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Sainte Famille 29 décembre
Voici pour mémoriser le texte de l'évangile de ce jour en vue d'une récitation orale avec reprises de souffles.
Evangile sainte Famille année C (114.93 Ko)
Podcast sur : https://radio-esperance.fr/antenne-principale/entrons-dans-la-liturgie-du-dimanche/#
Sur Radio espérance : tous les mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 8h15
et rediffusées le dimanche à 8h et 9h30.
Première lecture (1 S 1, 20-22.24-28)
Psaume (Ps 83 (84), 2-3, 5-6, 9-10)
Deuxième lecture (1 Jn 3, 1-2.21-24)
Évangile (Lc 2, 41-52)
Première lecture (1 S 1, 20-22.24-28)
Elcana s’unit à Anne sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle. Anne conçut et, le temps venu, elle enfanta un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle, « Je l’ai demandé au Seigneur. » Elcana, son mari, monta au sanctuaire avec toute sa famille pour offrir au Seigneur le sacrifice annuel et s’acquitter du vœu pour la naissance de l’enfant. Mais Anne n’y monta pas. Elle dit à son mari : « Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours. » Lorsque Samuel fut sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; l’enfant était encore tout jeune. Anne avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin. On offrit le taureau en sacrifice, et on amena l’enfant au prêtre Éli. Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi pour prier le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur pour qu’il en dispose. Il demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie. » Alors, ils se prosternèrent devant le Seigneur. – Parole du Seigneur.
Elcana (Elqana) avait deux femmes. Son épouse Anne était stérile, tandis que son épouse Peninna, avait de nombreux enfants. Chaque année, il montait avec toute sa famille au temple de Silo pour offrir des sacrifices. À cette occasion, Anne priait pour demander au Seigneur d’avoir un enfant.
Anne demande-t-elle un enfant afin que son mari l’aime davantage ? Comme le remarque saint Jean Chrysostome : « Beaucoup d’hommes sont assez déraisonnables pour faire des reproches à leurs femmes, quand elles n’enfantent point, ignorant que la naissance des enfants a son principe là-haut, dans la providence de Dieu, et que ni la constitution de la femme, ni ses relations avec son époux, ni rien de pareil ne suffisent pour la rendre mère » (Première Homélie sur Anne § 5). Or bien qu’Anne n’ait pas d’enfants, son mari Elqana l’aimait beaucoup, il lui donnait « la part d’honneur » des sacrifices, et parmi ses deux épouses, « c’est Anne qu’il aimait » (v. 5). Ensuite, la voyant s’abstenir de nourriture et pleurer, son mari lui dit : « Anne, pourquoi pleures-tu et ne manges-tu pas ? Pourquoi es-tu malheureuse ? Est-ce que je ne vaux pas pour toi mieux que dix fils ? » (1S 1, 8). L’affection qu’éprouve Elqana à l’égard d’Anne est tellement visible que la seconde épouse en est jalouse et cherche à irriter Anne (v. 7). Ce n’est donc pas pour être davantage aimée de son mari qu’Anne demande un enfant au Seigneur.
Les versets suivants nous révèlent son intention profonde : Anne désire enfanter un être consacré au Seigneur, un homme sur lequel le rasoir ne passera pas, c’est-à-dire un nazir (cf. Nb 6, 1s). En effet, le récit biblique continue ainsi : « Anne se leva après qu’ils eurent mangé dans la chambre et elle se tint devant le SEIGNEUR -- le prêtre Eli était assis sur son siège, contre le montant de la porte, au sanctuaire du SEIGNEUR. Dans l’amertume de son âme, elle pria le SEIGNEUR et elle pleura beaucoup. Elle fit ce vœu : "O SEIGNEUR [Adonaï] Sabaot ! Si tu voulais considérer la misère de ta servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante et lui donner un petit d’homme, alors je le donnerai au SEIGNEUR pour toute sa vie et le rasoir ne passera pas sur sa tête." » (1S 1, 9-11)
Sur le moment, le prêtre méprise Anne, il pense qu’elle est ivre parce que ses lèvres remuaient, mais on n’entendait pas sa voix. Alors Anne lui explique qu’elle épanche son âme « par excès de peines et d’affronts » (v. 16), et nous pouvons admirer qu’elle dise cela seulement d’une manière générale, sans se plaindre explicitement du comportement de Peninna. Alors le prêtre Eli lui répondit : « Va en paix et que le Dieu d'Israël t'accorde ce que tu lui as demandé » (1S 1, 17).
