-9). Elle constitue l'étape définitive de la maturité humaine et elle est l'expression de la bénédiction divine.
La Bible nous présente l'homme âgé comme le symbole de la personne riche de sagesse et de crainte de Dieu (cf. Si 25,4-6). En ce sens, le don de l'homme âgé pourrait se définir comme celui d'être, dans l'Église et la société, le témoin de la tradition de foi (cf. Ps 44,2 Ex 12,26-27), le maître de vie (cf.Si 6,34 8,11-12), l'artisan de charité. 
Le travail apostolique des personnes âgées est important : « c'est là une tâche à assumer avec courage, en surmontant résolument la tentation de se replier nostalgiquement sur un passé qui ne reviendra plus et de se refuser à un engagement présent, à cause des difficultés rencontrées dans un monde sans cesse nouveau ; il s'agit, au contraire, de prendre sans cesse une conscience plus claire de son rôle personnel dans l'Église et dans la société, car ce rôle ne connaît pas d'arrêt provoqué par l'âge, mais ne fait que prendre des aspects nouveaux. Comme le chante le psalmiste : "Dans la vieillesse, ils portent encore du fruit, ils restent pleins de sève et de verdeur, proclamant la droiture du Seigneur" (Ps 92,15-16). » (Jean-Paul II, Christifideles Laici 48) 
« L'entrée dans le troisième âge doit être regardée comme un privilège : non seulement parce que tout le monde n'a pas la chance d'atteindre cette étape, mais aussi et surtout parce que c'est le temps où il est concrètement possible de mieux examiner le passé, de mieux connaître et de vivre plus intensément le mystère pascal, de devenir un exemple dans l'Église pour le peuple de Dieu tout entier... » (Jean-Paul II, Jubilé des Personnes âgées).  

La présence des personnes âgées dans la famille peut revêtir une grande valeur. Elles sont un exemple de lien entre les générations, une ressource pour le bien-être de la famille et de la société tout entière. Elles peuvent non seulement témoigner qu'il y a des secteurs de la vie, comme les valeurs humaines et culturelles, morales et sociales, qui ne se mesurent pas en termes économiques et de profit, mais elles peuvent aussi offrir un apport concret dans le domaine du travail et de la responsabilité.

Il s'agit en définitive, non seulement de faire quelque chose en faveur des personnes âgées, mais aussi d'accepter ces personnes comme des partenaires responsables, en tenant compte de leurs moyens, et comme des acteurs de projets communs, au niveau de la réflexion, du dialogue et de l'action».

Comme le dit l'Écriture Sainte, les personnes «dans la vieillesse portent encore du fruit » Ps 92,15. Les personnes âgées constituent une importante école de vie, capable de transmettre des valeurs et des traditions et de favoriser la croissance des plus jeunes, qui apprennent ainsi à rechercher non seulement leur propre bien, mais aussi celui des autres. 

Si les personnes âgées se trouvent dans une situation de souffrance et de dépendance, elles ont non seulement besoin de soins médicaux et d'une assistance appropriée, mais surtout d'être traitées avec amour.

Prière sur les offrandes du 8ème dimanche du Temps Ordinaire : 

 C'est toi qui nous donnes, Seigneur, ce que nous t'offrons,
 pourtant tu vois dans notre offrande un geste d'amour ;
 aussi te prions-nous avec confiance :
 Puisque tes propres dons sont notre seule valeur,
 qu'ils fructifient pour nous en bonheur éternel.
 Par Jésus. (2021 Missel Romain 458)


Deuxième lecture (1 Co 15, 54-58)
« Frères, au dernier jour, quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; ce qui donne force au péché, c’est la Loi. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue. » – Parole du Seigneur.

Au moment de l’annonciation à Joseph, l’ange du Seigneur dit : 
« Joseph, fils de David, / ne crains pas de prendre Marie, ta femme ; 
celui qui, en effet, a été engendré en elle, / l’est par le fait de l’Esprit de Sainteté : 
Or elle enfantera un fils, / et elle appellera son nom : Jésus.
Lui, en effet, / il vivifiera son peuple loin de ses péchés. » (Mt 1, 20-21 de l’araméen).
La victoire totale sur le péché et la mort sont toujours unis entre eux dans les écrits de saint Paul Rm 5-6 ; 1Co 15,21-26 ; 15,54-57.
C’est souvent la crainte de la mort qui nous conduit au péché. On ment pour ne pas perdre sa place, c’est-à-dire pour éviter une mort symbolique. De même, on vole et on tue par peur que l’autre n’étouffe un peu trop notre espace vital. Jésus est venu nous délivrer de la crainte de la mort. « Puis donc que les enfants avaient en commun le sang et la chair, [Jésus] lui aussi y participa pareillement afin de réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et d'affranchir tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort. »  (Hébreux 2, 14-15)

