L'expression "âme sœur" est une expression poétique qui signifie une entente simple et confiante, MAIS c'est une expression dangereuse et fausse si l'on imagine qu'il n'y a qu'une âme sœur - que Dieu aurait donc créé quasiment en même temps que nous et pour nous, et que nous serions prédestinés à épouser, et si on ne la "trouve" pas alors le mariage est voué à l’échec jusqu’à ce qu’on trouve l’âme sœur fixée par le Créateur. Ce genre d’idée, rarement formulée de manière explicite, est une variante de l'hérésie de la prédestination. C’est faux.
La vérité, c'est que chacun est libre. Bien évidemment, pour un mariage, il faut bien choisir, il faut une entente corps, coeur, esprit. Mais une fois que l'on a choisi, il faut se décider et aimer d'un amour non seulement de tendresse parce qu’on reconnait en l’autre une âme sœur, (née de la même matrice culturelle), mais aussi d’un amour volontaire. Cette nuance se trouve dans le texte araméen de l’évangile.
En araméen, la racine [ܚܒ Hb] exprime un amour volontaire, fidèle, une alliance ; tandis que [ܪܚܡ rHm], de la même racine que « utérus », exprime une tendresse, celle que l’on éprouve quand on perçoit une ressemblance.
« Petits enfants… » (Jn 13, 33). Jésus donne un commandement nouveau : « vous aimer [ܚܒ Hb] les uns les autres ; comme je vous ai aimés [ܚܒ Hb], aimez-vous [ܚܒ Hb] les uns les autres » (Jn 13, 34).
« De la façon dont m’a aimé ardemment [ܚܒ Hb] / Mon-Père
Moi aussi / je vous ai aimé d’un amour d’Alliance [ܚܒ Hb] !
Demeurez / dans la tendresse [ܪܚܡ rHm] qui est la mienne !
Si vous gardez mes commandements, / vous demeurerez dans l’amour de volonté [ܚܒ Hb] qui est le mien !
De la même façon dont, moi, / j’ai conservé les commandements de Mon-Père,
et que je demeure, moi, / dans son amour de volonté [ܚܒ Hb] ! » (Jn 15, 9-10 ma traduction)
Françoise Breynaert