Puis « Elcana s’unit à Anne sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle. Anne conçut et, le temps venu, elle enfanta un fils » (1S 1, 19-20), c’est la lecture de ce dimanche. Saint Jean Chrysostome commente ainsi la suite du récit : « L’enfant né, elle le nomma Samuel, c’est-à-dire celui qui entendra Dieu. En effet, comme elle l’avait reçu pour avoir été entendue, à la suite d’une prière, et non d’une manière naturelle, elle déposa alors dans le nom dont elle le salua, comme sur une table d’airain, le souvenir de cette procréation. » (Première Homélie sur Anne § 5)
Puis il exalte l’attitude d’Anne comme un modèle d’éducation : « Donnons à nos enfants les mêmes soins qu’elle […] et particulièrement à l’égard de la chasteté. Car il n’est rien qui réclame autant d’attention et de sollicitude chez les jeunes gens que la chasteté et la décence […]. Ne promenons pas leurs regards aux endroits où il y a des jeunes filles impudiques […]. Et ce n’est pas seulement sa vue, c’est encore son oreille qu’il faut préserver de tout ce qui respire le dérèglement, de peur que son âme n’en soit ensorcelée. En effet, il n’est point pour cet âge de plus belle parure que la couronne de la chasteté, que d’arriver au mariage, pur de toute incontinence […]. Alors l’amour sera plus ardent, l’affection plus profonde, l’attachement plus parfait, si les jeunes gens s’acheminent vers le mariage gardés comme je l’ai dit » (Première Homélie sur Anne § 5).
Saint Jean Chrysostome continue : « Samuel n’avait pas fait l’expérience du vice, avant d’en venir trouver le remède : c’est en sortant des langes qu’il s’attacha à la vertu : il ne participa point aux réunions où règne l’iniquité, il ne fréquenta point les conversations pleines d’impiété ; dès le premier âge, en quittant le sein de sa mère, il accourut à cette autre mamelle spirituelle. Et de même qu’un arbre continuellement arrosé s’élève à une grande hauteur ; de même il monta promptement au sommet de la vertu, grâce à la divine parole dont son oreille était incessamment abreuvée » (Troisième homélie sur sainte Anne §3).
Saint Jean Chrysostome observe aussi avec beaucoup de finesse les paroles d’Anne au prêtre : « 3. Lorsqu’elle était dans la peine, elle n’avait dévoilé son infortune à personne, […] mais lorsque Dieu a exaucé sa prière, alors elle révèle au prêtre ce bienfait, voulant lui faire partager sa reconnaissance, comme autrefois il s’était associé à sa prière.
Voyez sa modestie. Ne croyez pas, veut-elle dire, que je fasse une grande, une admirable action, en consacrant mon jeune fils ! je n’ai pas eu l’initiative de ce bien, je ne fais qu’acquitter une dette. J’ai reçu un dépôt : je le rends à celui qui me l’a confié. En disant ces paroles, elle se consacrait elle-même avec son enfant, elle s’enchaînait pour ainsi dire au temple par le lien de son attachement naturel. 4. En effet, si à l’endroit où est le trésor de l’homme, là est aussi son coeur, la pensée de la mère était à plus forte raison auprès de son enfant.
Et son sein se remplissait d’une nouvelle bénédiction. Car après qu’elle eut dit ces mots, et qu’elle eut prié, écoutez le langage que tint le prêtre à Elcana : "Que le Seigneur te rende une nouvelle progéniture issue de cette femme, en échange du prêt que tu as fait au Seigneur". (1S 2,20) » (Troisième homélie sur sainte Anne §3-4).