Quant à saint Pierre, il écrit : « Vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères par un sang précieux, comme d'un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous » (1P 1,18-20). 
Les péchés des hommes, consécutifs au péché originel, sont sanctionnés par la mort (cf. Rm 5,12 1Co 15,56). 
Dieu a envoyé son propre Fils dans la condition d'une humanité déchue et vouée à la mort à cause du péché (cf. Rm 8,3). Jésus n'a pas connu la réprobation comme s'il avait lui-même péché (cf. Jn 8,46). Mais dans l'amour rédempteur qui l'unissait toujours au Père (cf. Jn 8,29), il nous a réconciliés avec le Père et nous a rendu la vie, dans la mesure où nous l’accueillons comme notre Sauveur et notre Vivificateur. 
  L’union avec le Christ (vécue avec les autres Chrétiens dans le Corps du Christ, qui est l’Église), ne se limite pas à la vie terrestre. Au contraire, Paul affirme avec force : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis (...) ; c’est dans le Christ que tous recevront la vie (1Co 15,20 15,22). La foi en la résurrection avec le Christ, en la communion éternelle avec Lui et avec le Père, constitue le fondement et l’horizon de la prédication de Paul. Elle influe profondément sur la vie terrestre actuelle, rend capable de supporter les difficultés et les peines, sachant que la peine que « dans le Seigneur », la peine que l’on se donne « n’est pas perdue » (1Co 15,58). 
Dans sa lettre la plus ancienne, l’Apôtre explique aux Thessaloniciens : « Ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec Lui » (1Th 4,14) ; « Il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance » (1Th 4,13). Paul ne donne aucune description de cette vie, mais il affirme simplement : « Nous serons pour toujours avec le Seigneur » (1Th 4,17 ; cf. 2Co 5,8). Il reconnaît dans cette foi et dans cette espérance une grande force qui encourage et console, et, à la fin du passage, dit aux Chrétiens : « Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire » (1Th 4,18). 

« Quand cet être mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie dans la victoire. […] Ainsi donc, mes frères bien-aimés, montrez-vous fermes, inébranlables, toujours en progrès dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre labeur n'est pas vain dans le Seigneur » (1Co 15, 54.58). En effet, « ce qu’on fait pour Dieu sur la terre, nous le continuerons dans le Ciel, mais avec une plus grande perfection. Autrement dit, le bien que nous faisons sur la terre n’est pas temporaire, mais il durera éternellement et il resplendira continuellement devant Dieu et autour de nous. Oh ! comme nous serons heureux de voir que la gloire que nous donnerons à Dieu, et aussi notre propre gloire, viendront de ce bien minime réalisé d’une façon bien imparfaite sur la terre. 
Chers auditeurs, dites-le dans votre famille, dites-le à vos proches… Car alors, comme ils s’efforceraient davantage d’aimer le Seigneur, de le servir, de le louer, de lui rendre grâce… afin de pouvoir le faire avec une plus grande intensité dans le Ciel.  

La mortalité et la corruption vont être détruites et disparaitre, tandis que l'immortalité et l’incorruptibilité deviendront le partage du corps. 
Quand ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et que ce corps mortel aura revêtu l'immortalité ; alors sera accomplie cette parole de l'Écriture : « La mort a été absorbée par la victoire (+1Co 15,54) ». C'est-à-dire, que le rôle de la mort sera terminé. Il n'en restera plus rien ; elle ne reviendra plus.
L’Apocalypse dit en effet qu’à la fin du temps de la Parousie, le temps inauguré par la manifestation céleste et glorieuse du Christ comme Roi des rois, le temps inauguré par le jugement de la bête et de faux prophète, alors, à la fin de ce temps, «  la Mort et l'Hadès (c’est-à-dire le séjour des morts) furent jetés dans l'étang de feu -- c'est la seconde mort cet étang de feu -- et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l'étang de feu. » (Ap 20, 14-15).


Évangile (Lc 6, 39-45)
La traduction et le commentaire sont extraits de : Françoise Breynaert, L’évangile selon saint Luc, un collier d’oralité en pendentif en lien avec le calendrier synagogal. Imprimatur. Préface Mgr Mirkis (Irak). Parole et Silence, 2024. La traduction sur la Phsitta (le texte liturgique des églises de langue araméenne ou syriaque) est faite pour la récitation, avec une reprise de souffle, avec un léger balancement, comme si nous marchions.

« 39 Il leur dit aussi ce proverbe : 
Est-ce qu’un aveugle est capable / de conduire un aveugle ? 
Est-ce que tous les deux / ne vont pas tomber dans une fosse ? 

40 Il n’y a pas de disciple / qui soit plus que son Rabbi. 
Tout homme qui est rendu parfait, en effet, / est comme son Rabbi. 

41 Qu’as-tu à voir, donc, / la paille qui est dans l’œil de ton frère ? 
Or la poutre qui est dans ton œil, / n’est pas vue par toi ? 
42 Ou comment peux-tu dire à ton frère : / mon frère, laisse-moi faire sortir la paille qui est dans ton oeil, 
et la poutre qui est dans le tien / n’est pas vue par toi ?
Hypocrite, fais sortir auparavant la poutre de ton œil, / et alors tu verras comment faire sortir la paille qui est dans l’œil de ton frère. 
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43 Il n’y a pas de bon arbre / qui fasse du mauvais fruit, 
ni de mauvais arbre / qui fasse du bon fruit.
44 Tout arbre en effet / est connu par son fruit. 
On ne cueille pas en effet sur des ronces, / les figues,
ni sur le buisson, / on ne vendange les raisins ! 
45 L’homme bon, des bons dépôts qui sont dans son cœur, / fait sortir de bonnes choses,
et le méchant, des mauvais dépôts qui sont dans son cœur, / fait sortir de mauvaises choses,
car c’est des débordements du cœur / que les bouches parlent. »
Acclamons la parole de Dieu.