Psaume (Ps 83 (84), 2-3, 5-6, 9-10)
De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers. Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant ! Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore ! Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ; écoute, Dieu de Jacob. Dieu, vois notre bouclier, regarde le visage de ton messie.
Chers auditeurs, que ce psaume nous accompagne tout particulièrement en cette fête de la sainte Famille. Le psaume évoque, au pluriel, les demeures du Seigneur. Chaque domicile familial a vocation d’être une demeure du Seigneur. Chaque domicile familial n’a pas vocation d’avoir pour centre une télévision, mais il a pour vocation d’avoir pour centre un autel familial où l’on se rassemble volontiers. On y met une croix, une image de la mère du Seigneur, une bougie, une image du Christ, une bible, un chapelet, quelques fleurs… On fait ainsi soit dans la chambre des parents, soit dans le séjour, soit dans le jardin, soit dans tout lieu approprié. « De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers. »
Les membres de la famille entrent et sortent, chacun vaque à ses occupations, mais il y a un espace sacré qui oriente l’existence, il y a un lieu où l’on revient physiquement et où l’on se reconnecte avec le sens profond de notre existence. Un lieu qui est comme une source pure où l’on reprend force, où l’on réapprend à aimer et éventuellement à pardonner, à espérer, un lieu où l’on écoute le Seigneur, un lieu où le Seigneur peut nous inspirer et nous guider.
« Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant ! »
Le Seigneur est vivant et il nous vivifie. Sans le Seigneur, l’existence se répète et elle lasse, ; avec le Seigneur, l’existence est toujours nouvelle, toujours fraîche.
Ce n’est pas un ordre, ce n’est pas un commandement, c’est une béatitude :.
« Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore ! »
Ici, le psalmiste parle de la maison du Seigneur au singulier, : dans l’Ancien Testament, c’est le Temple de Jérusalem, dans le Nouveau Testament, ce sont nos églises dont l’architecture ressemble à celle du temple, avec la nef comme les parvis extérieurs du temple, le chœur de l’église comme le sanctuaire du temple, et le tabernacle comme le Saint des Saints du temple. Les églises sont dignes de respect, car Dieu y habite. C’est un lieu sacré et il vaut mieux faire ailleurs les activités ou les expositions profanes, et si nous n’avons plus de lieu sacré, nous n’avons plus la joie d’avoir une vie orientée vers le Seigneur. « Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore ! »
Prions pour tous ceux, qui dans les camps de réfugiés de toutes sortes, n’ont plus d’église, ou tentent d’en rebâtir une avec les moyens du bord.
« Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! » Ici non plus ce n’est pas un commandement, c’est une béatitude. La Bible ne nous oblige pas, mais elle nous révèle un bon chemin. La vie moderne nous fatigue, parfois elle nous épuise ; nous pouvons être tentés de puiser notre force dans des boissons énergisantes ou dans des musiques dont les rythmes sont faits pour faire tenir les teufeurs pendant trois jours sans dormir. Mais la Bible nous dit : « Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! » C’est-à-dire que la meilleure chose à faire, c’est de refaire nos forces dans la prière, et nous retrouvons la force physique avec aussi une perspective motivante, une motivation juste et noble, de sorte que la force qui nous anime est saine et durable.
« Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ; écoute, Dieu de Jacob. Dieu, vois notre bouclier, regarde le visage de ton messie. »
Ayons de belles images du Christ. Depuis que le Fils de Dieu s’est incarné, nous pouvons accéder à Dieu avec l’aide des saintes images. Peintres et sculpteurs inspirés, travaillant dans la prière, pour la prière. 2000 ans d’art chrétien nous ont précédé… Ayons de telles images bénies.
Pour avoir le premier roi, il fallut d’abord former l’homme de Dieu qui devait l’oindre, et par conséquent enlever la stérilité à Anne d’Elcana et lui inspirer d’offrir le fruit de son sein. Et toutes les préparations, à partir de la naissance de Samuel, sont des préparations au règne du Christ, Jésus le Messie, descendant de David, et né à Bethléem. Chers auditeurs, prions ce psaume à la lumière de la première lecture où nous avons entendu la prière d’Anne venant au temple pour demander la fécondité, en promettant déjà de consacrer l’enfant que Dieu voudra bien lui donner… « De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers. Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant ! » Dans sa seconde homélie sur sainte Anne, saint Jean Chrysostome dit : « §2. Celui qui prie devant Dieu est celui qui recueille de toutes parts sa pensée, qui n’a plus rien de commun avec la terre, qui est transporté dans le ciel, qui n’a plus dans l’intelligence aucune pensée humaine. C’est ce qu’Anne fit alors. En effet, entièrement repliée sur elle-même, l’esprit parfaitement attentif, elle invoquait Dieu ». Et « elle répétait continuellement la même chose, c’est qu’elle ne se fatiguait point de passer un long temps à redire les mêmes paroles ».
Samuel n’était qu’un prophète, et pourtant on se souvient de sa mère parce qu’elle l’a engendré. Par conséquent le souvenir de Marie sera accompagné des plus grands éloges parce qu’elle a donné au monde Jésus le Sauveur, parce qu’elle n’a jamais déçu le Seigneur. Depuis la requête d’un amour total à celle d’un sacrifice total, elle s’est donnée. Tout au long de l’Ancienne Alliance, la mission de Marie a été préparée par celle de saintes femmes. Marie « occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle » (Vatican II, LG 55).
Aussi peut-on mettre le psaume sur les lèvres de la Vierge Marie : « De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers. Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant ! Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore ! Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ; écoute, Dieu de Jacob. Dieu, vois notre bouclier, regarde le visage de ton messie ».
Deuxième lecture (1 Jn 3, 1-2.21-24)
Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est. Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit. – Parole du Seigneur.
Chers auditeurs, cette émission prend une approche originale, comme si nous parlions aux musulmans, et certains peut-être écoutent cette émission radio. Pour dire « enfant ou fils », la langue arabe a deux mots : walad et ibn. Le terme walad se rapporte d’abord à la mère génitrice, puis au géniteur, alors que le terme « ibn » se rapporte à la filiation constituée par la nomination (donner le nom). Le « Fils » (ibn) est l’héritier, il est celui que le Père appelle « Fils ». Toujours avec le terme « Ibn », on parle allégoriquement des habitants de l’Empire romain comme des « fils de César », ou même, poétiquement, du vin (féminin en arabe) comme étant « la fille de la vigne », etc. Jésus, le Verbe de Dieu, est « walad » de Maryam : il est charnellement son enfant. Mais il n’est bien évidemment pas un « walad » de Dieu car Dieu n’enfante pas ! Le Coran accuse les chrétiens : « Allah n’a pas adopté en fait d’enfant [walad] et il n’y a pas compagne [à Lui] en fait de divinité [ilah] » (Sourate Les croyants 23, 91). « Ne dites pas : « Trois » ; cessez. Ce sera mieux pour vous. Certes Allah est divinité unique ! Gloire à lui ! Comment aurait-il un enfant [walad] ? » (Sourate Les femmes 4, 171). Le Coran accuse les chrétiens, mais en réalité, les chrétiens ne désignent jamais le Verbe (Jésus) comme le « walad de Dieu », mais il est appelé « Fils – Ibn » par le Père, il est le Fils-héritier.
« De la même façon que le Père a la vie en son être profond, ainsi il l’a donné aussi à son Fils [Ibn], pour qu’il ait la vie en son être profond » (Jean 5, 26).
Jésus a un lien intérieur avec Dieu, comme il le dit : « Moi et mon Père, nous sommes Un » (Jean 10, 30). Quel est ce lien intérieur ? L’évangile nous en parle : « Si je suis descendu depuis les Cieux, ce ne fut pas pour que je fasse ma volonté, mais pour que je fasse Sa volonté, celle de qui m’a envoyé ! » (Jean 6, 38). « Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez ardemment ! Moi, en effet, je suis sorti et je suis venu de Dieu ! Et ce n’est pas selon le désir de mon âme que je suis venu, mais c’est Lui qui m’a envoyé ! » (Jean 8, 42). L’Église définira plus tard qu’une telle union des volontés est le lieu de l’unité de la nature humaine et de la nature divine, du Verbe avec le Père, du Père avec le Fils-Ibn (2e concile de Latran en l’an 649).