Chers auditeurs, l’évangile de ce dimanche est composé de deux parties : 
•    La paille et la poutre (Lc 6, 39-42)
•    L’homme bon (Lc 6, 43-45)

Et ces deux parties vont ensemble : en effet, dans la Pshitta, en araméen, on entend « Faire sortir [npq] » d’un œil une paille ou une poutre (Lc 6, 42), puis l’homme bon « fait sortir [npq] » de bonnes choses et le méchant de mauvaises choses (Lc 6, 45) de ses dépôts.
Après l’arbre « bon » (Lc 6, 43-44), il est question de l’homme « bon » qui a de « bons » dépôts (Lc 6, 45). 

Certes, on doit avertir son prochain (Ez 33, 7-9), mais uniquement quand les circonstances y poussent ; il ne faut pas en faire une posture, car ce serait « hypocrite ». Un « hypocrite », c’est littéralement un « preneur de visage [nāseḇ bappe] », quelqu’un qui déguise sa personnalité, et ensuite, il se juge comme il se montre, mais il s’illusionne sur lui-même, et, souhaitant qu’on le juge sur la mine, il est amené à juger les autres sur l’apparence extérieure. C’est malhonnête envers son prochain qui, s’il entre en relation, c’est d’abord pour vivre quelque chose ensemble, ce n’est pas pour se faire juger. L’hypocrite doit enlever de son propre oeil la poutre : « qārīṯā », c’est la grande poutre qui tient le toit, elle représente les présupposés qui structurent sa pensée et qui doivent être examinés ou remis en cause. En effet, être honnête avec Dieu, c’est être construit sur les paroles de Dieu, et garder cette parole.

Lc 6, 43-45 illustre le livre du Siracide : « C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ; ainsi la parole fait connaître les sentiments. Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé, c’est alors qu’on pourra le juger » (Si 27, 6-7). Le « dépôt (placement, trésor) » qui est dans le cœur (Lc 6, 45) décrit ce qui a été accumulé au cours du temps, nous parlerions des « habitus », bons, ou mauvais : à force de bénir, on devient bon.

Lc 6, 46-49. Avoir un bon trésor dans le cœur, c’est avoir creusé profond et avoir bâti sur le roc (Lc 6, 47.48). Être miséricordieux comme Dieu est miséricordieux (Lc 6, 36 perle 2), ce n’est pas un sentiment superficiel, cela demande un travail en profondeur, patient, afin d’être fondé sur le roc. 
 
L'évangile de saint Luc est un pendentif d'oralité, ce qui signifie que l'évangile de ce dimanche appartient à un fil d'oralité introduit dans un "collier compteur" par l'épisode de la Visitation.

Élisabeth dit à Marie : « Tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit [pīrā] qui est dans ton sein ! » (Lc 1, 42).
Et Jésus enseigne : « Tout arbre en effet / est connu par son fruit » (Lc 6, 43-44).

La tradition pourra voir en Marie un arbre bon, et même l’arbre de vie plantée par l’Esprit Saint en nos cœurs, où elle porte Jésus, le fruit de vie (La finale du Secret de Marie de saint Louis Marie de Montfort § 70-78). 
« O Saint-Esprit ! Accordez-moi toutes ces grâces et plantez, arrosez et cultivez en mon âme l’aimable Marie, qui est l’Arbre de vie véritable, […] afin qu’en elle vous formiez en moi Jésus-Christ au naturel, grand et puissant, jusqu’à la plénitude de son âge parfait. Ainsi soit-il. » (SM 67) 

« Il faut veiller à ce que les chenilles ne l’endommagent point. Ces chenilles sont l’amour-propre de soi-même et de ses aises, qui mangent les feuilles vertes et les belles espérances que l’Arbre avait du fruit: car l’amour de soi-même et l’amour de Marie ne s’accordent aucunement. » (SM 74) 
« Il ne faut pas laisser les bêtes en approcher. Ces bêtes sont les péchés, qui pourraient donner la mort à l’Arbre de vie par leur seul attouchement : il ne faut même pas que leur haleine donne dessus, c’est-à-dire les péchés véniels, qui sont toujours très dangereux si on ne s’en fait point de peine... » (SM 75)

« Heureuse une âme en qui Marie, l’Arbre de vie, est plantée ; plus heureuse celle en qui elle est accrue et fleurie ; très heureuse, celle en qui elle porte son fruit ; mais la plus heureuse de toutes est celle qui goûte et conserve son fruit jusqu’à la mort et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. » (SM 78)

 

Date de dernière mise à jour : 11/01/2025