À la suite de Jésus, nous dit la lettre de saint Jean, nous sommes « enfants de Dieu », évidemment, en arabe, on dirait enfant « ibn » et non pas enfant « walad », ce n’est pas une filiation charnelle mais une filiation spirituelle.
On ne peut pas dire à un enfant « si tu n’es pas sage, tu n’es plus l’ami de Jésus, tu n’es plus l’enfant de Dieu », ce n’est pas ce que dit saint Jean. Saint Jean dit simplement : « Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. » (1Jn 3, 21-22). Dans le cas contraire (si l’enfant n’est pas sage), Dieu reste fidèle et il attend que nous revenions à lui. Et par conséquent en tant qu’enfants de Dieu, nous savons que Dieu veille sur nous, s’occupe de nous, veut notre bien et notre progression.
La finale de la lecture est très importante : « Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit. » (1Jn 3, 23-24).
Avoir part à l’Esprit de Dieu est inséparable du fait de garder ses commandements. Notre époque, sans le savoir est très imprégnée de la pensée du philosophe allemand Hegel. F. Hegel (1774-1831) applique la Trinité comme Idée de l’Histoire. Il oppose le Père (la thèse, le passé) et le Fils (l’antithèse, le présent), l’Esprit serait la synthèse (et l’avenir). Ainsi, en communiant à tout ce qui se dit et tout ce qui se fait dans l’actualité en marche, même les artistes qui blasphèment, même les politiques qui promeuvent des lois antichrétiennes, on croit communier à l’Esprit puisque tous font partie du mouvement de l’histoire et que l’avenir fera la synthèse dans « l’Esprit (Saint ?) ». Certains chrétiens ont été fascinés, mais la dialectique d’Hegel est une contrefaçon du christianisme.
Le Nouveau Testament, et en particulier l’Apocalypse dit que le dessein du Créateur (la Trinité) se réalisera. C’est donc l’amour divin trinitaire qui conduit l’Histoire, et non pas une Idée en perpétuelle dialectique. Satan, tel un dragon, s’acharne et inspire une persécution d’ordre moral contre ceux qui « gardent les commandements de Dieu » et une persécution doctrinale, contre la transmission « du témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). Le combat se jouera entre « Dieu qui détient tout », la Trinité sainte, et la fausse trinité (dragon/ bête/ Faux prophète – Ap 16, 13). Mais l’influence de Satan aura une fin (Ap 20, 1-10). Jésus dit :
« Voici, Je viens, / d’un [coup] !
Et Mon salaire avec Moi, / et Je [le] donne à tout homme selon son œuvre !
Je [suis] l’Aleph et Je [suis] le Taw,
le Premier et le Dernier,
le Commencement et l’Accomplissement.
Bienheureux sont-ils [ceux] qui font Ses commandements : / leur autorité sera sur le bois de la Vie !
Et, par la Porte, ils entreront dans la Cité ! / Et les ‘prostitués’ et meurtriers et idolâtres : dehors !
Et les impurs et les magiciens ! / et tous les observateurs et faiseurs d’imposture ! » (Ap 22, 12-15).
Évangile (Lc 2, 41-52)
La traduction que j’utilise est extraite de mon livre F. Breynaert, L’évangile selon saint Luc, un collier d’oralité en pendentif en lien avec le calendrier synagogal. Imprimatur. Préface Mgr Mirkis (Irak). Parole et Silence, Paris 2024. (472 pages).
« 41 Et ses parents / chaque année,
allaient à Jérusalem / pour la fête de la Pâque.
42 Et lorsqu’il eut / douze ans,
ils montèrent, comme ils en avaient l’habitude, / pour la fête.
-----
43 Et, lorsque les jours furent accomplis, / ils s’en retournèrent ;
mais le jeune Jésus / resta à Jérusalem.
Et Joseph et sa mère / ne le surent pas ;
44 ils pensaient, en effet, / qu’il était avec leurs compagnons.
Et lorsqu’ils parvinrent / à une journée de pérégrination,
ils le cherchèrent auprès de leurs parents / et auprès de qui les connaissait.
45 Et ils ne le trouvèrent pas, / et ils s’en retournèrent,
de nouveau, à Jérusalem, / et ils le recherchaient.
46 Et, après trois jours, / ils le trouvèrent dans le Temple,
assis au milieu des docteurs, / les écoutant et les interrogeant.
47 Et ils étaient stupéfaits, / tous ceux qui l’écoutaient,
de sa sagesse / et de ses réparties.
48 Et, lorsqu’ils le virent / ils furent stupéfaits ;
et sa mère lui dit : / ‘Mon fils !
Pourquoi as-tu agi ainsi envers nous ? / Voici que ton père et moi,
c’est avec beaucoup d’anxiété / que nous te recherchions !’
49 Il leur dit : / ‘Pourquoi me recherchiez-vous ?
Ne savez-vous pas / que c’est chez mon Père qu’il convient que je sois ?’
50 Or, eux, / ils ne [la] reconnurent pas,
la parole / qu’il leur avait dite.
-----
51 Et il descendit avec eux pour aller à Nazareth / et il se soumettait à eux.
Sa mère, donc, gardait / toutes ces paroles dans son cœur.
52 Or Jésus grandissait / en stature, en sagesse et en grâce,
devant Dieu / et les hommes. »
La perle suit un schéma de révélation : montée, révélation, redescente (que l’on mimera dans la récitation orale).
• Lc 2, 41-42 : Jésus et ses parents montent à Jérusalem
• Lc 2, 43-50 : Jésus est perdu et retrouvé au Temple.
• Lc 2, 51-52 : Jésus et ses parents redescendent de Jérusalem à Nazareth.
Lc 2, 41-42.
Marie avait gardé dans son cœur les signes relatifs à sa maternité divine, l’annonce de la royauté de son fils qui sera même la lumière des nations, mais ensuite, dans la vie de chaque jour, il n’y avait pas eu de manifestation en ce sens-là. Marie avait respecté cette absence de manifestations. Par respect de Jésus, elle accepte de vivre une « nuit de la foi ». Ce pèlerinage à Jérusalem sonnera-t-il l’heure de la révélation ?
Lc 2, 42-50.
La mention « après trois jours » (Lc 2, 46) est encadrée par la montée qui a précédé et la descente qui suivra pour souligner que l’on est sur le Mont du Temple. Cette mention se trouve ainsi en résonance avec la révélation du SEIGNEUR (YHWH) au Mont Sinaï. « YHWH dit à Moïse : Va trouver le peuple et fais-le se sanctifier aujourd’hui et demain ; qu’ils lavent leurs vêtements et se tiennent prêts pour après-demain, car après-demain YHWH descendra aux yeux de tout le peuple sur la montagne du Sinaï » (Ex 19, 10-11). Cette perle a été composée pour mettre en valeur une révélation divine analogue à celle du Sinaï, et même deux révélations : celle de la sagesse de Jésus (Lc 2, 47), et celle de sa relation au Père (Lc 2, 49).
Voici la première révélation :
« Et ils étaient stupéfaits / tous ceux qui l’écoutaient,
de sa sagesse / et de ses réparties [peṯgāmā] » (Lc 2, 47).
Après l’examen de la Barmitsva aux alentours de 12-13 ans qu’il aurait passé normalement en présence de ses parents, Jésus reste au milieu des docteurs. Le terme « peṯgāmā » signifie une réponse ou une section de phrase exprimée dans un souffle, en rythmant le texte. Quand Jésus parle, c’est une véritable proclamation, rythmée, harmonieuse et qui a du souffle, et bien sûr riche de signification et de sagesse. C’est une révélation ! Les docteurs de la loi, stupéfaits, auraient alors reconnu au jeune Jésus la qualité de rabbin qui lui permettra ensuite d’exercer son ministère jusqu’au Temple, comme en témoignent tous les évangiles.
Voici la seconde révélation :
« C’est chez mon Père [ḇēṯ ᵓāḇ], qu’il convient [wāle] que je sois ? » (Lc 2, 49).
« ḇēṯ ᵓāḇ » : le texte araméen n’ajoute pas la préposition « dans [b-] ». Il ne faut pas traduire « dans la maison de mon Père » ; « ḇēṯ » est ici une simple préposition qui signifie « chez ».
« wāle » : le texte araméen n’a pas la nuance d’une obéissance à un destin ou à un décret préétabli. Le participe-adjectif araméen « wāle » transmet plutôt l’idée de ce qui convient et qui est convenable : Jésus connaît sa juste place, comment il doit se comporter en harmonie avec le dessein divin.
Il n’est pas dit que les parents « ne comprirent pas » la parole de Jésus, mais qu’ils ne la « reconnurent pas » [forme eshtaphal du verbe yd’a, connaître] : la parole de Jésus n’a pas de précédent dans l’Ancien Testament.
L’épisode marque le fait que Jésus appartient à un autre monde auquel les hommes n’ont pas accès. Jésus n’était sans doute pas dans une salle du Temple ouverte au public de sorte que ses parents ont dû le chercher longtemps, pire encore, au moment des retrouvailles, Jésus ne semble pas se douter de la douleur dont il a été la cause : il y a comme un vide entre lui et ses parents. Le rapport de Jésus à Dieu son Père devait évoluer, mais ses parents ne peuvent que se sentir impuissants à l’accompagner.
De plus, désormais, Marie sait que chaque jour une douleur inconnue peut fondre sur eux, et cet épisode présage que Jérusalem sera le rendez-vous de la douleur, aussi bien que de la surprise totale (Passion et Résurrection). Et cela, il se peut que Marie le comprenne très bien, elle qui n’a pas pu oublier la prophétie de Siméon.
Lc 2, 50-51.
L’attitude de Marie est exemplaire : bien qu’elle n’ait pas reconnu la parole que Jésus leur dit, elle « gardait toutes ces paroles dans son cœur » (Lc 2, 51). Elle dit oui à la volonté de Dieu dans sa vie, et elle prie. Le sens de ce qui est vécu ne pourra être dévoilé qu’à partir de l’événement total. La « sagesse » est sans limite, le commandement de Dieu ouvre une perspective large, infiniment large : « De toute perfection j’ai vu le bout : combien large, ton commandement ! » (Ps 119, 96). La sagesse est un don de Dieu « Car ses pensées sont plus vastes que la mer, ses desseins plus grands que l’abîme » (Si 24, 23-27).
Jésus, redescendant de Jérusalem et de « chez son Père » (Lc 2, 49) se soumettait [meštaᶜbaḏ] à ses parents (Lc 2, 51), une expression très forte, la forme verbale [eshtaphal du verbe ᶜabd (faire)] signifiant se faire esclave (cf. Rm 6, 17-18). Sans doute, peut-on comprendre, comme l’école française de spiritualité, que Jésus se donne en modèle d’une vie vécue en dépendance volontaire de la Vierge Marie sa mère, révélant par là sa médiation maternelle pour vivre dans la volonté divine. Une telle dépendance serait indigne envers tout autre être humain, mais la mère de Jésus est unique. Sa réponse à l’Annonciation a manifesté qu’elle est la servante de Dieu, tout entière en dépendance de Dieu et de sa parole ; de plus, lorsqu’on veut la louer, comme Élisabeth qui s’écrie « D’où me vient ceci : que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi ? » (Lc 1, 43), aussitôt Marie loue Dieu « mon âme exalte le SEIGNEUR ! » (Lc 1, 46). C’est pourquoi la soumission de Jésus n’est pas aliénante, bien au contraire : « Jésus grandissait en stature, en sagesse et en grâce, devant Dieu et les hommes. » (Lc 2, 52).
Date de dernière mise à jour : 14/11/2024